novembre : cuisson 214 (électrique 700° et anagama bizen°)
récupération des pièces cuites dans le four anagama de mori tougaku à bizen.
le vieux maître avait l’air déçu en annonçant que toutes les pièces étaient cette fois « noires ».
le « noir » de bizen est un marron-violet. qui, par magie, se transforme en un très beau rouge quand les pièces sont mouillées. ce « entre-rouge-et-noir » est la définition de la couleur gen-玄.
ce rouge-sous-l’eau est celui que je recherche : pin rouge sous la pluie.
je n’ai pas eu le temps avant mon départ pour manigod de prendre de bonnes photos.
je suis surpris de découvrir à quel point un style peut changer en quelques mois. j’ai créé ces bols au retour d’aomori en septembre, après la visite du musée jomon et l’inspiration du « téton-nombril » vu là-bas pour remplacer les fentes des deux dernières années.
ces tous premiers tétons, avec leur trou au centre, ont un côté jouet d’enfant, clown qui fait perdre à mes yeux de la valeur aux pièces.
les bols sont par ailleurs trop grands par rapport à ce que j’ai appris à aimer lors de la deuxième moitié de cet automne.
plus je cuis de pièces dans des anagama de bizen, plus ces pièces grandissent en moi.
elles ont un côté trop cru, trop terreux, trop « primitif » pour correspondre totalement à mon goût.
mais leur habit de feu chaleureux et profond (je ne suis pas sûr d’être un fan des tâches sésame-goma jaune moutarde), leur humilité, leur absence d’artifice sont des idéaux.
ces vibrations ne peuvent-elles être créées qu’avec une très longue cuisson au bois et une argile spécifique ? ou bien peut-on y atteindre par d’autres voies que je peux marcher seul ?
je demandais à tougaku sensei ce qu’il en était de l’argile qu’il était très fier d’avoir trouvée l’année dernière : une argile incroyablement ancienne. dans une veine gardée secrète : les céramistes de bizen qui sont contraints par la nature du four de travailler en équipe soudée et de confiance ne partagent pourtant même pas entre eux la localisation de leurs meilleurs filons …
le vieux maître octogénaire me répond qu’il faut plusieurs centaines d’années pour que l’argile sortie de terre « travaille » et puisse révéler son potentiel.
je m’amusais à imaginer l’histoire d’un céramiste, passant un accord avec des kami, afin de vivre 400 ans, le temps de créer un vase de l’argile qu’il a trouvé en forêt, par hasard, avec sa femme depuis décédée.
le céramisme est un shamanisme.
20 décembre 2022 : cuisson 213 (électrique 700° et électrique 1230°)
cyrano. scarifiés.
je me souviens de ma stupeur en découvrant que les scarifications africaines étaient une conséquence des raids esclavagistes ou de guerres suivies d’exil : les groupes et les régions avaient des motifs pour identifier par les scarifications faciales, les leurs. les cicatrices, non plus comme rappel de la force de la loi du groupe sur l’individu (la société contre l’état) mais comme identité et lien.
exploration de l’évitement de l’effet « uniforme » d’une cuisson dans un four électrique, non par la superposition d’émaux mais par la « scarification ».
5 (toujours le motif de pétales impair d’ume) coups de différents peignes et outils en forme de vagues ou de montagnes.
même argile rouge (75 赤御影 : granit rouge). en partant de 600g pour tenter de trouver la taille juste. cette argile rétrécit beaucoup.
je continue de chercher ma couleur « écorce de pin rouge sous la pluie » alors ouverture de mon armoire à émaux et tests divers :
- maruni laqué jaunes variant suivant les superpositions de couches : trop lisse superposé : sans intérêt quand il n’est pas suffisamment épais
- le même en vert : idem
- voice of ceramics a21 : fer rouge : le plus intéressant de cette cuisson : le type de rouge cuir que j’aimerai diluer, matifier. ici trop brillant, surface. mais dont la couleur contient de la profondeur.
- couleur feu couleur étoile : idem que le précédent mais plus métallique
- 一ゴaka hagi : hagi rouge : a donné un transparent marron sur cette argile
- le hai ofuke de mizuno (et non pas oke comme je l’ai orthographié les années précédentes), qui avait donné du rouge comme le voice of ceramics a21 sur de l’argile de bizen, a donné ici un effet noir/vert/kairagi-tortue intéressant façon nuage galactique.
- le ki han mon (tâches jaunes) de tougeishop n’était pas assez dilué : moutarde avec aji mais pas mon univers. a fondu sur le pied.
- koge : noir métallique fin, trop goudron, surface. sans profondeur. il lui faut des surcouches d’autre chose.
12 décembre 2022 : cuisson 212 (électrique 700° et électrique 1230°)
poursuite des cyrano. ici avec des formes plus simples.
avec une argile rouge (75 赤御影 : granit rouge) : lourde, granuleuse.
du shino-soba/kairagi/saupoudrage oni-ita/graphite : manque d’âme.
du shino /kairagi saupoudré : trop épais a gâché deux bols avec ses rétractions.
03 décembre 2022 : cuisson 211 (électrique 700° et électrique 1230°)
poursuite de la série argile noire / shinosoba / kairagi
pas de mélange d’oxyde dans le shinosoba mais test de deux saupoudrage : oni-ita et graphite :
– l’oni ita donne des effets de cendres jaune / marron
– le graphite donne également du noir
avec le mélange des deux on peut donc créer des effets de fours à cendres dans un petit four électrique.
hésitation sur la taille des bols : mes yeux sont tellement habitués à des bols plus grands qu’ils sont déçus par les « boules à 500g » de cette série. pourtant mes paumes les aiment.
28 novembre 2022 : cuisson 210 (électrique 700° et électrique 1230°)
poursuite de l’exploration argile noire + shino soba + oxydes + kairagi
parti de boules de 500g : cette argile noire est un peu trop humide au sortir du paquet et trop souple pour monter des formes trop fines et trop larges. mais 500g correspond à mon objectif de trouver des bols qui ne forcent pas la main et dans lequel on peut à la fois utiliser un chasen standard sans se sentir engoncé, boire un grand bol d’hojicha ou le reste d’une dernière infusion d’oolong de taiwan.
comme je les trimme, ils sont très légers. peut-être un peu trop et ne protégent pas suffisamment la paume de l’eau bouillante quand on les remplit.
pour les bols en v, shino soba blanc et kairagi plus épongeage avec soba+rutile-nickel
pour les bols « cyrano », rutile-nickel / kairagi + saupoudrage de rutile… et de cendres de pin (qui a donné du vert ou qui a aminci le shino-soba).
tout au pinceau plus éponge.
l’alliage de ce soba-shino et de ce kairagi crée une texture reptile organique que j’aime.
penser à acheter des saupoudreurs dans un 100yen-shop pour la prochaine série.
le nez donne à chaque bol une gueule, une personnalité, une âme. les mêmes bols sans leur nez apparaissent comme de simples… chawans.
mais en vous narguant de leur visage et sous la jointure de la première et deuxième phalange du majeur et de l’index de la main gauche, dans la paume, ils établissent une complicité figurative-tactile qui dépasse le simple bol et il est facile de choisir ceux avec qui on va s’entendre.
toujours caramba pour le rouge akamatsu qui est l’objectif avec cette même technique.
le saupoudrage avec de l’oxyde de rutile a créé en cas de trop gros dépôts des grumeaux d’oxydes (façon dépôt agglutiné de sable sur des pièces restées longtemps en mer). je me demande s’ils sont toxiques. ils ne sont pas partis sous la lime métallique ou le dremel. ils ont donc bien cuits/fondus et sont vraiment incrustés dans l’émail
dans l’ensemble une série prometteuse qui m’a fait sourire quand je l’ai regardée refroidir.
21 novembre 2022 : cuisson 209 (électrique 700° et électrique 1230°)
tentative de trouver une taille de chawans petits (façon chojiro ou tenmoku chinois) dans laquelle on peut à la fois utiliser un chasen pour du macha, boire la totalité du kyusu de la quatrième eau d’un oolong, et un hojicha. avoir le bol dans le creux de ses mains sans avoir à sentir une tension dans l’ouverture des muscles de ses mains.
pour masquer la cuisson électrique, utilisation d’une terre noire pour que le pied ne donne pas la sensation de « tout propre tout neuf ».
partir de boules de 350-400g.
tentative de retrouver le orange de la cuisson 207 avec deux mélanges :
– shino soba (3 louches) + oxyde de fer rouge 3g + 1g nickel
– shino soba + rutile 3g + 1g nickel
le fer a donné un chocolat plus intéressant (marbré) que mes émaux « chocolat » tout préparé.
le rutile a donné un orange saumon trop clair à mon goût mais qui fonctionne avec des surcouches de blancs.
j’ai en revanche presque gâché la totalité de la cuisson en voulant colorer le kairagi rajouté pour créer un effet de cendres déposés en jaune. un chouilla de rutile et de nickel l’ont coloré noir avec quelques grosses bulles. contraste horrible sur la base rutile. résultat « cramé » parfois intéressant sur le fer-chocolat. un seul bol est ressorti vraiment beau.
les bols émaillés au pinceau à l’intérieur (et non à la louche) ont une couleur marron-rouge intéressante.
toujours pas de couleur akamatsu sous la pluie…
l’orange de 127, serait-ce donc fer-manganese ???
un bol émaillé au shino-soba ( blanc) : intéressant sur la terre noire (gris bleuté en transparence) : le rutile-orange fonctionne vraiment dessus. mais le kairagi-rutile-noir est horrible.
en regardant les photos d’émaillage, je me dis que je cherche sans le savoir des bols dalmatiens. j’ai lu récemment que les rayures des zèbres réduisaient drastiquement la présence des mouches. des bols pour une maison près de l’eau à la campagne donc.
14 novembre 2022 : cuisson 208 (électrique 700° et électrique 1230°)
même argile que la cuisson précédente
tentative de retrouver la couleur potiron. je pensais qu’il s’agissait du mélange fer-rouge et rutile : pas de chance, ce mélange crée du chocolat.
application de soba-shino « blanc » et de kairagi à l’éponge (et non au pinceau).
effet délavé.
tentative de kairagiser le kuro-cha « chocolat » : grosses bulles. il faut que j’arrête de sauver cet émail.
bols un peu plus lourds : plus vaisselle que chawan.
le bol non émaillé complètement à l’extérieur ne fonctionne pas avec cette terre et ce four.
11 novembre 2022 : cuisson 207 (électrique 700° et électrique 1230°)
argile rouge « de qualité de kyoto » (les derniers pains vendus par maruni : devient fine et sableuse (les textures et les volumes sont arrondis et effacés), rose pâle à 1230.
toujours à partir de 500g.
formes simples « à nez » : les bols qui n’en ont pas apparaissent désormais manquer de quelque chose.
émail : base soba + 3 mélanges d’oxydes + kairagi
base : 3 louches de soba + 6g de fer rouge + manganese (3g) / nickel (1g) / rutile (5g)
le fait de préparer de petits batchs permet de mélanger de façon hétérogène les oxydes dans la base soba.
résultat : avec les cloques créées par le kairagi, effet quasi-cendres dans mon four électrique. ce qui était le résultat recherché. j’aime la couleur citrouille (rutile ?), mais effet trop surchargé, trop tachiste-pollock, manque de ma-間
une belle série qui donne la sensation qu’une étape a été franchie : mes bols sont désormais immédiatement identifiables sans signature. sans artifice. sans recherche excentrique d’originalité. c’est cette veine taoiste d’effacement sûr que je souhaite explorer en trouvant la bonne couleur (chaleureuse) et le bon ma-間.
pour simuler davantage l’effet maki-gama, peut-être utilisé de l’argile noire pour la zone du pied sans émail.
05 novembre 2022 : cuisson 206 (électrique 700° et électrique 1230°)
même série que la précédente (avec des boutons décentrés par rapport aux fentes).
émaux :
-shino-kanyuté : pas pire, nothing special
– aka ume kanyuté : trop rose
– kairagi : vraiment, vraiment bien
– soba-cobalt : un peu trop bleu mais printemps contemporain et harmonie avec le macha
– sango : un peu maronnasse, bof
– soba+kairagi : super intéressant, écaille de tortue à explorer plus plus
– kuro cha : chocolat trop lisse. à kairagiser ?
04 novembre 2022 : cuisson 205 (électrique 700° et électrique 1260°)
argile maruni a-3. toujours à partir de 500g. une terre pas assez akamatsu pour moi.
ajout aux fentes de sécateur d’un bouton (téton, bouton, clitoris, « nombril ») pour que les doigts puissent créer des sensations (ou s’en abstenir) sous la pulpe ou la phalange. crée un effet « nez » qui transforme le chawan en visage.
mais comme on peut se dire qu’il s’agit d’une erreur, la protubérance reste symboliquement neutre ce qui est le but recherché.
shino en double couche : trop épais a créé des retraits.
kanyuté à l’encre mais juste au fond.
j’aime l’effet : raffiné/intellé vs la rugosité externe.
au moment de l’encrage, une tache à l’extérieur sur un bol. j’ai voulu tester en barbouillant le reste (y compris avec de l’encre rouge momiji de pilot et de l’orange de prof de calligraphie) : horrible !
je me surprends à m’appliquer désormais pour les pieds.
pour les lèvres : cinq (ume !) coups de trim à l’extérieur (aléatoire), cinq à l’intérieur, cinq sur le dessus. puis papier de verre à sec.
31 octobre 2022 : cuisson 204 (électrique 700° et électrique 1260°)
modification de la technique de déformation par les doigts après un peu de sèchage : au lieu d’appliquer ses doigts à la verticale, les placer à l’horizontale, comme les mains tiendront le bol, puis appuyer la terre de l’intérieur du bol, contre cette forme, dans les rainures créées par les doigts afin de créer des ondulations « ergonomiques », organiques.
tests avec des boules de 500g plutôt que 700-800. pour créer des chawans plus petits (les chojiro sont petits).
reste d’argile « violette » achetée pour les petites théières. devient beige à la cuisson à 1260.
je me bats toujours pour trouver de solutions afin de créer de l’aji dans le four électrique : cette fois, diverses louches partielles sur la partie extérieure des bols : quand une coulure est une ligne droite, elle crée une sensation d’art abstrait médiocre.
création de tasses pour offrir ou simplement pour boire dans la journée un thé non cérémonieux.
ce qui me permet de nommer ceci : les chawans ne sont pas fait pour boire.
alors qu’une tasse si.
le kuro d’iwasaki n’a pas bien pris sur cette terre.
seules les tasses non émaillées à l’extérieur (intérieur en shino) ont une âme.
test de fente avec une découpe au sécateur lorsque la terre est encore molle.
25 octobre 2022 : cuisson 203 (électrique 700° et électrique 1260°)
ces deux dernière semaines, essentiellement des pièces en argile bizen pour le four de tougaku sensei. biscuitées pour le transport.
j’ai retrouvé l’astuce consistant à déformer avec les doigts les hanches des bols montés en tube.
j’ai conservé à kyôto certaines pièces séchées trop rapidement ou bien fissurées par la présence de petites pierres ou débris organiques.
émaillage interne avec : ichigo, shino (rose), blanc et namako bleu.
le namako bleu se marie bien avec le beige de l’argile de bizen cuite au four électrique.
j’aime cette argile.
shouzan à inbei est fermé le week-end je n’ai pas pu en prendre sur place. il faudra que je leur commande en-ligne.
il y avait les verres baveurs.
je peux désormais ouvrir une boutique « céramique farces et attrapes » avec quelques chawans baveurs.
05 octobre 2022 : cuisson 202 (électrique 700°)
mori tougaku sensei m’a invité à participer à sa cuisson d’automne à bizen. je dois donc préparer des pièces dans cette argile et les biscuiter pour le transport.
j’ai été inspiré par le musée jomon d’aomori par deux vases avec des slits et des yeux sur les lèvres (comme les gros oiseaux au sommet du grand arbre à la fin d’hunter x hunter). ainsi que par des nombrils à agacer des doigts quand on tient le bol dans ses mains.
mes packs d’argile de bizen sont restés longtemps dehors et je me demande si les différents éléments organiques qu’ils contiennent n’ont pas constitué un terreau de développement parfait pour une bactérie qui m’a rendu fiévreux, mal au dos, et à plat les jours suivants (pcr négatif).
30 septembre 2022 : cuisson 201 (électrique 700° et électrique 1230°)
même recette. que 201 : terracotta et maruni mais application du silver dilué à l’éponge « nadia style » en laissant des zones extérieures presque non émaillées : résultat pas très plaisant sauf un bol. encore un échec catastrophique dans ma tentative de « trouver des lèvres » en tentant d’inverser le bord (plutôt que de le rentrer comme je le fais d’habitude).
test d’application d’une troisième couche de namaco « bleu » : un total échec.
seules les petites tasses où l’intérieure a été totalement « argenté » en dilué s’en sortent.
alors que je n’arrête pas de bassiner avec le ma-間, j’ai été infichu de m’arrêter au moment du barbouillage. une vraie clownerie.
test d’application dans le réel de mon exploration de la révolution que constitue « stable diffusion » comme source d’inspiration en appliquant du silver uniquement sur une « mouche » double-gen en haut et une déformation de lèvre façon colline unique.
28 septembre 2022 : cuisson 200 (électrique 700° et électrique 1230°)
argile terracotta et émail maruni « jaune dégradé » avec du silver au pinceau
tentatives de trouver des solutions pour les lèvres : infructueuses
15 septembre 2022 : cuisson 199 (électrique 700° et électrique 1230°)
retour à kyôto avec le moule à 玄 chantourné dans du 3-plis utilisé pour la sculpture de la cuisson 197.
argile terracota, émail shino et oxyde de fer rouge par dessus.
je souhaite continuer à explorer ce procédé mais me demande quel outil choisir pour la création de mes formes : un laser led 40W capable de découper en une passe du 15mm (mais quid de l’extraction des fumées). ou une scie à chantourner et un aspirateur d’atelier (requiert un petit projecteur pour tracer la forme sur la plaque et bruit). probablement la scie à chantourner.
25 août 2022 : cuisson 198 (propane 700° et électrique 1250°)
émaillage et cuisson chez nadia, à l’atelier du prunier sur le reste de la série des bols rouges de la cuisson 195. à nouveau un immense merci nadia !
argile : rouge juno ceram décor
base de l’émail : barbotine de coulage de faïence rouge
émail mat transparent KG732 à l’éponge
et bleu inidentifiable au pinceau
c’est nadia qui a émaillé seule (à partir d’une discussion initiale) : elle a laissé beaucoup de zones extérieures non émaillées et sa façon de créer des coulures ou de l’asymétrie est différente de la mienne (je n’utilise pas l’éponge mes aplats sont plus grands).
confirmation que c’est bien la forme qui donne l’identité d’un bol. son émail n’est qu’un vêtement. capital a de nombreux titres mais « neutre » pour ce qui est de la signature.
un bol qui est sorti « pin rouge sous la pluie » est l’un de mes plus beaux bols. le bleu « inidentifiable » a créé un effet de contraste très beau.
plusieurs bols sont sortis dans des registres jaunes/verts qui ne s’associeraient pas vraiment avec le macha (mais plutôt avec un contenu à couleur claire, blanche peut-être). la série a un aspect rustique qui vibre.
je reste toujours déçu par les lèvres des bols qui sont trop symétriques quand on les regarde par en haut (les légères asymétries existantes pré-biscuit disparaissent presque toutes à la cuisson finale).
24 août 2022 : cuisson 197 (propane 700° et 1000°)
dernière cuisson de l’été au chalet. avec une terre à base de cellulose. qui n’est pas simple à tourner et trimmer mais qui tient bien les formes (on l’utilise en sculpture) et qui crée un effet de texture « papier » qui me plait.
émaillage au transparent qui en surcouche à donner du bleu clair (mais peut-être simple effet du carbone apporté par les traces noires laissées par les feuilles sèches au sol à la sortie du biscuit).
cette terre ne supporte pas les chocs thermiques (sortir du four à 700 post-biscuit pour émailler au plus vite) quand il y a de l’épaisseur : la cellulose organise des plans façons schistes et les plans en contact avec le froid (déposé au sol) se détachent : deux beaux grands mizusashi n’ont pas survécu. quelques pieds de bols sont restés au sol.
la cellulose en brulant la première fois dégage une odeur particulière qui pourrait faire peur à des voisins japonais.
première cuisson « sculpture » : création d’un moule en bois dans du contreplaqué à 15mm. calligraphie personnelle de 玄, numérisée avec adobe capture, puis imprimée sur A4, découpée aux ciseaux, reportée sur le bois puis découpée à la scie à chantourner (une scie avec une lampe, soufflette, pédale et branchement d’aspiration aide).
les formes en argile (la cellulose a aidé pour ce projet : une seule forme uniquement s’est brisée) sont déposées à sécher sur des bocaux (« cou » et « jambes »), twistées légèrement pendant le séchage puis poncée.
la sculpture est composée de « lego-玄 ». je pensais au départ les unir. pour n’avoir qu’une pièce finale. mais l’idée évidente s’est imposée : la sculpture est à calligraphier (ou dresser comme un ikebana). elle est donc à chaque fois différente et peut servir de vase (en utilisant un petit bambou), de lampe (bougie) ou d’encensoir.
11 août 2022 : cuisson 196 (propane 700° et 1000°)
plusieurs ateliers de thé m’ont conduit à vouloir créer des sets exclusivement composés de mes pièces. je ne me sens pas de connexion particulière avec les mizusashi, les cha-ire, les futa-oki, les kensui. seuls les bols parlent réellement à mes mains. comme en langue maternelle.
même les tasses à thé de diverses tailles que j’utilise pourtant tous les jours me semblent des créations artificielles sous mes doigts.
tentative de créer ces pièces en appliquant le style kuma (ume, pied, 5, 3, hanche, épaule). bof.
je continue d’écluser les restes de terres retrouvés à l’atelier
terre blanche lisse. t-pasta. terre à cellulose.
plusieurs mizusashi et cha-ire (dont je compte tourner les couvercles au tour à bois à partir de grosses branches prélevées autour du chalet), quelques bols.
t-pasta et terre lisse.
test avec sigilitta et colorant rouge (fonctionne plutôt bien, la sigilitta devenant gris-noir et le rouge restant rouge, effets de traces de l’application au pinceau; juste attention à l’effet menstruation sur les fentes).
j’ai beau eu être plus patient à l’ouverture du four en attendant 300 degrés pour éviter le trop gros choc thermique, l’émail a bullé sur toutes les pièces à argile lisse (qui ne me correspond pas car elle produit un effet fausse porcelaine, sans profondeur).
je devrai les recuire…
« le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est … »
les pièces uniquement blanches manquent d’aji. on aurait juste envie d’y mettre de la vieille moutarde. un kanji tracé à « l’argent » au fond, fonctionne. j’avais envie de tracer le 井 de puits mais ne savait pas trop où le placer en rapport aux fentes. ni en quel style écrire le kanji.
27 juillet 2022 : cuisson 195 (propane 700° et électrique 1000° et 1200)
émaillage et cuisson chez nadia, à l’atelier du prunier. quelle chance ! merci nadia !
tests avec des transparents 1200 brillants (donne un orange vulgaire) et mat (donne des lactescences intéressantes)
nouvelle cuisson à 1000 degrés électrique de bols tournés vert dans mon four. l’argile rouge a repris ses couleurs (le vert est devenu jaune). ce qui pointe vers l’hypothèse selon laquelle mon four à gaz crée une réduction par défaut (et que ma sonde, fixée au plafond, me conduit à minorer la température réelle des pièces au niveau de la plaque).
les blancs marbrés créent un effet vulgaire à haute température. cette argile ne me plait vraiment pas.
le noir « canadien » (spectrum glaze en pot) a un gris anthracite intéressant (malheureusement une légère fente au fond)
un émail à base de terre diluée a créé un bordeaux homogène pas dénué d’intérêt (mais il faudrait créer des variations d’épaisseur pour qu’il vive).
la peur de nadia qu’il coule dans son four neuf a conduit à ne pas l’émailler totalement à l’extérieur et l’effet corolle et gouttures ne me plait pas
un bol d’été avec un émail un brin tenmoku, émaillé uniquement à l’extérieur pour suivre le souhait de nadia de préserver la texture externe a de l’aji. mais il aurait dû être émaillé totalement.
l’émail noir de nadia : moche « pour moi » (nadia me demande de rajouter ce « pour moi » car elle ose remettre en cause la possibilité que je puisse avoir un accès de vérité certaine à la beauté universelle : quelle insolence !)
je ne suis toujours pas satisfait des lèvres de mes bols.
22 juillet 2022 : cuisson 194 (propane 700° et 1000°)
il faisait trop chaud (et le bruleur propane est trop bruyant) pour cuire ces derniers jours. je préparais également des bols en grès rouge et blanc pour une cuisson chez nadia, à l’atelier du prunier.
donc four plein (et je n’ai pas pu tout mettre) pour le biscuitage.
il me restait des bols en tpasta recyclé.
presque tous les bols tartiné-marbrés avec la technique décrite à la cuisson 193.
aucun intérêt avec les « sigilita » qui ont donné du vert uniforme.
un peu plus intéressant avec du sigilita bleu et deux colorants gris.
plus intéressant avec des engobes rouge et noir liquides en bouteille.
mais toujours ce mystère pour moi de l’impossibilité d’obtenir du rouge avec des argiles rouges dans ces conditions de cuisson (1000, oxydation) : toujours le même vert kaki moche. sur lequel l’engobe noir fait sale et l’engobe de porcelaine blanche a été absorbée par la terre.
le grès blanc que je n’ai pas aimé travaillé au tour et au trimmage (trop fragile) n’a pas supporté le choc thermique. dommage : les engobes rouges et noirs rendent bien dessus.
la clé de la technique de marbrage consiste à laisser beaucoup d’espace non tartiné.
au final, 2 bols sauvables sur 15…
4 juillet 2022 : cuisson 193 (propane 700° et 1000°)
reste de pièces non cuites de l’hiver (sensation d’étrangeté des formes quand on a évolué pendant quelques mois). argiles blanches lisses. plus quelques bols à partir de restes de terre avant d’ouvrir de nouveaux paquets.
vu sur youtube une technique d’application de slit colorée aux oxydes (dans la vidéo, des sous-émaux en bouteille) : en badigeonnant une table de mousse à raser, marbrer en mélanger, et rouler les pièces puis les rincer.
test avec une double-couche de papier bulle et une feuille plastique d’emballage.
le marbrage a bien fonctionné avec de beaux contrastes noir (manganèse) et rouge (ocre) et du blanc (simple porcelaine).
mais à la cuisson, les couleurs n’ont pas tenues.
réduction partielle entre 1000 et 900 post-cuisson. le rouge est devenu vert fané clair. et le noir manganèse gris léger. à réessayer avec de vrais sous-émaux.
tentative d’y inscrire, façon symboles shino comme le torii du bol unohanagaki, le trigram du yi-jing : 兌, ☱ (bon symbole du gencha : brume et changement).
des bols aux couleurs un peu tristes d’automne.
deux pièces avec trois pieds. pas suffisamment hauts.
3 émaux transparents différents : aucune différence au final
21 juin 2022 : cuisson 192 (électrique 700° et 1230°)
premier vase ka-en, à la jomon, à la kuma : shochikubai, slit et double-gen
deux petites fissures au biscuit parce que je n’ai pas attendu que la pièce soit suffisamment sèche (en ayant pourtant utilisé le four tiède de la cuisson précédente et le programme lent vers 200 degrés pendant quelques heures).
donc décision de l’émaillé au kannyu ume-rouge dont j’ai reçu 4 nouveaux litres.
vase monté au tour à partir de deux pièces assemblées le lendemain. à partir de 4,5 kg de terre.
difficile à comprendre pourquoi (trop épais ?) : le résultat de l’émail est horrible : petit-suisse à la fraise. (l’émail s’est accumulé dans les fentes)
la forme n’était déjà pas réussie, avec l’émail cette pièce est l’une des plus laides sorties du four.
19 juin 2022 : cuisson 191 (électrique 700° et 1230°)
une visite à niigata pour rafraichir mon souvenir du paysage dans l’optique de trouver un lieu « à la manigod » au japon. sans succès pour le paysage. mais redécouverte par surprise au musée d’histoire locale de la beauté des céramiques jomon. m’a donné envie de tester des pièces plus larges. un gros bol (au moins deux fois la taille usuelle : pour un couple) et un mizusashi (avec un couvercle bricolé et laséré avec un vieux kanji eau-水). en testant la coloration de l’émail shino soba (reçu 10kg) avec de l’oxyde de cobalt pour retrouver l’effet du grey mat de mizuno. le cobalt, même à un peu moins de 0,25 pour cent colore vite, trop. résultat intéressant de l’oni-ita. pas de kannyu encré.
9 juin 2022 : cuisson 190 (électrique 700° et 1230°)
première cuisson où l’ensemble des bols me plaisent à la sortie du four.
une argile rouge graineuse pas facile à tourner.
intérieur avec 紅梅貫入釉 (kannyu « ume rouge ») de tougeishop.com
extérieur avec soba shino et oni ita.
encrage à la sortie du four.
cette série pourrait s’appeler benzaiten
7 juin 2022 : cuisson 189 (électrique 1230°)
recuisson de bols de séries différentes que j’avais cuit en laissant cru l’extérieur.
avec du « soba shino + oni + encre à chaud ».
de bons résultats sauf avec de l’argile rouge raku et de l’émail aka raku (pour 1000°) : à 1230, l’émail a créé de très fortes pressions et 3 bols ont craqué. l’émail est devenu par ailleurs marronasse.
la technique du sobashino-oni-encre ne produit un bel effet qu’avec des terres claires à la cuisson et avec un intérieur différent de l’extérieur.
la terre de bizen s’associe très bien avec le soba shino et crée un effet de cuisson à la cendre rustique intéressant. attention à appliquer une encre foncée et pas trop diluée à la sortie du four sinon le nuage reste trop léger.
c’est passionnant de voir comment mes formes évoluent et comment je ne me reconnais plus dans celles que je produisais il y a encore 6 mois (des bols sans fente, ou au pied mal fagotté et non-ume, ou sans hanche, ou aux empreintes externes, etc).
quelque choses s’est cristallisé récemment : pied ume et fushi bambou, hanches à 5 pétales, fente en く, lèvre à cinq pétales, hanche interne, émaillage à la louche pour laisser voir la terre au pied, au moins 3 strates et si possibles deux textures, 今 à l’intérieur, et double 玄 à l’extérieur. 5, le nombre des pétales d’ume est un bon chiffre impair pour briser la symétrie : 3 fait trop peu (sauf pour les lèvres), 7 trop. et tout chiffre pair, symétrique.
5 juin 2022 : cuisson 188 (électrique 700° et 1230°)
validation de la technique du « grey mat » avec encrage à chaud et du pouvoir magique du « soba shino » à une température plus faible : 1230 (et non 1270).
les deux sont validés.
le grey mat a rétracté davantage mais : j’aime l’argile rouge foncée découverte qui fait des tâches planétaires; les retraits sont sans doute liés à des surchouches au moment de l’application de l’émail à la louche – ce qui serait différent si le bol était trempé, ce que je ne pourrai faire que si j’ai suffisamment de cet émail qu’il me faut recommander à mizuno (qui n’a cette activité qu’à temps partiel). il est possible que je me relance dans des tests de créations d’émaux en ajoutant de l’oxyde de cobalt ) différentes bases (soba shino bien sûr ! mais aussi blanc « titane »).
l’un des bols le plus réussi de cette série a été cuit 4 fois : émaillé en transparent à l’intérieur uniquement, puis recuit à 1270 (le rouge est devenu jaune), l’extérieur émaillé cette fois avec du soba shino et de l’oni bien dilué, puis encré (bleu) à chaud a créé un effet « dessin » d’autant plus chouette que l’émail n’ayant pas été bu en profondeur (la terre ayant déjà été surcuite), le grain de l’argile reste sous les doigts comme une texture de papier même si l’émail a recouvert son jaune.
c’est un effet que je veux reproduire avec d’autres de mes séries antérieures dont je n’avais pas émaillé l’extérieur (cuisson lancée ce soir).
deux bols noirs testés avec du mizuno 865 Shino cendre : trop lisses et froids. à mon goût.
3 juin 2022 : cuisson 187 (électrique 700° et 1270°)
en cherchant des photos pour illustrer le livre sur 49 notes sur la céramique et le thé que j’édite depuis février, je suis tombé sur les images de chawans créés avec le « grey mat » de mizuno : j’avais complètement oublié que cet émail permet de créer le « shino bleu » que je « recherchais » depuis plusieurs cuissons !
suite de l’argile rouge fine de shigaraki.
ce « grey mat » est vraiment fabuleux. j’espère pouvoir le commander à nouveau. je l’ai encré à chaud avec une encre bleue. l’effet est beau. à 1270° l’émail a coulé des lèvres en révélant des zones de terre. mais j’aime ces espaces.
j’ai ressorti d’autres mizuno : le kuro pk5 mat sur trois bols ici. 1270° est sans doute trop chaud. ils ont bullé et coulé (les bulles provenant probablement de grumeaux). l’un des bols à bulles est en fait beau car les bulles forment des motifs de fleurs galactiques.
cette cuisson devait servir à valider la sérendipité de la cuisson précédente : shino soba + oni + encrage à chaud (cette fois avec une encre bleue). confirmation réussie ! j’aime cette technique et son résultat.
il restait de la place dans le four pour recuire des bols imparfaits. comme le shino-soba semble fondre et lier les autres émaux, j’ai réémaillé un bol « shino double couche fromage fondu » du mois dernier. et le résultat est beau.
28 mai 2022 : cuisson 186 (électrique 700° et 1270°)
même terre fine rouge de shigaraki que 185, un peu trop orange marron clair à mon goût à 1270°.
je voulais confirmer l’émail 紅梅貫入釉 (kannyu « ume rouge ») de tougeishop.com. et en effet il donne un vrai transparent « grenadine claire » sur une argile rouge. et il s’encre bien en créant du kannyu à chaud vers 130° à la sortie du four. mais il a un côté un peu superficiel, un peu vitre.
je voulais tenter de créer des zones noires comme sur les raku rouge que l’on place sur des charbons après le biscuit. mais le détecteur de ma gazinière ne m’a pas laissé démarrer les charbons à l’intérieur et mon mini-chalumeau fait un bruit qui s’entend de loin et je ne veux plus effrayer les voisins donc j’ai arrêté rapidement. les charbons n’ont pas pris : pas de traces noires.
je ne voulais pas m’avouer vaincu par mes cata shino de la dernière cuisson donc j’ai retesté « oxyder sur l’émail et non avant » en utilisant non pas du gosu mais de l’oni et cette fois avec une seule couche d’émail pour éviter le fromage fondu. mon oni n’était pas suffisamment dilué peut-être : il a bien créé l’effet shino que je recherchais mais n’a pas coulé et sur une couche d’émail shino blanc pas assez épaisse. l’effet n’est donc pas réussi : façon mauvais gros pinceau marron.
et enfin un heureux moment de sérendipité ! au moment de l’émaillage, la boite contenant le soba shino (そば志野釉) de la dernière fois, que j’avais trouvé un peu fade (mais épais comparé à mon « gloubiboulga shino ») était juste sous mes yeux. le mot clé « shino » m’a conduit à tester cet émail avec de l’oni dessus. et cette combinaison là a créé un bel effet campagnard avec des dégradés « fondus ». et heureuse surprise additionnelle, l’encrage à chaud au gros pinceau a fortement coloré l’émail et pas seulement les craquelures. avec une couleur gris-bleutée qui me plait et qui crée une troisième couche de profondeur.
moment rare pour moi jusqu’à présent : être heureux d’un bol, et de la découverte d’une technique produisant un résultat authentique. dans l’esprit de l’esthétique gen-cha que je recherche. et qui n’était absolument pas attendu.
la prochaine cuisson explorera ce chemin.
22 mai 2022 : cuisson 185 (électrique 700° et 1270°)
suite des tests d’émaux de tougeishop.com
fin du pain d’argile rouge granuleux. début d’un rouge « shigaraki » lisse comme une peau de bébé.
les cendres de pin rouge (松灰釉 ) on créé un vert bouteille jauni, craquelé et laid sur ces terres.
le « loess » (黄土窯変釉) a créé un rouge lisse, cuir marocain, avec des zones noires qui a énormément coulé à 1270. pas ma couleur.
le tâches jaunes (黄斑紋釉) a créé un vert tacheté multicolore façon peau de reptiles (ou vieilles reliures) qui pourrait être intéressant mais n’est pas mon style. a beaucoup coulé itou.
le soba shino (そば志野釉) a créé un beau résultat pour qui veut faire de la vaisselle « campagnarde » contemporaine. un blanc tacheté qui résonne coréen.
j’ai tenté sur deux bols de mettre plus d’épaisseur sur le mat chocolat de la semaine dernière. pas vraiment de différence, toujours aussi lisse. à essayer à 1230
et puis palme du ridicule qui me fait rire tout seul : je me suis dis, ça y est, j’ai compris comment faire un shino bleu. lors de la cuisson 183, j’avais appliqué l’oni avant l’émail. mais en regardant plusieurs bols shino, j’ai compris qu’il fallait l’appliquer sur l’émail sec. comme les shino bleus gris me plaisent, je me suis dit qu’on pourrait peut-être obtenir le même effet en appliquant non pas de l’oni mais du gosu bleu. et comme l’émail de la cuisson 183 était un peu trop fin, j’ai tenté d’appliquer 2 couches. sans doute par impatience, j’aurai dû attendre davantage que l’émail sèche. résultat, deux « objets » qui pourraient faire d’intéressant encensoirs « fromage fondu ». le gosu a donné soit du vert, soit du noir.
je n’arrive toujours pas à trouver une méthode satisfaisante pour mes lèvres.
15 mai 2022 : cuisson 184 (électrique 700° et 1270°)
premiers tests de nouveaux émaux commandés chez tougeishop.com
dans la perspective de trouver un émail rouge léger qui ne crée pas la lactescence des « transparents » sur des terres rouges.
bingo avec le 紅梅貫入釉 (kannyu « ume rouge ») ! : il crée un émail « grenadine claire » qui, encré à chaud, prend de l’épaisseur. il faut que je le teste avec d’autres terres rouges, celle utilisée ici n’est pas fine ce qui est mieux.
le noir chocolat mat est moins bien que celui vendu par maruni mais son aspect trop lisse ici vient peut-être d’une trop grande dilution ou peut-être d’une trop grand température. il faudrait le tester à 1230.
le 黄瀬戸マット釉 (jaune seto mat) a créé ici un vert olive intéressant, un peu tristoune comme un automne froid.
il ferait bien la paire avec le 赤銅マット釉 (bronze rouge mat) mais visiblement la bouteille était mal secouée et l’émail pas suffisamment épais : effet bordeau uniforme, superficiel. pas ma couleur.
09 mai 2022 : cuisson 183 (électrique 700° et 1270°)
après avoir lu sur le site du miho museum que leur 奧高麗 oku-gôrai avait un émail légèrement rouge, j’ai dû faire de la place dans mes armoires pour commander des émaux rouges afin de trouver une solution à la couleur « marron claire chair » de la cuisson précédente. j’ai donc décidé de regrouper en un seul sceau tous mes argiles shino.
même argile que la dernière fois. tournage avec des gants en cuir pour protéger mes mains abîmées.
– ne plus faire des fentes en くkana mais bien laisser un milieu vertical
– utiliser un outil de trimmage à la main pour l’intérieur
– la clé pour créer les vagues des lèvres est de retirer à peine quelques milli
application de oni avant le biscuit (今 à l’intérieur et deux 玄 en sosho à l’extérieur).
le premier bol émaillé a montré que ce gloubiboulga d’émail n’était pas assez dilué. même effet de fromage fondu que mes échecs des années passées.
mais après la dilution, premier « non-échec » avec cet émail shino qui du fait du mélange n’est pas blanc mais légèrement « rouge »
encrage à chaud à 100 degrés à la sortie du four (idem : 今 à l’intérieur et deux 玄 en sosho à l’extérieur, puisque c’est ma prière pour ceux qui boiront dans ces bols).
l’encrage lavé créé les zones de kannyu.
l’oni a créé des zones bullées typiques de shino mais sans couleur.
des bols simples que j’aime.
il doit exister un truc pour créer l’épaisseur d’émail des shino en évitant le fromage fondu. peut-être plusieurs trempages en laissant bien séchée chaque couche fine ?
7 mai 2022 : cuisson 182 (électrique 700° et 1270°)
argile rouge (compacte avec une jolie couleur brique cuite à la cuisson avec de petis grains blancs et noirs) trop sèche qui m’a papier-de-verrisé les mains.
tentative d’habiller les bols façon « sung chae joi » (découvert dans un livre chez un bouquiniste sur la céramique coréenne publiée en 2003) au shiro-gesho puis émaillé à l’ichi-go (le transparent 1270). l’ichi-go a absorbé la presque totalité du shiro-gesho, sauf sur les sur-épaisseurs. et cet ichi-go est vraiment laiteux ce qui a transformé la couleur claire de la terre en marron très clair.
22 avril 2022 : cuisson 181 (électrique 700° et 1270°)
quand on a un pain d’une terre, avant de tout nettoyer parce qu’elle a laissé son empreinte sur tous les outils, on le termine pour passer à un autre. deuxième moitié du pain de han-jiki de la cuisson précédente.
avec le même émail mais mélanger parfois avec du tenmoko (goutte d’huile noire du même iwasaki). rigolo, ce tenmoko crée un jaune « huile de vidange troublée » sur cette terre.
je visais un effet « jour et nuit ».
il est complètement raté dans le cas où l’on applique du namako bleu clair sur un fond de tenmoku (le bleu ne glisse pas trop sur le tenmoku et la couleur du tenmoku, au moins sur cette terre est moche).
il pourrait être intéressant en appliquant du tenmoku sur un fond de namako mais en trouvant le bon dosage car le tenmoku glisse sur le namako et se retrouve au pied du bol. la zone réussie a un effet « nuit étoilée à la van gogh ».
deux applications du principe japonais « rompre la symétrie » dans cette série dont la terre et l’émail invitent au symétrique :
– donner à mes « fentes » une forme de くde calligraphie en kana
– en trempant les bols dans l’émail, et surtout pour cette terre blanche pétante qui sera marquée par son contraste, créer une zone non émaillée autour du pied qui ne soit pas circulaire mais créée par plusieurs trempages partiels afin de créer des polygones.
17 avril 2022 : cuisson 180 (électrique 700° et 1270°)
retrouvé au fond de l’une des deux armoires à émaux du jardin un paquet de han-jiki (demi-porcelaine). ce type de terre précise qui demande des formes lisses n’est pas mon univers. mais on apprend de ses faiblesses. cela m’a permis de tester l’émail namako 617 d’un très beau bleu clair d’iwasaki. idem, cet émail n’a de sens que pour des lignes lisses. le han-jiki lui correspond très bien. la couleur bleu ciel printemps est vraiment belle. se marie bien au macha et au oolong vert. se marie mieux encore avec une fraise. l’accord fait penser à une nature morte hollandaise ou à un chardin.
08 avril 2022 : cuisson 179 (électrique 700° et 1230°)
utilisation du recyclage des deux paquets de terre de bizen utilisés le mois dernier.
création de bols plus épais et lourds que d’habitude (il est difficile de les trimmer car ils contiennent des particules diverses qui « rayent » la terre un peu sèche). émaillage au transparent uniquement à l’intérieur. je voulais au départ ne faire qu’une cuisson mais l’application de l’émail sur la terre crue a créé des fissures sur 4 bols. la tentative de les récupérer en les réémaillant post-biscuit pour boucher les fissures a abouti à la création de bols comme explosés mais pourtant maintenu un par l’émail (tension très forte entre l’intérieur émaillé et l’extérieur sans émail qui peut créer des fissures sur les zones affaiblies par une épaisseur trop faible après un trimmage ou bien par une micro pierre).
encrage à chaud avec un caractère 玄 ou 今 (pour créer un kannyu). il manque de la couleur à l’extérieur (les brûler sur des charbons chauds façon cuisson intermédiaire des aka raku ?), ou bien laisser la patine du temps (ou une patine artificielle en les laissant dans le jardin quelques mois). j’aime la texture et l’esprit de ces bols.
27 mars 2022 : cuisson 178 (électrique 1060° et 1230°)
la sélection des bols pour l’anagama et le four électrique capable de monter désormais haut me conduit à tenter de recuire des bols à qui ils manquent un chouilla de quelque chose.
lors d’une visite à mori tougaku lors du dépôt des bols à bizen, il me montre en photo un vase cuit au gaz avec une argile sablée et des cercles tracés « à l’argent ».
l’art spécifique du e-tsuke n’est pas mon univers. mais 5 cercles (pour les pétales d’ume, avec assymétrie) me semblaient accessibles.
donc cuisson à 1060 : je pensais que cela allait fondre davantage. effet argenté miroir. bon pour les tours de bols tenmoku. mais trop contrasté sur une terre crue.
j’ai donc recuit les bols à plus haute température en ajoutant une couche d’émail transparent. résultat : l’argent est devenu un oxyde vert panaché. il n’a pas fondu dans l’émail.
l’aspect imparfait des lignes tracées crée un effet de céramique ethnique pour cuisine vegan. on perd en l’état le sacré du chawan.
cette expérience permet de mieux saisir l’équilibre subtil des tracés sur la céramique oribe : ces symboles faussement primitifs conservent la dimension rite (crm) du bol.
sur mes bols-déesses, quels tatouages ?
fin mars 2022 : cuisson 177 (anagama 1200°+)
une quarantaine de bols essentiellement en argile de bizen, biscuités et ficelés (pour de l’hidasuki). deux gazettes remplies de l’ultime reste de nuka. quelques bols divers (shigaraki, argile rouge, déjà cuits, sans aji). ouverture du four mi-avril.
13 mars 2022 : cuisson 176 (électrique 700° et 1270°)
argile noire, émail tenmoku d’iwasaki que je pensais être un namako bleu clair.
premier bol trempé dans un émail pas assez liquide. on me voit sur la photo le gratouiller pour le retremper en tentant désespérément de le sauver. sans succès au final.
l’aspect « verre » du tenmoku (noir bleu nuit étoilée) lui donne un aspect darth vador qui ne correspond pas à mon univers et aux formes des bols que je crée. des courbes linéaires, symétriques sont requises pour cette réverbération de la lumière.
à la sortie du four, les bols ont microbullé. je me demande si l’astuce consiste (en tous les cas pour cette terre-ci) à faire descendre la température du four en la programmant beaucoup plus lentement.
(deux assiettes noires « sculptées », émaillées au kuromat d’iwasaki au pinceau en deux couches : l’émail a perdu totalement son charme si on le compare à une application en trempage…)
11 mars 2022 : cuisson 175 (électrique 700° et 1270°)
dernière série de noir mat sur argile noire, avec des hira-chawans (bols d’été large pour refroidir le macha).
9 mars 2022 : cuisson 174 (électrique 700° et 1270°)
reproduction de la réussite de la cuisson 173 : argile noire / émail kuro mat d’iwasaki à 1270°. sur des bols plus petits (montés à partir de 700g de terre et trimmés à 350g).
j’ai appliqué de l’anti-émail sur une trop grande surface autour du pied à mon goût.
à cette température et sans émaillage, cette argile noire se déforme si elle est trop fine : un bol est rentré sur son pied.
tentative de trois pétales au niveau des lèvres que je n’arrive toujours pas à sculpter correctement.
trois bols de cette année (bizen et intérieur transparent) qui avaient bullé ont perdu un peu de leur bulle mais la couleur uniforme beige n’est pas folichonne, même à cette température.
la visite à l’exposition tenue par le musée nomura consacrée à l’origine du chanoyu de rikyu avec au sous-sol une collection trans-générationelle de raku m’a permis de comprendre : que mes bols sont trop grands et trop déformés. mais hormis le chojirô rouge aucun bol ne vibrait vraiment. les lèvres sont juste déformées vers l’extérieur de l’épaisseur d’une pulpe d’index.
1er mars 2022 : cuisson 173 (électrique 700° et 1270°)
une série réussie.
de kuro. argile noire et émail kuro-mat d’iwasaki. conçu pour 1230 mais cuit ici à 1270. et à cette température, ils donnent du chocolat fondu façon poire nestlé dessert avec un beau lisse agréable dans la paume et des effets de couleurs écumes noir/gris/marron.
l’argile noire n’est pas simple à trimmer. il est facile de faire des trous. je suis parti d’une boule d’un kg par bol. certains sont plus lourds que mes bols habituels (trimmés à 350g, ici à 400).
j’avais oublié un des bols de la série précédente, terre rouge, fonctionne également bien avec cet émail et cette cuisson.
une heureuse surprise.
il me restait un peu de place dans le four, j’y ai placé trois bols de la cuisson précédente. qui n’ont pas bougé d’un poil.
19 février 2022 : cuisson 172 (électrique 700° et 1270°)
retour à kyoto et utilisation du four électrique réparé à l’automne à sa plus haute température (ce qui n’était plus possible depuis deux ans). une terre jaune non identifiée fine, du type de celle acquise pour des kyusu sans émail. émaillage avec de l’ichigo (le transparent pour haute température autour de 1300, le sango valant pour 1200). uniquement à l’intérieur des bols. avec tracé de 今 à l’argenté duncan sy1025 avant le biscuit. je m’attendais à ce que ce tracé disparaisse, fondu, comme dans le four à gaz de manigod mais curieusement (effet de la terre ? de l’émail ? de l’oxydation ?), le tracé est resté bien net. trop. mésalliage entre le symbole écrit et l’atmosphère rough du bol. je m’attendais à ce que la terre crue soit plus rouge, elle est bordeaux foncé. l’ichigo la rend marron foncé, façon bizen. évidemment forte réduction de taille. en l’état, trop shibui. il manque une patine, des variations (aucun effet du papier de verre ou de l’huile de tsubaki). plusieurs bols ont fendu du fait des contraintes entre l’émaillage interne et son absence externe, sur leurs points faibles. dans une chashitsu sombre, le bol sombre vit de sa seule forme. deux ont une bonne forme. peut-être les laisser quelques mois dans le jardin pour que le soleil et les intempéries y laissent leurs marques.
21 janvier 2022 : cuisson 171 (propane 700° et 990°)
j’ai pu reproduire l’effet de la cuisson 170 (réduction alien de l’émail r11 de ceradel) en émaillant l’intérieur des bols montés à la tpasta avec du transparent (pour éviter le plomb du r11). émaillage à la louche. tracé de 今 à l’argenté duncan sy1025 avant le biscuit. quelques petites feuilles sèches dans les bols à la sortie du biscuit pour créer un nuage de gradation de gris. fermeture des ouvertures du four à 990°. puis laisser la nuit froide (-10°) accueillir les bols. le kanji qui était resté intact au biscuit a fondu à la cuisson principale. coulures de transparent sur l’extérieur r11.
un côté trop organique, trop amazone – pas suffisamment tectonique. pour mon goût.
des bols, non pour du macha, mais pour des préparations shamaniques amérindiennes.
16 janvier 2022 : cuisson 170 (propane 700° et 990°)
restes d’argile PCLI et GTP. et enfin retour de la tpasta (dans une version copie allemande).
test en trempage de l’émail R11 de ceradel dont je n’avais pas vu qu’il était au plomb… (quelques macha de temps en temps ne devraient pas saturniser). La photo de référence ceradel propose un « cuivre satiné » qui pourrait faire penser à un kuro raku. c’était ce que je tentais de tester.
le résultat est digne d’un chef-décor en charge d’un paysage star trek des années 70.
ce qui peut avoir joué :
– réduction longue créée par la fermeture des deux entrées du four et en laissant les pièces toute la nuit (effet de la température ? -10). la « fermeture » du four n’était pourtant vraiment pas hermétique.
– calligraphie d’un 今 après le biscuit avec l’argent duncan. a disparu au final (je me demande si ce ne sont pas les « gouttes d’huile » argentées que l’on retrouve ici et là. la flamme à la sortie du four, au lieu du jaune habituel était verte jusqu’à 950°.
– certaines variations/coulures, sont dues au fait d’avoir ajouté sur le R11 un peu d’émail transparent (l’ironie tient à ce que je souhaitais éviter un brun lisse uniforme).
– l’ajout d’un peu de colle à papier peint ?
cette gamme chromatique qui ravirait certains amateurs de tenmoku n’est pas mon univers. mais l’explosion « hade » n’est pas vulgaire. à tester dans une pièce éclairée à la bougie.
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