journal de sculpture bois

octobre novembre 2023

peu d’opportunité de travailler le bois à mizuo pendant cette période

deux tests de petite sculpture dont les formes à partir des faces sont des kanji ou des kana : 玄 et くま

les powertools sont vraiment utiles pour ne pas perdre trop de temps à enlever de la matière à la main
ces tests sont trop linéaires et symétriques
je souhaite décentrer les formes pour jouer avec plus de ma-間 et plus de courbes
le jeu avec la lumière est capital : je pensais à creuser les bases et insérer une led puissante pour faire surgir de la lumière de l’intérieur

la petite tête est en argile cuite recouverte de shino-soba.
mais le socle en bois lui donne son âme

septembre 2023

poursuite avec plaisir de la découverte du bois

les rénovations de maison de mizuo m’empêchent d’y travailler avec les power tools que je comptais utiliser
et impossible de faire du bruit à yoshida.

cette contrainte m’a conduit à découvrir les lames japonaises : les chôkokutô-彫刻刀, les ciseaux à sculpture japonais qui par leur nombre, variété, forme font un peu peur au départ (pour ne pas évoquer la nécessité de l’affutage sur pierre)
seules des vidéos japonaises sur youtube en explique les caractéristiques
je recommande la chaîne wakubori pour des explications claires pour débutants (j’y ai notamment appris qu’un vernis à base d’écorce de noix de cachou – cashew – servait de laque bon marché pour protéger les lames de la corrosion en créant cette couleur noire qui apparaît autrement mystérieuse).

elle m’a permis de découvrir notamment les lames contemporaines en acier haute-vitesse (high-speed, ハイス)
la ville de fabrication principale de ces outils au japon est miki (foire en novembre). l’une des marques vendant ces ciseaux : mikisyo (三木章)
sekai (foire en octobre) également réputée pour ses forges n’en produit pas, mais des couteaux

il existe plusieurs magasins à kyôto :
okada san, le vieux monsieur devant gôsho qui n’a pas changé ses étiquettes depuis trente ans
– le magasin kikuichimonji, plus fréquenté, de sanjo dont les lames incorporant du tamahagame étaient fabriquées par leur propre atelier – ils ne font plus aujourd’hui qu’écouler le stock

dans mes tests préliminaires, les lames d’okada san (achetées à miki) coupent mieux que celles de kiku-ichi-monji, mais moins que les highspeed de mikisyo.
il me reste plusieurs magasins à visiter.

il n’y a pas d’autres chemins que de tester les différentes tailles et formes pour se faire une idée et de leur pouvoir de coupe mais surtout de leur utilité pour le type de création que l’on souhaite faire. cela implique d’accepter d’acheter des lames dont on ne servira pas ou peu.
à ma surprise, j’aime les kogatana – qui me faisaient peur.
et j’aime la tenue en main de la forme des ciseaux à sculpter japonais. qui m’apparaissaient exotiques.

cet équipement n’aurait pas de sens sans ma redécouverte de enku-円空, le moine de gifu qui a sculpté des milliers de statues bouddhistes : simples, humbles, souriantes, rayonnantes, vivantes de la prière concrète qu’il y insérait pour les personnes et temples à qui il les donnait.
l’une des hypothèses sur l’origine de son style serait son voyage en hokkaido et la sculpture ainu.
je le considère comme l’un des plus grands génies de l’humanité
la visite aux deux petits musées de gifu vaut le voyage

alors que l’on pourrait être découragé à vouloir se mettre à la sculpture figurative sur bois, les quelques dizaines de coups de ciseaux qui conduisent enku à créer des sculptures si intenses, invitent à s’autoriser à se lancer.
sans la moindre honte à montrer ses brouillons d’apprentissage

enku sera ma principale source d’inspiration pour mes kaze

je compte bien sûr poursuivre le projet de sculpture de kanji en 3D (dans les photos ci-jointes, un gen-玄). je me suis surpris à faire un lien entre ce projet et la gogotte de fontainebleau que mon père avait acheté aux enchères quand j’étais en primaire

août 2023

youtube me propose, par sérendipité, des vidéos de sculpture avec dremel monté avec des fraises kutzdall « extreme »
la taille minuscule des fraises vendues par dremel m’avait fait abandonner l’idée d’utiliser cet outil acheté il y a plusieurs années.
les fraises kutzdall changent radicalement le dispositif : retirer de la matière, mettre en forme devient facile et efficace

différents tests. les américains actuels produisent énormement de woodspirits : immense surprise à découvrir cette forme que je croyais spécifique aux ainu : j’étais aller voir il y a quelques années le village où l’un d’eux produisait ces mêmes woodspirits découverts par hasard dans la magasin mori (pas tougaku) de bizen.

l’idée des barbus chevelus ne me parle pas. alors surgit dans ma mémoire le masque améridien (iroquois ?) qui se trouvait chez mon père à québec : un dieu souflleur de vent qui mélangeait à des souvenirs de ma grand-mère maternelle et sa magie de cuisine pour enlever le mauvais oeil en faisant brûler du gros sel mélangé à de la pierre d’alun, me donne cet idée d’un windspirit, souffleur de bon et soufflant au loin le mauvais

c’est cette figure, un peu gen, que je veux décliner plus qu’artificiellement créer des jizo ou des figures bouddhiques qui ne se connectent pas à moi.

utilisation de stable diffusion pour générer des idées de formes

sensation d’un contact immédiat avec le bois comme matière de la sculpture alors que cela fait des années que je reporte de m’y mettre avec l’argile

inconvénients : bruit (casque, voisinage) et poussières (masque et emporter ces poussières avec soi à l’intérieur); requiert un atelier équipé

comme avec les premiers bols, aucune honte à montrer les premières productions faibles et envisager plusieurs années de progression sans frustration