journal de cuisson : an 8

09 février 2025 : cuisson 281 (électrique 700° et 1230°)

argile : han-jiki (mi-porcelaine) de maruni. leçon acquise de la précédente cuisson : pas de déformation donc des formes simples. pas de galetage. aucun souci à 1230 et transparent 1230 (sango). aucune prise de kanyutage à l’encre (pas de micro fissure à la sortie du four à 150)

formes : simples mais tentative de casser la linéarité ou le « trop de ma-間 » par un extérieur peint au kuro-gesho (barbotine noire) puis retirer à la lame (avant le biscuitage). introduction de « bruit » et de lien entre les lignes (reprise du motif de 5 lignes) en ponçant au tampon jex vert.
pour les petites tasses pour le thé (puerh, oolong, etc), prévoir une taille pouvant contenir 2 gorgées. moins, cela frustre.
première sensation de comprendre le mot « lèvre » pour le bord d’un bol : il faut créer une lèvre inférieure agréable à embrasser

émail : sango-三吾 (transparent 1230), échec du kanyutage à l’encre sur le han-jiki. 杲 calligraphié au gosu après le biscuitage.

réflexions : confirmation que cela n’est pas mon univers mais je souhaite finir le pain d’argile avant de nettoyer tout l’atelier pour retrouver du rouge.
quand on crée des motifs sur de la porcelaine, soit c’est ultra-minutieux, soit on triche et le résultat final fait « moderne »
associer des ustensiles argiles rouges non émaillées et porcelaine blanche convient bien au oolong vert. pas aux puehr ni aux thés noirs qui vont mieux avec du rouge non émaillé seul.

30 janvier 2025 : cuisson 280 (électrique 700° et 1250°)

argile : han-jiki (mi-porcelaine) de maruni. je voulais tester des sets puehr en « porcelaine blanche » depuis septembre dernier mais un des inconvénients avec cette terre quand on travaille surtout avec des argiles rouges, c’est qu’il faut laver très soigneusement tous les outils de son atelier afin qu’il n’y ait pas de mélange (contaminations dans la blanche). rétrécit énormément lors des deux cuissons.

formes : mes sets habituels avec juste une attention donnée aux tasses : « mini-chawans » (ume). plus deux bols. toute porcelaine ne se prête pas bien aux formes non lisses. les déformations faites au doigt à cuir créent des failles qui se montrent à la cuisson finale

émail : après galetage, du 一吾 (ichigo : transparent haute température) de maruni : il faut vraiment le diluer suffisamment et se méfier des bulles.
différents tests de « gosu » : un « ancien » gosu (bleu), un noir, un cobalt, un vieux pot de gosu, tous dilués avec une pointe de funori (« liant » à base d’algue bouillie) : cobalt laid, noir bof, seul les gosu « bleu » ont de l’aji.
plus de l’oxide de fer jaune sur les pieds (qui donne des tons bordeaux bleutés sans émail mais devient noir sous l’émail).
les deux bols avec dessins de souffleurs, le reste avec des calligraphies de 茶 (cha, thé) et 花 (hana, fleur) : pour être utilisé dans chabana sansô

cuissons : biscuit 700 et 1250 (on m’a expliqué que pousser le four à 1270 use vraiment les résistances) : 1250 suffit pour l’ichigo

réflexions : plusieurs motivations pour ce test :
– avoir un set « blanc » pour apprécier la couleur des liqueurs de thés chinois et taiwanais que j’apprécie actuellement.
– l’inspiration des céramiques mexicaines monochromes (réfléchir à trouver des motifs ayant le sens du 間-ma, mais sans être symétrique : doit demander des années).

la porcelaine peinte requiert une minutie, un tempo, une application, un temps lent qui ne correspond à ce que je suis pour le moment. trop de contrôle, de rigueur, de patience. un bucheron n’est pas horloger. le chemin de la porcelaine et de son décor au pinceau ultra fin, avec éventuellement un premier dessin au crayon, ne correspond pas à ce que je suis. c’est peut-être juste rationaliser ma paresse, mon manque de rigueur, mon amateurisme. mais c’est aussi une histoire « d’énergie » : une calligraphie en kana n’est pas un zengo du daitokuji.

deux surprises à l’utilisation :
– sur la base des mêmes formes et « becs », cette porcelaine émaillée « goutte » franchement au versement (nécessité d’un « bateau » pour recueillir le flow perdu)
– conduction thermique : la chaleur de l’eau à 100 degrés brûle les doigts au moment du versement (alors que ce n’est pas le cas pour les terres rouges non émaillées).

nouvelles diverses : toit terminé pour le four à bois mais impossible de déplacer les 1t du four à gaz qui prend trop de place dessous. je dois prendre une décision sur le montage provisoire d’un premier four test en m’adaptant à la place restante. l’enjeu concerne l’emplacement de la cheminée et le percement du toit qui ne peut se faire qu’une fois…
le vidage de toutes les choses à jeter dans chabana sansô est presque terminé. l’aménagement du kura en galerie (refaire les deux planchers, poser des étagères) est en cours.

12 janvier 2025 : cuisson 279 (propane 950°)

argile : reste de juno (raoult & beck) et de prgi (sio-2.com)

formes : ume-wan pour les bols (ces formes m’émeuvent), sets gongfucha (forme encore inaccomplie : le gaiwan dans sa soucoupe fonctionne mais le set manque d’élégance). trois bols « ronds » qui gardent une âme via leur pied-fleur-d’ume

émail : sans, monocuisson avec sigilata galetée (en diagonale sur les 2 couches de sigilita jaune et rouge) uniquement à l’extérieur (galetage intérieur). sur la juno, la sigilita a créé un effet de traces noires non élégant à cette cuisson). cette série « les fragiles » restera associée à l’écoute de la fin de l’odyssée en audiobook anglais et à terre des hommes.

cuisson : four propane « raku » avec légère réduction à 950°. tentative de mettre des feuilles de bambou au fond des bols mais qui n’ont laissé aucune trace

réflexions : les bols sont désormais presque trop fins (2 « percés » que j’ai tenté de colmater avant cuisson avec de l’émail « argent » mais ce qui n’a pas suffi) mais à vrai dire, j’aime cette caractéristique

les couleurs orangées ne sont pas suffisamment chaudes à mon goût

j’ai envie de tester les différentes techniques de mata ortiz (magnésie / graphite / huile / diesel / savon / manganèse / piston de moteur) expliquée dans cette très intéressante vidéo