L’imagination chez Kant

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Description

Recherche effectuée en 1993 dont voici la conclusion :

« Nous devons avouer que nous n’avons pas trouvé ce que nous cherchions lorsque nous avons entamé notre recherche. Nous avions l’espoir de mettre au jour une véritable fondation de la liberté dans l’imagination de la troisième Critique. Nous venons de voir que cet espoir n’est pas véritablement comblé.

Notre attente était morale et c’est en gnoséologie que nous avons appris le plus… Tout d’abord nous avons démontré le caractère fondamental de l’imagination pour la cohérence du système kantien. Nous avons vu que ce caractère fondamental n’était jamais reconnu ouvertement, que Kant ne tirait pas toutes les conséquences des déterminations radicalement nouvelles qu’il attribue à l’imagination.

Ces déterminations radicales sont elles-mêmes des conséquences de la révolution copernicienne et de la dualité sensibilité passive – entendement spontané qui y est attachée.

L’imagination associative-reproductive, reprise à la tradition humienne, n’est que peu intéressante et relève de la psychologie empirique. Ce n’est pas cette détermination de l’imagination qui a éveillé notre intérêt, mais trois autres :
a) l’imagination appréhensive, indissociable de la perception et dont on ne saura jamais quelle est l’origine des formes de présentation qu’elle donne aux objets;
b) l’imagination comme entre-deux, comme passerelle entre la sensibilité et l’entendement, point de jonction entre deux mondes hétérogènes, zone trouble, floue, bâtarde;
c) l’imagination créatrice, non véritablement reconnue, voire niée, qui sans doute se rattache à l’imagination appréhensive en tant qu’elle aussi présente des objets, mais qui est singulière car dissociée de la perception.

L’apport positif de notre travail vient des implications auxquelles nous ont conduits ces quatre déterminations. En les analysant, nous avons vu qu’elles remettaient en cause le projet de l’idéalisme transcendantal. C’est ce point qui nous semble le plus important.

L’imagination reproductive présuppose une répétition des événements qui ne peut pas être transcendantale. L’origine des formes données par l’imagination appréhensive reste mystérieuse dans la première Critique, et est reconnue explicitement comme provenant des objets, donc des choses en soi, dans la troisième. La nécessaire temporalité du schématisme de l’imagination, remet en cause l’idéalisme du temps. L’existence éventuelle d’une imagination créatrice ruinerait la stabilité des déterminations du monde phénoménal. A cela, rajoutons le caractère mystérieux des définitions du beau et du sublime entendus comme rapport direct (harmonieux ou conflictuel) de deux facultés. Par ailleurs, dans notre bref rappel sur la fondation kantienne de la liberté, nous avons tenté de montrer combien celle-ci était aporétique : fondation factuelle de l’impératif catégorique, contingence du lien loi morale-liberté, etc.

Impossible, du fait de ces conclusions, d’avoir une idée précise concernant les rapports exacts qu’entretiennent sujet et objet, ce qui vient de l’un, ce qu’apporte l’autre. Le champ gnoséologique doit donc être repensé.

Impossible de résoudre l’antinomie du jugement de goût sans une réelle élaboration de ce que peut être cette légalité non conceptuelle qui garantit l’universalité du sentiment subjectif que procure ce même jugement de goût. C’est ici le champ de l’esthétique qui reste ouvert.

Impossible enfin de faire l’expérience de la liberté, entendue comme rupture de la déterminité, entendue comme choix, dans le système kantien. C’est donc toute la question morale et politique qui nécessite d’être réélaborée.

Questionner l’imagination kantienne, c’est donc se trouver dans la nécessité de réinterroger le projet philosophique dans sa quasi-totalité, et ce dans le respect infini et émerveillé du cadre des questions formulées par Kant. »

色不異空 空不異色 色即是空 空即是色 受想行識亦復如是