「bols」
Journal de Cuissons : An 2
7 janvier 2019 : cuisson 31 (propane 700°C et 1010°C)
- Poursuite des tests d’argiles et d’émaux transparents. Et confirmation, inattendue, de la qualité du transparent 850 de Spectrum Glaze (vendu 3 fois plus cher en Europe qu’au Canada…). Le test d’un mélange aux tiers argile du Fier+Terracota rouge espagnole+Tpasta enduit du Spectrum 850 a produit un beau résultat. Satisfaction à pouvoir intégrer l’argile locale et d’avoir trouver un émail produisant un résultat uniforme, révélateur des couleurs de la terre.
- Sur la même terre, l’ATP 1/60, l’ATP 5/0 (Ceram décor), et le C4160 dilué n’ont pas donné d’aussi bons résultats.
- tests de forme : ruban de moebius (bunchin, futaoki) et vase nu féminin (imaginer une cérémonie de thé aux instruments où la référence au plaisir ne serait pas tabou). « Théière » et versoir pour oolong.
- Echec d’un test d’émail avec 70% d’une fritte feldspath, 15% de poudre d’os, 15% de cendre de chêne : température insuffisante, l’émail n’a pas fondu.
- Tests de sigillée bleue (Rakuvaria) : intéressants pour des motifs et lignes. Pas pour des aplats (bords d’assiette carrée).
- Test de sgrafitto sur de la sigillée sèche.
- Bols 59 et 60
16 janvier 2019 : cuisson 32 (propane 970°C)
- Échec de la tentative de réplication des résultats de la précédente cuisson : même argile (mélange avec argile du Fier), même émail (Spectrum Glaze 850)… aucun rouge, que du vert. Variations qui peuvent expliquer ces résultats :
- pas de biscuit : émaillage directement sur terre crue (en s’aidant du poêle à bois pour faire sécher/durcir les pièces). L’aspect gel de l’émail (Spectrum Glaze utilisent-ils de la colle à papier peint ?) permet d’émailler sans risque de casse.
- cuisson à 970 et non à 1010°
- réduction/enfumage un peu moins long que la fois précédente
- Le vert obtenu a un certain cachet et l’on pourrait envisager une série déroulant le gradient de couleurs que l’on peut obtenir avec ce mélange « du Fier ». Mais mon but est de valider des recettes me permettant d’obtenir du rouge (via l’argile, pas l’émail qui ne doit être que révélateur).
- Poursuite de mon apprentissage du tour électrique. Quelques pièces tournées donc (« idogata », « choppe »). Notamment en utilisant une terre en laquelle je crois, le grés rouge chamotté CT-R de Vicente Diez vendu par Céram-décor, qui a produit un noir franchement intéressant dans l’optique de créer des kuro.
- Deux bols testés également en mélangeant de la tpasta avec de l’oxyde de fer jaune qui ont produit eux aussi du vert-de-gris marbré. Confirmation de la qualité de la tpasta pour la mise en forme : les bols créés avec cette argile ont des formes fortes, sculpturales, qui tiennent l’espace.
26 janvier 2019 : cuisson 33 (propane 700°C et 970°C)
- Il n’y avait pas eu de biscuit lors de la précédente cuisson. Cette fois-ci, test de ce paramètre sur un dispositif identique qui visait à produire les mêmes noirs. Il s’avère que le grés rouge chamotté CT-R de Vicente Diez avec biscuit produit un rouge bordeaux sombre (« cinabre d’hiver ») tacheté de noir alors qu’il est d’un noir uniforme sans biscuit. Idem pour le mélange 3 terres (Fier, Tpasta, Terracota rouge) : avec biscuit il retrouve son saumon tacheté de gris au lieu du vert olive de la cuisson 32.
- En l’état la couleur de ce grés rouge chamotté CT-R fait trop cuir sombre, vieux sang. Je testerai cet été de le mélanger avec de l’argile du Fier (qui cuit jaune).
- Un mélange Tpasta + 20% d’oxyde de fer noir a produit des bols gris qui confirment une fois encore les qualités de texture et de forme de la Tpasta. Un beau bol de cette série monté avec la récup du tournassage des deux autres a explosé au biscuit car son fond n’était pas suffisamment sec. Leçon définitivement acquise.
- Tests de deux petit mizusashi tournés, de 3 cha-ire, de 4 petits soliflores bâtis avec des restes de tournage et un bout de plinthe pour les tapotter en forme.
- Deuxième cuisson avec une assiette à sucrerie et un petit versoir à thé (pour mon oolong du matin), récupérés parmi les échecs de la cuisson 31 (émail sous-cuit : 70% fritte feldspath, 15% de poudre d’os, 15% de cendre de chêne) et enduit cette fois de Spectrum glaze 850 comme toutes les pièces de cette cuisson.
- Test d’une sculpture à base de kanji (exception : émail blanc Spectrum 851) mais la tpasta était trop molle pour accepter la mise en forme 3D que je souhaitais lui donner, même avec une armature en fil d’aluminium. Tests à poursuivre avec de la paper clay ou trouver le bon argile pour sculpture.
- Lors de la cuisson, le trempage de la bonbonne de propane dans l’eau après 700° a permis de passer de 0.5bar à 2 bars (il faisait -1° dans le garage), et de gagner 150° en 30s. Attention à la hauteur de la flamme en sortie de four à 2 bars.
- Résultats en image
08 et 12 février 2019 : cuisson 34 (électrique 700°C puis charbon 800° et 1200°)
- Retour à Kyôto et utilisation rapide de 5kg d’argile de Bizen car je pensais participer à une cuisson anagama mi-février qui a été au final reportée en avril (avec une option possible dans un autre four début mars). Il est fascinant à chaque fois de sentir combien les propriétés d’une argile crue contraignent les formes possibles d’une production. Cette argile noire (de haute qualité, non vendue dans le commerce), qui doit biscuiter dans les oranges et devenir marron à 1200° (ou blanche en réduction ?!), a un côté plastique très lisse. Les formes pour un bol pincé deviennent immédiatement rondes et organiques. Elles sèchent vite et se trimment (j’ai décidé de renoncer pour toujours au verbe « tournasser ») facilement. Cette terre m’a été offerte par Matsui sensei avec qui je dois aller visiter un extracteur d’argile de Bizen la semaine prochaine.
- Quelques pièces pincées avec de l’argile Shigaraki (pour cuisson au bois), très granuleuse : Maruni A-87S-451. Toujours difficile à utiliser et trimmer pour des bols car argile très souple au départ puis hyper granuleuse ensuite (les morceaux de feldspath blanc sortent en séchant créant des trous). Mais un an de pratique permet de ne plus être trop embarrassé (et se retrouver avec des bols mastoques de 500g). Pièces enduites d’une barbotine de restant d’Akaraku de luxe.
- Quelques pièces dans une terre rouge sableuse un peu trop souple (j’ai renoncé à la tourner sur ma mini-shimpo rk5) : n°78 土耐熱土 赤. Il s’agit d’une terre à « Nabe », les pots que l’on met directement sur un réchaud au milieu de la table pendant les repas d’hiver et qui contiennent une sorte de « pot au feu » varié. La terre doit résister à la flamme. Il m’a été dit que cette terre, jaune crue mais qui doit donner du rouge cuite, peut servir pour des akaraku.
- Programme auto 700°, deux heures pour monter à 150° alors que la cuisson serait terminée au propane : il faut un temps de réhabituation.
Comme je n’avais plus d’émail « aka raku » de chez Maruni, je suis allé à Shigaraki faire des emplettes. A inspecter toutes les étagères, tous les tessons d’exemples de terre et d’émail, je passe toujours au moins deux heures dans le magasin. J’ai notamment trouvé cette fois des rouleaux de rubans de Sanadahimo pour les boites en bois. Et me suis décidé à tester des terres à 1200° afin d’utiliser les possibilités du four électrique.
- Une terre noire serrée A-91-1 (30目, mesh, nombre de rangs du tamis… par pouce) qui associée à un émail transparent 3号土灰釉(灰系) est supposée produire un noir sobre.
- Une terre jaune (en oxydation) fine (80目) A-45-2 que je compte tester sur de petites pièces (chaire, set pour oolong) avec notamment un nouvel émail qui cuit haut (1250°) et change sensiblement d’aspect à 10° près : BFG-44 黒艶消釉 (il n’avait plus en stock le APG-24 辰砂釉(灰系) que je prendrai une prochaine fois – mais a posteriori il me semble en fait que c’est le APG-1 qui m’intéressait).
- Achat d’un émail pour créer le vert « bille » transparent des mizusachi de Shigaraki : APG-73 松灰ビードロ釉(灰系).
La cuisson finale de la série précitée plus haut dans mes petits fours « poubelles » à charbon (5mn de cuisson à peine par bol, juste le temps de voir l’émail fondre) a été précieuse d’enseignements :
- La terre de Bizen est incroyablement fragile au choc thermique. Il faudrait la chamotter pour la cuire de cette façon : les trois pièces de tests se sont fendues, un bol a explosé quand j’ai testé de l’immerger dans l’eau. La couleur saumon pale sous l’émail akaraku n’est pas très belle. Les pièces rétrécissent incroyablement. J’attends avec impatience ce que va donner la cuisson des bols de cet argile non émaillés dans un four à bois à cuisson longue. J’ai compris en quoi cette terre implique une montée et une descente en température très lente. La terre, maître du temps.
- A l’opposé, la terre de Shigaraki granuleuse ne bouge évidemment pas en taille et est très résidente au choc thermique. La barbotine de terre akaraku « de luxe » (A-53-1 三号赤楽窯変土) n’a pas donné de résultats intéressants dessus mais des variations sensibles : rouge, marron, noir.
- La plus chouette découverte de cette fournée concerne la terre à Nabe rouge (土耐熱土 赤) qui est capable de produire une couleur proche de l’akaraku A-53-1 三号赤楽窯変土 au dixième du prix. Mais la texture est très lisse. Il faudrait lui rajouter un petit quelque chose pour lui donner une âme (sable ? grains de feldspath fins ?). Grosse surprise, le plus beau rouge sort dans le four à 800°, pas celui à 1200°. À nouveau confirmé, le truc pour créer des zones de réductions grises : morceaux de charbon concassés ajoutés à l’émail.
- Résultats en images
Découverte hier à Bizen du magasin 松山 qui propose de l’argile à la vente. J’y ai pris un pain de E原土 sensée produire un effet paillé naturel et de F5 dans l’hypothèse où je pourrai avoir accès à la cuisson au four de Matsui sensei ou de son maître.
Alors que jusqu’à présent je n’ai prêté strictement aucune attention aux formes de mes pièces dans l’objectif d’acquérir d’abord un jeu de repères le plus large possible, j’ai désormais envie de prendre davantage de temps dans l’affinage des bols.
23 février 2019 : cuisson 35 (électrique 700°C puis 1250°)
- Poursuite des tests et de l’acquisition de tours de main, notamment au tour électrique (bols et petites théières).
- Le tour électrique shimpo « mini » acquis pour sa petite taille, sa facilité de rangement et dans le doute initial quant à ma capacité à poursuivre dans l’utilisation de cet outil, s’avère désormais trop limité (pas de pédale, bruit, torque faible). Libération d’espace pour achat d’un modèle sérieux en cours.
- Pour cette cuisson, tests des deux terres « haute température » achetées chez Maruni : noire serrée A-91-1 et jaune (en oxydation) fine (80目) A-45-2. Ces deux terres se tournent facilement à la motte. La terre noire produit de petits grains blancs à la cuisson finale. La jaune produit un sablé fin de caractère (théière en bas au centre).
- Je souhaitais pour les pièces noires tester l’émail transparent 3号土灰釉(灰系) mais il me restait du 3号 préparé, acheté chez Shimogamo Togei. Probablement pas assez dilué. Le transparent est resté laiteux en produisant un gris bleuté – intéressant mais aux antipodes de ce que je cherche – sur la terre noire. L’émail a produit des fissures anguleuses « vitrail » que je n’aime pas mais la texture en main est douce et chaleureuse.
- Test également d’un émail « kairagi » de chez tougei.com mais 1250° était trop élevé ou bien le programme de montée en température (par défaut) ne convenait pas : résultat transparent sans intérêt et plutôt moche. La quête d’une bonne recette de kairagi pour four électrique en oxydation continue.
- Pour la première fois, tests de création de théière et notamment de petites théières pour oolong de Taiwan (mon thé en feuille de prédilection). C’est un bon entraînement pour l’acquisition de gestes techniques importants : tour électrique, petites pièces à la motte, montage de plusieurs parties pour une seule pièce, couvercles, formes et motifs, harmonie générale d’une pièce, anticipation de la rétraction. Découverte inspirante sur youtube des techniques de construction à la main des théières yixing et des outils utilisés.
- Et puis comme une révélation en tombant sur cette théière qui m’a fait immédiatement penser aux Netsuke (le musée de Kyôto derrière le Mibu dera est à visiter) : une forme qui n’est pas un habillage d’une fonction mais forme et fonction organiquement une : dans un mouvement. C’est ce mot-clé, « mouvement », qui constitue pour moi un déclic incroyablement ouvrant. Jusque là, je réduisais le tao au flow : un flux courbe linéaire. Le mouvement lui est une dynamique qui couple intentionnalité et discret. C’est un vecteur, une force, pas un champs. Une action, pas une vague. Le Tao est le continu. Le mouvement est le tourbillon dans la cascade. L’art occidental ne connaît pas le mouvement. Mais la pose. La vibration de cette théière, des netsuke, des petits personnages dans l’art japonais – ceux de Kawase Hasui par exemple comme ceux de Hokusai, c’est le mouvement. Le kabuki est une caricature du mouvement, sa négation paradoxale. Le nô, le kyogen, la visée de son essence. Quand je faisais l’hypothèse d’une corrélation entre le système Chojirô et le gyosho de Ôgishi, c’est le mouvement que je désignais sans pouvoir le pointer. Le gyosho, c’est le mouvement dans la pompe de la formalité versaillaise du kaisho. Le soshô, c’est la familiarité adolescente négligée : un mouvement sans tenue. Ce n’est pas l’humilité cosmique qui touche chez Chojirô, mais la présence d’un mouvement, une âme qui se révèle dans un geste, une âme qui n’a pas besoin du langage, qui pourrait être juste animale : comme un chiot qui pose sa tête sur votre cuisse. Le mouvement gyosho est l’harmonie juste entre la cognition et la pulsion. Le symbole de l’humain comme funambule.
- Èchec total du BFG-44 黒艶消釉 appliqué trop finement.
- Le 辰砂釉 de tougei.com a produit un résultat peu intéressant (théière en haut à droite)
- Le 090121-1 de Maruni confirme sa capacité à produire du dessous de militaire allemande (théière en bas à droite)
- Le うのふ釉 dv-1 produit un « rustique » bicolore rêche et faux (théière en haut à gauche)
- l’oxyde de cobalt dilué dans le thé marche, mais il me faut trouver une recette d’émail coréen coque d’oeuf, fin, craquelé, et doux comme un souvenir. Ici, le transparent cité plus haut : théière en haut au centre (et en bas à gauche pour du transparent seul).
- Résultats en images
8 mars 2019 : cuisson 36 (électrique 700°C puis 1230°)
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- Poursuite des tests « techniques » (aucune ambition à produire du fini ici)
- Deux terres : jaune (en oxydation) fine (80 mesh) Maruni A-45-2 et Bizen E原土 de chez 松山.
- Deuxième tentative avec du BFG-44 黒艶消釉 en application plus épaisse (petit vase) : vraiment chouette résultat (couleur, texture, épaisseur) y compris avec coulure. Je vais vraiment explorer cet émail et ses variations. Sur la terre A-45-2
- Enième tentative avec du Kairagi de Tougei.com (gris à l’application) : échec.
- Première tentative avec du Kairagi de chez Iwasaki (noir à l’application) : échec.
- Tentative avec du Kairagi de chez Shimogamo (blanc à l’application) : échec.
- Test avec du noir mat 1230 de chez Iwasaki : la plus belle surprise depuis le début de ce projet (voir plus bas).
- Test avec du « Soba そば釉 » 255-712 de chez 新日本造形株式会社 Shin Nihon Zokei : résultat jaune bulleux intéressant. Je vais le renouveler.
- Test avec du « Karatsu 唐津 » 255-788 de chez 新日本造形株式会社 Shin Nihon Zokei : résultat blanc sans intérêt.
- Test avec du « Bidoro cendre de pin » APG-73 松灰ビードロ釉(灰系) de Maruni : a produit du noir maronnasse avec de grandes fissures. Le verre « vert » requiert visiblement du temps et surtout… de la réduction. « Bidoro » vient du portugais « vidro », verre.
- Test avec du « Shino n°1 » de chez Iwasai : peu intéressant dans le dispositif de cuisson électrique, temps court, pas de réduction.
- Test avec un blend « Kairagi » recueilli en Corée : 70% Feldspar, 15% calcium (pour émuler les cendres de coquillages), 15% cendres de pin : échec, fonte de la terre de bizen ?
- Test avec un blend « Bone Ash Ivory » trouvé sur glazy.org : 70% Feldspar, Dolomite 30%, Kaolin 25%, Cendre d’os 5%, Bentonite « appelez le bloc » 3% : échec, blanc mat uniforme sans intérêt visuel ou au toucher (avec un keep à 20mn mais bon résultat avec un keep de 10h).
- Test avec un blend « Kuan Crackle 1 » trouvé dans le livre de John Britt « The Complete Guide to High-Fire Glazes : Feldspar 79%, Whiting 9.5, Silice 9.5, Cendres d’os 2, Bentonite 2 : échec, pas de crackle.
- Un touilleur à piles pour café latte s’avère bien pratique pour mélanger ces micro-tests dans des gobelets jetables.
- Le four électrique se trouve à l’extérieur. Il n’est donc pas utilisable quand il pleut : au moins 48h de beau temps sont donc requis. Pluie prévue demain et le jour suivant, j’ai donc décidé de faire des tests avec le petit four à charbon 1200°. J’ai utilisé cette fois un autre charbon acheté chez la vieille marchande de combustible près de Hyakumanben qui ne voit plus aucun client depuis que les étudiants et la fac se chauffent à l’électrique. Ce charbon sent bon mais il trahit précisément sa présence par son odeur. Elle m’a vendu du rentan (練炭) précoupé alors que je souhaitais du ogatan (オガ炭), qui est un charbon créé à partir de sciure compressée et dont il existe deux versions, une « molle » (facile à allumer mais qui ne dure pas) et une « dure » (l’inverse) – l’idéal étant de mélanger les deux.
- J’ai pu placer trois petites pièces : le noir mat d’Iwasaki, le « Bone Ash Ivory » et le Kairagi « coréen ».
- Après une heure, j’ai ouvert le couvercle pensant, comme avec mon raku habituel, pouvoir sortir les pièces cuites et en insérer de nouvelles. L’émail n’avait pas fondu sur les trois pièces : les pièces étaient d’un beau orange mais leur surface ne brillait pas à l’inspection sous le couvercle. J’ai donc décidé de les y laisser jusqu’à la fin du charbon. Feu au fond suffisant.
- Une fabuleuse surprise : le noir mat d’Iwasaki produit un résultat – très – intéressant. Un noir texturé, épais, mat mais pas terne, sur la terre Maruni A-45-2. La texture est un peu rêche mais il doit être possible de l’améliorer à la paume. C’est la première fois que je ne suis pas déçu par un kuro. Résultat pareillement intéressant sur une terre rouge lisse cuite à l’électrique. Cet émail est l’un des trésors de Kyôto ! L’astuce stupéfiante : pour créer un beau kuro « raku », il faut cuire plus haut que du raku !
- L’un des émaux (mais lequel ?!) a fait fondre la terre de Bizen (la pièce s’est « assise » sur son pied et l’ensemble est déformé). L’émail en tant que tel est ici modérément intéressant (un peu verdâtre).
- Le Kairagi « coréen » (mais est-ce bien lui, j’ai un doute, il se peut que ce soit le tougei.com car la terre est celle de Maruni) n’a produit aucun kairagi. Juste un transparent avec des zones bleues (belles !) sur les surépaisseurs.
- Le Kairagi ne sortirait qu’avec un palier de 10h à 1230° et sur une terre granuleuse ad hoc : Iwasaki m’a vendu une argile « shino rouge » pour cela.
mars 2019 : cuisson 37 (électrique 700°C puis anagama 1200+°)
- Mon espace de travail a bien évolué : le canapé lit de la bibliothèque a laissé la place à une shimpo rk3e (moche mais si silencieux, puissant et pédale déplaçable) avec ses deux fabuleux add-on, une girelle (plus petite !) prééquipée d’écrous avec ses plaques en bois et un Giffrin Grip original – pas la copie chinoise vendue en France). Mur protégé par des planches de sugi au motif de sumi-e et boites plastiques masquées par des sudare. Cette pièce qui était jusque là froide est devenue chaleureuse et plaisante.
- Matsui sensei vient me rendre visite demain et repartira avec des pièces qu’il pourra placer dans l’anagama d’un de ses collègues de Bizen pour une cuisson vers la fin du mois (le reste sera cuit dans son four en mai). Dans deux semaines, j’irai assister à un jour de feu dans l’un des anagama de son maître, Mori Tougaku, où se trouvent déjà quelques bols pincés début février. C’est un lieu où se trouve le seul « grand four » (85m !) en activité du monde.
- La terre de Shigaraki Maruni A-87S-451 est vraiment difficile à tourner : toutes les pièces sont lourdes et non trimmables. La Bizen E原土, un nerikomi de 2 argiles (blanc / jaune), est facile et agréable à tourner. La Bizen noir F5 est très plastique mais contient différentes impuretés dont des – gros – morceaux de calcaire (?) blanc qui déséquilibrent une pièce au tour, et attaquent mains et outils.
- Emaillage avec un 3号 (transparent de base pour 1200° au Japon) de chez Iwasaki, mélangé parfois avec du charbon broyé, pour l’intérieur de quelques pièces. Deuxième tentative avec du « Bidoro cendre de pin » APG-73 松灰ビードロ釉(灰系) en espérant qu’il y aura suffisamment de réduction pour produire le verre « vert ». Mais l’essentiel des pièces ne sera pas émaillé pour tester la cuisson au bois de longue durée. Toutes sont biscuitées compte tenu du transport Kyoto/Bizen.
- Point intéressant relatif à l’histoire, les modes et les techniques de cuisson : le renouveau céramique de Bizen au début du vingtième siècle, qui pendant un certain temps étant cantonné à la production de conduits, était associé à des pièces sombres donc fortement réduites. Depuis deux décennies, et sans doute lié au fait que cette esthétique des années 30 faisait vieillote, « grand père », les céramistes produisent des pièces plus claires donc sans réduction (ou alors accidentelle).
- Un céramiste de Bizen travaillant individuellement avec un four de 20m le remplit avec environ 800 pièces (plusieurs milliers de petites pièces s’il vise un marché à petit prix). Sans compter le temps de préparation de la terre et du bois, il faut environ 3 mois pour créer ce volume. Ce qui implique deux feux par an.
14 mars 2019 : cuisson 38 (électrique 700°C puis 1230° sur un palier de 10h)
- L’objectif initial de ce projet est d’arriver à produire des bols de type Ido. D’où la nécessité d’apprivoiser le tour et de trouver comment créer un émail kairagi dans les limites disponibles (pas de réduction, pas d’accès à un petit four de test à bois). Les vendeurs d’émaux kairagi m’ont dit « il faut un palier d’au moins 10h à 1230 ». J’ai donc relancé une cuisson pour tester ce critère avec tous les bols ratés de la cuisson 36 plus un certain nombre de bols médiocres de l’an passé. Résultat : pas de Kairagi.
- Le plus pustulent est le blend « coréen » : 70% Feldspar, 15% calcium (pour émuler les cendres de coquillages), 15% cendres de pin. À tester avec une autre terre (« Shino rouge ») et peut-être aussi un autre felsdpar.
- Le Kairagi de chez Shimogamo (blanc à l’application), est le plus mousseux, avec des effets de crystallisation, une sensation de surface « années 70-80 ». Il transforme la terre jaune en un saumon intéressant.
- Le Kairagi de chez Iwasaki (noir à l’application) n’a pas bullé, est lisse façon émail transparent, a transformé la terre jaune de bizen en vert olive clair, mais le « blanc » s’est regroupé dans des flaques, un effet qui pourrait être intéressant sur une terre plus granuleuse et à la bonne couleur.
- Le « Bidoro cendre de pin » APG-73 松灰ビードロ釉(灰系) a coulé façon « huile de vidange ».
- Le blend « Bone Ash Ivory » trouvé sur glazy.org : 70% Feldspar, Dolomite 30%, Kaolin 25%, Cendre d’os 5%, Bentonite « appelez le bloc » 3% : qui avait donné un blanc uniforme a produit un effet franchement intéressant. L’uniformité a laissé place à une sorte de pâte à crêpe cuite avec des points et des zones plus épaisses et plus claires. J’ai envie de la rester en plus diluée. Très agréable à la main. Pas d’effet de « verre ».
- Le Blend « Kuan Crackle 1 » trouvé dans le livre de John Britt « The Complete Guide to High-Fire Glazes : Feldspar 79%, Whiting 9.5, Silice 9.5, Cendres d’os 2, Bentonite 2 : est assez proche d’un kairagi bas de gamme (pas de cellule, juste des gouttes ici et là) mais effet « verre ».
- L’idée est de retester tout cela avec d’autres terres, granuleuses, cuisant rouge à 1230. Pas certain que le palier de 10h soit impératif.
- En attendant le refroidissement du four, j’ai lancé la cuisson au charbon de deux bols en porcelaine blanche de l’année dernière, qui avaient été cuits à 1200°. La leçon apprise alors était que la porcelaine requiert des formes linéaires, géométriques. Tous les effets « de main » rendent moches. Mais la forme et le poids très faible de ces bols me plaisaient. J’ai tenté de les recouvrir avec le noir mat d’Iwasaki et le résultat fut deux beaux échecs : la porcelaine ne supporte bien sûr pas les chocs thermiques, leur cuisson initial à 1200 (et non pas biscuit) a conduit à des coulures (pas assez d’absorption de l’émail) révélant le blanc (effet moche), la surface lisse n’était pas vraiment intéressante. Troisième confirmation pourtant de la qualité de l’émail qu’il faut donc appliquer sur une terre suffisamment granuleuse et solide aux chocs pour ce type de cuisson.
23 mars 2019 : cuisson 39 (électrique 700°C puis 1230° sur un palier de 3h)
- Poursuite de la quête du Kairagi en testant le paramètre « argile » : « shino rouge » achetée chez Iwasaki qui cuit saumon à 1230°.
- Leçon générale de la cuisson : le palier de 3h ne semble pas suffisant.
- L’émail Kairagi de Tougei.com a produit un émail transparent lisse révélant la couleur de la terre avec des nuages pointillés bleutés. Pas la moindre trace de Kairagi.
- L’émail kairagi de Shimogamo (700ml d’eau pour 1kg : l’épaisseur de l’émail est un facteur crucial pour le kairagi) est épais, blanc, craquelé. Ressemble plus à un shino blanc qu’à un Ido.
- Test de la recette mentionnée sur un pdf listé sur la page wikipédia japonaise : 長石 (feldspar) 3,7 / 土灰 (cendres d’arbres mixtes) 14,7 / マグねサイト(carbonate de magnesium) 4,6 / 蛙目 (ball clay) 33,4 / わら灰 (cendres de paille de riz) 44,6 : avec 700ml d’eau pour un kilo de blend, crée un gel, appliqué au pinceau. Il faudrait probablement diluer davantage ou ajouter une « colle ». Début d’un kairagi sur les pieds (mais façon crème épaisse). Quelques perles. Qui donnent envie de recuire avec un palier de 10h. En l’état, émail lisse, doux, épaix, blanc un peu chaleureux (pas « moderne »), qui devrait pas de l’aji en vieillissant.
- Test de l’émail Kannyu (貫入 : le craquelé) d’Iwasaki : émail transparent avec craquelures a priori peu intéressantes.
- La révélation du craquelage se fait ici avec une soupe de glands macérés. Comme j’ai des doutes sur la nocivité de la préparation, je fais des tests avec du thé noir épais qui a donné de bons résultats sur le « bone ash ivory » de la cuisson 38.
- Test d’un émail « Koge » de chez Shimogamo sensé donner un noir mat rouillé : l’émail vendu en bouteille est très liquide. Il aurait fallu appliquer trois couches. Le fond du bol a bullé (sur l’argile shino rouge) : effet peau de requin intéressant. La couleur gris souris, charbon (façon vieux Kuro), est intéressante mais le toucher rêche n’est pas agréable. A tester sur une terre noire plus lisse ?
- Cinq Kuro mat d’Iwasaki (dont la couleur et la texture sont décidément chouettes) trempés épais. le palier de 3h les a rendu lisse et a fait couler sous le pied l’émail. Recuisson probable des bols au charbon. La découpe des pieds coulés, même à la meuleuse s’avère quasi-impossible.
24 mars 2019 : cuisson 40 (électrique 700°C puis 1230° sur un palier de 20mn)
- Tests d’émaux Tenmoku sur l’argile Maruni A-45-2. Le paresseux en moi n’a pu s’empêcher de noter que le trimmage des petites tasses prend autant de temps que celui d’une pièce plus grande.
- Le Tenmoku d’Iwaski (avec son rouge écrevisse à l’application) donne un noir « huile de vidange » bien épais, bien coulant. L’argile de cette finesse est une bonne base mais pas sa couleur, trop jaune pour cet émail. Il faudrait une argile grise.
- Evidemment, je me suis trompé de bouteille pour la moitié des petites tasses : je souhaitais appliquer du BFG-44 黒艶消釉 et j’ai mis du Maruni 090121-1 qui sur cette terre a créé un effet grès campagnard.
- Le Kannyu-貫入 de Shimogamo au lieu d’être transparent comme celui d’Iwasaki, est blanc presque opaque. Je ne vois pas de traces de craquelures (alors que j’ai tenté d’appliquer de l’encre, de suzuri de qualité, pour la faire ressortir alors que l’émail était encore tiède).
- Le luli d’Iwasaki (bleu indigo qui normalement doit s’appliquer sur une terre blanche, comme le kogo petit oiseau de Rikyu) ne supporte pas l’application au pinceau : il faut vraiment tremper les pièces.
- le Shina (支那, shina = China !) Namako (concombre marin, compte tenu de leur couleur et texture !) de Shimogamo, proche d’un tenmoku bleu pointilliste, idem requiert un trempage. Page fascinante sur les namako comme émail majeur des pots de bonsai et qui évoque les superpositions, notamment sur tenmoku. Evidemment, désormais, il va me falloir tester cela. Peut-être même sur les 5 petits tenmoku de ce jour dont les lèvres sont trop transparentes et fines.
- blend 3 tiers « shino-rouge (jaune) + Bizen E原土 (blanche) + reste d’un argile rouge foncé Arc Oasis Design 純国産 赤5号 » : 4 grands ido-gata.
- Sur l’un de ces bols, celui avec l’ultime restant du Kairagi de Tougei.com, même après seulement 20mn de keep, sensation d’un – début – réel – de Kairagi. Sensation vraiment encourageante. On verra son évolution avec le palier de 10h de la cuisson 41.
- Les trois autres bols (2 « Iwasaki » et 1 « wikipédia ») n’ont rien donné. Ils sont censés évoluer à la cuisson 41.
25 mars 2019 : cuisson 41 (électrique 700°C puis 1230° sur un palier de 10h)
- Deuxième cuisson des kairagi des feux 39 et 40 avec un palier de 10h pour tester à nouveau ce paramètre.
- Les pièces n’ont soit pas évolué ou alors seulement en couleur vers une teinte plus sombre, marron.
- Le Kairagi « tougei.com » sur blend 3 terres dans lequel je fondais des espoirs a perdu son grain et sa couleur. Retester cette combination avec un palier d’une heure ?
- le Kairagi « wikipédia » a donné un lisse uniforme avec quelques rétractions.
- Le palier de 10h, que ce soit sur l’argile shino rouge recommandée par Iwasaki, que ce soit mon blend 3 terres, sur toutes les différentes recettes de Kairagi, ne semble pas être un critère dans mon four électrique en oxydation seule.
5 avril 2019 : cuisson 42 (électrique 700°C puis 1230° sur un palier de 20mn)
- Pour faire une pause dans la succession des échecs kairagi, une petite session tenmoku. Car l’un de mes objectifs est aussi de tester toutes les possibilités offertes par les combinaisons argiles/émaux disponibles sur le marché japonais qui m’intéressent.
- La cuisson m’avait permis de comprendre que les tenmoku requièrent une terre noire. J’ai donc testé la 黒泥 n°33 vendue par Shimogamo. Très souple, au grain plutôt gros.
- Heureuse surprise, l’émail BFG-44 黒艶消釉 a confirmé son beau résultat « chocolat fondu ». Il coule épais, avec une couleur non-uniforme, profonde, qui touche même quand on n’est pas fan de cette palette. Cette combinaison fera désormais partie des mes recettes validées.
- Les trois autres émaux tenmoku de 新日本造形 (Shin Nihon Zokei trouvés chez Arc Oasis au-dessus de Musashi) testés n’ont pas donnés d’aussi bons résultats : le « noir » 黒天目釉 255-790 donne, à l’électrique, une surface plastique avec quelques petites gouttes d’huile. Le « fer mais en fait bronze » 鉄天目釉 256-019 pour lequel j’avais beaucoup d’attente, a donné une surface bordeau uniforme artificielle. Pour ces deux émaux, j’envisage des tests sur d’autres terres, cuisson au charbon, avec l’ajout de poudre de charbon pour le second. Mais je me demande aussi si la qualité des émaux de ce producteur orienté « hobby » n’est pas simplement inférieure. Le « goutte d’huile » 油滴天目釉 255-746, a produit ses gouttes, très fines, mais a bullé (effet de la terre ? d’un mauvais mélange de la poudre ?). Après quelques jours, ces bulles ont perdu leur caractère déplaisant (éclatement ?) et la surface, désormais un peu raku, devient en fait intéressante. Prévoir de tester des chawan sur ce mode.
- La tentative de rattraper les échecs de la cuisson 40 par une deuxième cuisson avec application de Namaco et de double dip tenmoku varié n’a rien laissé de convaincant. Evidemment les seconds émaux, appliqués sur les émaux précédents, ont glissé, créant des rorschach au fond.
- Heureuse surprise sur une pièce moche tournée avec mon blend 3 argiles : l’émail CL-22 黄土結晶釉 (Titane ?) de 釉陶 a produit un résultat vraiment intéressant à la fois dans son dégradé pointilliste, jaune, bleu, marron, révélant la terre rouge, ses coulures, mais surtout son toucher coquille d’œuf.
- En revanche le vert Oribe CC5-緑オリベ色釉, mal mélangé, trop fin, mal appliqué, n’a rien donné d’intéressant sur ce blend d’argiles.
5 avril 2019 : cuisson 43 (électrique 700°C puis 1230° sur un palier de 40mn)
- Poursuite de la recherche du kairagi en tentant d’explorer le résultat prometteur du blend d’argile 3 tiers « shino-rouge (jaune) + Bizen E原土 (blanche) + reste d’un argile rouge foncé Arc Oasis Design 純国産 赤5号 » et de l’émail kairagi « tougei.com » en passant le keep de 20 à 40mn.
- Il est possible que ce que j’ai pris alors comme un début n’ ait été en fait qu’une fin et que le doublage du temps de keep ne produise à 1230 qu’une surface lisse. Il faudrait tester cette hypothèse à 1220° sur 20mn car je soupçonne que 1230 est peut-être le facteur minorant l’effet recherché.
- Toutes les pièces en effet de cette cuisson sur la combinaison précitée n’ont rien donné. Juste une surface vitrée verte.
- La moitié des pièces étaient composé d’un autre blend (au tiers : shino rouge + Arc Oasis Design 純国産 赤5号 + 上X熱土赤) divisé en deux et mélangé avec de la chamotte gros, 16目, et petit grain, 30目,(pour tester ce facteur sur l’apparition du kairagi). Aucune différence pour l’émail tougei.com. Le gros grain 16目 blanc a un effet campagnard intéressant.
- En revanche, l’émail kairagi 255-823 de 新日本造形 a donné le premier résultat « évident » même s’il est raté (grains trop éloignés façon éruption dermatologique). A l’intérieur des deux pièces de ce type, des petites zone d’authentique kairagi. Je suspecte que l’enjeu ici est lié à l’épaisseur de l’émail (bols trempés) : tester en ajoutant davantage d’eau.
- Ce point est aussi vrai pour l’émail CL-22 黄土結晶釉 (Titane ?) de 釉陶 qui, trop épais n’a plus d’aji, et qui a coulé plus que souhaité.
- un bol avec du kairagi « Shimogamo » a confirmé le kannyu épais (encré encore chaud). Idem, tester plus dilué.
- Deux pièces avec du kannyu « Iwasaki » n’ont rien donné d’intéressant.
- Pour résumer cette cuisson : retenter les mêmes paramètres, à 1220, 20mn, émail plus dilué.
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12 avril 2019 : cuisson 44 (électrique 700°C puis 1220° sur un palier de 20mn)
- Test des leçons de la précédente cuisson : 10°de moins, keep de 20mn, dilution des émaux et application à la louche plutôt que par trempage. Même blend d’argiles : 3 tiers « shino-rouge (jaune) + Bizen E原土 (blanche) + reste d’un argile rouge foncé Arc Oasis Design 純国産 赤5号 » + chamotte fine 30目.
- Yatto ! Enfin ! Du vrai kairagi avec le l’émail kairagi 255-823 de 新日本造形 . Du Kairagi-Kannyu avec l’émail Kairagi de Shimogamo (plus encre appliquée quand le bol sort du four encore chaud). En revanche rien de rien de rien (mais intéressant quand même : sombre / vert) avec le Kairagi de Tougei.com. Leçon : la capacité à différer la gratification, à supporter l’échec, paie.
- C’est bien l’application diluée à la louche qui a été le facteur clé. Je ne pense pas que l’argile, ni la chamotte, ni le trimming du bas ne jouent un rôle déterminant pour ces émaux. Je compte tester dans le futur ces deux émaux avec d’autres terres.
- Maintenant que je dispose d’une palette de base (aka, kuro, ido, kannyu), je vais pouvoir me concentrer sur les formes, les textures, les variations de couleurs.
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20 avril 2019 : cuisson 37a (électrique 700°C puis anagama Bizen 20m)
- Voir la note « cuisson 37 » de mars, plus haut, pour la description des pièces.
- Récupération d’un tiers des pièces, celles cuites dans l’anagama de 20m d’un deishi de Mori Tougaku situé au voisinage des siens. Je n’ai pu assister à l’installation des pièces dans le four. Bizen, qui cuit sans biscuit et sans émail, utilise un ensemble de techniques de feu pour briser la symétrie sur les pièces et pour générer différents effets, couleurs, textures. Certaines de mes pièces portaient des traces de pailles de riz, un bol contenait une coquille d’huitre, un autre une sorte de coton de démaquillage (peut-être pour stabiliser un bol plus petit placé à l’intérieur, les deux étant probablement dans une gazette). Certaines pièces étaient visiblement très proches du feu, d’autres plus en hauteur.
- J’aime la couleur de l’argile fine E原土 achetée à Bizen (rouge sablé, marbré, bicolore). Je ne suis pas fan de l’émail « coquille d’huitre ». Le ponçage de la pièce après cuisson pour révéler son marbre et pour finir de former ici et là m’intéresse.
- La shigaraki Maruni A-87S-451 est devenue totalement blanche en saya (gazette) alors que je l’ai toujours sortie jaune-orange chez moi. Cet argile produit des pièces mastoques, lourdes, pas vraiment utilisables pour le thé.
- Le bidoro n’a pas atteint sa température de fusion. Il est resté marron-rose et détachable.
- J’avais émaillé l’intérieur de quelques petits vases (aux formes laides) : ils se sont tous fendus au fond témoignant de problèmes de tension entre la terre et l’émail (au refroidissement ?)
- J’ai été visiter deux fours à bois cette semaine. L’un, de 8m, à Kameoka créé par une jeune céramiste formée à Tamba, 中井 Nakai 絵夢 Emu. Elle le cuit 4 fois par an et pourrait prendre quelques pièces.
- Le deuxième est un four de 10m créé sur un terrain communal de la ville de Sayô, dans la préfecture de Hyôgo à 2h de route de Kyôto, par Mori Tougaku (il y possède une propriété proche) il y a plus de 10 ans. Ce terrain était utilisé par les écoles pour des expériences de camping en pleine nature. Il est désormais à l’abandon. Le four n’a pas servi depuis mais semble en bon état. La mairie serait prête à le mettre à disposition gratuitement. C’est un gros projet qui va demander de l’organisation, notamment d’agenda (pour réunir les mains et l’expérience requises). Le plan initial serait de commander rapidement du bois à une petite entreprise locale qui le disposerait avant juillet autour du four. De laisser sécher le bois pendant l’été, puis de cuire en novembre. Toutes les personnes qui voudraient participer à ce projet peuvent me contacter.
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27 avril 2019 : cuisson 45 (électrique 700°C puis konro charbon ≈1000°)
- Retour à une session de mes bols favoris : des aka (raku rouge) cuits au charbon avec la recette validée : Argile « akaraku » de luxe (A-53-1 三号赤楽窯変土 5kg, 10 000 yens) chez Maruni et émail « akaraku » du même magasin additionné de charbon ogatan (オガ炭) » (attention si la poudre de charbon est trop fine, elle crée une teinte jaune-vert. Il faut vraiment utiliser du concassé de la taille d’un grain de blé). Biscuit. Four à charbon 1000°. Quelques minutes (juste le temps de la fonte de l’émail et sortir immédiatement la pièce sinon elle devient noir, un kuro). Les « grains noirs » contenus dans l’argile ressemblent à de la suie et créent les zones de réduction grises.
- J’ai testé de placer le charbon ogatan de façon verticale sans le couper en petits morceaux (sauf un lit pour l’allumage). Aucune différence, peut-être même une durée de feu plus grande.
- J’ai enfumé deux pièces dans une boite contenant des feuilles de momiji sèches. La marque des feuilles s’est imprimée avec un résultat ambivalent : visuellement intéressant, mais rêche tactilement. L’enfumage a créé des zones miroir qui partiront à l’usage mais aussi un plus grand gradient de couleurs.
- Test d’un « Mishima » (avec un motif de Rikyu donsu ume) sur la base d’une terre à nabe rouge. Technique coréenne d’incision de shiro-kesho (white slip) et émail transparent basse température. Je ne sais pas pourquoi l’extérieur est devenu gris (air plus froid lié aux trous du konro ?) alors que l’intérieur est resté rouge.
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28 avril 2019 : cuisson 46 (électrique 700°C puis 1220° sur un palier de 20mn)
- Suite des tests de l’émail kairagi 255-823 de 新日本造形 : l’argile doit pouvoir boire l’émail (ni l’argile noire, ni la karatsu ne l’ont fait). Et il faut une certaine rugosité pour l’accrocher et créer des cellules de kairagi, « non rondes » : l’argile à nabe rouge et la SA02 de Shimogamo, seules, ne sont pas de bonnes bases. Ce test me laisse à penser que l’ajout de chamotte est la clé pour un bon résultat.
- L’émail transparent 3K est resté blanchâtre à 1220° sur le Mishima.
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03 mai 2019 : cuisson 47 (électrique 700°C puis 1220° sur un palier de 20mn)
- Tests de trois argiles de chez Shimogamo : la SA02 (déjà testée lors de la précédente cuisson), la 赤6号土-中目 n°52 (jaune crue, devient la plus sombre au biscuit – ce que je cherche), la 赤4号土(?) (avec un mélange de chamotte 16 et 30目).
- Bris d’une planche de bols lors de l’enfournage du biscuit.
- Sans chamotte, l’émail kairagi 255-823 de 新日本造形 craquelle immédiatement après application.
- Tests « apprenti alchimiste » en appliquant différentes couches de différentes recettes kairagi + charbon pillé + ocre jaune. La difficulté est toujours d’équilibrer une forme à la surface et la texture uniforme (particulièrement pour les cuissons modernes où les micro-variations de la flamme et des cendres sont absentes) avec des couleurs et des textures qui à la fois doivent renvoyer à un magma naturel et éviter la présence « m’as-tu-vu »d’un action dripping médiocre. Susciter de la sérendipité incontrôlée – et – éviter les contrastes trop évidents. Quand la forme est parfaite, la quasi-uniformité est indifférente (Chôjirô).
- Le Kairagi 255 additionné d’ocre produit juste un kairagi marron sans intérêt
- Mon Kairagi 255 n’était pas assez dilué : quand il fait trop de psoriasis, on n’a pas envie de boire dedans même si l’effet peut être intéressant pour des céramiques de table (mise en valeur de solide).
- la 赤6号土 produit un beau rouge sombre à 1220. Une première couche de kairagi « tougei.com » donne un marron noir (malheureusement rêche) qui crée un beau contraste avec des coulures de Kairagi 255.
- Le kannyu d’Iwasaki a créé un transparent intéressant sur la SA02 (couleur saumon trop pâle à mon goût) sur lequel le kairagi 255 a créé du kairagi rond doux à l’oeil et à la main.
- la 赤4号土(?) chamottée est un poil trop chocolat à 1220.
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fin mai 2019 : cuisson 48 (four anagama Bizen de 20m, 2m de diamètre)
- Après une visite à Maruni (Shigaraki) pour acheter terre et émaux, un court voyage à Seto afin de voir les magasins pour céramistes. Juste le temps pour créer et émailler quelques pièces à remettre à Matsui San qui remplit son four actuellement pour le cuire à la fin du mois (j’y passerai trois jours fin mai).
- J’ai trouvé chez Maruni un paquet d’argile de Karatsu. Le dernier. Il a fallu chercher dans les catalogues archivés pour en connaître le prix. Comme la terre de Karatsu offerte par Mori Sensei : une terre sableuse, vraiment difficile à travailler. Il faut créer de grosses formes puis ensuite enlever beaucoup de matière pour arriver à quoi que ce soit.
- Ces pièces de Karatsu ont été biscuitées. Tests : un bol nu. Un bol dont l’intérieur est émaillé au 3号 (le transparent 1230° japonais de base). Un bol avec des lignes peintes avec de l’Oni-ita trouvé à Seto chez Voice of Ceramics (le pigment façon ocre à forte contenance en fer qui sert de sous-couche pour le Shino) et émaillé avec du kairagi 255 dilué en fine couche (plus une surcouche épaisse étroite sur le bord extérieur). Un bol avec de grandes zones d’oni-ita et émaillé avec le Shino F18a de Voice of Ceramics à l’extérieur et 3号 à l’intérieur. Une petite tasse avec oni-ita (qui peut devenir orange ou gris selon la température, la place dans le four, et la durée de cuisson, lente) et une grosse couche de F18a.
- Quelques pièces non biscuitées montées dans l’urgence avec du vieux Shigaraki (des morceaux de terre sèches dans un vieux sac) trouvé chez Yamada San à Seto. Très difficile à travailler. Je n’ai compris qu’après coup qu’il faut d’abord forger une forme grossière puis la retravailler en la frappant avec un battoir en bois après quelques heures. Impossible de la trimmer et quasi-impossible de la monter au tour. Je n’ai pas voulu utiliser le séchoir pour éviter les écroulements. Tests : deux petits mizusashi émaillés au 3号 à l’intérieur. Un bol idem. Un koro nu.
- Quelques petites assiettes biscuitées dans de l’argile de Bizen F5.
- Le feu a duré deux semaines. J’ai été présent 3 nuits (de minuit à 8h) au pic : deux nuits pour monter la base du four jusqu’à 1180° puis une nuit, la plus fatigante, pour gérer 3 des premières ouvertures latérales afin de régler leur montée et leur maintien à 1180 pendant 8 à 10h, après la fermeture de la base. Au delà de 1180, l’argile de Bizen fond. Les terres et les émaux qui requièrent plus (Shigaraki, Bidoro) sont donc sous-cuits.
- Le bois coûtant cher, des bambous ont été utilisés comme combustible. Qu’il fallait percer entre deux noeuds pour éviter l’éclatement des membranes dans un bruit de pétard assourdissant. Le bambou brule fort et vite, il n’y a pas de temps de pose. La dernière nuit, c’est du pin rouge coupé en petit bois (afin de moduler l’alimentation des ouvertures latérales, de 3 baguettes, généralement 5, jusqu’à la totalité de l’ouverture) qui a été brûlé. Le volume de bois et ce qu’il implique comme préparation, séchage, protection contre les intempéries, placement au bon endroit, est impressionnant. Les céramistes ne peuvent s’autoriser ainsi qu’un feu par an. Ils font partie de petits groupes (dans le cas présent, les disciples d’un même maître) et chacun participe activement aux tours de feu des autres en échange de pièces placées gratuitement en cuisson (ce qui garantie aussi la qualité du soin qu’ils prendront à leur veille).
- L’esthétique de ce style ne correspond pas à mon intention. L’aspect pain grillé, cramé, parmesan fondu, fait vibrer des champs sémantiques trop frottés, trop chauds, trop bruts, presqu’une forme de violence du feu, de crémation, pour ma sensibilité. L’entrée dans le four à son ouverture a quelque chose de l’ordre de la découverte d’une cave de Pompéi. On ne serait pas surpris d’y rencontrer des squelettes enlacés.
- La façon dont une terre (l’argile spécifique d’un lieu et ses propriétés) et une technique (les émaux liés aussi aux ressources disponibles) créent une esthétique et comment cette dernière peut-être reprise, légitimée et valorisée, constitue une question fascinante. Avec un corollaire : ce n’est pas parce que cette combinaison existe – du fait de contraintes géologiques et historiques – qu’elle doit être vénérée, respectée, perpétuée comme telle. Un arbitraire n’est pas beau en soi. La question devrait toujours plutôt être : comment créer du beau à partir de cet arbitraire ?
- Leçons apprises dans cette expérience de feu : pour ce type de cuisson, utiliser la terre locale sans émail. Il faut organiser une véritable équipe de personnes expérimentées pour réussir un feu de ce type. C’est une expérience physiquement éprouvante, on donne de soi, de sa fatigue, de son corps. Ce qui conduit à investir les pièces de ce temps passé, de ces efforts. Mais ici encore problématique identique : ce n’est pas le temps passé, ce ne sont pas les efforts qui créent la valeur d’une pièce. Mais sa beauté intrinsèque. Une pièce facile à créer peut-être plus belle qu’une autre demandant de nombreuses nuits de sueur. La technologie, l’ingénierie des fours à bois, si elles créent des conditions de cuisson plus efficace pour un résultat identique, doivent primer sur le folklore et la sensation de partager une expérience du passé.
- La mairie de Sayo a accepté que j’utilise le four de 10m qui n’a pas servi depuis des années. Cuisson prévue en mars 2020. Les personnes qui voudraient se joindre à ce projet peuvent me contacter.
23 mai 2019 : cuisson 49 (électrique 700°C puis 1230° sur un palier de 20mn)
- Les débutants autodidactes ça osent tout. « C’est même à ça qu’on les reconnait« . Parfois ils obtiennent des résultats intéressants. Le plus souvent des horreurs. Revenant de Seto avec de l’argile et des émaux pour Shino, je ne pouvais pas ne pas tenter des tests dans mon petit four électrique avec une montée et une descente oxydée en 24h alors qu’on m’a bien expliqué qu’une cuisson ultra-lente réduite (une semaine de feu, une semaine d’attente) est requise.
- Point intéressant, j’ai entendu à Seto un propos opposé à celui de Bizen sur le pin rouge comme combustible : à Seto, aka matsu car sa combustion ne produirait que peu ou pas de cendres volantes allant perturber les pièces émaillées (souvent en gazette par surcroit de protection); à Bizen, aka matsu utilisé (depuis Edo; avant, les céramistes cuisaient avec tout combustible mixte disponible) pour l’effet de ses cendres.
- Le problème des tests multiples d’émaux, c’est de trouver la bonne technique d’application et la bonne épaisseur/dilution. Pour une pièce unique, on verse un peu de sa bouteille d’un litre dans le bol, on l’arrose puis le louche ou le peint : du bouinage honteux. C’est encore plus problématique dans le cas des shino qui requièrent une couche épaisse d’émail..
- Résultat de cette cuisson : des horreurs à recuire (dans l’anagama de Sayo cet automne).
- Juste trois bonnes surprises :
- L’oni-ita (nama) 鬼板 trouvé chez Voice of Ceramics en sous-émail, produit un noir/bleu intéressant qui donne de la profondeur à la surface. Mais réagit intensément (super-flux) avec certains émaux.
- L’émail Shino A 18 B de Voice of Ceramics a donné un résultat intéressant dans cette sous-cuisson électrique. La texture est rêche (l’émail n’a pas suffisamment cristallisé) mais le bol est utilisable tel quel.
- L’émail, 2-S-47 燻黄金釉, pris par hasard dans un ensemble de bouteilles soldées produit un effet métallique or/bronze/rouille qui appliqué seul crée une ambiance trop « moderne » (urbaine, industrielle) mais qui pourrait être intéressante en surcouche (kuro / tenmoku). Le F90 n’était pas pas suffisamment épais ni cuit (est resté pour l’essentiel blanc) mais a produit un début de vert intéressant au fond. Idem pourrait être utilisé en mélange.
- Tests d’émaux Shino :
- Mizuno 865 灰志野 : l’émail a rétréci créant de grandes cellules vides : probablement en réagissant avec l’oni-ita. Blanc coulant typiquement « Shino ».
- Yamada 暁志野 : un léger blanc transparent farineux/bulleux donc sous-cuit, dont on se dit qu’il pourrait être vraiment intéressant
- Mizuno 赤志野 : le plus bel échec de toute ma courte carrière. L’émail est très épais, caoutchouteux à l’application. Résultat : un fromage fondu blanc réparti en coulures écoeurantes. On pense à « The Thing », à une forme de vie venant de l’espace et post-agonisation devant l’arrogance humaine. Au Nazi fondant dans Indiana Jones 1. Mérite de valoir une fortune dans une galerie moderne. Attention peut terroriser des enfants.
- Yamada 桜志野 : aucune trace de sakura. Mais comme le akatsuki précédent un blanc transparent intéressant révélant l’oni-ita
- Yamada 赤志野 : pas rouge mais plutôt fond de teint épais foncé
- Yamada 志野 : comme le 暁 et le 桜 mais blanc plus mat. Même qualité « farineuse/pâte à crêpes » de texture.
- Yamada 紅志野 : Comme le Mizuno 赤, épais à l’application et fromage fondu à la sortie. Lui aussi semble avoir voulu fuir l’Oni-Ita. Plutôt sur le registre des vergetures.
- Voice of Ceramics A-18A : blanc mat / vergetures toiles d’araignées. Lui aussi veut fuir l’Oni-Ita.
- L’émail Karatsu de Mizuno sur deux bols à l’argile Karatsu de Maruni a produit dans cette cuisson un transparent/blanc/marron avec quelques taches blanches au fond. La couleur de cette terre est d’un beau rouge pourtant. Je me demande ce qu’ils donneront à la recuisson bois.
- Pas intéressants sur cette terre (Shino / Murasaki Shino) et avec cette épaisseur et cette cuisson en oxydation : Voice of Ceramics A-34, A-21 et A-86
26 mai 2019 : cuisson 50 (électrique 700°C puis 1250° sur un palier de 20mn)
- Poursuite des tests et découvertes : première cuisson 1250° avec des émaux Tenmoku acquis chez Maruni il y a trois semaines. Les terres utilisées (noire et rouge fine) ont résisté à cette température. Elles ont en revanche rétréci sensiblement davantage qu’à 1230°.
- La nature lisse du Tenmoku requiert des formes lisses. Confirmation de la nécessité d’une terre noire (notamment quand l’émail en coulant, découvre complètement la lèvre – est-ce là l’explication des lèvres métalliques, notamment d’or ?
- Tests des émaux :
- Maruni BFG-44 黒艶消釉 : Le chocolat fondu qui à 1250 crée des effets de cratères lunaires. Un émail avec un véritable aji wabi (façon vieux Tenmoku chinois). Se marie vraiment bien avec la terre noire (les coulures épaisses s’arrêtent bien avant le pied). J’ai vraiment envie d’explorer les possibilités de son univers.
- Maruni HPG-7 油滴天目釉 : dans les spécificités de cette cuisson en oxydation a créé des fleurs rouge-marron trop grande et trop uniforme pour être intéressantes. Si elles étaient restées petites et hétérogènes, l’effet artificiel m’as-tu vu ne serait pas aussi fort.
- Maruni WPG-27 浅葱(アサギ)釉 : vert-rose, super-coulant (deux pièces collées sur plaque et plots). Couleurs artificielles. Bof pour des bols. Peut-être pour des assiettes à wagashi.
- Voice of Ceramics A-13 天目釉 : un noir miroir façon casque de Darth Vador. Curieusement l’effet est profond et fascinant. Notamment sur des pièces montées à la main avec des traces de doigts. Deux tasses ici qui donnent envie de retester avec des bols à la Chojirô.
- 新日本造形 油滴天目釉 : un goutte d’huile noir/argent parfait avec des cellules petites et de différentes tailles. Requiert une terre noire et des pièces linéaires symétriques.
- Maruni WPG-1 梅花皮釉 : sur une terre fine et sur une terre shino, aucun kairagi mais un beau kannyu (mis en valeur avec une encre de calligraphie rouge-bordeaux). Plus la terre est fine, plus le kannyu est fin.
- 新日本造形 黒天目釉 : a glissé et n’a pas été mis en valeur par l’argile rouge mais un noir avec de l’aji, une profondeur façon miroir vieilli qui a du potentiel.
- 新日本造形 鉄天目釉 : un rouge mat, épais, moche que je vais tenter de sauver en l’abrasant. En oxydation, un émail à remiser.
15 juin 2019 : cuisson 51 (électrique 700°C puis 1220° sur un palier de 20mn)
- Une fournée essentiellement de tests des émaux commandés chez 水野釉薬 Mizuno à Seto sur des restes d’argiles diverses :
- 灰オフケ : un transparent/vert (en oxydation, bleuté en réduction), laid sur des pièces d’argile non blanche et non tournée (non lisses).
- 2 grey mat : commandé pour son aspect « coréen » mais qui ne fonctionne pas sur des formes non tournées. La couleur n’est pas très belle. Requiert de vieillir.
- 414 亀甲貫入 : un kannyu « écaille de tortue » avec des cristallisations presque fleuries. Épais. Craquelures fines, non artificielles, de tailles variées. En trempage : blanc lactescent. Quelques retraits sur une terre chamottée. Sans réel intérêt (transparent/blanc) sur une terre noire.
- 781 Bronze : un kuro « fourrure de taupe » avec des coulures métalliques « bronze ». L’émail est très liquide ce qui produit une couche fine donc une texture rêche. L’aspect métallique crée une sensation légèrement cyberpunk. Les coulures de « bronze » glissent verticalement et ont des vergetures. La couleur, légèrement rouille, est belle. À appliquer en deuxième couche ?
- PK-5 mat : un kuro « fourrure de taupe » exceptionnel, qui surclasse celui d’Iwasaki car produit une couleur texturée non uniforme en cuisson électrique. L’émail est épais et coule (attention aux pieds !). Il est lisse et doux au toucher, façon porcelaine. La couleur sous-jacente est jaune rouille en pointillé. L’aspect de la surface est différente selon la terre (légèrement plus jaune sur une terre noire, plus foncé sur une terre rouge). Une sensation de vrai raku (mais cuit à 1220° !).
- 592 灰黒マット: un autre émail noir exceptionnel, lui aussi non uniforme à l’électrique. Aussi épais, moins coulant, un peu moins lisse au toucher (peau d’homme vs peau de femme du PK5 mat). Une couleur texturée fourrure de félin. De petits trous. Un peu moins sabi, un peu plus nuit contemporaine. Un véritable aji. N’est pas mis en valeur sur une terre noire.
- La terre granuleuse difficile de Shigaraki cuit d’un beau rouge orange, nue sans émail à 1220° à l’électrique. Une terre à mettre en forme au battoir.
27 juin 2019 : cuisson 52 (propane 700°C et 910°C)
- Différents bols avec des restes d’argiles divers. Presque tous badigeonnés avant biscuitage avec une barbotine d’argile du Fier. Tous émaillés avec de l’aka-raku de Shimogamo dont j’ai apporté à Manigod 2kg dans mes valises.
- L’émail est aussi bon que le transparent de Spectrum Glaze. Sans doute meilleur pour les craquelures à l’enfumage, peut-être un peu trop « vitré ».
- En revanche, je dois me rendre à l’évidence : l’argile prélevé dans le Fier produit un vert jaunâtre tout simplement moche. Mon souhait d’utiliser de la terre locale doit être mis temporairement de côté, le temps que je trouve un autre argile : j’ai entendu parler d’un rouge mais je n’en ai pour l’instant encore jamais croisé.
- Trois pièces éclatées (Omaha chamotte invisible) au biscuitage faute d’être suffisamment sèches. La cuisson au four à Propane raku est rapide et donc susceptible de créer ce genre d’accidents. Mais luxe à pouvoir biscuiter/émailler/cuire en une demi-journée.
- Deux pistes de recherche actuelle : la ligne et les boites. J’équipe le chalet pour créer des boites en bois qui ne seront pas simplement des containers. Mais partie prenante de la fonction et de l’usage de la pièce.
14 juillet 2019 : cuisson 53 (propane 700°C et 960°C avec réduction finale)
- L’installation du poste bois pour la création des boites, couvercles et autres étagères à thé a requis la digestion d’une masse faramineuse d’informations. Les dernières machines doivent arriver la semaine prochaine. La préparation de l’espace pour l’arrivée d’une boudineuse, d’une crouteuse, d’une cabine d’émaillage et d’un broyeur à émaux, livrés hier par Michel et Sophie de Breizh Ceram, a demandé également beaucoup de temps.
- Dimanche, biscuitage, émaillage (pour la première fois au pistolet) et cuisson. Seuls les bols avec chamotte impalpables ont accepté correctement l’émaillage au pistolet. Le mélange d’argiles avec grosse chamotte n’a rien donné de bon (la terre que j’attendais dans les rouges a viré noire lors de la réduction finale; certains bols seront recuits).
- Les bols acceptables de cette série ont été tournés à partir de l’argile Omaha de Raoult&Beck (impalpable). Badigeonnés au pinceau, à consistance cuir avec différentes couches de préparations liquides sigillées de chez Rakuvaria (rouge, oxyde fer foncé et clair, saumon), dont une sous-couche « calligraphiée » pour tenter de faire devenir une voix « symbolique » sous le magmatique. Un brin polis à la peaux de chamoix. Puis après biscuitage, émaillés au pistolet avec de l’aka-raku de Shimogamo. Puis enfumé avec de la poudre de bois que je produis désormais à l’atelier pour mes tests de boites.
- Excellente nouvelle également, j’ai testé l’incorporation sur une terre rouge de petits morceaux de graphite qui ont créé les mêmes effets de réduction locale que la terre aka-raku hors de prix de Shimogamo.
25 juillet 2019 : cuisson 54 (propane 700°C et 1000°C)
- Premiers tests de la cabine d’émaillage et de la crouteuse pour des assiettes à impressions de végétaux du jardin (fougères, coquelicots) en utilisant la technique du carré de mousse de Hsin-Chuen Lin. Tests concluants et prometteurs. Argile : solargil GTP 1.5)
- Suite des tests avec des morceaux de graphite : tâches grises de réduction sur terre rouge mais venant probablement plus de l’émail transparent de Spectrum Glaze.
08 août 2019 : cuisson 55 (propane 700°C et 1000°C)
- Cuisson sans pièces sauvables…
- Les six dernières semaines ont été consacrées essentiellement à l’équipement en machines à bois – pour la céramique (futa, boites, et ustensiles de thé compagnons). Choix, commandes, arrivée des machines, agencement de l’espace requis, premiers tests en autodidacte avec les échecs nécessaires. L’existence de youtube modifie radicalement la capacité d’apprentissage en solo. Cela constitue une chance inouïe. Mais toute activité impliquant un geste requiert un temps (et des ressources pour un équipement de base) massivement sous-estimé.
- Quelques tentatives de monter des vases à plus de 20cm. Chaque argile requiert un nouvel apprentissage des limites (humidité, plasticité, résilience). Quand on dépasse le premier stade de l’acquisition du geste, arrive la question des formes, des lignes, de la présence toujours projetée du corps humain.
- Tests à peaufiner de mes girelles en bois : 19mm ne semble pas suffisamment épais. Le contreplaqué « extérieur » trouvé dans la vallée n’est pas convaincant. Dispano n’avait pas de contreplaqué marin. En revanche le dispositif de petits carrés interchangeables au sein d’une girelle circulaire est vraiment chouette (avec deux demi-lunes opposées et non une seule, pour extraire la plaque).
- Je ne recommande pas la terre de Noron (je traversais ce village normand tous les jours en voiture dans une vie antérieure) en chamotte impalpable. Elle tourne gris/noir avec de l’émail transparent Spectrum mais surtout se fend en cuisson raku de base (un beau bol ido et un encensoir inutilisable – mais peut-être que la raison est leur polissage qui diminue la surface de sortie de l’eau et donc crée des tensions). Elle est aussi moins agréable à tourner que l’Omaha.
- Tentative de créer du raku-shino bleu en appliquant de la terre sigillée bleue Rakuvaria sur une base Tpasta+émail blanc Spectrum. Application du bleu par pistolet avec une tentative de créer des masques de feuilles de momiji. Mais le pistolet les fait voler. Pas de possibilité d’empreinte par cette technique. Le bleu trop électrique a bullé sur l’émail blanc. Il aurait fallu sans doute colorer l’émail par mélange, non par pistolet.
- Confirmation des qualités de la Tpasta tournée pour la première fois : incroyablement résiliente. Tests de petits couvercles de bols (façon shigaraki) avec double projection (interne/externe) d’émaux Spectrum glaze. Un émail trop épais a bouché le pistolet.
12 août 2019 : cuisson 56 (propane 1000°C)
- Test de troisième cuisson pour des pièces qui méritaient « une autre chance ». Aucun résultat concluant.
- Les pièces bleues auraient pu sortir intéressantes mais elles se sont collées au moment de l’enfumage. Leur décollage les a abimées.
18 août 2019 : cuisson 57 (propane 700°C et 1000°C)
- Le grès gris chamotte impalpable Sword de Raoul&Beck cuit rouge à 1000°.
- Difficile de donner une âme aux bols tournés avec cette terre lisse. Au moment du trimmage, fabrication et test concluant d’une girelle en mousse « façon Bill van Gilder« . La possibilité d’appuyer la pièce sur la mousse avec la paume gauche sans craindre d’abimer une lèvre fine ouvre des perspectives.
- Le tour à pied ne protège pas des coups de soleil. Et sollicite les chevilles sensibles.
- Différents tests d’émaux transparents mélangés à du kaolin et différents oxydes. Sans succès sauf sur de la Tpasta avec des bols pincés.
- Poursuite de l’exploration de la partie « bois » de ce chemin céramique : stage de deux jours hier pour m’assurer des gestes de sécurité de base pour le tournage afin de créer des couvercles pour les mizusashi et les cha-ire. Tourner un natsume est moins difficile que je n’imaginais.
30 août 2019 : cuisson 58 (propane 700°C et 1000°C)
- J’étais très fier de commander des plaques de PVC épaisses pour percer des filières à placer comme embouts de la boudineuse. L’idée de tester de grands vases archaïsants avec cette technique m’enchantait. Mais une terre trop molle et une filière mal conçue m’a conduit à produire une grande quantité de viande hachée.
- J’ai également appris la peine des assistants qui ont pour mission de nettoyer la boudineuse. Une machine qui n’a de sens que pour de gros volumes continus de terre à recycler. De terre identique.
- Dans l‘hypothèse CRM, C, le conte est essentiel : je voulais raconter l’histoire de l’été. Des pièces réalisées avec tous les recyclages estivaux, reconditionnés dans la boudineuse neuve. Des pièces émaillées dans la cabine d’émaillage neuve avec un transparent mêlé de cendres du poêle vieilles de deux hivers. Fumées avec la sciure des machines à bois neuves. Des pièces humbles, rescapées, mais chaleureuses, témoignant d’une étape franchie au tour (creusage et montée en un seul geste). Aussi essentiel C soit-il, si la pièce n’est pas belle, le conte vaut tripette. Le mélange d’argiles me semblait pouvoir partir vers le rouge. Il lui a manqué quelque chose (quelques degrés de cuisson, plus d’oxydation, moins de cendres, un autre transparent ?). Leur gris ciment ne touche pas.
- L’apprentissage des techniques du tour à bois donnent des idées pour la finition céramique. J’ai tenté post-cuisson le passage à l’abrasif aux grains de plus en plus fins et à la cire alimentaire (mélange carnauba et coco). Cela n’a pas sauvé les pièces mais ouvre des possibles.
03 septembre 2019 : cuisson 59 (propane 700°C et 1020°C)
- Nouvelle tentative avec la même terre que la cuisson précédente. Emaillée avec du transparent de Spectrum Glaze au pinceau. Vingt degrés de plus. Une mini-réduction finale de 1020 à 990. Et cette fois-ci du vert-de-gris bleuté. Poncé, ciré.
- Quelques formes me plaisent. Mais je visais le rouge…
06 septembre 2019 : cuisson 60 (propane 700°C et 990°C)
- Dernière cuisson de l’été avec le même mélange de rescapés que les deux cuissons précédentes. 6 donburi-wan. Un a explosé au biscuit à 380° : celui qui se trouvait sous la « cheminée ». J’ai déjà remarqué d’autres casses au même endroit dans ce four fut-couché. Deux encensoirs à coils (spirales) avec couvercle à motif d’ume.
- Emaillage au pinceau avec différents pots de Spectrum Glaze (Blanc, Galaxie, Andromède, . Et de l’aka-raku de Maruni.
- L’ara-raku doit être correctement mélangé pour redevenir complètement liquide (si on l’a laissé reposer dans un container). Sinon l’application crée des grumeaux qui vont fondre mais glisser au fond du bol créant une piscine de verre. En revanche grosse surprise : seul cet émail a réussi à sortir les nuances de rouge de ce mélange d’argiles, contrairement au transparent de Spectrum Glaze qui était pourtant le seul transparent à révéler les couleurs (cf cuisson 30 du 27 décembre 2018).
19 septembre 2019 : cuisson 61 (électrique 700°C et 1230°C)
- Retour à Kyôto avec la nécessité de préparer un volume importants de pièces pour une cuisson anagama en mars prochain.
- Presque tous les sacs d’argile ont séché, même correctement fermés.
- Maruni A-1S 2 : grise crue, terre sableuse sous les doigts, résistante (capable de supporter du poids sur le tour), pardonne des maladresses au tour (3/5)
- Voice of Ceramics 2kg de 赤津貫入土1-G : très plastique, presque porcelaine, ne pardonne pas si l’on monte trop fin (2/5)
- Voice of Ceramics 2kg de 粘土赤1号 : super facile à tourner (5/5), bon maintien, vraiment agréable
- 純国産 赤5号 Oasis design : terre rouge plastique sans âme, façon terracotta espagnole vendue premier prix en France. Cela permet de saisir à quel point les argiles japonaises de qualité ont une âme, de la profondeur comme un grand vin, avec différents plans, une véritable personnalité. Ici, c’est de la vache qui rit.
- Voice of Ceramics 2kg de 耐熱なべ土 (1-F-23-2) : terre pour nabe à haute résistance au feu (pour mettre directement une cocotte sur la flamme). Terre grise sableuse de base sans caractéristique particulière.
- Pour donner de la consistance à une barbotine de terre rouge rouille prélevée sur Higashiyama, préparation d’un sirop de Funori selon la recette donnée par Richard Wilson dans son livre essentiel « Inside Japanese Ceramics » (p. 106) : 10 cm2 de l’étoffe d’algue jaune dans 500ml d’eau chaude, retirer la partie solide. 250ml suffisent pour 20 litres de barbotine.
- Avant le biscuit, pose de cette barbotine « Higashiyama » et d’Onita ita (avec trop d’eau et un peu de funori) sur les pièces en écrivant le zengo 茶碗一花 à l’extérieur et 道 à l’intérieur.
- Le zengo calligraphié en gyosho en tenant la pièce sur le côté renverse les caractères de 90° dans le sens inverse des aiguilles d’une montre
- Au sortir du four du biscuit, avec un gant en cuir, étalage de la barbotine et de l’Oni-ita pour noyer le contraste trop grand, créer une dynamique vortex et pour effacer les caractères : on doit les deviner seulement.
- Application d’un émail transparent 1230°C, le 3号石灰透明釉, par trempage dans un seau de 10l (5kg de mélange, 4l d’eau) en tentant d’appliquer la technique « Popping a glaze » de John Britt : 3 réussites sur 14 pièces. Popper requiert de l’entrainement et un dispositif pare-éclaboussures.
- Résultats à la cuisson finale : la barbotine Higashiyama a tourné d’un noir sale, l’oni-ita plutôt bordeaux. L’émail a dissous les aplats faits au gant. Le résultat crée sur la terre blanche un effet sale de tâches. Tentative de rattrapage en appliquant de l’encre noire alors que les bols sont encore chauds pour révéler le Kannyu. L’émail en a produit du très intéressant avec des cellules dont la taille varie avec le grain et la finesse de la terre. L’une des terres (赤津貫入土1-G ?) n’a créé aucun kannyu. La Maruni A-1S 2 a produit de grosses cellules craquelées (presque peau de lézard). Mes tests de « pops » m’ont conduit à tremper une pièce deux voire trois fois, l’émail était donc épais. Laiteux sur les pièces rouges (où l’oni ita et l’higashiyama sont quasi-invisibles).
26 septembre 2019 : cuisson 62 (électrique 700°C et 1230°C)
- Maruni A-42-1 赤唐津土 (荒目) : alors que j’avais eu beaucoup de difficulté à tourner de la Karatsu ce printemps, aucun problème avec celle-ci, très sableuse. Est-ce parce qu’elle était un peu sèche ?
- Voice of Ceramics, 2kg de 織部土 1-H-5 : terre crue crème, lisse (non sableuse), un peu dense, sans difficulté ni plaisir particulier de tournage. Cuit blanche lisse sans aji.
- Blend « sur le tour » des restes recyclés des 4 terres de la cuisson précédente : seul le kannyu sauve l’effet quand l’une des terres est plus sombre (bordeaux) que les autres
- Bizen E gendo : noire crue avec de gros morceaux de « trucs » et de gros cailloux. Mais super lisse « auto-réparante », (magiquement au trimmage). J’avais oublié à quel point cette terre devient intéressante même au four électrique. Total aji. Des grains qui remontent et déforment. Des couleurs stratifiées contrastées mais chaudes. Pas simple à tourner mais une de mes terres préférées. La combinaison Bizen + Kannyu sur une forme d’Ido (avec une cuisson en solitaire) est un début d’autoportrait qui me plait. A noter que le kannyu a pris sur les bols trimmés à l’intérieur. Très léger sinon.
- 赤志 (?) : rouge-chocolat, lisse, aucun spécifique.
- Shimogamo 赤6号土-中目 n°52 : très sableuse, il faut la monter lourde et retirer beaucoup au trimmage presque sec
- Pour toutes les terres, même émail 3号石灰透明釉 (probablement pas assez dilué : sac de 5kg, 4l d’eau) en trempage (plus louche) puis application au pinceau d’une encre de calligraphie à la sortie du four. Pour le bol blanc, le kannyu n’est apparu qu’après un certain temps de refroidissement, donc deuxième application d’encre alors que la première n’avait rien donné.
30 septembre 2019 : cuisson 63 (électrique 700°C et 1230°C)
- Un blend « sur le tour » des restes de Maruni A-42-1 赤唐津土 et de 赤志
- Voice of ceramics, 2kg, 赤土7号 (1-F-7) : lisse, rouille crue, aucun spécifique
- 赤志 (?) : rouge-chocolat, lisse, aucun spécifique.
- Un reste de bizen E
- Hakeme (shiro-kesho +funori) appliqué au pinceau de branches et d’herbes
- Suite des tests de l’émail 3号石灰透明釉 en application épaisse puis encre au pinceau à la sortie du four : c’est définitivement une technique que j’aime et qui me correspond. Trois bizen-kannyu-idogata confirment que cette variation me signe.
- Toute véritable création est-elle l’émergence radicale d’une forme nouvelle, inédite, ou bien n’est-elle qu’une variation combinatoire de formes passées ? La position philosophique, celle de Castoriadis, de l’émergence d’une nouveauté radicale, implique d’une façon ou d’une autre le ex-nihilo. Quand j’ai compris, via Spinoza, cette implication, strictement impossible à imaginer et dont je n’ai jamais fait l’expérience, il m’a fallu m’éloigner de Corneille qui m’avait pourtant formé intellectuellement.
Mon Bizen-Kannyu-Ido n’est qu’une variation, qu’une combinaison de nombreuses sources :- une première rencontre avec le kannyu au musée nationale de Taipeh, dans la section Song. Ces pièces n’auraient jamais dû se trouver là sans la folle histoire des trains secrets de Tchang-Kaï-Chek. Le kannyu symbole de fragilité interne, de blessures, et moi-peau du psoriatique.
- une vibration pour les couleurs chaleureuses, les textures de falaise, l’aspect campagnard non-raffiné, l’absence de signature, la forme ouverte vers le ciel pour l’offrande, la grande taille des bols ido coréens. Leur lien, leur place (forcément number one), leur histoire dans la cérémonie du thé. Le fait qu’ils traversent des frontières et sont l’un des trésors du mitate. Qu’à ce titre ils symbolisent en quoi cette beauté doit traverser d’autres époques, d’autres frontières. Ce qui constitue le sens de mes jours.
- la découverte improbable du magasin Shouzan à Inben via Matsui San et de la terre E原 (sans cette terre, rien ne tient) qui rend si bien double-cuite à l’électrique (totale hérésie pour les céramistes de Bizen).
- mes tests systématiques d’émaux japonais et l’expérience du raku occidental, de l’enfumage et donc de la capacité à repérer l’existence de fissures dans un émail qu’on pourrait autrement laisser non contrasté.
- la combinaison du tour électrique et du trimmage manuel (à la raku japonaise)
- l’encre calligraphique et la capacité à oser l’appliquer chaud sur des pièces alimentaires parce que la propriétaire d’une galerie de Kyoto me révèle que c’est ce que fait l’un de ses artistes.
- l’ensemble des compétences et des savoirs qu’il a fallu assembler pour être mis en contact avec ces sources (à commencer par le Japonais, les kanji).
- une curiosité joyeuse inépuisable alimentant le devoir épuisant et ridicule du petit-garçon sommé à bien faire
- l’arrière grand-père arboriculteur et le père ingénieur, le village et la cour, le fruste et le raffiné sans passer par la case « perfection ».
- la chance, l’accident et la sérendipité.
- Cette variation raconte cette histoire. Boire dans l’un de ces bols, c’est entendre ma voix chuchoter cette histoire. Le Conte de leur CRM.
- Pour enraciner davantage ce conte, j’ai décidé de nommer cette technique 松竹梅-shôchikubaï, le motif dont je m’entoure (jardins, objets divers) depuis plusieurs années : le bambou-竹 pour le 節-fushi, le nœud au milieu du pied, emprunté aux Ido; le 松-pin, pour la couleur et la texture de « pin rouge sous la pluie » que je recherche pour l’extérieur des bols; l’ume-梅, pour l’aspect bourgeon de fleur d’ume (prunier) blanc de l’intérieur du bol (sa lèvre interne et le blanc du kannyu).
- Deux kuro (confirmation des beautés « taupe » de l’émail kuro d’Iwasaki).
- Un blend avec du Karatsu de Mizu : bof
- Un blend avec du kairagi de Togei en trempage : bof (et confirmation que seule l’application à la louche produit du kairagi avec cet émail)
6 octobre 2019 : cuisson 64 (électrique 700°C et 1230°C)
- Argile Bizen Shozan « Kannon » : gris foncée crue, lisse sans particules, très facile à trimmer à cuir dur ce qui permet d’envisager des pièces très légères. Cuit crême sans texture ni gradient. Les pièces fines ont bien tenu le choc thermique (par la Yama E). Pas d’aji à l’électrique.
- Argile Bizen Shozan Yama E : est arrivée très (trop) souple. Pas de particule comme la E原 (celle que j’ai utilisée jusqu’à présent). Au trimmage, des « petits points blancs ». Résultats de cuisson comme la kannon (un chouilla de gradient, un pointillisme lié à la disparition des points blancs), mais plus fragile que la Kannon (deux grands bols en morceaux). Cette fragilité est peut-être due au fait que j’ai tenté un effet shino blanc en appliquant une très épaisse couche de 3号石灰透明釉, mais uniquement à l’intérieur. Pas de possibilité d’équilibrage des tensions. Mais là encore, à l’électrique en l’état, pas d’aji.
- Il faudrait pour ces deux terres des hitazuki-緋襷. Quand on comprend le sens des kanji, ces marques vibrent d’une beauté intense : hi, le premier kanji signifie écarlate; tasuki, le deuxième kanji est la corde qui sert à nouer les manches d’un kimono pour ne pas les salir et par efficacité, un geste qui, depuis la fin des samourai, est associé à un érotisme féminin. Je me demande comment en créer dans le four électrique sans créer de fumée susceptible de faire débarquer les pompiers. Avec du fil métallique ?
- La leçon fondamentale de cette cuisson est que seule la E原土 vaut pour ce dispositif.
- J’aime le mouvement d’ouverture du bol, à midi, avec une spatule en bois : tout le corps prie.
- Grande surprise à découvrir que le bol que l’on croit si grand sous ses doigts sur le tour est en fait bien plus petit qu’il ne devrait l’être après cuisson. L’idée est de créer des patrons de bois avec +15-20% pour la rétraction au four. Les pièces apparaissent monstrueuses.
10 octobre 2019 : cuisson 65 (électrique 700°C et 1230°C)
- Visite à Inbe pour acheter de la terre chez Shouzan. Essentiellement de la Egendo que j’aime. Il restait 3 sacs d’une variation de cette dernière (notée E’), totalement secs.
- Récupéré également, pour des tests, quelques pelletées de terre « yama » (de la montagne) censée cuire rouge.
- Argile Bizen Shozan F : plus souple, plus jaune que la Yama E et la Kannon : elle cuit avec une texture « pointilliste » mais le four électrique ne donne rien en couleur.
- 3号石灰透明釉 : pour éviter les bris de la précédente cuisson, trempage plus léger : résultats décevant : laiteux mais sans kannyu sauf sur les rares surcouches
- Kannyu Shimogamo : pas de Kairagi, kannyu trop léger, en revanche vraie transparence et révélation de la couleur de la terre
18 octobre 2019 : cuisson 66 (électrique 700°C et 1230°C)
- De l’aka nabe pour le vase et la boite pour la tombe de Sayoko. Application d’un hanko avec son nom. Lettres trop petites kana.
- du reste de Shozan F pour de petites pièces
- Retour à la Egendo pour des bols plus grands. Un bol en V à la lèvre déchirée avec une vraie vibration.
- Du Shozan yama non passé : tonnes de cailloux. Aussi difficile (pour des pièces légères) que la shigaraki granuleuse. Mais une couleur rouge à la cuisson vraiment belle. Presque idéale à mon goût. Il faut que je tente de filtrer le reste qu’il me reste, éventuellement le concasser, pour voir si je peux obtenir une préparation plus fine. Eventuellement demander à Shozan si je peux commander un petit batch avec ces caractéristiques…
27 octobre 2019 : cuisson 67 (électrique 700°C et 1230°C)
- Longue semaine de pluie empêchant l’utilisation du four. Je décide pour la reprise de cuire de petites pièces déjà biscuitées qui encombraient une étagère. Il reste difficile pour moi de jeter des pièces. L’opération est intellectuellement identique à celle de sélection des photos développables pour le photographe. Mais la physicalité de l’objet crée un « ça pourrait » apitoyant. Toutes les petites pièces de l’étagère sont sorties laides.
- Un bol en Maruni A-1S 2 a confirmé la beauté « cellule végétale au microscope » du kannyu sur cette terre.
- Il restait de la place dans le four, j’ai donc poursuivi de tester ma technique 松竹梅 (voir cuisson 63) avec des bols déjà biscuités
- Deux shozan-egendo en tentant du dripping extérieur : effet « champignon bizarre » si les tâches restent rondes.
- Trois grands bols d’une terre rouge (Shimogamo 赤6号土-中目 n°52 ?) un peu trop bordeaux
29 octobre 2019 : cuisson 68 (électrique 700°C et 1230°C)
- Egendo sur de grands bols et 松竹梅-shochikubai (avec quelques gouttes tombées dans le sens horizontal pour créer un shomen)
- Argile noire et tenmoku chocolat BFG-44 黒艶消釉 : j’avais complètement oublié la difficulté d’application de cet émail super-épais qui sèche immédiatement. Les gouttes de cet émail sont magnifiques. Façon publicité Nestlé dessert sur la poire. Le gradient de couleur chocolat est aussi très beau. Il faut juste trouver comment l’appliquer car les résultats de cette cuisson sont médiocres.
- une mini tasse noire et tenmoku goutte d’huile (application épaisse multicouche requise en s’assurant de l’absence de bulle donc avec un émail lisse très fouetté; un vase moche noire avec du « turquoise » et du transparent : l’une des choses les plus hideuses sorties de ce four.
30 octobre 2019 : cuisson 69 (électrique 700°C et 1230°C)
- Petit furô en Maruni A-1S 2
- 5 grands bols (dans la même terre ?)
- Pièces émaillées en 3号石灰透明釉 et encrées chaudes avec de l’encre noir – et de l ‘encre orange (dont se servent les maîtres de calligraphie pour leurs leçons).
- Une saya-gazette contenant 4 pièces façon cha-ire, émaillées à l’intérieur, et nouées de cordes en fibres naturelles pour tenter de créer des 火襷 (les bretelles à manches de feu). Pas de bon résultat mais le principe de la gazette fermée avec de la terre dans le four électrique est validé.
3 novembre 2019 : cuisson 70 (électrique 700°C et 1230°C)
- Je vide l’armoire à biscuits créés en surplus dans la prévision de l’anagama de mars qui est au final repoussé (trop compliqué, trop loin, trop de giri) en retestant mes étagères à émaux. Des biscuits de différentes argiles : rouges, bizen, blanches.
- Le Karatsu de Mizuno sur l’argile Karatsu de Maruni n’est pas concluant même avec du kannyu ancré (quelques points bruns, probablement issus d’éléments dans la terre). Mais cet émail est exceptionnel, doux, satiné, épais au toucher. Son kannyu est beau. Sa rétractation a fendu un bol de egendo non émaillé à l’extérieur. Je compte l’explorer.
- Sur ce bol fendu, j’ai testé une technique qui a produit un résultat concluant : l’entourer de fils métallique épais utilisés pour les bonsai. L’argile bizen plutôt jaune à l’électrique a pris son rouge toasté habituel. Pas besoin de gazette et de wara donc.
- Le Kairagi de Shimogamo a produit un kannyu épais intéressant (avec des sur-épaisseurs) sur deux argiles rouges.
- Trois kuro (tous « bronzés » au pied pour éviter des coulures collantes) : le M-47 manganèse de Maruni, le 781 bronze de Mizuno (qui a coulé en trop grande épaisseur) avec ses effets de yuba et ses taches jaunes, le kuro d’Iwasaki avec sa texture de peau d’orange : tous avec beaucoup d’épaisseur sur le haut extérieur du bol pour créer du paysage sous les doigts.
- Un test avec du vert F8 グリーン銅入織部 de voice of Ceramics sur du blanc. Artificiel, homogène et moche (façon vaisselle de 100yen shop) mais pourrait produire un vert céladon intéressant dilué au moins deux fois.
- Je me suis rendu compte que tous les pieds que j’aimais jusqu’à présent « brut », « bambou », ont des arrêtes peu agréables dans la paume. J’adoucirai les suivants au papier de verre.
5 novembre 2019 : cuisson 71 (électrique 700°C et 1230°C)
- Suite du vidage de l’armoire à biscuits. Avec principalement de nouveaux tests de différents émaux kairagi avec la technique d’encrage, tous appliqués à la louche. La terre de Bizen (notamment egendo) produit la couleur biwa sans mélange. Le Kairagi d’Iwasaki est assez fin. Celui de 新日本造形 produit son résultat perlé habituel. Avec ses « gouttes dansantes » quand il est appliqué trop rapidement en trop grosse quantité qui craquelle avant la cuisson. Confirmation du beau kannyu des surépaisseurs de kairagi de Shimogamo.
- Le Karatsu de Mizuno a produit deux résultats médiocres un peu jaunasses (ce qui produit du marron sur du rouge foncé). Les taches de cramé un peu sale ne viennent pas de la terre mais bien systématiquement de l’émail (qui fonctionne pourtant bien sur une argile blanche).
- J’avais sur plusieurs bols créé au peigne métallique des rainures concentriques façon disque vinyl sur la face interne. Sur l’un des bols à Kannyu, ces vagues presque invisibles sous l’émail vont à sens perpendiculaire avec les motifs de kannyu. Effet de profondeur intéressant.
7 novembre 2019 : cuisson 71 (électrique 700°C et 1230°C)
- Dernier vidage de l’armoire à biscuits. Tests d’émaux shino et d’émaux de Mizuno.
- Le Mizuno PK5 mat est un noir qui produit des zones moutardes. Super aji. Confirmed.
- Le Mizuno 865 Hai Shino et le 256 Aka Shino ont produit juste du blanc. La juxtaposition de deux n’a rien donné notamment sur les deux petites assiettes rectangulaires qui sont devenues des ponts. Et sur deux petits vases encrés pour le kannyu.
- Le Mizuno 414 Kannyu « écailles de tortue » n’a pas été laid cette fois. Mais pas mon esthétique.
- Le Mizuno (2) Grey Mat, mal mélangé, a produit un résultat intéressant sur une argile Bizen. Texture douce parfaite à la paume. Couleur « coréenne » (habits de moine). La non homogénéité a conduit à des coulures provoquées probablement par des excès d’eau ici et là. Technique à explorer. Calligraphier les bols à l’eau avant l’application de l’émail.
- Le Mizuno Hai Oke a produit un résultat « vieux cuir rouge ciré de tablier de cordonnier » avec des tâches noires qui apparaissent après la cuisson. Un peu trop brillant mais aji profond. La plus chouette surprise de cette cuisson.
- Le A-21 鉄赤釉 de Voice of Ceramics aurait produit un transparent craquelés.
- Le F-18A 志野釉, super épais à l’application, n’a pas adhéré du tout au bol et produit une toile d’araignée horrible (et tombée sur l’extérieur du bol).
- La tentative d’appliquer de l’Oni ita – sur – (et non sous) du Shino blanc a produit un caca d’oie horrible11
11 novembre 2019 : cuisson 72 (électrique 700°C et 1240°C)
- Début d’une exploration de la porcelaine et du céladon
- Il existe au Japon deux argiles porcelaine : « porcelaine » (plus jaune) et « demie-porcelaine » (plus blanche).
- Quelques pièces dans un reste probablement de « demie » (mais pas sûr).
- Pour le céladon, compte tenu de l’impossibilité de créer de la réduction dans mon four électrique, il n’y avait chez Shimogamo qu’un seul émail « céladon oxydation » (青磁 酸化). Sur les deux tessons de démonstration, l’un était un peu jauni du fait d’une terre tirant vers cette couleur : 古陶小
- Shimogamo avait également deux autres émaux « verts » : le Maruni MPG-20 青萩釉 et un « cuivre » T924 銅青磁
- Toutes les craquelures des tessons de démo de céladon me font penser qu’on peut créer d’intéressants kannyu à l’encre.
- Il est possible de cuire à 1230 la porcelaine et d’appliquer tous les émaux 1200 mais il faut alors des pièces épaisses. Pour des pièces très fines et pour obtenir la dureté associée à la porcelaine, il faut monter à 1270 et pour cela utiliser un émail transparent spécifique : le 1号釉
- Pour toutes les pièces, avant l’émaillage, calligraphie d’eau au pinceau. Pour de nombreuses pièces, application au « souffleur » dans un carton. « Au bonheur des rhino-pharyngistes ».
- 青磁 酸化 (Shimogamo céladon oxydation) : 1kg dilué dans 1l d’eau. Application à la louche. Vert bleu très très léger. Pas trop d’aji sur de la porcelaine blanche.
- Maruni MPG-20 青萩釉 : un peu plus jaune sauf appliqué à la louche (vert plastique sans aji)
- « cuivre » T924 銅青磁 : granuleux, avec des parties super épaisses à l’application qui ont créé des marbrures intéressantes. Mais franchement vert-cuivre.
- vert F8 グリーン銅入織部 de voice of Ceramics : reste de la bouteille dilué dans un litre d’eau : la teinte Oribe bouteille de vin, reste. Appliqué en vaporisation et très dilué, ce vert est vivant.
- Tentative d’application d’oxyde de cobalt+funori au pied ou ou sous l’émail : trop foncé. Presque noir. Yapa, trouver du gosu.
26 novembre 2019 : cuisson 73 (électrique 700°C et 1270°C)
- Poursuite des tests en porcelaine. Je n’ai pas encore le niveau de tourneur pour l’apprécier. C’est une psychologie spécifique. Pas la mienne aujourd’hui.
- Test d’un gosu « pour oxydation » trouvé chez Iwasaki (dont le vendeur devient plus désagréable à chaque visite). Probablement pas assez dilué.
- Application calligraphiée au gros pinceau, y compris romaji, en tenant la pièce sur le côté
- Trempage dans un émail 1号 de Shimogamo (1kg/1l d’eau). Le résultat n’est pas fin
- Mais un ensemble de pièces réunies en un set sur un plateau noir crée un effet d’élégance imparfaite qui a son charme.
1er décembre 2019 : cuisson 74 (électrique 700°C et 1240°C)
- Fin des tests de porcelaine pour cette année.
- Application aux formes des principes de la calligraphie : casser la symétrie, mouvement, espacement. Evidemment les premiers tests sont hideux. Et la porcelaine probablement pas la base la plus adaptée pour s’entraîner. S’amuser avec une série d’Omanko-kabin.
- Application de deux céladons en superposition sur cette série. Le Sanka Céladon de Shimogamo et le Maruni MPG-20 青萩釉.
- Application trop importante à l’intérieur sur l’un des deux mizusashi. Fissure à l’endroit où l’émail à « traverser » le biscuit. Il aurait fallu laisser sécher.
- Création express d’un couvercle de mizusashi avec une planche sauvée d’un cuisson anagama à Bizen, une scie sauteuse, du papier de verre, superglue, petite pomme de pin, et huile de camélia.
5 décembre 2019 : cuisson 75 (électrique 700°C et charbon 800-1200°C)
- Au printemps dernier, j’ai rendu visite à une entreprise d’Osaka spécialisée dans le graphite. Avec l’intuition que l’un des éléments importants de l’argile raku rouge de luxe vendue par Maruni était cet élément (invisible à terre crue, mais qui apparait au trimmage avec des aplats gras façon crayon 2B).
- J’avais testé cette hypothèse cet été à Manigod en ayant obtenu un mouchetage bleu-gris uniforme mais n’avais pas de dispositif de test concluant « avec / sans » pour isoler si l’effet venait de la terre, de l’émail ou du graphite (cuisson 53/54).
- Poursuite des tests de poudre graphite donc en utilisant un terre « raku rouge » de Shimogamo, avec une cuisson sur mes deux konro-sumi-gama (des « poubelles » métalliques aux parois remplis soit de terre réfractaire, soit de fibre). Une terre livrée trop molle à mon goût.
- Surprise à la cuisson : deux bols dont le fond explose (les deux bols qui ont suivi, les deux premiers bols insérés à l’allumage des konro). Deux hypothèses : une terre qui nécessiterait un peu de chamotte pour la rendre plus résistante aux chocs thermiques; émail pas suffisamment sec au fond du bol.
- Les variations de couleurs de la même terre selon le konro utilisé (l’un est conçu pour 800°, l’autre pour 1200°), le temps de cuisson, et le temps placé à la sortie du four dans une boite métallique fermée (sans combustible pour éviter les tâches « jaunes » de précédents tests) afin de créer une petite oxydation, sont impressionnants.
- Les bols sont préchauffés sur le couvercle du konro qui contient 5 trous circulaires. Certaines zones des bols en préchauffe sont au contact direct des flammes qui sortent par ces orifices.
- La disposition des tâches sur l’un des bols donne probablement la clé du mécanisme dans la formation des tâches bleu-gris : le graphite doit brûler lors de ce préchauffage en créant des dépressions qui vont créer des zones de micro-réductions ultérieurement. Un léopard uniformément réparti impliquerait la combustion préalable uniforme du graphite. J’avais obtenu un effet équivalent – mais avec des tâches plus grosses – avec de la poudre de charbon incorporé à l’émail.
- L’idée donc, pour contrôler la disposition du paysage de zones gris-bleu sur des bols rouges, serait de contrôler avec précision la zone d’exposition à la flamme du bol en préchauffage.
- Autres tests qui ont échoué : nouvelle cuisson de bols cuits au préalable à l’électrique. Tests avec application d’un émail aka-noir : sur un Mishima, a donné une peau de crocodile vert bouteille avec du noir dans les fentes; sur un aka-raku, a créé du pollock bullaire noir/gris/vert/bleu qui pourrait être intéressant pour un paysage, mais qui donne un effet sale sur la totalité du bol. Test sur un karatsu-kairagi « écaillés » d’un aka-raku : a bien lissé la surface mais n’a pas sauvé le bol. D’autres bols recuits sans nouvelle couche d’émail n’ont rien donné d’intéressant.
- L’émail aka-raku, appliqué à la louche, coule beaucoup et flaque au fond. Il faudrait l’appliquer au spray.
- le charbon a été inséré à la verticale sans être brisé en petits morceaux. Les morceaux contiennent un trou au centre qui les transforme en cheminée. Presque trois heures de feu.
17 décembre 2019 : cuisson 76 (électrique 700°C et 1240°C)
- Dernière cuisson de l’année à Kyôto.
- Un reste d’argile aka-raku avec du 3呉 (vase-canard) encré : couleur marron-violet pas intéressant.
- Exploration de la terre 古陶小 « un peu jaune sous du céladon sanka » de Shimogamo : une terre facile à travailler qui permet de trimmer beaucoup et d’avoir des pièces très légères. Mais qui n’a pas de caractère. Le trimmage crée une texture peu agréable sous un émail céladon léger (pourtant appliqué à la louche). Le dosage de l’émail n’a pas permis de résultats intéressants. La couleur un peu jaune est pourtant belle. Il faudrait tester au moins deux couches. Ou une autre terre jaune à la cuisson, plus lisse que celle-ci.
- Une grande assiette (première cuisson avec 3 plaques dans le petit four électrique), avec du 3呉 : aucun kannyu, un mat crême.
- 4 bols avec de l’émail noir mat de Mizuno et une couleur de noir-bronze du même.
- Test de l’argile « vieux Shigaraki » acheté ce printemps à Seto, après l’avoir passé (il était à l’état totalement sec de grains et cailloux). À 1240 prend une teinte légèrement orangée. Difficile à travailler (gros grains donc trimmage quasi-impossible). Quatre petites assiettes dont deux en forme de suzuri avec du 3呉 en surface. Un bol et une petite tasse « balle de tennis ». Laids.
31 décembre 2019 : cuisson 77 (propane 700°C et 1000°C)
- Retrouvailles avec la tpasta de Solargil. Pas de bonnes sensations au tour.
- pré-émaillage pré-biscuit avec un mélange porcelaine diluée et porcelaine diluée + oxyde de fer noir / manganèse / oxyde de fer rouge. Poncé au tampon vert afin d’éviter l’effet tachiste trop franc/contrasté.
- La moitié des pièces a explosé au moment du biscuit. Trop épaisses. Trop humides. Dont un encensoir.
- Émaillage au transparent canadien et à l’aka-raku de maruni (trop épais pour un ido-gata)
- L’oxyde de fer rouge est resté d’un beau rouge. Le paysage des pièces est intéressant. Comme le fut cette année.
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