Stéphane BarberyUme梅 Ume「 oumé 」, c’est la fleur de prunierEt le nom d’une pianiste,qui rencontre Matsu, jeune ethnologueet Mme Yamada,la veuve qui ne parle plus que françaisUme : une histoire d’amour de Kyôto. Et de kami.Début de siècle.杲Stéphane Barbery est né en 1971. Il vit depuis 2008 à Kyôto où il se consacre aux arts traditionnels, à l'écriture et à la photographie. Ume, achevé au printemps 2010, est sa première fiction. © Stéphane Barbery 杲 Liste des PersonnagesPar ordre d'apparition :NomPrénomNomPrénomActivitéRelations梅UmePianiste山田竹子YamadaTakekoKyôtoïte soixantenaire松本Matsumoto (père)TaxiCousin de Mme Yamada松本明MatsumotoAkiraConducteur de MK ShuttleFils de Matsumoto père悦子EtsukoSoap girl Amie de la femme de Matsumoto Akira森田MoritaInfirmière retraitéeAmie de Mme Yamada, mère de Matsujirô森田栄一MoritaEiichiMort à quatre ansFils de Morita San一郎IchiroArchitecte SDF Ami de lycée d'Akira森田松次郎MoritaMatsu(jirô)Enseignant chercheur en ethnologieFils de Morita San竜RyûPeintre, infographisteMari d’Etsuko哲ちゃんTechan6 ansNeveu de Matsujirô愛子AikoEtudiante en littérature françaiseAmie d’Ume紫宏MurasakiHiroshiDentiste里SatoCoiffeur専心 SenchinPsy美智子MichikoIngénieur du sonAmie d’Ume山口YamaguchiPrêtre du Chôshô-in竹中TakenakaMaître de théUn lexique des mots japonais utilisés figure en fin de volume Chapitres竹OshirabeMme Yamada va à TaipeiMme Yamada sous le chocMme Yamada se découvre l'âme SongLe cri de Matsumoto SanQuand elle marche dans la rueMme Yamada au Kongô RinjiAkira sous les pontsL'art du gros cacaLe premier chat qu'on perdLa princesse de KyôtoUme. De KyôtoRyû au Kongô RinjiLes vélos, les parapluiesLes kakisLe Nirvana de Mme Yamada松Une vie sans momijiLes marches d'InariQue cela cesseLe beau, le risque, la chuteGniak & CutStaffLa pluie, l'hiverLe français de Mme YamadaÊtre ce que l'on faitLa capote, le kami et l'aiguilleLe bruit de l'enjoliveur métalliqueCicatriceLa cascadeMme Yamada va mieuxZeugmeL'UmeVousLumière-cielVrai positifMurasaki SanUne lanterne de pierreAgents secrets de la vieL'injustice faite aux hommesKitanoDelicatessenLe choix de NinigiLes poupées et la hutteLe singe nu a les poils qui poussentVirgin Chichi à l'open bar des oniLa corde aux vivantsLe gréWanyūdō梅Le rire des pierresLa beauté ne meurt pasLa danseSenshin SenseiL'encensMeruSanctuaireLes mains froidesOù vont les cendreComment tourner une page déchirée ?En vivants, en mortelsLexiquesLexique des mots japonais utilisésLieux de Kyôto cités 竹 OshirabeDès lespremièresnotesdu pianod'Ume,tusaisLes notesclairesles accordsles bassesla structureclairetu entendsla lumièreUme jouepar paire.Des préludeset des fuguesde jazz.Des standards,du Bach,Des instantsdes sonates.Et ceux quin'y connaissentrienmême euxentendentlalumièrele peu denotesl'espaceentre lesnotes,la couleur dechaque voix.La musiqued'Umeest japonaise.Elle se boitcomme un matchadansun vieuxtempleen bois.Tu entendslesbambousqui claquentles lycéensquicrientle camionde vieux papiers,celui de labrocante.Tu entendsle corbeau jais,un grillon,tes pas surle plancherLa musique d'Umevolute l'encens,l'Ikebana,l'odeur absentede la mousse.Ta peau frotteles tatami jaunis,caresse la feutrine rouge,et dans tes paumes,tu sensla texturesombre– chaude – du bol kannyûabîmé par letemps,celui des hommes,et celui des saisons,qui n'est pasle temps des hommes.Quand Ume joue,c'est comme lacouleurdu matchavert de la viequi descenddans tagorge.C'est mousseuxdouxamer,à 37°comme ton premierbaiser.La musique d'Umetu y bois dela vie.Des larmesmousseuses de joie.De la mousse triste de peine.Et c'est encore de la joie.Puis tutournes lebol,tu l'essuiesavecledoigt,un bouddhaest derrièretoi,tu lui souris.Ces formesclairesCes formessolairesseulle pianoseules les mainsd'Umeles fontsurgir.Alors tul'aimes,immédiatementde toute ton âmecommeKyôto Mme Yamada va à TaipeiMme Yamada, Yamada Takeko San, est kyôtoïte.Mais a grandi à la campagne.Mme Yamada attache ses longs cheveuxgris en élégantesur ses robes noires élégantes.Mme Yamada est kyôtoïte et n'a pas pu, cette fois encore,refuser l'invitation.Mme Yamada est à Taipei.Pour trois jours.Avec son amie,dont le gendre est taïwanais.Mme Yamada est surprise par le chaos.La famille qui l'accueille est si gentille.La famille qui l'accueille est si prévenante.Mais Taipei est un chaos.Mme Yamada n'est pas tranquille.Elle avance sur le qui-vive.C'est la première fois.C'est excitant. Mais épuisant.Le qui-vive.A Kyôto elle en veut à ses voisines.De l'espionner sans cesse.Ici, chacun ignore tout le monde.C'est choquant.Parce que le monde n'est plus doux.Le monde n'est plus coconcelui qu'elle aime.celui qu'elle connaît.Le monde n'est plus cosmos ordonné.Mais panier de billes de pachinko,percé.Mme Yamada est kyôtoïteet ses yeuxdes sourires douxMme Yamada se souvient de son lycéedans un quartier pauvre d'Osaka.Elle se souvient de la pauvreté qui crée le chaos,la laideur.Une société qui ditaux siens「  Vous n'êtes rien pour moi 」produit des humains qui se disent entre eux「 Tu n'es rien pour moi  」Et le chaos devient sale avec des craquelures.Libre,vivant,violent.Mme Yamada sent à Taipei sa chanced'habiter Kyôto,Kyôto la riche,de son histoire,de sa longue histoire de cour.Osaka c'est comme Taipei.Les HLM miséreux de la banlieue de Kyôto c'est comme Taipei.En plus ordonné, moins vivanten plus triste.Mme Yamada, ça aussi, elle connaît.Mme Yamada est kyôtoïteet ses yeuxdes sourires douxA Taipei,Elle n'aime pas les taxisqui klaxonnent les piétonsqui traversent au feu rouge.les taxis qui rotent,les réceptionnistes qui rotent.les femmes qui rotent.Elle n'aime pas l'ostentatoire.Quand ça brille.Quand ça clinque.Quand ça crâne.Ni les imperfections de sa chambrequi montrent un travail de bouineur.Elle n'aime pas qu'on ne se déchausse pasqu'on salue d'un hochement éclair,s'il est même là.Mme Yamada, elle,elle aime voir le dos de ceux qui la saluent.Et leurs yeux qui se redressent lentement.A distance de katanaMme Yamada est kyôtoïteet ses yeuxdes sourires douxElle pense à son fils.Toujours célibataire.Les femmes dans le béton goudronné de Taipeilui semblent moins belles.Vêtues plus long, moins sexy.Mais moins gracieuses, moins fragiles.Sans maintien.Elle leur trouve un air dur, presque violent.De celles qui portent, supportent,sans renoncer.De celles qui prennentdes coups.Mme Yamada n'aime pas la femme-apparente,la femme supposée-soumise, de Kyôto.Mais pas les femmes masculines.Les hommes de Taipei aussi semblent plus virils.Que son fils.Plus adultes, plus affirmés. Plus francs.Elle aime cela.Qui lui fait peur.Elle se dit que cen'est pas facile, aujourd'hui,de savoir comment vivre.Mme Yamada est kyôtoïteet ses yeuxdes sourires douxMme Yamada aime la gentillessedes taïwanais.Leur énergie.Elle sent leur tristesseQu'elle ne comprend pas.Mme Yamada s'en veutde penser à ces choses mesquines.Qu'elle ne dira jamais.Elle rapportera à ses amies qu'elle a très bien mangé.Qu'elle a adoré les fruits exotiques.Et que la vue de la tour 101 estmagnifique.Mais au fond, Mme Yamada souhaite à ses amis de Taiwande se kyôtoïser.En pensant celaMme Yamada n'est pas jugeante.Mme Yamada est bienveillante. Mme Yamada sous le chocMme Yamada est sous le chocde la violence - de son ignorance.Elle ne savait pas.Elle n'imaginait pas.Elle a honte.Le gendre de sa meilleure amieLes a amenés au restaurant.Un restaurant taïwanais.Pas chinois.A sa droite, la sœur du gendre.Avec qui il travaille.Ils sont consultants.En marketing.Pour des sociétés japonaises.Ils parlentjaponais.Sans accent.Ils parlent de leur familleDe leur paysDe leur histoireEt Mme Yamada a honte.Mme Yamada est triste.Mme Yamada est fière.Mme Yamada a honte.Mme Yamada est fière du souvenir laissé par le Japon.Cinquante ansde colonie1895-1945n'ont pas laissé d'horreur.n'ont pas laissé de haine.Peut-être le souvenir dela haine, de l'horreurest-il mort avec les vieux qui le portaient.Bien sûr : japonisation forcée.Les grands-parents d'aujourd'hui parlent encore japonais.Bien sûr les taïwanais relégués en seconde zone.Mais Taiwan était pilote.Le projet pilote d'un projet d'empire.Une colonie-pilote.Avec d'immenses ressources.Sans infrastructures.Les ingénieurs sont venus.Les techniciens sont venus.Les urbanistes sont venus.Et cent ans plus tardquand une ville se déploieles réseaux sont déjà là.Les taïwanais de l’île aiment la culture japonaise.Les grands-mères, jeunes filles, avaient appris à lire et à écrire.Japonais.Ils savent en goûter le beau.杲Les japonais perdent la guerre.Mme Yamada fermeles yeux.杲L'armée de Tchang Kai-checkdébarque sur l'île.Et là,sous le choc,Mme Yamadaentendl'horreur.Mme Yamada est sous le chocde la violence - de son ignorance.Les soldats du Kuo Min Tangle KMTsont jeunesn'ont plus riensont illettrésviolentsde la campagne profonde.Ils ont beaucoup souffert.Et haïssent les japonais.Ils haïssent les japonaisLes japonais bourreauxqui ont perdu leur âmeen Chine.Mme Yamada ne cille pas.Elle ne sait pasSi elle doitcroireà ces histoires.Elle est allée,à Tokyo,au sanctuaire Yasukuni.Les soldats du KMTqui parlent mandarinpas taïwanaissont accueillisen libérateurs.Ils sont pauvresIls ont souffertDes annéesIls ont des armesQu'ils exhibentpartouttout le tempsAlors ils prennentAlors ils tuentTerrorisentColonisentUn jeune soldatdu KMTarrive dans une maison.Il n'a jamais vul'eau couranteIl menace la famillede son fusilpour qu'on lui donnele robinet.Puis revient tuerla famillequi lui a menti :le robinetqu'il a plantédans le mur de samaisonréquisitionnéene laissepassurgirl'eau claire.Une terreur blanche s'abat.Des décennies.Les taïwanais sont sinisés.De force.Violemment.Dans les années soixante-dixen primaire,Le gendre de l'amie de Mme Yamadaportait un écriteauautour du coupar punitiond'avoir parlé :taïwanaisMme Yamada est sous le chocde la violence - de son ignorance.Toute trace japonaisedoitdisparaîtreles famillesen pleursbrûlentleurslivresdétruisentleursbeaux,leurs précieuxobjetsjaponaisles soldatsdu KMTavaientdes armestout le tempsPuis les médiasTous les médiasTout le tempsMme Yamadaferme lesyeuxLa terreuramène la haineUne haine si forteque Mme Yamada frissonneLe repas est bonLe repas est finMais Mme Yamadavoit la peau tenduedu poingdu gendreVoit les larmes contenuesau coin desyeuxnoirsde sa sœur.Comme des victimes de violqui devraient vivretous les jourssous le pouvoir arrogantde leur violeurSans que personnene sacheMme Yamada est sous le chocde la violence - de son ignorance.Le gendre demande :savez-vous pourquoiles taïwanais sont si bons en électronique ?Mme Yamada ne sait pasLes taïwanais sont bons en électroniqueparce que l'éliteétudiantede plusieurs générationsne pouvait pas choisirles sciences humainesne pouvait pas choisirle droitne pouvait pas risquerla viede ses famillesà devenir intellectuels.L'ingénierieLa médecineQui permettent de partirAu CanadaAux USADe créer des usinesà capitaux japonaisà capitaux américainsOuiCa permet de bien vivre.Parce qu'on ne risque pasde faire de la politique.Un silence s'installe à table.Mme Yamada pense soudainà son portableMade in Taiwancomme à une concrétionde douleurs.Elle ferme les yeux.Elle a honte.Mme Yamada est sous le chocde la violence - de son ignorance.Le gendre poursuit.Qu'il ne voit pas l'avenir.Parce qu'au fondIl ne veut pasl'indépendanceMais la justice.Les yeux de sa sœurbrillent, figés, tremblenten noir et feu. Oui. Oui : la justiceUne justiceoù les livresrenaissentdes cendresoù les grands-mèresqui avaient apprisà lire le journalen japonaisne passent pasle reste de leur vieà craindrepour les leursUne justiceoù ceux qui ont fait du malpaient.Où ceux qui ont tentéde tuerl'âme taïwanaisesi fragile de sa jeunessesi découpée comme son reliefsi forte de sa résistanceaux typhonsaux séismesQue ceux qui n'aiment pasl'île de Taiwanl'insularitéde leur âmeretournentsur leur continentLa sœur pleure impassiblecarelle saitque ce qu'elle veut,la Justice,elle ne l'aura pasLa terreuramène la haineEt régulièrementle syndromede StockholmLa terreur blanche,sa propagandeses médiasont fonctionné.Aujourd'huiLes taïwanaisne savent plusdéciderce qu'ils veulentvraimentLe bol de soupe sucréede Taro à la cacahuèteau dessertest vide.Le gendreditqu'il ne veutplus payerd'impôtspour la centainede milliersde soldatsretraitéssurpensionnésdu KMT.MaisQu'il ne leur en veut pasà euxà ces soldatsprisadolescentsdans la guerreMme Yamada est sous le chocde la violence - de son ignorance. Mme Yamada se découvre l'âme SongLes yeux de Mme Yamadabrillent.Mme Yamada va au musée.Le musée qui l'irriteraitsi elle était chinoise,de Chine.Mme Yamadasi elle étaitprésidenteà Pékinelle envahiraitTaiwanpar seule colère pour cemuséeMme Yamadas’en veutde penser celamais elle ne peuts'empêcherde le penserLes yeux de Mme Yamadabrillent.Le musée de Taipein'est pascomme tousles musées.C'est un musée de trésors.Les trésors des empereurs de Chine.De trésors accumulés,conservésclassésrévérésDynastieaprèsDynastie,par les plus beaux espritsMme Yamadase sent lapetite-fillede ces plus beauxesprits,elle, japonaise, qui penseen kanji- 漢字 -les caractères chinois.Les trésorsdu muséese sont retrouvésà Taïwanaprès des annéesde routedans les mallesde Tchang Kai Chek.Les yeux de Mme Yamadabrillent.Il leur construit un musée palaisdans la banlieue de Taipeipour les y exposer.Par roulement.Il y en a tellement.Mme Yamadaest contentepour les chinoispour ces ancêtresde l'espritque ces trésorssoient conservés,aient été protégés,des fous saccageursextrémistesde la révolutionculturelle.Si leur exila servi à celail faudra remercier.Mais Mme Yamadapense que les taïwanaiss'ils souhaitent la paixIls devraient le rendrece muséequi n'est pas chez lui,sur une île.Si elle était chinoiseMme Yamadace muséelui ferait rougir la facecomme si uncousinavait voléla stèle dugrand-père.Mme Yamadasi elle étaitchinoisedu continentelle ne pourraitpas vivreaveccelaCe musée du si beau,Mme Yamada,pensequ'il est le fermentd'une haineterrible.La beautén'est pas làpour la hainemais pour honorerla vie des hommes.杲Mme Yamada ne s'y connaît pas bienen histoire.Mais Mme Yamada est curieuse,japonaise : appliquée.Elle se fie à son instinct.Pas à un guidePas à des écouteursElle a la chance d'avoir le tempsde marcher à son pasdans toutes les sallesque l'air conditionnérendtrop froides.Elle noueplus serré sonfoulard légersur sa poitrine.Mme Yamada,curieuse,est réticente.L'art chinoispour ellec'est trop d'éclattrop de bossestrop ciselétrop coloréElle se ditqu'elle est tropjaponaise pouraimer cela.L'ornementsans retenue,Mme Yamada,ça lui faitpenseraux voituresdes Yakusasà la vulgaritédes nouveaux richesC'est pourquoielle est surpriseUne première fois ici.Une deuxième là.Puis une troisième.StupéfaiteLes yeux de Mme Yamadabrillent.Elles'approcheet lit attentivementles noticestraduites en japonais.Bien sûrà l'écoleen coursd'histoireil y a bien longtempset à la téléelle savaitqu'ils existaient :les Song.Dans sa têteMme Yamadaquand elle pense auxSongelle voit宋un arbresous un toitqu'elle prononcesôMme Yamada,dans le musée de Taipei,se découvrel'âmeSonget ça lui fait briller les yeuxUne âmequi aimele beaudans la simplicitéle raffinementwabi-sabiéquilibréaux formesépuréesfinesnaturellescraqueléesMme Yamadadécouvrestupéfaitela grâceet le bon goûtde Kyôtodans la ChineSongdécouvreque le Japonqu'elle aimec'est la ChineSongMme Yamadane peut s'empêcherde rajouteren fermant lesyeux de malice,dans sa tête :une Chine Songplus l'excellenceaboutie ?Et puisMme Yamadase reprendcarelle s'est arrêtée.Les yeux de Mme Yamadabrillent.Elle s'est arrêtéedevant un rouleaude 9 mètres溪山清遠par夏珪Vallées et montagnes, pures, au loinparHsia KueiUn rouleaupeintil y a huitsièclesC'est un vraichocpour Mme Yamadaqui s'en veut.Qui en veut au Japonde ne pas lui avoirditque son peintre préféré,japonais,Sesshûn'était qu'un boncopieur.Mme Yamadaest stupéfaitedevantla beautéqu'elle croyait japonaisedes rocherset des pinsdevant le pinceau fortle pinceau douxle pinceau durCelui qui mouilleCelui qui fumeCelui qui biseLe pinceau qui lècheCelui qui claqueQui grattequi déchire et qui élèveLe pinceau qui tourmentequi charpentequi s'enfuitet qui reprendLe pinceau quisur neuf mètressaisit le tempsdes hommesle temps du mondeet lui souritsolidefortstablehumainvieillissantLes yeux de Mme Yamadabrillent.Ellesentque toute savieestlàAlorselle souriten tendantsa carte bancairepour une folieC'est la deuxièmede sa vieLa première foisElle avaitdépensédeux salaires d'ouvrierpour une statuequi plaisaità son mariet qui éclaire encoresonTokonomaEt aujourd'hui,une fois,d'un coup,sa retraite d'un mois,pour une copieau formatdu rouleaude Hsia KueiLes yeux de Mme Yamadabrillent.Mme Yamadaest fière.Fièrede son achatau magasindu muséeFière de sesentirSongDe retour chez elle,Mme Yamadasourit.Sur la noticede sonbeaurouleauMme Yamadalitque l'imprimeurde sa copieparfaiteestjaponaisMme YamadaMme Yamada la Song,la japonaise,souritet honore le rouleauen l'élevant,comme un katana,au niveau de sonfrontDevant ses yeux qui brillent Le cri de Matsumoto SanMme Yamada a un cousin.Matsumoto San.Il vit à Osakamais travailleàKyôto.Il est taxi.pour MK Taxi.Il a 69 ans.Matsumoto Sana un filsAkiraIl est taxipour MK ShuttleMatsumoto pèrese sent vieuxet gris.Parfoisdans son taxi noiravec ses gants blancs,les dentellesblanches,il a l'impressiondeconduireson corbillardMatsumoto SanestimpeccableimpassiblegentilsecMatsumoto père est fatiguéMatsumoto père est japonaisMatsumoto Sanen a assezd'être mouilléparles pluies.Il les aimepourtantces pluies de Heian-kyōElles sont douceset tristestristessans tristessecomme luiEt quand il pleutles gensprennentle taxiMatsumoto SanIl l'aime biensa compagnieChez MK Taxion se lève en trottant,on soulève sa casquettepour ouvrir la porte aux clients,avecun parapluiequand il pleutMatsumoto père est fatiguéMatsumoto père est japonaisMatsumoto Sann'achète pasde cannettes Bosscelles qui sontchaudes,à la bonnetempératuredans les distributeursqui clignotent la nuit.Il économise.Pour se payerune fois par moisune séance deNôquand il ne travaille pasle dimancheMatsumoto Sanest cultivé.Très cultivé.Quand il fait le taxiil se comporteen vieuxconducteur de taxicomme lesautresMais il connaîtpresque centpièces deNô.Parcœur.Matsumoto père est fatiguéMatsumoto père est japonaisMatsumoto Sanaurait vouluêtreōtsuzumiparce que pour lui, au nô,ce n'est pas l'acteurce n'est pas le chœurce n'est pas la flûtequi comptemaisl'ōtsuzumile tambour de hanchel'ōtsuzumiet son crison chantquiestuncriMatsumoto Sandepuisqu'il est petitil aurait vouluêtreōtsuzumiParfoisquand il vaau nôpendant les six heures,il n'entend que luil'ōtsuzumiIl sent son cricommeun râlecancéreuxcomme un râlealcooliquedans son ventrequi monteen tourbillonnantdans son ventreIl sent lagorge quirâpeet le palaisquifumecommeune plainteaccusatriceaux dieuxquirigolentCe cri,Matsumoto Sanle poussedans sa voiturequand il rouleà videdans une grande rue déserteMatsumoto père est fatiguéMatsumoto père est japonaisQuand il tournedans une petite rueen braquant fort son volantMatsumoto San le fait dans sa têtele gesteen demi cerclede l'ōtsuzumiqui frappela peau de cheval chaufféeet ill'entendle bruit「 chone 」de soncœurtambourqui percutele matsu peintsur le mur de fond de scèneet s'en vafracasserl'univers「 ChoneYoh 」「 ChoneYahhhhhhhhhh 」Quand il entenddans sa têtela piècedeNôqu'il se récitepar cœurMatsumoto Sann'entendque le choneet les yohles yahdel'ōtsuzumiIl les entendau carrefourcouvrirle bruitdes oiseauxenregistréscouvrirle kikoudu「 piéton traversez 」couvrir,aux plus grands descarrefours,la mélodietristesans tristessemais tristeparce quesans tristessedeTōryanseMatsumoto père est fatiguéMatsumoto père est japonaisLe crile cri duKakegoeMatsumoto Sanl'entendcomme la portequi libèreraitson cœurqui libèreraitson corpscomme un râle de mourantquiau fond du soufflereviendraitd'uncoup :parmi les vivantsMatsumoto père est fatiguéMatsumoto père est japonaisMatsumoto Sanle kakegoeIl l'entendcomme un premiercriprimal,de singe,commeceuxdessinges grisqu'il croiseparfoissur les bordsde la villeet qui le regardent passer,comme unimbécileMatsumoto père est fatiguéMatsumoto père est japonaisIl se sent vieux,sec.Il est vieuxIl estsec.Mais dans son cœur,son cri,il le sentvivantil lui prendla gorgeça l'étouffede le sentir siprèssi vertvivantetdese voirgristaxidanssonrétroviseurMatsumoto père est fatiguéMatsumoto père est japonaisIl pleut impairement sur la ville Quand elle marche dans la rueQuand elle marche dans la rueelle neles sentplusoutropLes couleursLes odeursElle ne les entendplusoutroples oiseauxles insectesQuand ellemarchedans la rueelle enportetropde couleursde parfumsde sonneriesEtsukomarchel'avant brasdroitrelevéencrochetgracieuxpourtenirsessacsVuittonEtsukovaau travailEtsukoestbelletrèsbelleEtsukoestla meilleureamiede la femmed'AkiraMatsumotoEtsukoestbelleetellemarchedans la rueversson travailsecretEtsukotravailledansunsoaplandEllenetravaille pasbeaucoupEtsukoest une star.Sesclientsprennentrendez-vous.Longtempsà l'avance.Etsukoestuneexperte.Etsukoestunestar.De soaplandQuand elle marche dans la rueEtsukone pense pasne sent plusles regardsdes hommesles regardsinvisiblesdes japonaisles regardsinsistants,des gaijinEtsukoestbelle.Et toujourstristeà l'automneElle n'y peut rienmais pensesouvent à la mort.A l'automneElle se demandesielle pourra encoresupporter longtempsde ne plussentirles couleursles parfumsEtsukola douleurde l'automneelle la sentmontercomme unplaisirEtsukole plaisirc'estson métierQuand elle marchedans la rueEtsukovoudraitrevoir la couleurdu rougeet du jauneet du vertde l'automneEtsuko voit bienlesfeuillesd'automnesur les arbresmais ellene voitplusleurs couleursEtsuko voitle rouge, le jaunele vert redevenu tendremais n'estplus sensibleà leur criEtsuko se souvientpetitede l'effetdes couleurssur soncœurDu rougemêléd'oret de vertqu'elle sentaitcommeun obi de déessel'entourantl'entourantl'entourantla serrantfortdans sesfilsEtsukovoudraitse souvenirdu rose pâleSakurapour mieuxlui cracherdessusEtsukovoudraitressentirvitele blancde l'umede janvierpour le vénérerle blancfroidde l'umele rougeviolacéde l'umecomme deslèvres en colèrele blanc d'hiverle blanc noirle blanc purqui mord et quilavele blanc neigecrissantéraflantde l'umeEtsukovoudraitrevoirle vertsans couleurde l'étéle vertinvisiblele vertdisparusous le chantéraillantdesinsectesle chantobsédantmétalliqueargentéciselédes insectesle chantdes insectesqui nourrissentles oiseauxqui chantentplus fortencorepuismoinspuis plusfortle matinle matinquandEtsuko se lèveàcinq heuresEtsukon'en peut plusde voirle noirdes corbeauxn'en peutplus du criricanantagaçantengorgédescorbeauxqui la suiventavecparfoissur le becun grain de rizcollantvolédans un templevolésur unetombeQuand elle marche dans la rueEtsukovoudraitmourirà l'automneEtsuko se sentcomme un automnecommeune feuille de kakid'automnequi a justefroid Mme Yamada au Kongô RinjiMme Yamadaa des amisSes voisines,celles de l'amicaledes anciensélèves,deuxanciennescollègues,lessixmembresde songrouped'Amnesty.Et d'autres amiscroisésdans la vie.Morita Sanest la responsablede son clubd'Amnesty.Tout le mondel'appelleSuperwoman.Personne ne luia jamaisdit.Personne ne lui a jamaisditqu'onl'appelaitSuper Woman.Morita Sanest à la retraite.Elleétaitinfirmière.Elle auraitpuêtrechirurgien-pédiatre.Elle voulaitsauverdesvies.Pures.Morita Sana eucinqenfants.L'un estmorttrèsjeune.Aquatreans.Renversépar unevoiture.Il s'appelaitEiichi.Les enfantsde Morita Sanonttous réussidansla vie.Le mari deMorita Sanestchirurgien.Le marideMorita SanétaitNeurochirurgien.Il enlevaitdes tumeurs.Ca le rendaitmalade.Le stressle rendaitmalade.Etquand il esttombévraimentmaladepour la deuxième foisIl a obtenuce posteimportantauMinistère.AvantMorita Sanne voyaitjamais son mari.Sauf parfoisà l'hôpital.Pendant lesgardesdenuit.MaintenantMorita Sanne voitjamais son mariqui travailleà Tokyoquicolloqueà l'étranger.Morita Sanon l'appelleSuper Woman.A l'hôpitalc'était lareprésentantedetoutesles infirmières.Elle est souventla trésorièrede l'associationde quartier.Elle étaittoujoursla présidentedel'associationdes parents.Depuisque cescinq quatreenfantsont quittél'écoleelleprésidele club d'Amnesty.Le cluba la responsabilitéd'unprêtreprotestantemprisonnéà torten Somaliedepuisvingt ans.Si personne n'écritquis'ensouviendraMme Yamadapenseà ses voisinesqui disaient「 Morita Sanelleen fait tropelle ne tiendrapasavecses enfantsson travailson jardin 」A Kyôtola viedoit t'assécherte momifierA Kyôtola vieest sérieuseet probeet digneet parfaitefatiganteet bonne.et dure.Morita Sann'est pas sèche.Morita Sansembleconnectée à unesource devie.Morita Sanest toujoursfluide.Morita Sanhonoresa viehonorela viecommesa grand-mèrele lui a appris.La grand-mère deMorita Sanétait aveugle.Etguérisseuse.Tout le mondel'aimait beaucoupTout le mondeavait peurquand elle étaitprise.Par son kami.Morita Sanelleellene porte pasde lunettes.Mêmequand elle conduit.C'est Morita Sanqui conduisaitquand elle afait découvriraux membresdu club d'AmnestyleKongô Rinji.Au Kongô RinjiMorita Sana fait mettreunJizopourEiichi.Le Jizod'Eiichic'est celuià droitequand on monteau piedd'un arbrenoueuxjuste avantles marchesà picinégalestrèsinégalesrectifiéestousles jourspour êtreinégalesMorita Sanles a toujourstrouvéslaidsces jizoMorita Sana toujourstrouvéque la femmedu prêtre n'avaitpas très bon goûtpour les tabliersdes jizol'agencementdes jizoLes jizoça ne devraitjamaisfairepenser àuncimetièremilitaire.Depuis que Morita Sanlui a fait découvrirleKongô RinjiMme Yamaday vientquatre fois par an.Deux fois à l'automne.Une fois au printempsUne fois en hiver.Mme Yamadaest d'accordavec Morita Sansur le goûtde la femmedu prêtreMais Mme YamadacomprendpourquoiMorita Sana choisice lieupour le jizod'Eiichi.Mme Yamadase souvienttrès biend'Eiichi.Eiichi nevoyait pastrès bien.Il portaitdes culs de bouteille.Mme Yamadacomprend pourquoiMorita Sana choisice lieucar c'est l'undes plus beauxdu monde.Oh Mme Yamadales aimeses jardinsde Kyôto.On ditde Kyôtoqu'ellea les plus beauxjardins dumonde.Mais depuisquelques annéesdepuis qu'elle connaîtKongô RinjiMme Yamadasait qu'ily a un lieuplus fortplus fortque sesjardinsses jardinsde sa villeIl n'est pas parfaitKongô RinjiCe n'est pasKatsura.On entendl'autoroute.Mais l'automnemais à l'automneun jour de semaineoù le parkingest videMme Yamadasent,quand le rougese metà monteraux arbresaux larmes,Mme Yamadasentqu'icila beautépuremurmure.La premièreémotionfortevientdans le jardind'en bas.Il y a dans l'eauune pierre vaisseau.On diraitune baleinejeunequi se cabresur le côtédroitune dernièrefoisavant demourir.Puis tous lesjizosouriantspaisiblesqui sont làpour des âmesd'enfantsnon nésd'enfantsmortsousauvésDes jizocouleurcimentavec des tabliersrougesà motifsvulgairesIl y a deux joursMme Yamadaa commencéà envouloirfortà la femmedu prêtre.Les centaines dejizodu templeavaient désormaisdevant euxdes moulinsà venten plastiquemulticoloreimmobiles.C'est la modedepuis quelquesannéesdans les cimetièresqui viventdu commercedes jizoMme Yamadaétaitau départen colèreparce quedes couleurs deparc d'attractiondes couleursplastiquepétrolecriardesdes moulinetsdans un lieu oùles arbresoù les pierressontsi beauxMme Yamadaça lui donnele sentimentd'être dans uncimetièrede fœtus de clownsde clowns aunez rougedu filmLe plus grandcirquedu monde.Puis Mme Yamada se reprend.Pense aux enfants.Tous les petitsaimentles moulins,soufflersur les moulinsà ventcourir pour faire tournerles moulinsà ventvitevitevite pour que les couleurss'emmêlentpendant que les grands-pères crient「 plus viteplus viteplus vite 」Mme Yamadaentendsoudainles riresdes enfantsmort néset tous lesriresdes enfants qui ne ferontjamais tourner demoulinsetle silencenoie brusquementla couleurde douleurMme Yamadasentdans sa gorgesa chancede vivreElle sentavec plaisirle goût durhumeet son nez froidla peau sèchede ses doigtset son souffletrop courtde monterles marchesvers le templedu hautsur les marches inégalesqui font mal aux chevillessur les marchesqui fontvaciller commela vieles couleursdes jizosont devenuesmonochromeselle n'entendplus que leur rirequi nous rouvrela portede notre proprerire.De petit.Mme Yamadaentendson rirede petite,etça l'éblouitça la tartineà l'intérieurde lumièreblanchede lumièred'orElle se sent vivanteet heureuseet vivanteet joyeused'êtrelàà voir les arbresles arbresles arbresMme Yamada est kyôtoïteet ses yeuxdes sourires douxTout setaitMme Yamadan'a plus desoufflequand elle passe la porte symboliquedu templele plus haut.Les jizo n'ontpas le droitde franchircet espace.Qui est tropbeau.Trop fortTrop durpour leurrireCette beauté-làCette joie-làne permetpas le rireQuandl'infinit'étreintpar sa présencetute taispourremercierla beautéet lesprêtresqui lanursentcomme unepeaudegrandbrûléAuhautdeKongôRinji,en novembre,un sakuraen fleurspâlesdans la jugulairevivantedemomijirougesang Akira sous les pontsAkira Matsumotoaime bienson métier,conducteurde shuttlepourMK shuttleIl a le sentimentdevoyagerd'aller loind'être piloted'être utilede rendreservicepour des chosesimportantesIl l'aimeson shuttledixplacesqui prendà leur porteles voyageurspour les conduireà l'aéroportet les ramèneà leur porteau retourCe n'est pasun intellectuelcomme son père,Akira.Lui, il aimeles gadgetsson gpsderniermodèleson portablederniermodèlesa consoledernier modèleLa femmed'Akiraluien veutd'aimerles gadgetsderniermodèlemais Akiratravailletellementsi tôtsi tardqu'elle ne ditrienEt puis elle n'oseraitjamaisla femme d'Akiradire quelque chosela femme d'Akirane dit jamaisgrand chose.Akirafaisaitsa pausedu matinAprèsdeuxallers-retoursàKIXquand il voitson copainIchiroIl le voittraverserKawabatapourdescendresur le bordde larivièreaux canardsIchirocela faittrès longtempsqu'il ne l'apas vu.Il ne vient plusaux réunionsdes anciensdulycée.Akiragarerapidementson shuttledans unparkingà cent yensles dix minutes.Il traverseen courantKawabataet descendsur les bordsde la kamo.Akirane voitpersonneLes oiseaux.Deux p'tits vieuxqui pêchent.Mais passoncopain de baseballde lycée.Akira marcheun peusur les bords de larivièrerevientsur ses paset soudaina un douteIl se demandes'il a bien vuIchiroIl revientsur sespas.Et comme soustous les pontsrive gauchede la KamoAkira voitles troisabrisdeSDFAkirase rend comptequ'il aimeKyôtoparce qu'on n'y voitjamaisla misèreCe n'est pas commeOsakaou des clochardscrasseuxs'exposentsur le solde la gareNon, àKyôtola misèrela crasseça n'existepasAkira n'aimepasles poussièresles tracesde doigtssursa consoleblancheAkiraconduitévidemmenten gantsblancsnonparce que c'est lerèglementmais pour que levolantbrilleAkira adans lecoffrede saKeijidoshadeuxplumeauxen plumesd'autruchevéritableset dès qu'ils'arrêteilplumeautesa Keiquand sa femmene se précipitepas pour lefaireavantlui.Akiran'aimepas lacrasseet il necomprendpas pourquoila mairielaissecesbaraquesen bâchebleuequ'on nevoit pasmais qu'on voitsi onpassesous lesponts.Akira seretourneparce qu'ila un douteil n'en a vuque deuxdes cabanesen bâchebleue.Non, il y en aunetroisièmeenbâche grise,cimentUn cube si parfaità la couleur siincolorequ'on ne levoitpasmêmequand onpassedevantAlorsAkiraa undoutecaril saitqu'Ichiroest architecteil se souvientd'Ichirocommetoujourssoucieuxdeperfection.Akiras'approchede la bâche「 Ichiro ?…  」「 Ichiro ?…  」「 Ichiro ? 」Le clochardde la tentebleued'à côtéquipue despiedsregardeà sa fenêtrede plastique「 Ichiro ?…Ichiro ?…  」「 Va t'en 」 L'art du gros cacaMatsu-jirô aimechier.Matsu, il aimeles groscacaLes p'tits rachtèquescomme dessushisnon.Lui, Matsujirôil aimeles cacagros commedesdaikonMatsujirôest le petitdernierde la familleMoritaLe seulfilsdepuis qu'Eiichiest mortIl avaittrois ansquandEiichi s'estfait renverserIl en atrenteaujourd'huiet il se ditque personnene viendrajamaisgâcherle plaisirqu'il prendàchierMatsuc'est unintelloIl a latotalele Phdles post-docsles publicationsles traductionsenEthnologiefrançaiseMais Matsu,il n'aura jamaisde postestableauJaponMatsupour l'instantil s'en moqueparce que làil le sentvenirson groscacaEt làquandil vientplus rien necompteque la sensationréjouissanted'êtrelàoù il fautet dese sentirfaireunaveclui-mêmeetl'universMatsujirôestun mystiqueun mystiquedu groscacaPour lui,spécialiste du shamanisme,unétron bien mouléc'estsacréC'est pour celaqu'il a investiun mois desalairedans ladernièrelunettedew.-c.de chez Totoalorsqu'il estsimplelocatairedesatoute petitemaison.La télécommandede sontrôneelle a presqueplus deboutonsque cellede sa téléMatsuil aimesonJaponrien que pourla sacralisationergonomiquedel'actepharede sa journéeMatsuse demanded'oùça lui vientd'aimer chiercomme çaIl revoit ces scènesoù ses copainsses sœursses amisfrançaispoussent descris de joieen félicitantleurspetitsqui ontfaitungros cacasur lepotIl se dit quepeut êtrela trace del'enfant en luiressent qu'il seraplus aimés'il faitsongros cacabien moulébiencomme il fautqui fait pousserdes ahbienveillantsjoyeuxà ceux qui nousaimentAttention :Matsu iln'aimepasle cacasonodeursacouleursatextureMatsuil n'est pasproctophileC'est pour celaqu'ilaimeles toilettesjaponaisesMatsujirôcellesoùun petit aérose déclenchequand ons'assoit dessuscelleoù l'on a la sensationd'être dans uneusine deproductiond'ordinateurla sensation defairepas de défairepas d'attaquerpas de contrôlerpas d'avoir hontemais d'êtrelàen penseur deRodinselibérant d'une lourdeurs'allégeant l'espritse sentir pousserdes ailescommunieravec lescosmonautesdans leursbelles tenuesblanchesCe qui lui a leplusmanquéà l'étranger,Matsujirô,c'est le finall'apothéosede sonrituelquotidienQui n'a jamaiseu droitau massagesensibleciblédoséefficacede l'extrémitéde son tubedigestifpar un jetd'eauadaptéà la bonnetempératureà la bonnepressionest unpuceaude lafélicitéhumaineLes grandeseauxde Versaillesseronttrèsbientôtoubliées parl'Histoiremais jamaisle jetle pschittdélicatdoucementrevigorantsoigneuxpropreet hygiéniquede lacuvettejaponaiseMatsu déplorejustel'opération suivanteoù il hésitesouventMatsu n'aime pastrop le séchoirà culincorporéà la cuvetteil préfèrele fraispas lebrushingMais le problèmevient dupapierquirésiste parfoismalausurplusd'eauquis'effilocheenbouletteset luiMatsujirôil n'aimepasles boulettesni la sensationdu papierqui vientgâcherlejetmerveilleuxni la proximitéde lamainavec sonderrièremêmepimpantMatsujirôappelle deses vœuxle géniele génialingénieur dechez Totoqui trouverala solutiontechniquela solutionsensibleMais làMatsus'en foutparce que le groscacaarriveet que la viemême imparfaitelaissetoujoursplaceà de grandesjoies Le premier chat qu'on perdDe viede mortChaquesecondequi passecommede vifde morte… devis de la mortMme Yamadachantonnel'air desfeuillesmortesenimprovisantcommeun jazzMme Yamadaaimela voixdeChet Bakerc'est sonmariqui le lui a faitdécouvrirMme Yamadabalaiedevant saporteen tablieravec sonbalaienbambouMme Yamadabalaieles feuilles d'orles feuilles rubisles feuilles émeraudeles feuilles sèches et qui craquentles feuilles mouillées qui se déchirentles feuilles gradientset les monochromesles stars et les plèbesElle balaie sa mémoiredans l'éblouissementd'une joaillerie vénitiennedans le troubled'un impressionnismeHeiseidans l'étincellementmordoré, vidoré,de pupillesde feuqui t'embrasent decouleurscomme si le monden'était plusqu'une matsuride couleursun groupe de taiko de couleursqui rentrentdans l'âmecomme des coupscomme des doigtsQuand ellebalaieen chantonnantgentimenttout basMme Yamadarepenseà son premierchatson beauchatson amourde chatson amide chatson complicede chatson cœurqui pleurede chatsa douleurde chatQuand elle repenseàson premierchatsa bouchefait desvaguesindécisesentre lesourirelarageet lesanglotParce qu'il y atrop d'amourettrop de peinetroptroptrop de peinetrop de peinede peinedans le souvenirdupremier chat qu'on perd La princesse de KyôtoMatsujirôrêved'une princesse.D'une princessede Kyôto.Il n'y croit pastrop.Matsujirôn'est nibeauni laidni grand nip'titIl a des lunettesil est japonaisil estdiscretOui mais.Oui maisle kamide Matsujirôil n'est pasdiscretSon kamià Matsuil est énormecouillupoilusolairerotantobsédégénéreuxterrifiantrigolardLe kamide Matsuil segratteet mange sescrottes denezParce queouioui,Matsujirôa unkamiAttentionMatsujirôestscien-tifiqueIl ne croitpasauxespritsMais on ne choisitpastropsa lignéeet Matsusonarrièregrand-mèreelle étaitaveugleelle étaitshamanIl n'a fait lelienqu'après couppendantsa thèsesur leshamanismemême s'il lesavaitdepuistoujoursMatsu était en IndeAprès laMongolieavant laTurquieavantl'AfriqueDes transes,il en avait déjàfaitesil en avait déjàvuesil avait déjàpresque tout lusur lesujetSauf que làPafsonkamiest apparuen s'grattanten rotanten souriantAprès coupMatsujirôil se demandece que l'indienavaitvraimentmisdans son bolIl n'est passûr que ce n'étaitque「 à base de  」plantesDonc sonkamiapparaîtwouflui donneun coup debideetblingIl est le kamirigolardtout en restantlui-mêmetout tout toutau fondmais alorsvraiment trèstrès trèsaufondIl est kamietil se metàrireà rire et àpéteret à rired'un rireénormed'un grandd'un grosfou rireet quandil y penseMatsuil en a encoremalauxabdoset les coinsdes lèvresquiremontentMatsujirôestscientifiquesa théoriec'est quela transenous ouvreun accèsà nousmêmeset auxautresà notre langueaux languesà toutes les languesà notrecultureà notrelignéeà notreanimalitéà notreminéralitéC'est ce qu'ilécritdans sesarticlesmaintenantMatsuet dans sesprésentationspowerpointqui font toujoursbon effetdans les séminairesoù ilparle enanglaisMais ce jourlàquand ilrigolaittoutseulpar terreen frappantle sold'une mainet l'autresurses abdosSa petitevoixdejaponaisà lunettestrès très trèsau fondellen'étaitpas trèsrassurée.Il se souvientde saquestion bêtede saquestiond'hommequand lekamilui a demandé「 qu'est-ce tu veuxsavoir 」Il se souvientde ses motsimmédiats :「 qui suis-je ? 」Son groskamis'arrête derireet depéters'assied enseizaen semassant la nuquerespirelentementprofondémentpar le nezet soufflecomme un jetde vapeuren hiverpar laboucheDans lenuageMatsuse voitavancersur uncheminbeaucomme unjeuvidéoMatsuaime lesjeuxvidéoIl se voitmarcherversun lacdemontagnele picotement dufroidlesoleildans les yeuxet l'air secpursucréMatsuregardedans lelac miroirsevoitvoitEiichiqui luisouritvoit laphotode sonarrièregrand-mèrequi luisourit et quidansevoit unbelhommeenkimonobrunqui marcheen forêtun grosmongolquitape sur untambouren peaude cerfet ilsent legoûtde l'alcooldans saboucheet ilentendles crissifflantsdel'aigleIl voitles montagnesla neigele bleule grisle noirle jaunele blanc le blanc le blancde lamontagne et le froiddans ses piedset l'airfroidtrop froiddans sespoumonsIl sentle solsecsans eausousses piedsnusnoirsdecrasseet lachaleursuffocantedesterresbien aprèsles montagnesla pluiechaudela pluie quinoieet il ne voit plusses piedspendant qu'ilmarcheen faisant des gestesétrangesavec sesmainsqui dansentEt il se senttournerpartirdoucementla tête enarrièreen tournantla tête enarrièreen tournantlentementdoucementlonguementcommeuneétoileIl se voitgroshabilléd'un tissublancà boiredu vinmêléd'épicesà envomirenrespirantdes fuméesjaunesqui puentet il a malà la têted'avoir lesidéestropviveset il entendle bruitd'un troncqu'ontapeet sespiedsnoirsqui tapentsontorsenoirquis'offreet la coursed'unfélinjauned'un félind'orqui fondsur saproiequi est lavéritéet lelacredevientmiroiret luimontreunsingequi segrattes'enlèveunpoulemangeprendune pierrelajettedansl'eauet la pierrene touchepas l'eauelle resteà lasurfaceà tournerdoucementlentementen luisourianten luisouriant Ume. De KyôtoL'une desprincessesde Kyôtos'appelleUmeUme c'est unpseudoUme elle estpianisteUme, elle n'accompagne pasUme,c'est elle qu'on accompagnemais pas sur scène.Sur scène,Umejouetoujoursseuletoujoursc'est son principeelle ne s'adaptepasà la musique desautresjamaisjamaismême les plusgrandsmême pours'amusermême entreamisUmene transigepasavec leJusteetmême lesplus grandsmême sesamisl'aimentparce qu'ellene s'amusepasquand ellejouemaisjouitfaitjouirjouir et rejouiretélèveQuand Umejoueil n'y a plusque lalumièreToutesles couleurs,parfoisuneet Umeaimetracer ausumi-eparfois deuxtrois, sixcouleurscomme unautomneunprintempsune pupilleun suçonun vieuxbleusur la cuissela morsured'une goutted'eausur uncharbonabricotleblancd'une maind'unelèvrequ'on aserrétrop fortle blancdesmorts,le noirdes cilsqui traceuncaractèrealeph,kanji,quibavecommeunelarmedejoiesur tajoueUme est une princessede sa musiquede sa musiqueet deKyôtoUme ditma musiqueestKyôtoKyôtoEt cela elle ne le ditjamaisqu'àelle-mêmeUme neparle jamaisjamaisauxjournalistesUme, cela a été trèsdurviolentsilencieuxquand elle adità sa mèrequ'elle prenaitla nationalitéjaponaiseEt sa mères'est retournéeen pointantla photode sonmariLa famille d'Umeestcoréenne.Depuistoujours.Avant, ils ne saventpasQuand on est coréenau JaponOn ne le dit pasOn masque son nomPar un nomjaponaisOn défie parfoisles gensdu regardquand leurs yeuxexprimentbrièvementun douteon les défieà la manière d'un samuraipour montrer qu'on est d'iciou bien on faitvisagebasProfil bashumbletransparentinvisiblepour montrer qu'on n'est paslàMais jamaisjamaison n'abandonnesa nationalitécoréennemêmeaprèsdeuxoutroisgénérationsà vivreicienjaponaiscar ce seraittrahirsalignéesonhistoireQuel est le foule foula follele fouqui cracheraitqui prendraitle risquequi prendraitla honted'insulterde fâcherses ancêtres ?La vie est déjàsuffisammentdurecommeçaavec lesvivantspour ne pasrisquerla vengeancedesmortsEt quiest-onsi l'onn'estplusd'oùl'on vient ?Commentsavoiroùaller ?Alors quand Umea annoncéqu'elle prenaitla nationalitéjaponaise,la mèred'Umea criéà l'intérieurpleurépriéviolemmenten sachantque cela ne changeraitrienUme,elle ne voulait pasla nationalitéjaponaiseUme,ellevoulait la nationalitékyôtoïteMon âmedit-ellen'est pas japonaisecoréennejaponaiseelle estkyôtoïteKyôto, dit-elle,n'est pas japonaiseKyôtoc'est la viedanschaqueglobuledesangquipasselàdans ton cœurd'hommede femmed'hommede femmed'enfantLa nationalitékyôtoïtec'est lepasseportdel'humainet Umesa lignéeellela sentplus humainequecoréenne,sa viequivientplushumainequejaponaiseKyôto,Ume,sa musiqueet sa viequi est samusiqueestun sanctuaireunmandalasansaiguillesqui apaisequi élèvequi protègequi élèvequi souritqui dissoutqui partagequi élèveet quijouitqui élèvequi honoreUmeest deKyôtocomme le plusbeaudel'humainEt chacun y entend clairesa lumière Ryû au Kongô RinjiDimanche, Ryûle marid'EtsukoetEtsukosont allés auKongô RinjiEtsukone sesouvientplus commentelle en aentenduparlerLa cousined'une amiepeut-êtreElle aimebienquand Ryûrentredeux foisparmoisdeTokyoRyûelle s'estmariéeavecluiparamourIlsétaienttouslesdeuxdans lamêmeuniversitéd'artRyûvoulaitêtrepeintreElle,elle,aimelespeinturesdeRyûCommedescalligraphiesencouleursabstraitesautrèstrèstrèsgrospinceauquivautplusqueleurkeijidoshaMaisRyûn'apassuvendresescalligraphiesIltravailleaujourd'huipourlatéléIl estgraphistepour latéléRyûpensaitqueçalui ferait descontactsIl ne saitpeutêtrepas se vendrePeut-êtresoncœur ne veutpasvendresestoilesAlorsil estgraphistepour latéléAuJaponle travailde RyûestcapitalAla télétoutes lesémissionsontungros staffgraphiqueet Ryûil eststaffet commeilest bonil monteviteen grade :80 heures parsemaine.Lesbonnessemaines.A la télé au Japon,tout estsous-titré engrosencouleuravec des effetsrigoloset dubruitagede jouetpourenfantscomme dansles jeuxtéléitaliensvulgairesmaisbonenfant :japonaisRyû ne travaille pasausous-titrageIl travaille aupapier-collageRyû a ététrès choquétrès surprisestomaquéd'apprendreque çan'existe pasailleurslepapier-collageAu Japon,empire dunumérique,lepapier-collagedes annéessoixantec'est importantRyû,il travaillepour toutesles émissionsLes débilesLes rigolotesLes divertissantesLes sérieusesLes infosLes reportagesLes sportivesParce que Ryûest untrès bonpapier-colleurLe papier-colleurc'est legraphistequi faitles panneauxen couleuren papiersur lesquelssontcollésd'autrespapiersen couleuravecdes chosesécritesdessusA la téléjaponaisecelui quiparleil atoujours un tableauavec despapiersen couleurà côté deluiA la téléjaponaisec'est toujoursrigolocaron saitque surletableaudes papiersen couleuril y a d'autrespapiersen couleurdessouset tout d'uncouphopcelui qui parleretirele papieren couleur dudessus,hop,comme unpansementpost-itet hopil lità voix hautece que lacamérafilmeet qui estsur le papiercouleur dudessousqui parfoiscacheunautrepapiercouleurRyûà l'extérieuril estmou dutofuRyûil estfougnafougnaRyûil sembletoujourséteint.Sauf quandilpeint.Maissous sonairfougn'Ryûa les idéesclairesSon patronl'a biencomprisquand il a vuqu'il n'endémordraitpasde sa nouvelleméthodepour lespapiers collésà décollersur les tableauxde latéléC'est une grosseindustrielespapiers collésde latéléRyû a lesmeilleuresimprimantesbranchéessur sonordinateurjamais plus vieux de six moisEt despapierspansementsqui se collentet se décollentpour les grandesimprimantescouleuret chaquefeuille vautplusqu'un grosbilletMais ces papiers-làRyûil n'en veut pasRyû a trouvéune techniqueoù il pschittesur dubeau papierplastiquede la colleenbombeau degréde collantquelesprésentateursaimentparce que ça necollepas auxdoigtset que ça fait un beaubruit dolbyd'épilationà lacireC'est sûrle pschittprendplusdetempsMais lesprésentateurssontcontentset çale producteuril préfèreLe producteuril aimebienquandtout le mondeest contentdespapierscollantsDoncRyûrentrerarementpourvoirsapoupéesabeautésonEtsukoqu'ilaimedontil estfiermais qu'ilesttristededécevoirà ne pluspeindremais il sedit que c'estprovisoireque peut-êtreil rencontreraquelqu'unpour vendresespeinturesou pourun rôled'actricepourEtsukoqui estsibelleAlorsDimancheilssont montésdans leurpetiteKeirouge àdeux placeson diraitunevoiturede sport.Qui nedépassepas les100.Kilomètres heure.Ryû aprissonappareilphotole derniermodèleet sesplusbeauxobjectifset il sait que le toutvaut plus que sonplus grospinceauqu'iln'utiliseplus.Quand ils visitentunendroitEtsukoetRyûle font chacunàleurrythmeet ils se retrouventà lafinpour prendreunmatchaet un gâteau.Ryû aimel'automnecar c'est la saisondes mandjouaumarron et ilaimequand le gâteaufume encoresa vapeur.Ryûtous lesansdepuis qu'il estnéil va voirlesmomijiqui ne sontpas del'artmaisla natureet il ne sait toujours pasexpliquer la non-différenceà ses amis non-japonais.Ryû iln'aime pasquand il y atrop demondeet en même tempsil aimetout ce mondeparce que c'estbon desavoirqu'on partagelebeauavec luiet elleet elles, les mamiesle couple là-baset les gaijinet le groupe detouristeset chacun a sonappareilphotoqui vautcheret on sebousculerespectueusementcomme si ondansaiten rondefraternellesororalehumaineautourdu beauà dégustersavourerce beauqui n'est pas del'artmais quirevientet l'on aà chaque foisunandeplusRyû sedemandesi cetteannée estspécialeou si cetempleestvraimentplusbeauC'est la première foisque la couleurdes feuillesle frappeméchammentça luicuitles yeuxet il n'apasressenticette sensationdepuislongtempsdu tempsoù il utilisaittouslesjoursson très très très trèsgrospinceauet ses encres decouleurd'eauIl reste devantunarbresous un arbrele cou en arrièreà en avoirmalil ferme les yeuxet les couleursse mélangentet restentsousses paupières.Aumilieu dufront.Il ouvre les yeuxles fermecar le soleilrentretrop fortet il voitle rubisl'émeraudel'orle rubisl'émeraudeet l'orle rubis, l'émeraude et l'orse mêlers'embrasserse cristallisercomme du sucres'extraire commeunpremier jusd'eau de vieimbuvableà 80 degrésqu'on utiliserapour lesplaiesle rubis, l'émeraude et l'orpour briller plus fort, purcomme l'extrait d'un mondequi ne connaîtrait pas la crassela douleur la violence la mortqui ne serait quelumière, couleurpurele rubis, l'émeraude et l'orcomme si la matière des refletsles plus beauxs'instantanisait en bijouxle rubis, l'émeraude et l'orvivantsflottantsvolantsdansleventqui s'appliquedoucementàéplucherlesarbresRyûémuse metà marcherplus vitepour rejoindreEtsukopourpartagerlesyeuxfermésavec elleen luiprenantlamainIlla voitau loinprèsd'unecentaine dejizoposéssurla mousseIl fixe son zoomstabilisépour faireun portraitlereposeDans son appareilRyûvoitEtsukoquisanglotedoucementsansbougerEtsuko pleurepleuredecomprendrequ'elleest entréedans leSoaplandla premièrefois,sixmois,six moispileaprès avoiravortéà lademandedeRyû Les vélos, les parapluiesMme Yamada est énervée.Elle est mêmefranchement encolère.Là, dans la rueelle aimeraitbien que quelqu'unlui cause unpetit tortpour pouvoirse laisser alleret criertout fortcomme unefemme d'Osaka.Parce quetrois foistrois foisc'esttropDepuis ledébutde l'annéeçafaittrois foisTROIS foisque lafourrièrelui embarquesonvélo.Etpuis làelle seretrouvebêtecomme unmandjouavec son sacà commissionsparce qu'ilpleutetqu'évidemmentquelqu'unlui apiquéson parapluiele parapluiequi tenaitbiensursonvélo.Alorselle hèleuntaxi.Un vieuxmonsieuréteintqui lui fait penser à soncousin.Quitented'initierla conversation「 samui ne ! 」Mme Yamadaesttellement en colèrequ'elle a envie de répondre :「 Samui ne ? Samui ne ?Bien sûr qu'il fait froidet puis y'a quinze joursc'était 「 Atsui ne 」 parcequ'il faisait encore chaudEt puis quoi encore :burekingu niouzu,breaking news,la pluie mouille ? 」Si elle était sonamied'OsakaMme Yamadase ferait plaisirà lâcher fort savoixdans lepalaiset les aigusà en avoir la gorgechaudeet les yeux qui sortentun peu vers lehautelle lâcherait savoixsur la fourrièreet lesparapluiesavec le chauffeurquicommenteraitpoliment mais fermementsur le faitque la fourrièrec'est des pourriscommissionnés parla mairie qui nesait pasce qu'elle veutsur le Protocolede Kyôtola pollution et lesgros nuages noirsdes buset queblablablapechakuchaMaislàMme Yamadaest tellementen colèretellementkyotoïtequ'ellerépond「 ne 」et s'enfoncedans sonsiègerecouvertdeson drapblancimmaculéamidonnéen décidantqu'elle nemettra passaceinturede sécuritéDesparapluieset desvélosMme Yamadaelle enaeubeaucoupPlusieursdizainesPlusieurscentaines.Si.Elle sesouvientavecémotiondeson parapluiequi a vécudeuxansDepuisellen'achèteplus que desparapluiestransparentsau100 yens shopet elle piqueles mêmesque ceuxqu'on luipiquequand vraimentvraimentelle ne peutpasfaireautrement.Mme Yamadaest énervéeparce quedepuis quec'est interditelle ne vaplus pouvoiren trouverdes supportsà parapluiequ'on fixesur leguidonet qui permettentde pédalerdoucementbien droitavec le parapluieouvertau dessus desoien faisantattention,comme dans un balletde danse classique,à ne pastoucherle tutu parapluietransparentdes autres vélosqu'on ne voit pas dans legris blancdu cielParce que ça,c'estsûr,elle n'irapas à lafourrièremême s'ilslui écriventtrois foisvu quetous les vélossontimmatriculéset que le policierdu kôbande son quartierviendra la voirD'abordparce que lafourrièrec'est plus cherqu'un véloneufmaintenantqu'elle n'achèteplus que desvélos àune vitesseparce qu'àforceça coûtetrop cherles vélosplus chersElle n'ira pasparce quel'annéedernièreelle est sûreque c'est undes gars de lafourrièrequi lui a piquéla batteriede sonvéloélectrique etc'est làqu'elle s'estdit :plus jamaisplus jamaisMme Yamadaposesa tasse dethéla grosse grisequ'elle aimebien et quiréchauffe bienlesmainss'assiedprès du chauffageélectriqueà résistancequ'elle vientd'allumeretpense à lavieMme Yamadarêved'unevieoùpersonneneperdraitn'oublieraitoùpersonnene seferaitvolerson parapluieunevie sansfourrièreoùquand ilpleuton traverselentementrapidementlentement-rapidementcomme dans un filmmuetlespontsde Kyôtole dosbiendroitsur sonvéloavec unparapluietututransparentquiprotègelavie Les kakis「 Et ton voyage dans ta maison de Kagoshima,tu nous as ramené des kakis ?NonLes singes et les oiseaux ont tout bouffé ?NonQuelqu'un m'a volé mes kakisC'est p'têtre ton voisin, le vieuxCelui qui était une terreur quand il était petit, il va bien ?Mmm, il a tenté de sesuiciderIl est allé à l'hôpitalpsychiatriquemaintenant il estdans une maison deretraiteil mange bienIl a juste cassé sa voitureà cause des médicamentsmais lui n'arien euDoncça vac'est pas lui.Plutôt que de parler,tu ferais mieux de te concentrer sur lapartie 」Matsujirô, c'est le genre deconversation qu'il entendquand il vadans ce club de goprès de la gare deKyôtoOn paie à la partiele prix d'un curryon a le droit à un théet à la fuméedes papysqui fument comme des bougies de templequi se sont faits virerde chez euxparce que leur obâsan ne lessupporte plus depuis qu'ils sont à laretraiteMatsujirô il aime bien leskakisles arbres noirs sansfeuillesremplis de grosses tomatesorange comme desboules de Noëlcitrouilleet qu'on laissemûrirsûcriret qui parfois sont exquiseset parfoisshibuiL'astringence du kakinon mûrMatsujirô l'aimeparce que cettesensation qui rendmuet, la bouchesèche comme en crisemycologiquefarineuse avec un goût derien,c'est elle qui nommel'âpreté de l'art japonais :shibui -simple, modesteimplicite, tranquillenaturel, sainrustiqueShibui.Se connecter à shibuic'est comme un alcool tropfortqui fait ouvrir la boucheet les yeuxsauf que làce n'est pas de l'alcoolc'est de l'artc'est l'artles arbres noirsaux branches nuesaux branches noiresqui couvent lesboules orangecouleur d'automnecomme un excès d'enfantune éructationjoyeused'avant l'hiverquand il n'y auraplus que lenoirquand les arbres ne serontplus quenoirsnoirset toujours aussibeauxMatsujirôil se dit çaen se faisantbattre et çal'énerveMatsu il passede temps en tempsdans ce clubsurtout quandilrevientduSoaplandd'OsakaMatsu il estfort au go3èmedanEt là ça l'énerveparce qu'il sefait battrepar une fillemochemariéequ'il voit pour la premièrefoisavec un accent pas possibleet habillée sans lemoindre goûtce qui lui semble improbableauJaponIl est d'autantplus encolère qu'il se faitbattreélégammentsans avoir le sentimentde maljoueren prenantplaisir à la partie quin'estni agressiveni molleni convenueni surprenanteni décisive et stressantemais justeaériennecomme si elle sejouait deluiIl sentdans sa poitrineson gros kamiqui rigole fortqui se moqueet ça l'énervedavantageAlors il abandonneen regardant la filledroit dans lesyeuxQui sourit en louchant Le Nirvana de Mme YamadaCe jour-làMme Yamadas'est réveillée avec uneviolentemigraineet elleen a eu un peu denostalgieCa luia rappeléle temps où elle avait parfoisdesrèglesdouloureusesElle s'est dittiensje vais peut-être me mettreàrajeunirredevenir jeunefilleEt c'était unepenséeplaisanteMme Yamadaa toujoursétésensuelletrèssensuelleMme Yamadaaimejouiret enraged'êtreveuvealors qu'elle asoifdejouirOh biensûrMais ce n'estpaspareilCe n'estbiensûrpaspareilMme Yamadase disaitcelaen balayantles feuillesjaunesrougesjaunesdevant sa portecomme tous lesmatinsmalgréson mal detêtequi devenait deplus en plusfortElle se faisaitpourtantsourireen sedisantet silespassants à quije disbonjoursavaità quoila femme âgéeque je suispenseEt puis tocça lui a faitbizarredans satêteElle sentquequelque chosene vapasElle atrès trèsmalune sensationcriMme Yamadase sentdevenirlumièreC'estbon comme lescacahuètes sucréesqui ne collentpas aux doigtscomme siKannon la bienveillantela prenait délicatementdans sa paumepour la caresser de lumièreet ce n'est pas unecaresse car elle n'aplus decorpselle n'est plus MmeYamadaelle n'est plusuneelle esthors tempshors lieudans un fluxvivantun immense rubande miel d'or blancde toutes lescouleursqui l'aimeau-delà de toutamourde toute beautéde toute tendresseEt elle est ce flowles feuilles jauneset rouges etjaunes leciel et lalégèretécomme un dashid'AmidaElle respire,retrouvela sensation horrible de soncorps et d'elle-mêmele tempsde voirle visagede sa grossevoisinecelle qui mange tout, tout de suite,penché sur elleaffolée et elle parleune langueétrange on diraitde l'alienMme Yamada sedit qu'ellevientpeut-être d'être enlevéepar des extraterrestresqui prennent la formede sagrosse voisinepour communiquer avec elleOu peut-êtrequ'elle faitl'expériencede l'illuminationbouddhiqueelle qui n'ajamais vraimentcruàrienPeut-être qu'Amida lui demandede renoncer à l'illuminationparfaite et de retourneren bodhisattvagénéreuxs'occuper desgrosses voisines quimangenttout, tout de suiteAlors là Mme Yamadaelle se ditcacahuète tiens,qu'elle s'illuminetoute seulela grossevoisinerendez-moila lumièreet lacommunionavectoutqui est mieux que le plusgranddesorgasmesparce que j'en aijamais eu desilonget la lumièreet lescacahuètessucrées qui ne collentpas aux doigtsetMme Yamadareplongedans le dashide lumièred'Amidadans la couleurd'or des feuillesqu'elle estle rubis de tous lesmomijiqu'elle sents'amuserfaire des mouvementslents des feuilles de la mainpour dire au revoirà la gare quand ons'en vadoucementet qu'on n'y peutriende lentsmouvementscommela queued'une koiinfiniequi seraitbouddhaet elle est lakoiet elle voitla feuillerougedescendrelentementenspiralepourtoucherl'eauvertefroideSur le sol,convulsante,Mme Yamada a une attaque 松 Une vie sans momijiDans son taxiMatsumoto Sann'avait jamaispenséàcelaAlorsquand le touristelui ademandé,vers la Gare,d'honorerlesmomijipourluicar enEuropeil n'y apas demomijiet qu'il fallaitqu'il imagineune vie sans momijiMatsumoto Sanaressenti unedouleurcomme si on luiarrachaitles yeuxcomme si on luibrûlait lecœurcomme si l'idéeseulemutilaitson âmeUne vie sans momiji ?Et immédiatementMatsumoto Sana compris unpeulaBarbarieMatsumoto Sandans son taxia toujours senti fort enlui l'évidence :on devientaussice que l'onvoitTu voisla montagnetu deviensla montagnetu vois laplainetu deviens laplainetu vois la villel'acier, le bétontu deviensla ville, l'acierle bétontu vois la mer,le sablele déserttu deviensla merle sablele déserttu vois le verttu deviens le verttu vois le gristu vis le gristu vois le blancet tu te bats en l'aimantà l'intérieur,le blanc,tu vois le vulgaireet tu le deviens.Comme unaméricain.L'homme est uncaméléon.Unmiroirqui ne fait pastache,mais sepliese fondse formeMatsumoto Sanpense queçaexplique pourquoi lestouristesfonttachepourquoi l'étrangerfaittacheet Matsumoto Sann'aime pasles taches sur saCrown noirequ'il briqueavec ses chiffonsmicrofibres,les traces sur lesjantes qu'ilbriqueavec le produit à jantes;les traces sur lesdraps blancsamidonnésde ses sièges;les traces sur sesgants blancs.Matsumoto Sann'aimepas lestachesparce que toutesa vieil lapasse à respecterl'invisiblel'harmoniela forme qui est làparce qu'elle estlà et qui doitêtre làcomplètementparfaitementencore plusparfaitement encorequand la naturede la formeest d'êtreimparfaiteMatsumoto San sedit qu'il ne peuttoutsimplementpasimaginer une viesans momijiQu'il ne peut imaginerune vie sans regarderlesarbresUne vie à ne pas êtreunarbreLes sakurasiles sakurac'est un arbrebêtequichouillequinzejoursqui chtouilledix joursun rosedegaminesLes sakurac'est unarbredepucellesde fillesqu'on n'a pasencore fait jouirdu regretd'un tempsplatoniqueoù seserrer la maincompte plus quel'entrejambeSakura,une couleurdep'tite fillede peaufraîchede pomponsdebébésLes sakurasont destachescar cerose-làn'existe pas,dans lavie.L'umeouiça existeet ça sentlepubisL'umec'est dupornononcryptédont on voit lespoilset qui estbeaudupornbeauquitransitet'élèvecomme de laneigesur lespaupières,duselsur lalèvreune caressejustecomme unaccord dejazzbien placécomme unyode nôqui fendl'âmede touslesmortsCe seraitdurunevie sansumemais lamajoritéde lavieest uneviesansumeonsait legoût que çaaquand il n'y apasd'ume danssavieet parfoisil n'y a jamaisd'umedanstoute sa viealorson jouitdessakuraetl'on ne saitpas qu'onestpauvreMais une viesansmomijiune viesansmomijice doitêtrejustedouloureuxcomme letemps où l'onn'existe pasavant lachienne de vieaprès lachienne devieMatsumoto Sansentqu'il doitmanquer devieceluiqui vitsansmomijimanquerdeviedetenued'élégancedefinessede vieL'horreur saisit uninstantMatsumoto Sansifortsifortqu'il ressentsoudainune grandepitiédel'amourpitiépour ceux quiviventvivrontauront vécula cruautéignoréed'uneviesansmomiji Les marches d'InariJe suis une petitefilleet j'ai décidéque je ne parleraique lorsque je neferaipas defautesMa mère meportedansses brasJ'ai la têtemolleLe corpstoutmoudans le tissuqui mesoutientla têtesur sonépauledroiteet quandj'ouvrelesyeuxje vois desfeuillesdetoutes lescouleurssur lesmarchesd'InariMa mèresentl'essence.Ma mère est pompiste.A temps partiel.Ellesentl'essenceet passe beaucoupdetemps àlaver sesdoigtsnoirsMa mère estpetitepetiteet très forteetses cheveux sontlongsnoirs plus noirsque sesdoigts et ellepassebeaucoup detemps àlaver sescheveux noirssinoirsqu'ils reflètentle blanc ducielle blancdunéondufrigoMa mèreestpetiteet trèsforte.Sur son vélosansvitesseselle portemon frèreà l'arrièreet moià l'avantet ellemontela côtesanstranspirerquandon revientde chezObâsanElle netranspirepasou alorsça sentbonquand elle meportedans lemétrodans letrainet qu'il faitchaudet jem'endorstout de suiteenbavant unpeula boucheouverteet le corpstoutmoumême quand elleparleavec monfrèreou quandellepousselapoussettepour faire de laplaceà ceuxqui rentrentens'excusant dansmon oreilleetson haleinesent toujoursun peulegingembre杲Il fait beauaujourd'huiIl est11h dumatinet j'aimeFushimiInariJ'aime quandmamanmeporteenmontant desmarchescar jesensson cœurplusfortje lasens plusvivanteplusforteet j'ailasensation deflotterchaquemarchecomme unplusgrandbattementdecœurcomme unsouffleMaman aimeFushimi Inariet parfoison vienttousensemblePapa et Ojiisanportentla poussetteet grand-mèresurveillemon grandfrèreAujourd'huinous ne sommesque toutes lesdeuxet jedorscomme dumieletj'aimeFushimilesrenardsd'Inarila lumière dans lesarbreset le rougele noirle rougedouxsolide commemamantendre commeses brasle rougerougequi n'est pourtantpasrougedes toriid'InariDepuis que je suisnéeHaha meconduitàFushimipour fairele grandtouret allerdevant une pierrepréciseà l'écartdugrand touroù elle allumedesbougies etapporteparfois deschosesElle m'adit que samèreavait fait lamêmechose et quejeferaipareilavec mesenfantsJ'aime entendrele cœurde mamanquand jedorstoutemolledans lesbrasdemamanet j'aimequandj'ouvre lesyeuxvoir lespetites feuillessèchesde toutes lescouleurssur lesmarchesd'InariIl pleutet je me demande s'ils ont froid,les renards. Que cela cesseLe vieux monsieurveutquecelacesseIl veutmourirIl n'enpeutplus del'automneIl n'enpeut plusdesfeuillesdescouleursde labeautéinsupportabledesmonts deKyôtoau soleilet del'automneinterminablequi ne cessepasqui setransformecomme unelonguenauséeavecspasmeset qu'on n'arrivepas àvomirIl est tropvieuxmaintenantIl n'estplus dansla vieet iln'aplusd'énergiepour aimerles vivantsqui yrestentdans lavieIl n'est plusquehainecontrece qui necessepas :sadouleurlaprisonde soncorpsqui serefermepluspetitechaquejouret ladouleurtoujoursaussiintenseetinutilecommechacunde ces joursdeplusIl faut que çacessePlusdecouleursaux arbresplus defeuillesauxarbresplus defeuillesplusdevieLe vieux, il ne comprendpascettetorturepourquoiplutôt que de lelaveravec desgants humidesqui font plissersa peaucomme uneserpillèreplutôtquede changersescouchesles infirmièresne luidonnent pasun boncoup sur lanuqueElles voientbiensa haineEllesentendentbiendans laraclure de sa voixla hainede lavie quisurvientpourfaire malSes enfantsla voientbien et c'est unedouleurpour euxdeveniraffronter cettehaineles petitsenfantsla sententbienau téléphoneet ilsn'appellentpluspour parlerde la viealors qu'ilveut justeque cela cesseUn vieux quisouffrede tropsurvivretous lesjoursne peutparlerne peutentendreles rapportsdeviede jeunesvivantsc'estindécentalors les jeunesn'appellentplus et ilss'en veulentet levieuxs'en veutqu'ils s'en veuillentmais il ne s'enveut pasde vouloirquecela cesse,le soleilsurl'orangedes collinessur le vertjaunedes feuillesqu'il voitde sonlitqui puelapisseIl y atroisansil avaittentéd'arrêterde respireret dese faireéclateruneveineen soufflanttrès fortdanssa têteen pensantque ce n'estpas commeun suicideparce queBouddhan'aimepas çaetqu'il neveut passe réincarnerenpireIln'y ajamaisvraiment cruà la vie d'aprèsà la Terre Purequi serait ici-baslà-basmais auJaponon meurtbouddhiste :on nesaitjamaisLe vieuxn'essaie plusde tomberdulitpour se casserle dosqui n'estplusqu'unelignedeverrequi l'empêched'êtreassisdeboutcouchésans avoirmalcomme uneséancesans finchez undentistequis'en foutet maintenantquel'automnen'est plusrougen'est plusvertn'est plusjaunemaisorangele vieuxmonsieurveutque celacesseIlappellelenoirDepuis unesemaineplusfortencorecar il a toujoursvoulumourirlejour de sonanniversaireCela faitproprecomme quandon paieavec l'appointet la caissièrevoussouritAujourd'huic'estbêtedepuisquel'ambulancel'a transféréauservicedeneurochirurgieil ne veutplusmouririlestbienil n'estplusbouddhistemaisshintoil sentleskamicelui de la barredemétal froidquil'empêche de tomberdu litcelui de la lessivedes drapsd'hôpitalcelui de la coiffedesinfirmières du servicele kamiquiprotègela vieille damequi partagesa chambreil ne sent plus soncorpsil ne voitplusil neparleplusil ne sentplusses yeuxbouger toutseulsil sent que ças'agitequ'il devraitêtrecontent parce quetoutesces lumièresqui clignotentà l'intérieurdeluicomme les voyantsd'une voitureça veutdirequecelacesseaujourd'huile jourde sonanniversairemais làle vieuxmonsieurveut que çadurecette sensationd'amour deskamid'amour de latabledesclignotantset de leurscouleursrougeorangejauneorangerougenoirnon-noirLe vieux monsieur est mortLe kami de sa voisine l'embrasse Le beau, le risque, la chuteUmeregarde lesfeuillesrougestomberet n'estpasémueUme compteles jourstous lesjoursoùelle pourraéviterlesconcerts.Ume économiseUme provisionneUme n'estpasphobiqueUme elletoucheelle embrasseelle intègrelescouacs à sonjeu depianisteMais Umedétestelesconcertsles concertsce n'est pasde la musiqueLes concertsc'est unefoulequi jouitd'être làentresoisans lesautreset qui frissonneà l'idée quelesoliste seplanteque la feuillechuteque laterretrembleUme ne trouve pasçajustepour ceux qui ne sont paslàet a envie de giflerceux qui frissonnentde l'anticipationdesachuteLe beau,ce n'est pas lerisqueles vieilles qui frissonnentparce qu'elles ne frissonnent plusUme, elle a envie de leur dire d'aller sefaire frissonnerailleursLa musique, pour Umec'est quand tu ne sais pas ce qui arriveet quec'est bonde pas savoirc'est bon de savoirqu'on n'avait pas suet d'écouter encoreencore encorequ'on n'avait passuet à chaqueécouteon ne saittoujours pasce quivientC'est pas lep'titpschitt pschittdans les reinsdesglandeurssurrénaliensde ceuxqui aimentle concertparce qu'ils s'ennuientparce qu'ils sont seulset aiment fusionnerdans une foulequi se prendpour élued'être làqui aiment leconcertcomme uncirqueUme veut faire leplus beaudesbols de musique.En faire explosercentà la cuissonen jetermillequi ne seraientpasshibuiUme elle adans la têtel'idée du plusbeau detous lesbols ettous lesjourselle lecherchesur sonpianoUn bold'ordont on ne verraitpas la couleurd'oret qui seraitcomme unpuitsinfinimais sans le trounoirviolentcreusé dans laterrecomme un puitssourced'une pierre qui serait unbol qu'on pourrait tenirdans lamainet qui seraitchaudtièdefroidparfoisamerou sucréet qui feraitdu bienmême dans leslarmesUn bolcommecelajamaisunconcert ne leproduiraLes fanssont làpourfêterceux qu'ils aimentet pardonnentle pireen appelantl'identiqueAvec euxtu ne progressespasLes claniques quisont justefiersd'être làau fondils se foutentque cesoittoiIls jouissentd'eux-mêmeset de grouillerdans leurtermitièreet Umeceux qui prennentplaisir àgrouillerles oreillesbouchées par leurclanismeelle a enviede les piétinercomme les grains desabled'un châteaude sabled'unautrequ'on trouve sur laplageet qui n'est qu'unpaquet degrainsUme a larageen pensantaux pianistestalentueuxqui pour ne plusconsulterleur dermatoaux produitsagressifsparce qu'ils se grattenttrop de peurne font plus quesemblantde prendredesrisquesElle connaît descopainsqui font lafeuille qui chutecomme descascadeursdecinémaIls font la chutecentfoismillefoiset larattrapentpour les claniquesles variqueuxles surrénalienset ils sontcélèbresadulésd'être des virtuoseset personne nesait qu'ils se méprisentde fairesemblantqu'ils se haïssent de leurtruc qui tueleur musiquequi a tué leurmusique et ilsse grattentparce qu'ils sontdéjàmortsUme, elle,ne segrattepasElle a décidé qu'elle ne segratteraitpasqu'elle jouerait pour ceuxqui ne sont pas duclan et quele frisson desfrissonneusesne viendrait pasgeler l'eau danssonbolAlors elle s'estconstruitle plus beaudesstudiospour le prix de la moitiéd'une petitemaisonEt elle stocke lesvariationssur un bold'orinfinioù parfoisvient se tremperune feuillerougequitombe Gniak & CutMatsujirô a lagniakIl aimebienl'aller-retouràTôkyôdans lajournéeMatsujirôaimebien leShinkansenles eki-benqui puent dansle traindormir dans letrainle Fujisanvoir les grandsgaijinmal dormirdans les petitssiègesdutrain blanc qui va vitela voix douce des annoncesMatsu n'aime pas la voix enregistréede l'américainetoujours vulgairealors qu'elle veut fairedouce.Il n'aime pas quand une mamievient avec un enfantqui parlefort et la mamieparle plus fort encoreparce qu'elle n'en peut plus dubonheur d'être grand-mèreet tout le wagon l'entendet ne dit rienparce qu'on dorton travaille et onmangeen allant vite sur lacôte du Japonoù il n'y a jamaisun espacevideet toujours des maisonsde Kyôto àTôkyôet tout le mondedortet mangeet ça va viteavec la petitemusiquequi annonceles messagessol sol la fa-dièse solMatsu a la gniakcar il aimebien leséminaire de sonassociationde chercheurssur le shamanismeetparce qu'il peuttraîner dans lesboutiques qu'ilaimeles boutiquesdephotoMatsujirôil est japonaisMatsujirôil aime bienlaphotole kiredel'instantl'objo,comme unkatana delumièrequi t'embrasseraitd'un baiser volé,de femme mariée.En sortant dutrainMatsu doitvidersa vessiedes deuxbouteillesd'otcha(une chaude,une froide)qu'il abuesparce qu'il aime bienvoir sourirela serveuseet son petit chariotqui saluecomme pour unecérémonie duthéà l'entrée et lasortie dechaque wagonMatsujirôil aimebien leurchignonaux petitesvendeusesqui sonttoujoursjoliesdans letrain et ilimagine toujoursplein descénarioset c'est bond'imaginer dans letrainet un jouril aimeraitbienle tourner ce filmL'orgie du shinkansenoù il entre dans untrain blanc rapidequi iraitlentementoù il n'y auraitque des femmessansbentoet lui seraitle seulhommeet çafiniraitbienc'est-à-direnuensueurdans une piscinedeseinsde chignonslibérésen slow motionet des dessousfroufroutantsquiflotteraient commedans une stationspatiale杲Matsujirô,après ses pèlerinages rituelsaux magasins de photo,a deux heures devant luiavant le début du séminaireil entre dans un jardinmoche et ça lui fait mal autant delaideurdans unjardinlui qui connaît l'âme de tous ceux deKyôtoIl flotte dansl'air cette odeurcaractéristiquefécalevomitiqueque diffuse le ginkgo aux si bellesfeuilles jaunesà la fin de l'automneAu départMatsujirô pensaitque c'était le voisin sdfd'à côtéou peut-êtreun chiencomme enFrancemais il s'est dit quenonici c'est pas commeenFranceQuand on promène sonchienon a toujoursun p'tit sac àcacaet Matsuça lui coupel'envied'avoir un chienl'idée de sebalader avec unp'tit sac àcacaet tout le mondesait cequ'il y adedansetc'est pas desmochiDans le parc,près de l'étangoù des carpes desoixantecentimètresfont des mouvements desous-marins nucléaires,Matsu aperçoit un groschat noirun très groschat noirgrasqui avancelentementcomme un lionen tortillant duculet Matsu penseaux kamià ses recherchesà l'imposture des articlesqui ne pourront jamais direles chats, le ginkgo et les koi.Sur le chemin duséminaireMatsujirôpasse devant un1000 Yens Cutentre et prépare sonbillet.Ca dure 10mn,dix minutes,ça coûte 1000 yenspour te faire couper lesch'veuxMatsu il aimebien les1000 yens cutOn ne te mouille pas lesch'veuxça fait cut cutzip zipet surtouton te passel'aspirateurDans un1000 yens cuton ne sèche pas desch'veux secson aspire à l'aspiroMatsu se dit que desgaijin trouveraientbizarre qu'on leurpasse l'aspirosur lecorpsmais lui aimebien les1000 yens cut et queça convientà ses cheveuxnoirs et finsde japonaisqui ne bougentpasMatsu il aimebien les 1000 yens cutparce qu'il peut se payer un10 000 yens cutEt ce n'est pas pareil quand tu peuxet quand tu ne peux pas.Matsu marchetranquillementvers sonséminaire etse ditqu'il n'aimeraitpasque sa viesoit commeun1000 yens cut Staff「 - Patient suivant ?- Yamada San- Celle qui sourit tout le temps, n'est-ce pas ? L’amie de Morita Sensei ?- Hai- Hummmm, c'est comme les autres, n'est-ce pas ? Je suppose qu'aucun d'entre nous ne peut dire ce qu'il en est, n'est-ce pas ? Un AVC et un caillot retiré de la taille d'une mikan, qui peut dire, n'est-ce pas ?  」杲Mme Yamadane pense pasavecdesmotsMême sielle pouvaitelle seraittropfatiguéepour celaMme Yamada sesent commeuneplagedesableà marée bassetrès tôtlematinquand lesoleil ne chauffepaset l'eau s'enfonceloinloinprofonddans le sableet elle sent l'eaudescendretoujoursdescendreet goutter unpeud'un grainà unautreet quandc'est deuxgrainsellevomitet çalui faitmalsi malà latêtelà oùelle n'aplus decheveuxMme Yamadasouritmoinsqu'avantl'opérationmais ellesouritencorequand lamaréebasseluipermetd'ouvrirlesyeuxet ellel'entendtrès très trèsloinleschhhhhde lamerA maréebassetrèstôtle soleildonneausablequi ne chauffepasune couleurorangebleutéecomme unelame decouteaujaponaisàdeuxfacesetsi tubougesça te trancheet tumeursQuand elle ouvrelesyeuxMme Yamadane souritplusd'être bercéedans lefrontd'AmidaElle souritduorangequ'elle voitducôté desoncorpsoù elle aencoredescheveuxElle souritduorangequ'ellevoit dans lesarbresqu'elle sentcomme uncadeaudubouddhaYakushiElle nesent pasdans soncorpsleorangedans lesarbresqui n'estpas celuides sushisaux œufs desaumonqui n'estpas lasoupepotironni le parfumkinmokuseiMme Yamadavoit unorangequi n'est pasle collantsur lesdoigtsdes agrumesun orange qui n'est pas celuide l'orangedes mikanet Mme Yamadaa très mal à latêteet sent l'eaugoutter dedeux grainselle fermelesyeuxet quandelle lesrouvreune journéeapasséelle asoifet le soleilchauffele orangedans les arbreset ce n'est pasunorange quifaitmalmais unbeurrequ'un moinete pose surlefrontet l'on sent lajoie du mondedans cettecouleurqui n'est pasune surfacemais unvolumedouxcomme uneépongedemercachemirecomme unelaitancesucréequi étincelledans la pupilled'Amidaet Mme Yamadapense que laTerre purec'est ce orangequi est plusfort que samarée basseet ça lui faitmal desouriremais elle souritàl'orange des monts de Kyôtopour mieuxl'accueillirenelle La pluie, l'hiverIl avait suffit d'une seule nuitd'une seule pluiepour passerdutoutauriendans lesdeuxsensIl avait plulejeudiIl avait faitfroidle jeudiet tous lesarbrespurulentsdecouleurshorripilantsdetouffeurs'étaient retrouvésnusx-rayedcalcinésLa ville ressentenfindans son plexusson grandsoulagementPartoutoù le rougele jaunele vertétaientlàhierpartout ils sontremplacéspar levidele transparentle rienle n'a-jamais-étéle vois-le-cielMatsumoto Sandans son taxinoirtraverse la villeIl lit désormais dans leregard des touristesl'ignorance du Kyôto des couleursde l'explosion des couleursqui vient de s'enfuirComme si une usinede grosfeuxd'artifice en Chinesous-traitant lespétardsaux écoles primaires qui font travailler les enfantspour payer leslivres et les cahiersexplosaitla nuit le jouret que tu vis dans letemps arrêtéde cetteexplosion mais ce ne seraitpaschinoismaisjaponaiset ce ne serait pasdu feumais duvivantdel'arbredes feuillesde l'eaudusecet descorbeaux noirsKyôto comme une fille quijouiraittrop et tuvoudrais luidirebon ben ça suffitmaintenantparce quequelle plusgrandeinjustice faite aux hommess'était ditMatsumoto Sanil y atrèslongtempstrès très trèslongtempsquand il étaitjeuneet qu'il pouvait jouirplus dedeuxfois ?Une pluielanuitet Kyôtoavait cessé de jouirbrutalementde ses couleursMatsumoto Sanse met à penserà duBachjoué par unchœur etdesmusiciens denôIl frappeun airdu clavierbientempérélivreIIsur sonvolantet ilpenseauxœuvresqu'aurait crééesBachs'il avaitvuKyôtoavant la pluieavant la nuitetaujourd'huiqui estsamusique quandelle est jouéedans latêtedeGouldLes marteauxdu pianopercutentdirectementtonfronttoncœuret tes yeuxchangentd'ouverturealors que la nuit tombe à4h et tucomprends mieuxles anciensqui trouillaientpour savoirsil'équinoxearrêteraitla descentevers l'obscurIl avait suffit d'unepluied'unenuitEt les feuillesétaientàTerreet parfoisnullepartIl doit y avoir quelquepartsousYoshidaun templesecretoù les camionsentrentpourdéposer lesfeuillestombéesKyôto n'était peut-êtrequecelaun grand cimetièredefeuillesmortesencorevivantes d'êtremortesdes feuilles mortesaux couleurs de jeunesfillestendreset qui étaient peut-êtrechacune comme une lettresecrèteformant le discoursdecomptoirdeskami et desbouddhasOn entendait ungrandsilencedans la villeetMatsumoto Sansavait qu'il n'yaurait pas debouchonaujourd'huisamediet ce seraitlapremière foisdepuis plusd'unmoisMatsumoto Sansedandined'unefessesurl'autreparce qu'ill'aimecesilenceclairqu'il aappeléde sesvœuxfroidsque çaluimanquaitde voir lesbranchesnoirescomme des éclairsdesenssur un cieldeverreetpourtant une partie deluiesttristed'avoir vusondésirexaucéet de penseraux kamides feuillesqu'on ne voitpluset s'il les verrait lui,l'année prochaineIl avait suffitd'une pluied'une nuit杲 Le français de Mme YamadaIl avait suffitd'une pluied'une nuitpour que l'hiverrevienneMme Yamadamit 365nuitsàretrouverune vie,vivableLesplus grandsspécialistesde laplanètese déplaçaient pourlavoirOn se partageaitson dossieravecdélectationavecexcitationcomme quoi lecerveauc'estincroyableDes thésardsavaient desrêvesmouillésen pensantà lacarrièrequ'ils pourraientfaireen publiant sur soncasMme YamadalabanaleMme Yamadade Kyôtoétaitdevenu lecas YUne vievivableest-ce d'abordune vieoùl'onparle le tous-les-jours ?「 le shoyu s'il te plaît 」「 il fait froid n'est-ce pas ? 」「 à la gare, côté shinkansen, s'il vous plaît 」「 Ramen, regular, bière pression, gyoza…. oui 」「 je n'ai pas besoin du sac plastique 」Les mots, on les parle moinspour direl'inconvénient d'être néle plus grand plaisir à jouir ainsila hontela hainepour dire「 je ne t'aime pas 」pour diredes mots qui changentla vie des autresdes mots qui construisentbercent des adultes qui pleurentqui prennent le monde d'une poigne plusferme dans lamainMme Yamadane parleplusavecsabouchePeut-être cela reviendra un jouret quand elle pose la question,les spécialistestordent la boucheplutôt que del'ouvrirou alors ilsl'ouvrentpour ne pasparlerpour ne pas direqu'ils nesavent paspour ne pasinfluencerdésespérersusciter unespoirsansespoirOh mais Mme Yamadaparlepar écritbizarrementMme Yamadaparle enfrançaisElle necomprend pluslejaponaisMme Yamadan'ajamaisparléfrançaisC'étaitsadeuxièmelangueaulycéeElle étaitdouée,sa profégalement,et ellesavaientlude la poésieLePetit Princeet LesTrois ContesAprès le lycéeMme Yamadan'avaitplusjamaisexercé sonfrançais.Elle était sûre d'avoir toutoublié.Et puislàelle ne parle plusqueçaPar écrit.Quand elleécritpourparlerMme Yamadaécritde petitsmotsduhautverslebasOn diraitdujaponaisou duchinoiscesmots quitombentvers lebascommelapluieetparfoison seditqu'ontombeaveceuxcommeunepluieA l'hôpitalc'estMorita San,Super Woman,qui acomprislecoup del'écritetlefrançaisparce qu'elle leconnaîtun peuparce que sonfilsle parlebien,MatsujirôIl estgentilMatsujirôon ne saittoujours pasoù il vadanssavie maisil a ététrèsgentiletutilepour aiderMme YamadaUn moisaprès sonaccidentle filsdeMme Yamadaaété mutéenHokkaidoil ne pouvaitpasrefuseret çanechangeaitrienIls ne sesontjamais vraimentparléle fils de Mme YamadaetMme Yamada.Parfois,çaarrive,on n'arienàdire à sesenfantscomme siunegrueélèveuntanukiet l'on se ditque quelqu'ununjourira en prisonà lamaternitépour avoirsubstituélesberceauxmais ce n'est paslesberceauxc'est justequ'unegruequ'untanukiça ne vitpas lemême mondeet que lagrue n'ypeutrienle tanukin'ypeutrienet ils sonttristeset ontsouventpleuréde ne pasavoir unepetitegruede ne pasavoir unemamantanukiDonc MmeYamadaétaitseuleparécritenfrançaisalorsMorita Sans'estchargéde toutorganiserparce quedesamis,dans la vie,çasert àçaLes voisines sesontoccupéesdu quotidienetMme Yamadaaété surprisede voirà quelpointsagrosse voisinecuisinebienMatsujirôpassedeux foisparsemaineet quand c'estpresséon lui envoiesur sonmobileune photode ce queMme Yamadaécritet il rappelleet iltraduitUne de sesétudiantesvientaussi detemps entempset puis uncoupledefrançaisqu'ilconnaît et quivitàKyôtoUn AVCUn accidentdevieCa n'arrivequ'auxautres Être ce que l'on faitMatsujirô ne roulait plus qu'à40sur son scooterblancacheté d'occasionavec unfaible kilométragemais avec un casqueneuf dequalitécar il sedisaitqu'il n'avait quesa têteà laquelleil tenaitMatsu roulaità40 sur unerue limitéeà 50mais pas pour lesscooters,les scootersc'est30lui avaitrappelél'équipe depolicequi sedépêchaitdefaire duchiffrepour satisfaireles objectifsdestatistiqueset pour faire peur :qui sait ainsis'ils ne sauveraientpas unevieIls ne le sauraient jamais.Matsujirôavait remissessous-gantssadeuxièmepaire dechaussettessonsur-pantalonsoncache-col indienmais il laissait la visièreouvertepour sentirses yeuxpleurer defroid,sentir la peau de sespommettesdevenir comme unsorbet à lapêcheIl n'était pascontentMatsujirôpas contentde luide cette annéede ce qu'ilenavaitfaitQuand il étaitcomme ça,pas content,il avaitbesoin de s'apaiserenmarchantet il ne voulait pasrater la lumièrede 11h.De 7h à 11h c'était beau.A 11h, très beauAprès, moins beau.en hiver.Il avait pris sonscooter pour être à11h dans un endroittrès beau qui n'est pasun endroitmaisun enversMatsujirô a unami,révérend d'unpetit templezenau sein deMyôshin-jiSon ami au crâne nua fait desétudesauxEtats-Uniset lit lesmails postés surson sitedirectement sur sonmobileMatsujirô aimemarcherdans leMyôshin-jicar il n'y ajamaispersonnePar les portesentrouvertesbarrées par ungrosbambouon peutdeviner des jardins,parfois desstatues demauvaisgoûtet derrière lesmurs blancsde grands arbressur lesquels seperchent desgrues,en sieste d'hiver,au soleil de 11h,sur une patte,et qui sortent leur becde leur aisselle gauchepour vérifierqui marche dans la ruelle,puis replongent au chaud ;sous leur aisselleKyôto est une ville au ralenticomme un scooter quiroulerait à15mais au Myôshin-jitu marches sur lescooter de tavie à5et sous le soleil de11hce ralenti-làte connecteàl'ici-maintenantqui n'est pas unevitesseni unlieumais ce que tues :un homme qui marcheau soleil de11hdans les ruellesvidesd'un templezenvideEt tu entends letingaigud'unp'tit bol àprièreMatsumarche à sonpasenregardantles pinsjouer avec lesoleilIl sent les pierresinégales sousses piedset les sentavec son nezalors qu'ellesn'ont pasd'odeur :le froidde cejour 1de l'hivera l'odeur des pierresinégales surlesquelles ilmarcheSon regards'arrête sur unetache de sangbordeauxavec des refletsvermillonssur la pierregriseinégaleC'est latête d'unpigeonDesplumes grises etblanches.Le corpsau cou bordeauxvermillondurcitun peu plus loinMatsu n'a jamais vu dechaticini depigeonIl imagine un chatnoirni grosnimaigreet repense àson annéequi lui semblegrisevermillonnoire,transparente La capote, le kami et l'aiguilleMatsujirô se souvient d'abord de l'hiverdernieraveccolère ettout d'un coupplus de colèrePendant deuxlongsmoisil avait cru avoirtrouvé saprincesse deKyôtoet soncœur etsoncorpss'étaient misen modeamoureuxIl lui écrivaitdespoèmestout allaitplus viteplus clairtout allaitplusfluidecomme untankaécrit ensosho,l'herbe folle,d'une seuletraitesansreleverson crayon-pinceauavecchargeur d'encreintégréMatsujirôest comme nombre dejaponaisune midinetteromantique.Mais contrairementaux japonaisde sonâge,parce qu'il avécu àl'étranger,Matsujirô,en se faisant une immenseviolence :ose.Il avait osécroireque la beautéduSoaplandétaitpour luiIl avait osélacourtiserIl ne savait pasd'où çaluivenaitcette excitationà sauverlasoaplandeuse.Peut-être à l'idée de ne paspayerPeut-être à l'idée d'avoir à soiun objet sexuelqui ne pourra riendirepuisqu'on l'a sauvéepeut-être une haineaussiet il ne savait pas trop dequoiet Matsu étaitfin pour repérerses ambivalencesMais il voyaitd'abord enEtsukolagrâcesa beautéquisurclassaitcelle desautresfillesqu'il pouvaitcroiser danslarueEt c'était cettevibrationlàqui l'avaitfixééblouiet il s'étaitditje veux vivredanscettelumièreParce qu'il sait oser,la rencontrerhors duSoaplandn'avait pas été sidifficileIl avait appliquélatechnique universelled'influence :dire à l'autrecombienonl'appréciedirectementsans excèssans pressionet à forcede dire「 Allo-alloje t'aime - je t'aime 」l'autrerépond「 allo 」Etsukoavaittoujours lesmainsfroideset ses pupillesnoiresaussisemblaientfroidesIls passaientau combiniacheterdes chaufferetteset Matsu aimaitouvrir les petitssacsrouges en plastique,secouer les chaufferettespour activerla chimieet les mettre dans lespochesd'EtsukoAprès deuxsemainesà sefréquenterelle luiavait ditqu'ellearrêtait leSoaplandet il ne savait passi c'étaitvraiLe tempsqu'ilspassaientensembleils lepassaient àKyôtoet il avaitbeaucoupneigécet hiverlàEtsukoavait debellesbottesjaunesen mouton retournéPocahontasprincesse indienneet cela lui allaitbienTout luiallaitbienet Matsuson cœur battaitson cœur battaitquand ils marchaientdans Kyôtoqu'il la prenait par lamain,dans ses bras comme surles affichesdes Pachinkoavec un héros de sérietélé qui ressemblait àun Harry Potter de vingt ans,qu'il l'embrassaitdoucementdans lessanctuaireset Etsuskoaimaitque Matsu ne se comportepas enjaponaisAprès avoirmarchéils allaientdans des pâtisseriesfrançaiseset Matsului faisaitdécouvrirpourquoi le mouce n'était pas si bonet qu'il manquait encoreau Japonl'art de la strate ducroustillantEtsuko écoutaitgoûtaitmangeait peutoujours très peuet c'était aussipour çaqu'elle avaitfroidtoujours trèsfroidmais ce n'était pasque pourçaIl luifaisait des cadeauxet elle, des portraits photosur son mobilequ'elle imprimaitet elle dessinait dessusparce que c'étaituneartiste etMatsujirôavait étéstupéfait parsontalentet il l'aimaitencoreplusQuand il luiavait offertson premiercadeauelle l'avaitregardédroitdans les yeuxen lui demandantsi c'était un sacVuiton.Il avait répondunonalors elle avaitouvert lepaquet.Elle lui avait expliquéque souventles hommes offraientdessacsVuitonpour obtenir desprestations sexuellesinhabituelles etqu'elle pensaitque tous cessacssentaienttoujoursun peu…Matsujirôse souvientque ce jourlàils avaient passéde longuesheures à se demandersi vraimenttous lesfloconssont différents,comme les humains,et Etsukoavait dessinédes floconsqui devenaientde plus en plusérotiqueset ils avaientfait l'amourdans unLove Hotelavaientvisitéun templepuisétaient revenusdans leLove Hotel杲Les semaines passaientvite.Quand il lui avaitdemandéce qu'elle désiraitle plusce qu’elle souhaitait vivre avant demourirelle avait réponduunenfant maiselle ne lui avaitjamaisditpour sonavortementils n'avaient jamaisjamaisjamaisparlé de sonmariElle avaitappris auSoaplandà setaireet puis auJapon on neparlepas de soià commencer avecsoi-mêmeou alorsc'est silencieuxparce que çafaitmalLui, Matsujirôil aimaittrop lesenfantspour enavoirIl s'était faitcette promesseet il savaitqu'il latiendraitil lui avait demandéde promettrede respecter son désir.Elle avait promis.Qu’elle ferait ce qu’il fautsi jamais.Alors ce futbrutalviolentcruelquand il la vitun soirpercerses capotesavec uneaiguilletoutes ses capotesavec uneaiguilleElle avait un regarddefolle etMatsujirô avaitdéjà vuceregarddans celui desshamansdans lesquelsdescendaientun kamiviolentC'était toujoursdes kamicassésà qui ilmanquait une partieducorpset ils avaient larageet il fallaitdes shamanstrèsforts pour contenircetterage et l'utiliserau servicedes hommesau servicedes femmesdu clanSouventces shamansmourraientjeunes,alcooliques,ou bien ils ne devenaientjamaisshamanLes shamansles plusfortscapablesd'apaiserces kamion s'ensouvenaientaumoins200anset personnene rigolaitavecleursouvenirMatsujirôavait tout de suite vu quece n'était pasun kami violentdans les yeuxd'Etsuko.Mais quelque chosede sicasséqu'il ne pourraitjamaisleréparer.「 Et ce n'est même pasla peined'essayer 」lui avait hurlésur le coupsonkami.Ca avait calmésacolère,brutalement.Il ne la revit jamais plus. Le bruit de l'enjoliveur métalliqueLe deuxièmeépisode quiachèvel'annéedeMatsujirôconcernesonneveuTechanEt désormaisilse sentgrilléIl sesouvientexactementoùilétaitquandsamèrel'aappeléLa mèredeMatsujirôn'appellejamaisson filsIl fallait quecesoitgraveet en unsensla situationétaitgraveMatsujirôétaitau magasindevélopouréchangerceluiélectriquequ'ilavait gagné au gocontreun vélotrès légeravecbeaucoup devitessespour perdre le poids gagnéces derniers moisà oublier l’aiguilleen mangeant des gâteauxLe véloélectriqueil étaitcontent de lafaçondont il l'avaitgagné.Dans le clubdegoprès de chez luivientdepuisquelquesmoisune institutricecélibatairerécemment à laretraiteinsupportableC'est typiquementlaMme Je-sais-toutQui connaît toutQui sait faireQui commente etdonne desconseils d'un tondemaîtresse d'écoleà tout lemonde.Elle n'est passpécialementbêteelle estmême5èmekyuElle se prendjuste pourune joueuseprofessionnellecomme cellesà la téléle dimanchequi sontjeunesjoliesethumblesmais elle, elle,elle s'est toujoursattachée à s'enlaidiret ne se rend pascomptequ'elle n'est pashumble et qu'elleénervetout lemondeCe n'est peut-être pas sa faute.Peut-être est-ce lafaute desonpère ou desamèrequi voulaientunfils,qui auraientvoulu fairedesétudeset quiont faitcomprendre àl'enfant quec'était çaoucrèveet l'enfants'est misensur-régimeangoissépour seconformerà cette demandequi ne correspondpas à cequ'elleestQu'importe la faute, l'origine :elle estinsupportableMatsujirô enamarre decroiserdes personnesangoisséesensur-régimetellement dans lapeur dedécevoirun parentimaginairequ'ils necessentd'humilierles vivantsqu'ils ne cessentde sefairehaïrleur viedurantMatsujirôrêveparfoisd'une sociétéidéaleoù un badgeselon lecontexte etl'activitéafficheraiten temps réelson gradesur uneéchelle de1 à10et chacun pourraitvoir legrade del'autreet luidevrait lerespectquis'imposeCe besoindu respectdû augrade on nepourra pasjamais lechangertout primatequel'on estAu go,le grade c'estfacile :on connaît sonniveau.L'institretraitéeelle vittellementdansson stress,elle n'est plus elle-mêmedepuistellement longtemps- l'a-t-elle jamais été -qu'elle ne cessed'oublierles gradesle respectde se taire,même augoCes personnes-là,Matsu ne lessupporteplusLe pire de leur aliénationsortquandelles sontprisesenfauteA ce momentpréciselles passent enmodesurviecar le parentimaginaire quiles tyrannisedans leurtêtepourraitles mangerles abandonnerlestuerAlorselles préfèreronttuer les témoinsêtre violentesau dernier desdegrésplutôtque dereconnaîtreleurerreurl'erreur de n'avoir jamaisvécude touteleurviePrises en fautel’étape ➀de leur défense en 4 tempsestledéni「 Non, le réel n'a jamais eulieu 」Pour Matsujirô quand unêtre humaindénieil ressent en lui uneviolence si fortequ'il estcontent de ne pasporter dekatanaConfrontéàl'évidence etnepouvant plusnierces piteux détestablespassent ensuite austade ➁ de leur ignominie :minimiserjustifierimpliquerl'autre「 c'est pas moi 」「 c'est pas grave 」「 c'est ta faute aussi si… 」Stade ➂ : l'oubli.Il ne s'est rien passé.「 Quoi ? Il s'est passé quelque chose ?Non 」「 Qu'est-ce que tu peux êtremesquin 」「 Tu crois que c'est important de sesouvenir de ceschoses là ?  」「 Tu ne dois pas être heureux pour tecrisper surces détails. Pense à tous ceux qui souffrent et combien tu es heureux 」「 Si cela peut te faire plaisir, je m'excuse, même si je n'y suis pourrien et si en plus tout cela n'est vraiment que des broutilles 」Stade ➃ : le grand jeu de l'étonnementle grand jeu du grand seigneur「 Je ne comprends pas pourquoi tu m'en veuxencore et c'est bien de ta fautesi cela sepasse commecela, je me suis excusé, non 」「 Tu dois vraiment avoir desproblèmespour tecomporter de cette façon 」「 Mais ce n'est pas graveje te pardonnesache que je seraitoujours là pour toiet que jet'aime quandmême 」A ce stade-làMatsujirôavaitune terribleprofondeirrésistibleenvie devomirIl s'imaginaitvomirà flotcontinuune substancevertede la consistancedu weetabix mouou du zenzaiagrémentéde résidusde déchargesautomobilesqui sentiraitl'ail etferaittomber lesmouches.Il s'imaginaitvomir deux bonsmètres cubede celasur cespersonnesPuis roter un échoesque brrooo-ah,se taper du poing gauchesur le sternum en disant :「 ahhh, ça fait du bien  」en écoutant le bruitsonored'un enjoliveurmétalliquedévalantle Fujisandevomivert杲L'institfaitdonc suertout lemonde en donnantdes conseilsà son adversaire quia eula gentillessed'accepterde joueravec elleen luidonnanttrois pierres.Elle gagnedebeaucoup.Et toutefièred'elleelle dit :「 je pariemon véloquepersonneicine peutrenverserlapartie,pasmêmeMatsujirô San 」Matsuse retientde luivomirdessus.Ilselève,analyselasituationsur legobanC'esteneffetquasiimpossiblequasiimpossiblequasiimpossiblePour gagnerilfaudraitjouer defaçonexclusivementagressiveet icidans ceclubà Kyôtopersonnene prendplaisiràcelaPour gagneril faudraitjouerdeuxniveauxau dessusdesonniveaucalculerchaquecoupà l'épuisementsans fairelamoindreerreurIl regardelevieuxqui se lèvelesyeuxbrillantsd'excitationets'assied「 AhahahaMatsujirô SanSi je gagnevous me donnerez lesbeaux goke,ceux de votre grand-pèredont vous nous avezparlé, d'accord ?  」Matsu ne ditrienet faitclaquersa pierreL'instit n'ajamais entenduclaquer unepierreaussi fortelle sursautefigéepuis se reprendet continue「 ahahaa 」comme si ellen'avait pas eupeurMatsujirôrespiretrois foislonguementd'une respirationlente depranayamaIl semet entransepour utilisertoutes lesressourcespré-réflexivesde soncerveauPas pour appelersonkamiqui ne saitpasjouerau goqui s'en moqueet qui luidit「 tu préfères pasluimettre unetarte ?  」Il tuele groupele plusfaiblede l'institMais ilesttoujoursenretardL'instit commenceàdevenirfébrileelle ne parleplusjoue aumeilleurde sonniveauen puisantdesressourcesdanssa hainesa haine des hommessa haine des autressa haine d'elle-mêmeAu débutduYoseMatsujirôsort desatransepour regarder legobancomme s'il n'avaitjamaisvula partieIl n'aime pascompter.Il compteIl lui manquetroispointsEt il n'ya quequatrepointsà retournerdanscettefindepartieIl laregardedans lesyeuxElle esttouteentière danssafolieinaccessiblecomme l'a toujoursété pourellele réelIl sourit.Il lui sourità la japonaise.d'un quart dedemimillimètredu pligauchedeslèvresGagnetroispoints.「 ahaha, égalité !  」 exulte-t-elle「 non. Vous oubliez le komi.un demi-point.Arigatogozaimashita 」.Elle reste muetteet ne s'incline pas. CicatriceMme Yamada sentsonchapeaudepaillegratter sacicatriceElle la senttoujours sacicatricesur satempesous sescheveuxEt parfoisellela toucheaveceffroifascinéecomme sielle allaits'ouvriretsoncerveauserépandredans ladouchequand elleselavelescheveuxMme Yamadamarcheavec lesautreselle défiledans lavilleet lesenfantsla regardentavecdesyeuxrondsà traverssamousselineIl ne fait passifroidet ellen'est pasderrièrelesétudiantsquiramassentlescrottinsLe responsablede lamatsurilui ademandési ellene voulaitpasêtre àchevalElle ahésitéparceque lechevalqu'on luiproposaitétaittenu par unbeaumonsieurdont labarbeavait lacouleurde sonchevaldont le chevalavaitlacouleur desabarbe :selMais Mme Yamadaa peurdetomberd'avoir enviedefairepipid'avoir malaux fesses.Elleditqu'ellepréfèremarcherElle marcheelle nesait pluspourquoiles enfantssontcontentsles petitsqui ne disentrienles mamansquinommentles personnages en costume「 tiens, voilà lesguerriers 」Mme Yamadamarche「 pour fairecesser la pluiepour leriz et ne pasavoirfaim 」elle marchecomme on atoujoursmarchéet ellesait queça nesert àrienparce quela vraiematsuriestsecrèteDéfilerc'est bon pour latélémais lavraiematsuriestsecrètela nuitla nuit quand il faitfroidet ceuxquisaventvraimentsont làoùilfautet lesmusiciensdenôjouenttoute lanuitet personnene marchemaisune femmeenblanc etrougedanseet elletourne commepersonnenetournesur unescène denôelle tournecomme on tournedepuismille ansdeux mille ansdepuistoujoursquand onappellelesdieuxet l'on sentque ça monteenelleet lespercussionsdestambours quiblessentlesdoigtssontmasquéespar lesappelspar lescrisdeventrequi sontdes chantsqu'on necomprendpluset çatournetout lemondetournemême assiset l'on a letournisles mursde boisles cloisonsde papierdutempletournentl'espacedevient unetoupieet chacunest une toupiedans latoupieà ne plussavoir oùenêtreMme Yamadarespireviteellerangedes affairesdanssa premièremaison pouraller chercherdesamisquiviennentenavionet il y abeaucoup demonde danssamaisonoù elle est enretardalors ellesepresseencourantdanslespiècesquandquelqu'unl'appelleLatoupieralentitelle estdans sapiècepréféréeet,rentred'un paspressédechat qui afaim.SonchatSon premierchatIl estun peuplusvieuxun peumaigrecomme s'il avait fait unlongvoyageil a unecicatricesur lecôtémais il vientvers ellecommes'il n'étaitjamaispartiluilèche lesdoigtsse coucheen demi-cerclesurle flancse lèchele ventreavec des coupsdetête et delangueélastiquesmenacede lamordrequand elleveut luicaresserlapoitrinefait unbondsur sesgenouxpuisgrimpesursesépaulesetelle sentsachaleurcontresoncoulavibrationla vibrationdoucedel'amourdel'amitiéde lafidélitéLa certitudede nejamaisêtretrahieMme Yamadaseréveilleil esttroisheuresdumatinElle afroid ettropchauddans sonfutonEt lavibrationdesonchatqui ne l'auraitjamaistrahieluimanqueluimanqueluimanqueluimanqueluimanqueautourdesanuque La cascadeLe deuxième épisode doncqui a pourri l'annéequi a grilléMatsujirôc'est lacascadeParce qu'immédiatementen sortantdu magasindevéloMatsujirôs'est renduchez sesparentsoùl'attendaitsa mèreinquièteC'est rarequ'il la voieinquièteEn généralElle est toujoursce blocpositivementimpassiblecomme unbrise-glacenucléairesoviétiquemaismodèlefémininetjaponaisLà, ellea leregardinquietElle estinquiètetrèsinquiètepourTechanle filsaînéde safilleaînéeDepuisplusieursjourssoncomportementachangéTechanestun peurondpour ungarçon de6 anset toutle mondel'appellelepetitsumotoriIl aimesurtoutlesgâteauxet lesucréet depuis qu'ilest petitil estcapable depiquer descriseshystériquesdans lesmagasinsquandsamèrene luiachètepasle paquetqu'il veutMaislàle problèmeestdifférentOn l'a retrouvéà l'écoleallongésur le solpresqueinconscient aux limitesduvomissementIl a demandéà lamaîtresse àsortir pourfaire pipiMais au lieud'allerauxtoilettesTechan aouvertles boîtes àbentode toutle mondeet avalétout lerizetexclusivementlerizdes bentode toutelaclasseLa veillesamèrel'asurprisen train de tenterdevoler8onigiridans uncombiniet les joursprécédentsilamangélatotalitéduriz,quatre grossespartsd'adulte,directementdans le cuiseuràrizavantlerepasdu soirQuand on luidemandepourquoiil faitcelail ne répondpasles yeuxvideset unefoisenpleurantil adit「 je ne saispas 」Biensûrle problèmen'estpasmédicalOn aimmédiatementprisrendez-vous avecun psychologuene serait-ceque pour nepasavoirtrop honteavec les autresmamansdel'écolequi regardentdésormaisla sœur deMatsujirôd'un œilbizarreLe rendez-vousest dansquinzejoursAufur etàmesurequesa mèreluiracontelesdétailsde lasituationMatsujirôse dit「 nonnonjen'ycroispasellenevapasmedemanderça 」Elleluidemandedirectement.Les yeux,pour lapremièrefois depuistrèslongtemps,directementfixés dansses yeuxet ilrepenseà la bêtisequ'il avaitfaitela dernièrefoisoù ellel'aregardécommeça,il avait 10 ans,etc'étaitunebêtisequiauraitpuêtretrèsgrave「 ilfautquetuaillesàlacascade 」Matsujirôn'ajamaisparlédeses travauxde sarechercheavec safamilleC'est unpeutabouTout le mondesaitquel'arrièregrandmèreétaitguérisseuseshamanet quesonkamiestliéà unecascadedansFushimiInariTout lemondesaitinconsciemmentquenormalementlamèrede Matsujirôauraitdûêtreguérisseusecarengénéralcetalentse reposeaumoinspendantunegénérationavantderesurgirMais sansdoute unkamipluspuissanten a décidéautrementpour laviede samère,laprotège,etlui fournitson énergieinfiniedebrise-glacenucléairesoviétiqueLeskamin'abandonnentpourtantpassifacilementuneporteclaniquequ'ilsont unefoisouvertepourgoûterleslarmessaléesdu mondeIls ontbesoindetemps entempsdesortirdeprendrel'airde sechangerlesidéeset leshumainsc'estrigolopourça「 Matsujirôjepenseque cequiarrive àTechanest unehistoiredekamiet tues leseulque jeconnaisseen quij'aiconfiancepouraller à lacascade 」Elle n'enditpasplusEt illuiestimpossiblederefuserIl ne peutpasdire「 bah tout cela c'est de lasystémie familialema sœur s'est encoredisputée avec sonmariou alorsTechan les a surprisen train de fairel'amour et çal'a perturbé 」Et face à samèreau regarddebrise-glacenucléairesoviétiquesans freinil ne peutpas dire「 les kamiça n'existe pasje suis ethnologuec'est du folklorestructuralisteet tu veux pasnon plus que je prédisele prochain vainqueurde Keirin ? 」Il ne peutpasluidire cela,car depuisl'Indeet les plantes qui nedevaient pasêtre que desplantesil lesentbiensongroskamirigolarden luiautour deluiprès deluiMais jamaisil n'apenséqu'onluidemanderaitd'aller àlacascadeJamaisqu'ildevraitdemanderl'aidedeskamipoursesproches「 - Quand ?- Cette nuit, ça ne peut plus durer- Cette nuit !? 」Matsu n'aassistéquetroisfoisà la cérémoniede la cascadepar sonarrièregrandmèrequ'il aimaitbeaucoupet quiest mortequand ilavaithuitansDans lacollinedeFushimiInarien bifurquantavantle grand tourdes toriiil y aunepetite valléeavecune successiondepetitescascades.Ce quel'onappellecascadec'est enfaitun mincefiletd'eaupresqueungoutte àgouttequi estartificiellementdirigépar destuyaux.Mais l'eauestdesourceChaqueguérisseurshaman,dai,lamajoritédesfemmesaveuglesoupresquede la régionsontconnectésàune oudescascadesLeur kamine peutdescendrequ'icietjamaislàLa cascade delagrandmèrec'estAokiMatsun'ajamaistentéde「 faire descendre 」sonkamiaprèsl'épisodeenIndeoù il a euun peupeurEn fait nonil aeutrèspeurIl aressentiuneimmenseconfiancedans lerire desonkamiqui estunbonkamipas unkamicruelavecleshommesMaisl'intelloqu'ilestdevenua eupeurdes'êtretrompé.Toutesavie.DepuisMatsujirône choisitpasni decroirenid'intellectualiseril vitdans cetentre-deuxsuspenduenremettantàplus tardet puisaprèstoutil n'ade compteàrendre àpersonneMais làsi.Il a descomptes à rendreàsonclanau passédesafamillede salignéematernellePour lapremièrefois,il ne doitpasassister à unrituelmaisconduirele rituel.Et pas simplementpar curiosité,en dilettante.Mais pouraider.Aider unproche.Il aenvie devomiril détestela familleles contrainteset cette annéepourriealorsil laferacettecérémoniede lacascademais enethnologue,comme ça,ensingeantet ainsitout lemondesera contentdans lasystémiefamilialeet tout cecice n'est quedupost-structuralismeet ilenécrira unpapierMatsujirôsa sœuret samèrese rendentdoncàFushimiLe petitaencore mangétout lerizle soiret il faitfroidcettenuitMatsu doitparcourirtrois foisle grandtouravant de semettresous lacascadeAokiMême enmarchanttrèsviteet encomptantdes pausesil enaau moinspourdeux heuresetdemieLes femmes décidentde l'attendreà lacascade eny préparantl'autelCela faitlongtempsqu'elles ne sontplus venuesà la cascadecar le petittemple oùelles serecueillaientparfois setrouve surlegrandtour destoriipas sur lechemindescascadesDans le noir,elles croisentquelquesvieillesfemmesguidéespar deplusjeunes,mal éclairéespar devieilleslampes depochede100 yensshopEt puis ellesappellentMatsujirôsur sonmobilequi vient d'arriver audeuxièmepetitsommetparce qu'il ya unproblèmeAucuneeaunecoulede lacascadeAokiPlusieursvieillesquiruminentdesmantrassontpasséessans répondreà leurquestionsanslesvoircar ellessontdéjàpartiestrèsloinavec leur kamiUne plusjeunes'estarrêtéeetariavraimentbeaucouprid'unrirefatiguéetvivantde celle qui en a beaucoupvuDepuis laconstructionde l'autorouteà quelqueskilomètresde lacollinepresquetouteslessourcesdeFushimise sonttariesLes pétitionsles menacesdes vieillesfemmes de malédictionsur les familles desconstructeursles tentativesde bétonner et rerouterdes coursd'eausouterrainsrien n'yafaitl'eau n'arrive presqueplusCertaines vieillesontessayéavec descascadesalimentéesaurobinetmaisévidemmentça nemarchepasDes 「 cascades 」, il n'enresteque trèspeuquigouttentplic plocet ily asouvent laqueueparce quelesvieillesse sont renducompteque les kamiontdéménagéleur porteici et làsur lesquelquesplic plocutilisableset qu'ilsveulentbien encoredescendreparlàLa vieille encore jeuneleur ditCeux d'Aokivontlàmais parfois làet puis làaussi parfoiset puis parfoisça ne descendplusà FushimiElles expliquent doncàMatsujirô partéléphoneoù il doitse rendreaprèssestroistourset iljure enfrançaisFushimilanuitCe n'est pascommeFushimilejourDéjàle jourmêmeavec lestouristeset lesfamilleset lerougedes toriic'est unpeuinquiétantLa nuit,entourédes pierresqui ressemblentà destombessous lestoriide boisdont la baseest souventpourriequand il faitfroidmais que tuas chaudà transpirerà grossesgouttesqui deviennentvitefroidesde monterles marcheset qu'aprèsle premier tourtu te dismescuissesvont-ellestenir,la nuitFushimipeutfairepeurLes animaux delaforêtproduisent leursbruitsles branchesla nuitproduisent leursbruitset tespas undrôled'échomatsur lespierresdes marchesinégalesLa mèrede Matsujirôlui a préparéun thermosd'otchachaudet à chaquefois qu'ils'arrêtepour unepauseil est contentd'entendrelepetitpoc dubouchonde sentirla chaleurdu thermos danssespaumeset du goûtamerdu thévertdanssabouchela sensationdanssa trachéedans sonestomacIlretrouvesamèreet sasœurparce qu'ilsconnaissenttous lestroistrès bienFushimiet parce quelesmobilesc'est pratiquepour organiserunedescente dekamidans unlieusacréqui aperdu sesplic plocEn unsensilsont de lachancequeMatsujirôsoitjeunecar lesautresvieillesmettrontplus detempsà finirleursgrandstours.Il est le premier au plic-ploc.Il n'y a pas la queueMatsu s'est ditje vaisfairecomme si,comme je mesouviens,et puisbastaelles serontrassuréesde voir que jen'y peuxrienIl fait doncce quefaisaitl'arrièregrand-mèreIl réciteunepremière fois les 262 caractères duHanna Shingyôet il s'épateà nouveau de sacapacitéà se souvenird'un texte qu'iln'a jamaiseu lesentimentd'avoirappris par cœuret qui n'ariende shinto et que c'estamusantintéressantpour luil'universitairece mélangesyncrétiqueshinto-bouddhiqueau JaponIl offrel'encensle sakeles fruitset lesonigiriaux renardsdu petittempleà côté de la cascadeclaque des mainsen décalantlégèrementses paumespour faireun clacplussonorecomme il avu lefaire lesprêtresshintoil se met encaleçonetbizarrementil ne sentplus lefroidIl trace de lamain dans l'airen directiondu plicplocdel'eaula grille de5 lignes et de4 colonnes,le kuji,les 9 caractèreset il s'étonneun peu loinau fondde lui-mêmeque lesgouttesdu plicplocbizarrements'écartentet quec'est peut-êtrel'effet duvent et detoute façonon n'y voitrienIl metmentalementdevantluil'image deTechanet s'engagesous leplicplocpendant quesa mère etsasœurrécitent enboucle lehannah shingyôles mainsjointessur leurchapeletCa parttoutseulettrès viteSon kamidescendd'uncoupIl se met àrigolerd'une très très très trèsgrosse voixqui fait s'arrêter plusieursvieilles dans le grand tourau loinetellessourienten claquant deux foisleurs doigtsclic, clicIl commenceà faire des bruitsincompréhensiblesavec sabouchecomme desengueuladesde fouet d'animalqui ne contrôleraitpassa boucheet parfois unmot sortclairet sinon ducharabiade toutes leslanguesmais pastonalesIl voitTechancomme dans un filmvenir àFushimiavec sa mèreil y aquinzejourset il voitTechanpendant quesamèreparle àd'autres personnesil voit Techanprendreetmangerun Onigiriqu'ils ontdéposésur l'autelpour lekami de lafamilleAh ben çale kamiça ne lui apas pluqu'on luiprennesononigiriDéjà quece n'est pasmarrantd'être kamitous lesjours alors si enplus on vous piquece qu'on vousoffreça ne va plus dutoutDéjà queles corbeauxet les tanuki,les autres animauxet les clochardsne sepriventpas pourpiquerle sakeet lanourriturealors si enplusun petit duclan semet à piquerle riz dukami duclança ne va plusdutoutLe kami de lafamilleil est plutôtvieille écoleet dugenrerigideil décidedonc quetant que letort nesera pasréparéle petitvasavoir ce qu'ilenestde prendrele rizdesautresLe kami de lafamillefait direaukami deMatsujirôque la solutionestsimple :100 nigiripréparéspar lafamilledéposéssursonautelet illèverale mauvaissortMatsua ungros râleunimmense éclatderireet les vieilles auloinclaquentdeux foisleursdoigtsclic, clicIl sortde lacascadeet nes'effondrepasIl al'espritclairon ne peutplusclairvraimentfranchementtrèsclairil sesentnettoyéetgrillé Mme Yamada va mieuxLe tempspassantle monde s'estorganiséautour dufrançaisde MmeYamadaDes neurochirurgiensen vacancesdes thésardsdes professeursappellentrégulièrementpour parleravecelleÉvidemmentsurtoutdes francophonesou accompagnéspar desfrançaiset même s'ilssontbien élevésils ne sont jamaisvraiment polistoujoursbrutauxcomme s'ilsse prenaientpour desDantondesGavrochedes grognardsComme si laviolencepopulairedes deuxdernierssièclesde leur histoireleur avaitdonné lacouleurgrenadinela couleurrouge sang,diluée dansla pluie,desgardesrouges.Ceux qui te tutoientavant detependreavec testripesà uncrochetde boucher,pour le Biendel'HumanitéHeureusementheureusementcettehémoglobinelàles françaislaportentsur unehermineparce que ça lafait bienrireMme Yamada :les françaisqu'ellerencontreaufondils se prennenttous pour desroisdesreinesdesseigneursà qui tout estdû.Des prouteuxtêtes à claquesmaisaux perruquesparfumées.Parce qu'ilsse prennentpour desroistout gardesrouges horriblesqu'ilssontil leurvientde lamoelle épinièredes réflexesdedéférencecomme unaccentdefamillequiresourdrait detrès loinÇa en rendcertainsmoinsbarbaresDes précieuses qui ne seraient pasridiculesDes précieuses maîtresde l'économie demoyens.Voilàce qu'elle aimechez lesfrançaisVoilà ce qu'elle a découvertces derniersmoisdans ces contactssurabondantsavec lesRobespierre boursouflés d'arroganceavec leslivresavec lalanguequ'elle parlesans accent- et cela, les neurospécialistes,cela leur faisait venir de la salive aux commissures -Mme Yamadadésormaisgarde toujoursdans sontablierl'anthologiede la poésiefrançaiseen Pléiadeet c'estsa nouvellevraiemaisonLe tempspassantplus personnene tentede la faireparlerjaponaisElle se sentbizarrecommemuetteetaveugleaujaponaisDans satêtequand elleentend dujaponaiscela faitcomme unbruitblancshhhhhhhhDans sa têtequand ellevoit dujaponaisécritcela faitcomme unfloutagedetélévision.Comme deslarmes surunelettreMme Yamadaà Kyôtoelle entendbeaucoupde bruitblancvoit beaucoupde flouetchez elleelle amis tout leflou dans sesplacardset desétudiantslui ontmis des icônessur le bureau de sonnouvelordinateurazertypour écouterlaradio en françaisMme Yamadase prenddepuis peuà sedemandercombiencelacoûtel'hermineparce qu'ellea maintenant envied'en mettresur sontablierEt parfois,désormais,elle se voit bienpendreles bêteset lesméchantsavec leurs tripespour le Biende l'Humanité ZeugmeIls se rencontrent chez Mme YamadaEn fait non : ils se sont déjàrencontrés avant,une fois,au club de gode la gare,mais quand elleva jouerau godans les clubsUme sedéguiseafin d'avoirlapaix- enfemme mariéelaide qui louche-afin de joueren paix,leurmettrela pâtéesans tropblesser leurvirilitéà cesjaponaisqu'elle neregarde mêmepasqui ne sontpas mauvaismais elle,elle estvraimentforteMatsujirôconnaîtdéjàUme par sa musique.Il a téléchargéses albumsillégalementet deux morceauxsont sur la cartede sontéléphone杲Il fait froidet le chauffageà gazde Mme Yamadarayonne unbruit forten donnant à lapièce uneodeurdouceécœuranteet de la buéesurbuantesur lesvitresen simple vitragetexturénon transparent杲La mère deMatsujirôl'a chargél'année dernièrede gérer, traduire,tous les problèmesadministratifsde Mme Yamadaet même s'ilvient désormaismoins souventil passeune foispar semaine.En prenantle thé- vert, fort, amer -Ils lisentensembleavec Mme Yamadaun poèmeenalexandrinsavec le goûtdu thé- vert, fort, amer -Umevientchez MmeYamadapour lapremièrefoisElleaccompagnesonélève,Aiko San,une étudiante en thèsesur Verlaineet unebonne pianistedejazz.Aiko Sanest doucefutéeconsciencieusegambarimassieusemais illuimanquel'étincelleElle cherche unmari,prévoitd'avoir deuxenfantsqu'elle emmènera envoyage enFranceet à qui elleapprendra lepiano.Il lui fautdonc unmaririche.Aiko Sanhabiteencorechez sonPèredans le quartierde MmeYamadaC'est Aiko Sanqui aoffertàMme Yamadasonanthologieen luidisant :「  elle n'est pasbonnemais elleest doucecommesespagesenpapierbible.LaFranceest sansdouteun peubeaucouplà  」Matsujirôet Aikose voienttrès souventchez MmeYamadamais jamaisMatsun'a eu lamoindreenviede coucheravecelleParce qu'Aikoil luimanquel'étincelleet Aiko doitavoirune aiguilledans sonsac àmain杲Mais depuisqu'Aiko etUmesont entréeschez MmeYamadaMatsua du malà finirsonwagashicar il aenviede coucherspirituellementavec Umelàtout de suitesur leparquet deMme Yamadaet d'ailleurselle n'est pluslàni Aikoni la surbuéel'odeur doucereuse dugazle goût vert duthé vertIl y a justela base de la languegonflée, au goûtde silex blancdans le fond de labouchela gorge,le bruitde satachycardiele blancdans ses oreilleset la sensationd'être bêtela lutte crispéepour ne plusl'êtrela luciditéque cette luttele rendplus bêteencoreMatsu se dit qu'il n'ajamaisvu dePaon en vrai àKyôto- sur des panneaux de templesoui maisen vrai,non -mais que làil y a urgence àfaire la roueà passeren modesuper sentaide laséductionà joueren continuplusieurs niveauxau dessus du sienet que ce qui sepasse làà l'instantest uncarrefourmajeurdesavieL'urgenceest d'autantplus intenseque son kamidansedevant ses yeuxavec un panneaude cartoonaméricaintenu de la maingauchesur lequelest écrit「  c'est ELLE ! 」Il lui fait des grands signesde l'index droitpour lui montrerle panneaupuis jette le panneauet luimontre avec lesindexde ses deux mainsson sexed'oni enérectionénormequi grandit grandit grandit granditpour devenirplus grandplus hautplus largequ'un pilier du Nanzenjiet clignoteen rougeplusviolemment quetous les néonsd'Akihabarapuis explosesoudainementen un nuagede pétalesdesakurarose layetteetMatsu voitson kamisinger desbisoustendresTout celaMatsujirôle voit et lesentalorsqu'il doitpoursuivredevant les trois femmesla lecture àvoix hauted'un chapitred'AmersdeSt John Perseet il sedit qu'il auraitpu tomber surpireElle estvraiment trèsbelleUmeQuelque choses'est libérésur son visagedepuis qu'ellea arrêtéles concerts,il y adeuxsemaines.Elle est dans l'excitationla peurde cettetransitionla sensationd'une libertéqui pourrait êtretropgrandesi elle nescandepas sa viesi ellen'honorepas sachancetous les jourstous les jourstous les joursen poussantplus hautplus hautcomme le voldes oiseauxde Kyôtosonfaire,sontalentdans le cielPousser plushautplushautplus loinelle sait désormaisqu'elle doitprocéderaumicro-sécateurDepuis qu'ellejouede la musiqueUme n'a cesséd'augmenter leregistrede ses effetsle nombred'itemsde satechnique.Elle sentqu'elle al'âgemaintenant pourcoupertrancherépurerélaguer :Sielle peut100effetssi elle enpeut200elle doitdésormaisjoueravec30Mais trentesibeauxsipurssijustesqu'ilssuspendrontle tempscomme uneapnéede plaisircomme unorgasmeexistentielUmese ditd'ailleursque ça faitlongtempsqu'elle n'a pasjoui fortdans lesbras d'unhommeAlors elleregardesans enavoirl'airl'intelloqui lit sontexteincompréhensibleUmeelle saitl'effet qu'ellefait surleshommesElle l'aapprisdouloureusementtrèsdouloureusementMais làen cettepériodede transitionelle sent qu'elleabesoin dejouirdans lesbras d'unhommeet cetintello-làrayonnesubtilementde quelque chosede virilpascomme lesjaponaiscoquetspetits garçonsqu'ellecroiseautourd'elleAlorsquandMatsujirô luitend sacarteelle luidonneenretourlasienne,celle avectoutesses coordonnéeset luidit「  Vous aimez le matcha ?  」 L'UmeOn vit ce-laadolescentparfoisadulteet c'est douloureuxcar il faut quitter ceux que l'on croyait aimerque l'on aime parfois beaucoupmais pas comme ce-laCombien la viventcette fulgurancecombien la viventvraimentcettefulgurancequi est bienplusqu'un satoriqu'un très bonqu'un très longorgasmecombien sontbénisde cettechancede tomber enamourcomme dans unfleuvequi seraitle seulfleuvedu réella seule sourcede présenceà soiet aumondedans unedissolution desoi et dumondecombien sontbénisde l'amour- partagé -sans méprisedu regard partagéen miroiroù l'autreest soi en mieuxet plus que soiplus que l'autreplus quel'existencedérisoiredeshumainsmais oùl'on ne setrompe passur qui l'on voitCombien sontbénisde toucherl'ombilicdu mondede le sentirrayonnersous sesdoigtscomme le centrede toutle centrede l'êtreun point d'évidenceoù il n'y ani tempsni espaceni muniénergiemais véritéidentitélesocleCombien peuvent lever le doigtpour témoignerqu'ilsl'ont vécuecette fulgurancequiexigedeux libertésauthentiquesdeuxauthenticitéslibrescomplicesdisponiblesvivantesouvertesQuelques livresenparlentbeaucoup la singentet il n'y estjamaisquestiond'ellemais d'attachementde doucebienveillancede tendressechaleureuseaimanted'un amoursans amord'un amoursansamourcette chaleurdiffusedont on abesoinpour ne pastropressentirl'hiver de lavieLes histoires d'amourque l'on proposeen rêveen soupçonen vitrinesur scènemal doubléesmal sur-jouéeselles sententla rosecomme on sent despiedselles puentla roseLa fulguranceamoureusece n'estpasce n'esten aucuncasla rosel'amourc'estl'umela fleurblanchequi surgitquand tuasfroidet ce n'est pasla neigequi brillesur le troncnoirmaisl'umecomme unsoleild'enfantun soleilde paupièresqui n'ontjamaisétéembrasséesla nuitles néonss'yreflètentpartransparencecomme desquasarscomme unhymenet sonparfumt'étranglependant que tuoffres toncouà chaquedansesyncopéedes valvulesde toncœuret toncœurest cousude pétalesd'umeest unbourgeond'umetes yeuxont lateintede l'umela viete rendaveugleà l'obscuritéde la nonvieet la vieest devenueumelumièregalactiquequintuplementspiraleinfinimentspiralecomme unegoutte delait dans unthénoirL'umeest unelangueétrangèrepour quin'a pasétémarquépar sabénédictionune couleurpour lesaveuglesqui t'agressentà coupde canneblanchequand ilsentendentparlerdecouleursou quipleurenten silenced'enviequi tecrachentau visaged'envieparce qu'ilsn'ont pas faitce rêvel'umeou parce qu'ilsle fontà fauxà flancouparce quec'est un rêvedefauxde semblantde parureet qu'ilsont déjàassez à faireavec leur vietraquéeleur viecourteavec ce qu'ilfautavec ce qu'ilsdoiventet ilsfont alorsle bruitde l'eauroulant touslesgrains detoutes lesplagesetchacunettous ilsse fontgrainuniquealors quel'umeexigeque tusoisla plagetoutes lesplagesde tous lestempset tu essaisi par lefroidle chaudle selle ventlesectoutes lesodeursde touteslesplagescellesnoiresde cendresdes volcansneigeuxcelles desdésertsqui asphaltentles continentsles plagesauxbruits étrangescelles sanspasqui ne verrontjamais aucunpaset comme tues la plageavec l'umetu cours ettes pasforment untextepluséternelqu'un sutradediamantvos pastracentune équationévidentecourteet aucunhommen'y pourray avoirpensévos pastracentune courbecomme unseinune brancheet cettebrancheestl'umeQuand turespiresl'airestinutilele mondeest au-delàde l'utileil est làet tucomprendsqu'ila toujours étélàpourl'umeet quoi qu'ilarrivetu ressenscomme unéclairque tu peuxmourirparce quel'umea fait de toiunvivant VousLe français deMme YamadaestétrangeSes phrasessontcourtespoétiquessaturéesd'élémentauxde boisde feude terred'eaude métalde lune et de soleilElle parlecomme unebourgeoisedes années 30mais ce n'est pascelaElle parlecomme unenoble du19èmemais ce n'est pascelaElle parlecomme uneprincessede la courde Versailleset c'est déjàpluscelaMme Yamadaparlecomme unefemmeMme Yamadaa misdu tempsàexpliquerpourquoielleparlaitcommeainsiauxfrançaisqui luiposaientlaquestionOn lui a montrédesfilmsdesjournauxtéléviséspar internetla radioen directpar internetpour luifaireentendrele françaiscontemporainUn professeur un peuimbuun françaisneuropsyqui se prendpour quelqu'und'importantlui a craché :「 vous parlezainsipour gardervotreidentitéjaponaise 」「  Cher Monsieur,je parleainsipour gardermonidentitédefemme  」Et la femmedu professeurqui l'accompagnaitet qui restaitsilencieusederrièreluia sourid'un sourireamuséqui s'estteintéd'unegrandetristesseMme Yamadan'en ditpas plusmais lafemme duprofesseurqui estplus fineque sonmariacomme unpetitsatoricomme uncoup sur latêtequand onheurteun plafondtrop basqui nousrappellela hauteurdu plafondet notrepropretailleLa femme duprofesseurqui estfinecomprendMme Yamadacomprendpourquoi ellevouvoietout lemondeses amisles pluschersles plusprochesles intimesLa femme duprofesseurest uneintello,uneagrégéed'histoirequi aimeleJaponqui apris descoursparcorrespondanceet qui saitentendrela différenceentrewatashietatashidans les filmsUne agrégéed'histoirede sonâgeaétéféministea pris lapilulese souvientque sa mèren'a pastoujoursvoté.En historienneelle voitlesfemmes dessans-culottes,le sein nusur les barricades,celles desrévolutionsdu 19ème siècle,le sein nusur les barricades,les femmesqui remplacentles hommespartisà la guerre,la poitrine nuesous leurbleu de travail,les communistesau poing levéles deux seins nussur les barricadesEt puisdepuis qu'elle estauJaponelle voit des femmesde vraies femmeset elle se ditque cela faitlongtempsqu'elle n'a pasvu autant defemmes femmeinsupportablesde mignon dans laféminitéque cela donne envie de leshaïr car sonmari ne cesse detourner latêteet elle aussielle tourne latêtecomme si elleétait dans un muséedes plus beauxchatsdu mondeet elle pense à sonchat,Marie-Antoinette,et la voirse déplacerla voirvous regarderest unbonheurqui étreintet les japonaisesluifont le mêmeeffetet ce n'estpas del'homosexualitéparce que cen'est passexuelque d'aimervoir lesplus fémininesdesfélinesmaissensuelérotiqued'un erosqui ne seraitpaspornosmais qui pourraity glisserfacilementquand mêmeet quipourtant resteracinienLes félines du soleil levant restentprincesses intouchablesangessans plila matière ne les touchepasla main ne les touche pasondesaux courbesde fouet ralentiqui appelleetrejette lapaumefortes,puissantes d'unefragilitéque letemps n'accrochepasque lapoussièrela sueurne touchentpasflottantesglissanteset c'est unsupplicede les voirmarchercarcomment marcherainsi ?Les japonaisesparlentcomme elles marchentdansKyôtoet lesentendreest unbonheursexuéellesparlent comme deschatteset on aimeraitcaresserleurvoixcomme leurvoix sefrotteen félineOh bien sûron voudraitsouvent lesgiflerde parlercommedes princessesmanipulatricesqui obtiennentet commandentau kawai stupidede la voixBien sûr onvoudraitsecouerles femmesfinesqui sesoumettentet s'humilientdans cesintonationsoù elles nesont pasfemmesmaispotichesenfantsaccessoiresdomestiquesdispensablesMais les femmes japonaises sontindéniablementdes femmeset l'agrégéed'histoirese dit qu'elleaurait économiséde nombreusesannéesde psysi elleavaitétéjaponaisePeut-être enjaponaiseaurait-elleeu besoinde parler de sonpèreà sonpsymais elle n'auraitpas eubesoinde perdredu tempsà choisirsonidentitésexuelleà ne plussavoirquelle placequelle jouissanceà se sentirpauméedans soncorpsdans le corpsdel'autreElle repenseà cescitoyennesau sein nusur lesbarricadesde 89et de68et ellese ditqu'en tutoyantle roiqu'en tutoyantlescamaradesrévolutionnairesces libertés en marcheontperduleur seinleur sexedans leurvoixpuis dans leurcorpsL'agrégéed'histoirequi prenaitdes photos dans lesmanifsféministesdes années 70se souvient quepour mettre aupoint un sujetsur son vieuxpentaxil faut tournerla bagueun peu plusloin puisrevenirun peutropun peu plusloinet revenirencorepour tomberpilejusteaupointEn écoutantparlerMme Yamadaet sonvouvoiementqui n'est paskawaiqui n'est passoumisqui n'est passnobmaisfemmel'épouse sagedu professeurcomprendque lafemmeoccidentalede sontemps n'est pasaupointque la bagueesttournéetrop loinque lesfemmesoccidentalessont moinsfemmeset quec'est la blessurede leurjuste lutteEn écoutantle françaisdeMme Yamadaelle penseaux femmesqui dans trois sièclespourrontparlerjuste :femmeetlibrePersonne ne sesouviendrad'elledanstrois sièclesNi deMme YamadaAlors commentcomment,se demande-t-elle,vivre sonquotidienen ajustantau mieuxlabaguepour lesfemmespour leshommesd'aujourd'hui.Et dedemain Lumière-cielMatsumoto Sandans son MK taxi noiraparfoisde bonnesjournéesLes journéesfacilessontcelles oùleclientprendle forfaità la journéeIl n'est plustaxiil devientguidecomme unhôte fierqui montresa maison.C'est reposant.Le plus souventce sontdes petits.Qui prennent le forfait.Des collégiens de provincepar quatre ou cinqdans leur uniformetrop grandet leurs basketstrop blanches.Il n'aime pastrop lescollégiens deprovince.Ils sontrarement futés.Ils se comportent aveclui comme avecun profqu'ils mépriseraient.En l'écoutant vaguement.Il essaie pourtantde trouver desanecdotesamusantes, de leurfaire passerunemémoire.Les fillesrigolent trop fortLes garçonsrestent éteintsPour beaucoupce voyaged'une journéeà Kyôtosera le seulvoyage de leurvie et quandils regarderontla télépour s'abrutiraprès unejournée detravailépuisante,ils pourrontdireplus tardj'y suis allé.Parfoisdestouristesprennent leforfait.C'est souventdesaméricains.Des couplesqui ontpeur dese retrouverdans le silencede leurincommunicationet l'incommunicationavec les japonaisest douloureusecar refletexact de leurincommunicationde couplede leurincommunicationavec eux-mêmes.Alors ils prennentun guidedont la voixbouche levide,les enveloppe,les enfermeles isoleles bercedans leurmortdéjà advenue.Parfois c'estdifférent.Parfoisce sont desvivants.Capables devoir lebeau.Et le souriresefait.A l'avantdutaxi.A l'arrièredutaxi,dans le rétroviseur.Et la journéeest douce.Hier,c'était un italien.De soixante ans.Accompagnépar une jeunefemmede trente ans.C'est souvent durpour Matsumoto Sande donner un âgeaux occidentaux.Les occidentaux,ils se ressemblenttous.L'Italienqui parle unpeu japonaislui dit tout de suiteen anglaisqu'il va bientôtmourirmais qu'aujourd'hui ilsesent bien.Il veut une bellejournée.Il aimele Japon.Ce sera sondernier voyage.Matsumotoréfléchit vite.Plutôtque d'enchaînercinq visitesfatigantesil proposede n'en fairetrois.L'italienqui estconservateur demuséeditd'accord.La jeune femmene dit rien.Elle pense à saviedans quelquesmois,qu'elle aimeraitdéjà oublierce voyage,qu'elle l'aimequand même- en le haïssant d'être malade -mais quesa vraie vieà elleviendra après,qu'elle est déjàen deuil maisqu'elle ne peutpas le direle pleurerle montrers'enfuir.Ils vont lematinà Fushimi Inari.Font le tout petittour.Ne montentpas.Le midiils déjeunentau restaurantde Tofudu Daitokuji,marchentlentemententre les temples,prennentle thé vertau Koto-in.Ils regarderontle soleilse coucherau sommet duGinkakuji.Matsumototrouve les motsjusteset l'Italiena les motsjustes.Ils sesourientplusieursfois.C'est rarede rencontrerunhappyfew.C'est bon de sereconnaîtretel.Tristed'êtretropfew.De s'êtremanqués.Sur le retourversl'hôtell'italiendemandeà Matsumoto Sande s'arrêterdans une grandelibrairie.L'italiena passéune bonnejournéeet il veutfaire uncadeauà Matsumoto San.Il luioffreun beau livred'art,cher,avec de grandesreproductionsde tableauxde la renaissanceitalienne.Il l'invite àprendre lethédans le lobbyde sonhôtel deluxe et ilspeuventsentir delà où ilssontle parfumdes branchesd'Ume quistructurentcomme des éclairs noirsl'énormeIkebanaau centre dulobby.L'italien parleavec unevoix fatiguéeplus fatiguéeque celledeMatsumoto SanIl luiparle delumière-cielde ce bleuclairdes tableauxrenaissantset que c'est unbeau mot「 renaissance 」Il montre àMatsumoto Sanle bleucielitalienqui n'est pas lebleu vertle bleugrishollandaismais un bleuciel bleuqui est la lumièrede l'espritla clarté de lavuela ludicitéde l'hiveret Matsumotodit qu'il le sentce bleuderrière lesarbres dejanvieret de févrierà Kyôtoet l'italien luidit : ouiL'italienlui montreles traitssûrs deBelliniet même s'ilssont courbestrop linéairespour êtreétranglantsMatsumotosent la coupe, le kirele geste sûr dusenseiet il est émucomme devantune dansed'un shitedans un bon jourL'italienlui montreles visagesde femmesdesBoticcelliet desRaphaëlet pointedu doigtdesjaponaisesqui passentdans le lobbyet tous les deuxsourientjusqu'aurireEt puisl'italienrevientsur lebleusur lalumière-cielqui est lààchaquepagedu beaulivreet ildit :「 l'ombre,c'est bien,elle est làpourrehausserleséclats,la poudre d'or,la couleurd'une pluienocturne.Mais regardezimaginezregardezMatsumoto Sance quecréerontles futursrenaissants,ceux quiéclairerontdelumière-ciel,Kyôtol'éternelle 」 Vrai positifUme s'est fait prendre.Ume a peurcar elle s'est déjà faitprendre.Au piège.Tomber amoureuxc'est facile.On tombedans le fauxparce que l'autrevous dit que vousêtes quelqu'unde bienavec des motsjustes.Et parfois lessentiments sontjustes.Amoureux,la plupart dutemps,c'est unfaux positifqu'on saitfaux mais qu'onaimepositif.Et parfoison rate aussi saviesur unfaux négatif.Alors on doute.Et puis il y a le sexe et la courtoisie.Le besoin de sexe et l'étiquette du 「 merci au revoir 」.Et parce qu'elle est belle, et parce qu'elle jouitIl y a ceux qui aiment la beauté et la fierté de leur virilité.Mais pas Ume.Ceux qui aiment la notoriété parce qu'ils n'émettent aucune lumière,ceux qui aiment le talent pour se l'approprier.Mais pas Ume.Ume, elle se méfie de ses hormones.Elle a le corps en été et doit donc garder la tête en hiver.été/été, ça brûle.Alors elle sort couverteavec une capote à sentiments.Parce que l'amour aussiet ses faux positifs : MST.Matsujirô, elle le voulait sur elle.Elle avait besoin de se faire couvrirde se faire prendre.Et maintenant elle estprise par ledoute.Du vrai positif.Parce que Matsujirôlui,il sait :c'est Elle.Alors il procède à la française.A la prévenanceA la surpriseA l'attentionA la 19ème siècleIl n'envoie pasde SMSpasd'emailsmais de vraieslettrescalligraphiéessur un washiqui est unecaresseet unetextureà rendrerêche lesnids d'oiseaux.Il n'offreni fleursni chocolatsni petits bijouxni accessoiresmais des cadeaux qui tombentjusteet pendant unesemainetous les joursil a trouvé au100 yens shopdes cadeaux à100 yensqui tombentjusteet Umepersonne ne luiavait jamaisfaitdes cadeauxà 100 yenstous les jourset qui tombaientjustetous lesjoursEtre ce que l'on fait.Aimer par ce que l'on offre.Les mots justes. Les gestes justes. Des attentions justes.Et la surprise vient de la justesse.De leurrégularité.Le quotidien c'est des êtres humainsqui font des bruits de faxpour accrocher la porteuse del'autrepuis qui s'envoient :des feuilles blanches.Juste, c'est quant tu siffles un air de génieet que l'autre répond en canon, en fuguant, à la tierceet qu'il t'envoie dans un fax 3D multicoloreun Sesshu, un Patinir,ou un dessin de grosse bitepoilueet vous rigolezen rajoutant plus de poilsen lui dessinantdes yeux.Et Matsufait cela.Tous les jours.la faire jouirla faire tendrela surprendreet dire aussisonbouleversementUme n'ajamaisété courtiséeà la française.Par des américains,des coréens,des latins,des japonais au-delà du richequi modifientleurs voitures pour qu'ellesfassent plus de bruitet qui portaient à leurpoignet XXS desmontres XXLMais pasà la française,à la courtoise libidinaliséeau Cidà la Cyranoqui osentqui osent direlui direet sedireA la française, façon japonaise.Et ce sumie-là donneplus de goût encoreplus de couleursau macaron framboisede la séductionfrançaiseplus d'éclat danssonsobreplus dechaleur dans sasimplicitéplus de surprisedans son absence de symétrieplus de forcedans ces coupes franchesassumées,dans laconscience calligraphiquede l'impossiblerepentirUme n'a jamais connucelaElle se met à répondreenmusicienneelle quin'aime pasjouer avecd'autres.Elle pose un accordetMatsu y répondpar un autrejoyeuxinattenduElle pose un motifetMatsu y répondet il estjusteet Ume n'a pasl'habitude qu'on réponde à ses motifspar d'autres motifsjustesMatsu la devance par un thèmequ'elle improviseavecdéliceEt ce n'est pas de la musiquemais leurvieet tous les deuxsavent que c'estla musique de leur vieque cela estjusteque cela estbonque cela estrareIls s'embrasentet ce quiplaît àUmec'est que Matsune se consumepasIl semble sûr.Peut-être est-ilsûr.Elle,a encorepeur. Murasaki SanMurasaki Sanparle françaisanglaisallemandsans la moindretraced'accent.Il estdentiste.Il asoixante-dix ans.Dans lecabinet deMurasaki Sanon entend de la musique.De la musique allemande.de funérarium.Sissi l'impératriceaurait aiméMurasaki San.Murasaki Sanson cabinet està l'étage.De son chez-lui.On enlève ses chaussuresavant de monter lesescaliers.Il y a de la moquette.Elle est framboise.Framboise passée.Sur les murs aussiil y a des motifsframboise.Passés depuis trenteans.Les masques de clownne jurent passur les motifs.Ni la botte encéramique dans uncoin de la pièce.Ni les napperonsblancs.Ni les cadres dorés ouvragés.Murasaki Sana soixantedix anset n'est pasencore à laretraite.Ca ne va pastarder.Mais pas encore.Murasaki Sanne fait passonâge.Soninfarctusil y adix ansl'a faitpourtant vieillir.Un peu.On n'attend pluschezMurasaki San.Il y a toujours de la placeSouvent il n'y a personneavantet personneaprèsdans la salle d'attentequi n'est pas séparéedu cabinetpar une porteni par un rideau.Pour passer de la salled'attenteau cabineton monte untiers de marcheet on chausse des chaussonsblancsouframboiseavec un ruban,à la Sissi,assortiAu Japonune rangéede chaussonsça clôtl'espaceplus qu'uneporte coupe-feuQuand il a refaitsoncabinetvingt ansavant soninfarctusles machinesde Murasaki Sanavaient dixansd'avance.Aujourd'huielles font encoretechnique.Leurs couleursont passémaisça va.La femme deMurasaki Sana justeoubliéde nettoyerla glace qui protègela lampequi fait malaux yeuxquand elle vouséclaire la bouche.Quelqu'un a dûsouffrir fortrécemmentcar ony voit comme unéclat de dentsanglant collésur la vitre.Mais séchédepuisplusieurs jours.C'est peut être lamême personnequi a dûcracher du sangsur la vestevertede MurasakiSanet la tachesombreà hauteurd'infarctusrésistedepuisaux lessives deMme Murasaki.Murasaki Sanne met pas degants quand ilvous inspectela bouche.Les gants, ce n'est paspratique pourinspecter labouche à coupde fildentaire.Murasaki Sanest efficace.Il prend sontempscar il a dutempsmais travaillevite.Sans survendre :le cabinetest déjàremboursé.Depuis longtemps.Murasaki Sanparleplusieurs languessans accent.sans erreur.Mais il oublie.Ca le terrified'oublier.Le nom des chosessimples.La marque d'un dentifrice.Celui qu'il utilisetous lesjours.Murasaki Sanaurait puêtre diplomate.Pas prof de langues.Pas universitaire.Murasaki Sann'est pas un intello.Mais diplomate oui.Un bon dentisteest un diplomate.Murasaki Sanpense souvent augâchis de savie.Aux voyagesqu'il aurait pufaireet qui n'auraientpas étédes voyagesaccompagnés.Des voyagesoù ilaurait appriscinq autreslanguesdix autres languessans accentsans erreur.Mais quand on fait desétudesdedentistequand on enprend pour trenteans demachines dedentistequand tout le mondevous connaît commeDentiste Sanpeut-on êtreautre chosequecelui qui ouvre desbouchescomme ungaragiste uncapotsale ?On change une bougieun filtreune courroieet on a les doigtsgras de noiret ce n'est pas dunoir mais du sanget des bouts durs.On nettoie au karcheret le karcher netransforme pasla deux chevaux enAudi.Murasaki Sanne supporte plusles bouchesces trucsmous et durs,framboisepasséeet blancsavec leurs boutsd'almagamegrisleurs céramiquesleurs bouts de viandeet souvent les bouchessont comme des éviersde célibatairesavec des casserolesbuitoniséesdepuis 6 mois.Murasaki Sanne les supporteplus ceschochottesqui se tendentcomme des sembeitrop vieuxtrop secset leurs dents sontcomme des sembeiavec la couleurjaunela couleur orangedu vieuxsembeila fragilitédu vieuxsembeiMurasaki Sanil ne les supporteplus ces bouchesmollesces bouches duresqui font semblantd'avoir malaux mâchoiresparce qu'ils l'ouvrentcinq minutesalors que lui aimeraitl'ouvrir sa bouchepour parler des languessans accentsans erreuret les mots sont propresni mous,ni dursmais beauxinvisiblesaériensalorsil a parfois envie de leurfaire malà ces bouches quipuentl'ail des gyozadu midià ces bouchesqui rotentle teishoku à800 yensil aimerait faireoupsen dérapantavec sonkarchertournantqui faitpschhhhquand il relèvele piedet des bruitsstridents qu'il nesupporte plusd'entendre carça le rend sourdaux accentssubtilsà tous cescommasqu'il aime tantreproduireet qu'iln'entendplusAu fondMurasaki Sann'en peut plusde cette grandebouchede l'universIl ne veut pasoublierles motsil ne veut pasmourird'undeuxièmeinfarctusil ne veut pasde retraiteet se retrouverface à safemmeet c'est déjàtrop dur,ne plus pouvoirvoyager.Il n'en peut plusde Kyôtoqui est comme unegrande boucheouvertequi croque et digèreet enfermeParfois,il a envie de s'enfoncerla roulettedans latempede s'injecterdans latêtetout sonstockd'anesthésiantEt s'envolercomme un corbeaunoirParce que les oiseaux n'ont pas dedents Une lanterne de pierreMurasaki Sansesuicide.Il voulait sependreà uneIshi dôrôUne grandelanternedepierre.Il aurait vouluse pendre àune petitelanternedepierre.Mais il estplus grandque lespetites.Et mêmeles grandesne sontpassuffisammentgrandes.Alors ilaccrochesacordeà untorii.Un toriide cimentgris.Il n'aime pasles toriidecimentgrismais ilvoulaitun cointranquilleun lieu quiluiparleet lecimentc'estpresquecouleur pierre.Ilest allédans unlieuqu'ilconnaîtau sommetd'unmont,pour échapper à labouche de la ville,au dessusd'Himukaijinja.日向.Pas très loindu toriiil y a ungrandpoteauélectrique.C'est dommage.Et les arbresne sontpastaillés.C'est dommage.On ne voit pasloin.Il aime bienl'idéede mourir日向.Orientévers le soleil.Et ce torii-làestorientévers Ise.Puissent lesgrandskami duJaponl'accueillir.Ilse sentcalme.La tête calme.Son cœur luiest excitéson corpsrefuseil a peurdesouffrirmaisà l'intérieurMurasaki San croitêtresûr.A plusieursreprisesdans savie ila penséausuicide.Il a suensuitequ'il ne voulaitpasmourir.Juste arrêterde souffrir.Là aussiil veutjustearrêter desouffrir.De souffrir à sevoirdéchoir.De souffrir à sevoirmourir.De souffrir desouffrir.A quoi bonattendrece qui vient.Ce quiest déjàlà.De souffrir desouffrir.En perdantsesmots.Ilne dormaitpasil y atrois jours.Alors ils'est levépour liredans sonbureau.Il a prisun livreau hasarden tendantla main.Il est petitle bureau deMurasakiSan.C'était unromanpolicier.Français.MurasakiSann'a quedes romanspoliciers.Qu'il a lusplusieursfois.Pour apprendredenouveauxmots.Pour apprendreàparler,pour caressersontalentcomme oncaresseun chientropsagequ'on ne fait pas courirsuffisammentsouvent.Murasaki Sanbutte surunpremiermot.Il prendsondictionnaireélectroniqueet vérifiele mot.Un motsimple.Trois lignes plusloinil butte à nouveausur unautre motsimple puisencore.Puisencore.Il rangerageusementméticuleusementleroman policierfrançaiset enprend unautreen anglais.Il a toujoursété bonenanglais.Adolescentil écoutaità longueurde journéela radioaméricaine.Il habitaitchez sagrand-mèreprès d'unebased'occupation.L'anglais,ça l'a aidépour le concoursd'entrée àl'université.Il ouvrele romanen maudissantles françaiset dèslapremièrephrasebuttesur unmotsimple.En anglais.Quelque chosesedéchireen lui.Il refermele livreettend lebrasvers l'étagèredes livresallemands.C'est un bonlivre sur lavie deChostakovitch.Il regarde la pagese souvient dusensmaisbutte surpresque touslesmots.Ses pupilless'ouvrent.D'effroi.Quand ilrejointsa femmequi préparele petitdéjeuneril s'assoitraidemuet.Elle luisert durizun bol demisoinstantanéqu'elle vientde remplird'eau chaudeet destsukemono.Comme on estdimanche,comme tous lesdimanches et tousles jeudisdepuis son infarctusil veut prendredu natto.D'habitude il neprend pas de nattocar mêmequand on selave les dentsetmême derrièrele masqueen tissu vertle nattoça puela poubelle.Le jus noir devieille poubelleoubliéeau soleil.Les kyôtoïtesils sont nombreuxà ne pas aimerle nattoson odeurses filsgluants.Le natto,c'est bon pour lesgens de Tokyoqu'ils continuentà mépriser.Tokyo ça ne pourrajamais être lacapitale.Tokyo, ce n'est pasle Japon.Mais le dimancheet le jeudiMurasaki Sanil aimebien mangerson petit pot denatto.Il paraît que c'estbon pour lasanté.Et il l'aime bience goûtinfectqui fait comme unreset dans la bouchepour apprécierles choses douceset subtiles,la légèreténeutre,respectueuse,de lacuisine japonaise.Alorsil regarde safemmeen voulantgrommeler「 natto 」avec un signeexaspéré etfatigué de la maincomme le fontles vieux marisjaponais.Mais le motne vientpas.Il voit l'imagedans satêteil sait ce qu'ilveutmais impossiblede récupérerdans le dictionnaire de soncrâneles sons dumot.Sa femmeposeunpetit potde nattodevant luisurprisedu changementduscripthabituel.D'habitudeil y a du son.Elle le regarde.Il a l'air jaune.「  Ca va ?  」Il fait「  Mmm  」se lèves'habillesort.Il fait gris sombre.Doux.Trop doux pour unmois de janvier.Il pleut.Il marche sous sonparapluietransparenten descendant longtempslarivière aux canards.Le bas de sonpantalon marronest mouillé.Il croise lesclochardsqui pissent dansla rivière.Des japonaisesà jupebleu marinecourtebien droitessur leurvéloune vitesse.Les hérons.C'est làqu'ilprendledébut desadécision.Il ne veutpas seretrouverchauvedeses mots,de ce qu'ilest,des chairsde sonêtre,ce qui estvraiment lui.Comme cespoissons grillésdont il nereste plusque l'arrêtecentraleridiculeet qui ontperduleursyeuxsur lefeudugrill.Enrentrantil passepar lecimetière deKurodani.Au sommet desmarchesil y a desIshi DôrôdeslanternesdepierreIlaime çalesishi dôrô.Il aimeçadans lesjardins.Il en a faitinstallerune petitetoute étroitedevantsaporte.Murasaki Sansentclairementsoudainementqu'il estunelanterne depierre.qu'il a toujoursété une lanternedepierre.Que touslesjaponaissont deslanternesde pierre.Bien épaisses.Résistantes.et quine sontéclairéesque par laLune.Les rêvesd'étoiles.le kides kamifamiliauxle kides kamidesjardinsceux desmoussesdesarbresdesfleurset que leurlumièreinvisibleest invisibleparrespect.Pour ne pasdéranger,pas les hommesmais cequientoure.Et soudainMurasakiSansentqu'il n'yauraplus jamais delumièredansl'ishi dôrôqu'ilest.Plus dekiplus deluneplus demots.Alorsil faitsonnœudlepasse à soncouet saute de la barrière Agents secrets de la vieLa vie est faite pour les amoureux.Qui n'en font pas partie.La vie du quotidienils n'en font pas partie.Eux, ils sont de la vraievie.Les amoureux sont en mission.Secrète.Ce sont desclandestins.Des pas du coin.Leur mission est devérifier l'état du réseau.Dormant.Le réseau de la vraie vie.Personne ne sait pluspourquoi il est dormantle réseau de la vraievie.On sait juste que lafausse vierègne.Depuis longtemps.Pour longtemps.Et cela donnelanausée.Parce que la fausse viec'est du malfait à chacun.Pour rien.Les amoureuxont pour missionde visiterles caches.De la vraievie.Maintenirsonfiletd'or.Elle est subtilela vraievie.Elle est làpartoutsous la bouegrise de lafausse vie.Elle selitenbraille,Amoureuxça rendsensiblela pulpedesdoigtset tusensle brailleet ilestd'oret il estchaudet quand tu letouchesil est pluschaudencorecomme sile soleilte donnaitle sein.Juste unegoutte.Et turotes,le couflasqueles épaulesen arrière.UmeetMatsuse promènentdansKyôto.C'est rigolola sensationde la main de l'autreà travers les gants enpolaire noireet à picots plastiqueachetés au combini.Matsu, ses gantssont assortisà son bandeauen polaire noirepour les oreilles.Ume, élégante,kyôtoïte,a des cachesrosesqui prennenttous les joursdavantagele parfumdu shampoingqui font de seslongscheveux noirsun miroirondulant del'érotique :la nuquecomme unechute dereins.Ils ont couchéensemble.Ils ont jouiensemble.Mais Matsula courtisecar il veutplusbeaucoupplus.Il veutmériterson amour.Il la veut vraieentièrecomme la vraie vie.Kyôto est uneville où leréseaude la vraievieest l'un desplus fortsaumonde.On ne croiraitpas commeçatellement la villesembleendormieendormieendormiegrised'êtreendormie.Kyôto s'estpeut-êtreretrouvéegrise endormiequandla fausse viea gagné,elle qui n'est làque pour lavraie vie ?Ume etMatsuressententcelaen neressentant pluslegris.Ils se promènentdans leurvilleaux grossestuiles grises,Kyôtol'endormie,et ils sesententéveillés.Ils ne marchentpas dans laville àl'heure duratà l'heure dutigreà l'heuredulièvrenon,Kyôtoest bellel'hiveràl'heure duch'val.MatsusouhaitaitemmenerUmedans unlieud'agentssecrets.Ume n'y étaitjamaisallée.Au jardin botaniqueoui, elle était déjà venue.Un jardin moche.Comme tous lesjardins botaniques.Mais elle n'était jamaisentrée dans laserre.Les serres botaniquesMatsu,ça lui rappellele quartier dela gared'Austerlitz.A Paris.Et les filmsd'espionnage.Il y abeaucoupde buéesur seslunettes.Ume dégrafesa doudouneblanche.Elle l'embrassegentimentet les vieuxjaponaisretraitésavec leurappareilneuf, leur trépiedde cinq kiloset leurobjectifde vingtcentimètresfont semblantde ne pasavoir vu.Matsuprend Umepar l'épauleet aucunhommene l'a prisecomme celaet c'est à la foisfermeet non possessiffortet douxIls marchent ets'arrêtent.Tous les mètres.Ils sententque la vraievie esticidans cetteserrequi dépenseplus pour desplantesen chauffageque de nombreusesfamillespauvrespour leur enfant.La vraie vieest icidans ces plantesquimourraienten hiveràKyôtoet quilàpoussentrespirentet pleurentleurs fleursLe vert desfleursest gras,noir,les cactéesdans la cellulesèche de laserre ontdes piquantsprêts à vousgrifferd'envie,de peur,et eux ontdéjà basculédans lafausse vie.Et puis lesorchidées.Comme desvulves d'unopérachinois,accrochéesà leur bout d'écorcemouilléridicule, suspenduau mur.Des radeaux de laMéduseoù neresteraitqu'une demi-déesseLa vraie vie L'injustice faite aux hommesUme n'y ajamaispenséde cette façon.Mais oui,les hommes sontbien à plaindreavec leurpauvre petitorgasmedifficilementrarementrépétéet de toutefaçonnécessairementespacé.Oh quand ça al'air fortça a l'aird'être vraimentfort poureux.Mais sicourt.Si ponctuel.Et pastoujourssifort queça.Soulageantmais pastoujours sifort.Leuravantageest dene pastrop avoirà se poserdequestions :une frictionrythmiquementadéquateen montée de Fujisan,Et hopl'éjaculationvientavec ses troisquatrespasmesde plaisir.Puisnon pas latristessemaisla somnolence.Ume lesa toujourstrouvéspiteuxsur ce coup.Parfoisémouvants,parfoisridicules,maisle plus souventpiteux.Umesi elle sesentl'âmekyôtoïtesaitsachance de ne plusavoir unesexualitékyôtoïte.Elle ena desréflexes.Pour lesdouchespar exemple.La premièrefoisqu'elle afait l'amouravec unoccidentalet qu'elle luia dit「  la salle de bainest par là si tu veux  」et qu'ilavait répondupas grand chosecar il lavoulaittout de suiteça l'avaitun peudégoûtée.Elle avaiteu le sentimentd'être face à unanimal.Il était gentilpourtant.Et propre.Il sentaitmême encore lesavon desa douched'avantrendez-vous.Mais enfinquand même.Ils avaientpris lestransports encommunet tousses partenairesd'avantavaienttoujours pristoujourstoujourspris unedouchependantqu'elleinstallait lesfutons.Elle aussi, avant,prenait toujours une douche.C’est frustrant les douches.Ça coupe l’envie.Mais on ne sent pas.Ume se souvientduchocdubouleversementquand ellea découvertl'amouravec desnon japonais,ceux qui ne se laventpas les cheveuxtous les jours.De leurchoc à euxde la voirsipassive.Il y avaiteude nombreusesnuitspresque blanchesà se voirexpliquerà tenterdecomprendre.Avec les moins doués d’entre eux.Et un jouril y avaiteu cet amantsud-américainqui assumait ridiculement savirilitéet qui luiavait dit「 joue tamusiqueimprovisedanseavec moi 」et ilétait sensiblesaxo ténoret elleavaitacceptéd'improviseravec luide ne plusêtrepassiveet ilsavaientjouià s'ensouvenirencore.Depuis,elle penseaux amantsjaponaisen se demandantce qu’il faudraitpour qu’ils sortent du scriptqui pour assurer l’harmonieprévient toute surprise.Oh certains la jouent bien lapartition. En sensei.Mais c’est la même.Immanquablement lamême.La douche.Puis la femme passive,immobile comme un sashimi de thon dispendieux.Ses petits cris aigus, étoufféscomme dehonte,de douleur de la honte.Comme un bébé qui pleure.Lui, actif.Souvent requis par le devoir de lafaire jouir avant.Et ça prend du tempscar elle est trop détendue par la doucheou pas suffisamment détendue malgré la douche.Elle pense aux voisinsou aux enfantset qu'ils auraientdû aller auLove Hoteloù l'on n'a pasbesoindemordre lesdraps.De faire semblantd'avoir besoinde les mordre,mais c'est dans lescript.Lui, actifs'efforçantde ne pas fairetrop longmais pas tropcourt non plus,ce qu'il fautpour pas qu'on disemais pas trop,pour ne pas gêner.Et puis lui,tout gênétout s'excusantà ne pasmouillerles futonsles tatamisà ne pastacherl'autredu collantmoiteux desa semence,directionla salle de bainpour unedouche,soulagéd'avoir accomplicorrectementlescriptrepassantdans sa têteles étapeset les cochantune deuxième foispour être biensûr.Et poussantunlong soupirsous le pommeaude l'eautrès chaude.杲Matsujirônon plusn'est pluskyôtoïte.Partager unappartementparisienavec uneco-thésardequébécoisel'apour toujourslibéré.Et longtempsemprisonné aussi.Dans les regrets.Parce que de retourau Japon,impossiblede penserpouvoirmodifiertransformerle protocole desprincessesjaponaises.Peut-on défaillirsans le tremblementstupéfaitde l’inattendu ?Alors lesregretset lasatisfactiondes petitscompromis.杲La questionde lacapotea étérapidementrégléeavecUme.Il a comprisqu'avecelleil n'avait pasbesoind'avoir peur.Qu'elle étaittrèssérieusesur sonnon désird'enfant.Ume neprenaitpas lapilulecomme despetits bonbonsmais comme unengagement.A son art.A sa vie.A sa conscience :si tu choisisl'enfant, lui avait-elle dit,alors tu lefais enconnaissance de causeparce que ce n'est pasun enfantdont il s'agitmais d'unêtre humain etqu'un êtrehumain,qu'on aime,dépendant,ça ne s'instrumentalisepas,ça ne se négligepas.Matsu se disaitqu'elle enavait euvraiment beaucoupdes amantsétrangerset il sedemandaits'il pouvaitlui faireconfiancepour lesmaladies.C'était saincommequestion.Un peuraciste aussi.Et pastrès sérieuxde ne plusse la poseraussirapidement.Ume futstupéfaitede sachance.Matsufutstupéfaitdeleurchance.Ils n'avaientpasbesoinensembledejouer laconventionjaponaise.Ils pouvaienttous lesdeuxfairel'amouractivementenimprovisantens'autorisantàexplorertouteslessensationsdeleurcorpsles sensationsde touslestrousdetous lesporesde leur corpsMatsupouvait lalaisserun tempsprendre lamainsans sefairepassifsans sesentirdévirilisé.Umepouvaitlâchersesgestessessonssans quel'autre,destupeur,ne se transformeenmaguro,sans sesentirlesbiennemasculine.Ecarterses cuissesgrand ethautetaller à sarencontreassumer sonplaisirdefemmed'avoirdes fessesd'hommesen maindestimulerun torsedeguiderl'autres'il nesent pasla microvariationdont on abesoinpourjouirplusencoreencoreencoreencoreMatsuavaitdéjàfaitl'amouravec desfemmes quijouissaientbeaucoupmaisjamaisà ce point.Il trouvaitçainjusteles orgasmesmultiplesenplateautous lesorgasmesdifférentsqu'autorisentlecorps des femmes.C'étaitbonetvalorisantde sesentirresponsabled'autantdeplaisirmaisinjuste,aufondmêmesi pour luiaussic'étaitfort.Mais alorsvraimentfortau point de justifiertoutes les chienneries de la vie. 杲C’est l’odeur d’Ume sur lui,parce qu’il n’a pas voulu prendre de douche,en se dirigeant vers la facpour donner son courssur l'identité sexuellela bipartition socialesymboliquedumondeque Matsu ruminela question :「 comment lafaisons-nous payer,nous les hommes,cetteinjustice-là ? 」 KitanoLe monde est fait pour les amoureux.La vraie vie qui s'activesous le regard desamoureuxlibèredes formesdes couleursdes symbolesqui sontlàsous lesyeux detousmaisquepersonne d'autrenevoit.Ume et Matsu se rendent à Kitanoet surprennentce qui a toujours été sous leurs yeux :les deuxarbresdans la cour du temple,les deuxarbresqui s'attirentets'appellentsontun pinet un prunier :un ume et un matsuLe couplede l'umeet du matsudans la courde Kitanoc'est la vraievie qui leurdit :「  Ne prenez pasce messagepour vous.Ces arbres sontlàbien avantvous.Vous serez morts,séparés,ils seronttoujourslà.Mais vousêtes làet ces arbressontlàet ils ne sontpas vous.Ils sontlà pourquelqu'und'autre.Ont étéchoisisparquelqu'und'autre.Lejardinierqui lestaillene vousconnaîtpas.Mais.Mais ilssont làaussimaintenantjuste pourvousetc'est lecadeaude lavraievieque de vouslesdonnerlà,justelà.Et vousvousensouviendreztoujoursmême mortsmême séparéscomme uneanti-cicatrice 」Ilsregardentautourd'euxetvoientpartoutpour lapremièrefoisles kamonde l'umesur le temple.Les lanternesmêlantle matsuet l'ume.Les tissusdéployantles deuxmotifs.Une grand-mèrevient de commander unebénédiction premier prix :la réussite universitairede son petit-filset puis aussi ses textesau concours annueldepoésieimpériale.Un jeuneprêtreShintohabilléen blancfaitrésonnerletamboursuspenduà uncadreau motifd'umeau cœurde matsu.Matsujirôfermeles yeuxet demandeà sonkamide nepassortirPas icipasmaintenantSon kamilui souritlui ébouriffetendrementlescheveuxetMatsusent son corpsqui ne trembleplus.Ils marchent.Ils sont venuspour lesume.Le parc auxdeux centspruniersest ouvert.Le blancet lerougedes fleursgalactisentlechampdestroncsnoirsentourésdepinsverts.Quand onn'est pasconnecté à lavraieviequand la télé,la consoleet la villeont éténosvraiesmamans,un arbreenfleurce n'est pasbeau.C'est unmobilier urbaindechochotte,de simplettesqui dessinentdes cœurset portentdu rose.Ou degrands-mèresqui n'ont plusqueles plantes,comme miroirsde leur vie végétale.C'est ce quedisentà Matsujirôses amis parisiensintellos,cyniques,quand iltente deleurexpliquerson pays.Matsujirôestd'accord avec eux.Pour les sakura.Les sakurac'est troprosetropbonbontroppompontropmignon.Les sakurac'estlafaussevie.Mais lesumed'hiver,les umed'hivertedéchirentl'âme.Par leurpas trop.Leurpasencore.Leurpas tout à fait.D'abord les troncscharbon,tisonnés decendres.Des troncsdedeux mètres,pourplacer à portéed'hommeles quinzejoursde leurétincèlement.Quelquesbranchesmaîtresses,césuréescalligraphiéesau grospinceauEt desbranchiolesfineslinéairesqui secourbentlentementsous lepoidsdesfleursPas encore.Pas tout à fait.Certainsvieux troncstordusabîmésouverts par le tempsn'en peuvent plusd'attendre.Alors ilsexplosenttout desuitecomme uneboule dejournaldans unecheminéesombre.Tu as malpour euxet lesadmireset ilssavent qu'ilsvontbientôtmourirqu'ils nepourront plusoffrirlongtempscette étoilede parfumsexuelqui donneun regardétrangeaux visiteurs.Ces vieux, les précoces, nesont pasbeauxà tout montrer trop viteà masquerde leurblanc,de leursfleurs,le ciel,les branchioles,leur corpsde mourant.L'umetu en jouisdansl'en-coursTu dois voirlabranchioleet la calligraphieet le troncet le soleilqui teint deblancton regardet tu fermesles yeuxderrièretes lunettesteintéeset les boutonsde fleurste font penserà des tétonsà desclitorisLa fleurécarteses pétalesen croixcomme uncri sur ledrapblanc du ciel,le soleilrend sapeautransparentele ventunoiseaului donne lefrissonUme s'estpenchée.Sur la pointe despieds.Elle embrasseMatsu.qui la prend dans ses bras.Le pin, le prunier. DelicatessenC'est unmétiercommeun autreEt comme danstous lesmétiersduluxeon estfierdecréerl'excellenceLe plus durest defonderpuismaintenirsonréseauprescripteurIl fautinvestir àlongtermeen offrantle sake, la bièreet les plats quiaccompagnentDenombreuxsoirs,dans denombreusesIzakayaLesspécialistesdel'endoscopiene sontpasnombreuxet laconcurrenceféroceLaproductionestmeilleureenhiver.Statistiquementon y mangeplus deramenet debutaman chinois.Çaaide.Pour lameilleurequalité,il faut degrosproducteurs.Plusils sontgros,meilleurest lerésultat.Les grosproducteursenont detrèslongs.Pas toujoursmaissouvent.Et puisbiensûr,il fautdesproducteursconsentants.Ca, c'est plusfacile.Car lesgourmandsquiapprécientlesbonnes chosessontplusnombreux.Ils sontparfois si fiersquecertainsmangentdavantagede ramenet debutamanchinoisen espérantdevenirà nouveauproducteurs.Laproductionse faiten salleverteet sousnéonbleuté.C'est plusfacilepour lesreflets.Unedécoctionde plantesmédicinalesbiobien doséespermetde contrôlerletiming delasortieduver.Leversolitairedoitêtrerepu.Grasdebonheur.Plus lever estcontentplusdélicataugoûtest sonmucus.Ontirele verdélicatementd'une mainet del'autreà lapetitespatuleenbois quiressembleà unbâtonnetd'esquimauonprélèvesoigneusementlemucustranslucideUn assistanttendles petitspotsquicontiennentdéjà les37grainsnoirspourrisde longuedatedans dessacspoubelledejardinlaissésle tempsqu'ilfautprèsd'unesource chaude,humide,mycéliale.Lesenseipréleveurdoit savoirdoseretdéposerle mucusentrois petitsmouvementsprécisdubâtonnettout enmaintenantdel'autremainunetractionfermeetdouceVoilàVoilàen groscommentonproduitlenatto deluxe.Quand on demandeaux senseicommentest fabriquéle nattode tous lesjours,celui qu'on achèteenmagasinpour le petit déjeuner,aucun neveutrépondreet tousont unmouvementd'effroide laboucheenfermantles yeux.Et tousfont aussi legeste que l'onadresse auxenfantsou auxétrangerspour avertir,pour interdire :les brasen Xà hauteur depoitrine「  dame, dame  」 Le choix de NinigiIls vont au Nô.Celui de Kanze.Après s'êtrepromenésau Nanzenji.Où ils laissentlongtempsleurs paumescomme des stéthoscopessur lespiliers duSan Mon pourentendrele pouls.Del'univers.Matsu luimontrerapidementlacascadecachéedans lamontagne.Il n'aimepasvraiment cetendroittropforttropkamiquetropcourroucépost-humaintropDagobahà songoût.Sonkami,lui,adoreen grinçantdes dents.Ils échangent quelquesmotsde sympathieavec l'undes petitsvieuxen charge desmoussesà la foishorrifiéetbouddhiquedevant lesravagesde fringalecauséspendant lanuitpar unsanglierdans lesparterresdont ilss'occupenttous lesjoursà la pinceàépilerIls bifurquenten descendantpoursaluerleurarbrepréféré :le vieilumedu Chôshô-in.L’arbre arriveau bout.De safloraisoncommencéel'année précédente;en décembre.Il est désormaistout blanctout odeurun peuroux aussicar les fleurspourrissentvitesous la pluie.Chôshô-in.Un vieil umetordutronc ouverten fleurs.Blanches.Décalé dans lefroidde 90jours.杲C'est encherchant sur lenet pouren savoirdavantagesur la première pièce de NôqueMatsujirôcomprendpourquoicetarbreest àKyôtosonarbre préféré.難波,Naniwa,le nom de la première pièce,aujourd'hui unquartier d'Osaka,n'est pasun nôspécialementremarquablesur scène.Mais après avoirpris connaissancede toute l’histoirede toutes les référencesMatsu ne peut s’empêcherd’être stupéfait.Par les coïncidencesqui n’en sont jamais.La non-histoire estsimple :de retour vers lacapitale après un pèlerinagede nouvel anà Kumano,un officiel de la cours'arrête au villagede Naniwaoù ilrencontreun vieil homme et sonjeune compagnonbalayant lesfleurs sous unume.Les deux hommes évoquentla beautésupérieure à touteautredes fleurs d'umeet citent un vieuxpoème d'un dénomméÔnin.Le vieux et son compagnondisparaissenten promettant derevenirla nuitpour danser.Ce qu'ils font.Sous leurvéritablenature :le vieil homme estl'esprit d'Ôninle jeune homme estle kami Konohana Sakuya Hime,la déesse des arbres en fleurs.Ils dansentLe Nô n’est souvent que cela :la rencontre fortuite avec des esprits quidansentles mythes les plus structurantsde l’humainEt ceux qui aiment le Nône sont pas surprisqu'un géniedu 15ème siècle,Zeami,père du Nôet auteur de Naniwa,célèbredans sa pièceuninconnu duquatrièmesiècle,Ônin.Ôninn'estmêmepasjaponais.Mais coréen.Il n’est mêmepascoréen en fait.Il est paekche.Etaujourd'huiplus personnene l'appelleÔninmaisWani.Wani,luiest moinsinconnu.On ne sait pass'il avraimentexistémais leNihon Shoki, leKojiki,en parlent commede quelqu'unqui n'est pas depeu :ilapporte au JaponlesidéogrammesetConfucius,instruitlepetit PrinceNintokuqui deviendraempereur「 NaniwazuDans le port de Naniwa,les fleurs sont venues aux arbres;Elles ont rêvé tout l'hivermais le printemps est maintenant : là -vois comme leurs boutons s'ouvrent 」Voilà le Nô, la syncope du levant :au début du 21ème sièclese joueune œuvretransréelled'un auteur du 15èmesièclecélébrantun sage coréendu 4ème sièclequi n'a peut-êtrejamais existémais tous,interprètes actuels,Zeani,Ônin/Wani,spectateurs,communientdans la beautésupérieure à touteautre del'ume.Pas Sakura la nationalePas Sakura la tardivePas Sakura la mièvreNon : Ume la lucidela fièrela kataneuse d'âmedansée sur scène parKonohana Sakuya Hime,la déesse des arbres en fleurs杲Konohana Sakuya Himeest la fille de O-Yama-Tsumile grand frère d'Amaterasu,le dieu terrible de la montagne.Elle a une sœur ainée, Iwanagala déesse des pierres.Qui est laidemais plus solide.Les deux sœurs sont à marier.Ninigi, un kami puissantqui a aidé les hommesà s’installer sur Terreen les aidant à exproprier les kami terrestresquand il voitKonohanatombe.En amour.Et demandeimmédiatementsa mainO-Yama-Tsumi, le père, aimeraitplutôt marier son aînée.Il propose doncà Ninigila grande sœur,plutôt que la petite.Mais Ninigine transigepas.Le coeur deNinigia fait sonchoix.NinigiveutKonohana.La légende ditque si lechoix deNinigiavait étédifférentla vie deshommes,maternéepar la kamides pierres,si solide,si résistante,auraitpuêtreplus longue.Plus ternelentelourdemaispluslongue.Ainsi,l'Ume,symbole de Konohana,là où danse Konohana,est laviedeshommes.La beauténoeud-coulanted'un vieilume,Matsujirôcomprendqu'elle vientde là :d'un éclat quidurecomme ungalet.Konohanaqui dansesousl'umec'estl'éclatcourtl'éclatsi courtdenosjoursUn éclat quisait qu'il atropduréUn éclat quitend sontronc arthritiqueaux limites de lachuteet qui lanceson allantson élan,sontropqu'il aurait voléaux dieux,qui le lanceauxhommes.Puissent-ilsl'attraper.Et le tenir Les poupées et la hutteMme Yamadaest désormais souvent invitéepar la petite communautéfrancophonedeKyôto.Une femmed'expatriéqui veutbien fairecomme ilfautqui veutbien fairecomme lesjaponaises- ellea renoncéà apprendreles katakana -apour ses trois ansau Japonet sa fille de7 ansacheté un setcompletde poupées.De poupéesd'Hina Matsuri.Mme Yamadaest invitéeà veniradmirerles poupées,horribles d'être neuves,boire del'amazakeet grignoterdes arareet personne n'évoquela fonctionvaudoudes poupéesimpérialesqu'on ne sortque le 3/3,mimi hi,pourcapter lemauvais œil,le mauvaissort,protéger lafamilleet l'on se ditqu'on ne voudrait pasêtre à la place de lafamille impérialefigurée par les poupéesdont la fonctionest de prendre surellele mauvais sortde sonpeupleet sa fonctionest donc là :souffrir pour les autres.Pour la française,「 la lune s'est levée 」 :elle est aucentre du「 drapeau japonais 」 :les 「 invités 」 etnotamment la「 petite miss fraise 」,(ichigo chan)sont là,autrement ditcomme aimedésormais à ledireMme Yamada :elle a sesragnagnaDepuis qu'elle est entouréepar autant defrançaisesMme Yamada comprendleshuttes.Les huttesà ragnagnaAvant sa ménopauseelle a bien sûrétéindisposéepatraquefatiguéede mauvaisehumeursans humoursans raisonau bord deslarmesElle abien sûreudescrampesdesmaux de têteet c'était parfoissi violentqu'elle comprenaitcelles qui ne pouvaientpas allertravailler et prenaientdes 生理休暇,des congés menstruels.Mais que faire,que faire contreles hormones.Dans cescas-làMme Yamadapensait à ce film,l'histoire d'unefemme pauvre,qui tous lesmoisse réjouissaitparce qu'ellen'était pasenceinte :pendantquelques joursson marila laisseraitdormir,et les cinq enfantspourraient aussibien dormirdans leur toutpetit deux pièces.Mme Yamada pensait aussi àces femmesdont la têtevoulait unenfantpour se sentirfemme,socialementfemme,mais auxquelles leurcorps disaitnonet qui pleuraienttous les moisparce qu'ellesn'étaient pasenceintesalors qu'ellesauraientdû seréjouiret remercierla sagessede leurcorpset elles regretteraientlongtempslongtempsjusqu'à la fin deleursjoursde ne pas avoirécoutéla sagesse deleurcorpset d'avoirforcéleschosesà coupde procéduresartificielleschèresviolentesremboursées.Et l'enfantqui deviendragrandregretteraaussil'horreurd'êtrené.Ainsi.Pour cela.Mme Yamadapenseà ces viesmais jamaisjamaiselle n'auraitimaginéque puisse existerle kabukidesfrançaises.Depuis qu'ellelitRacine dans letexteelle estsûredésormaisquePhèdreest pendanttoute la pièceau picde soncycle.Toutes lesfrançaisesqu'elle rencontrenon seulementsurjouent lescript「 ah lalalalaah lalalalane me parle pasne m'en parle pasah lalalalaah lalalala 」y compris sur leregistre「 je n'en parle pasmais regardedans l'intensité humidede mon regardet la texturechiffonnée de mapeauà quel point j'ai le droitd'êtrechiante et jet'intimel'ordre de te tairesinon je crie 」C'est pourquoiMme Yamadacomprenddésormaisles huttes.Elle atoujours penséen lisant prudemmentdes traductionsde livresféministesque cette preuveethnologiquede l'injusticefaite auxfemmesétaitrévoltanteparce qu'ellesn'y peuventrienles femmesà leur cycleau sangquis'écoulede leursexeMais désormais,à fréquenterlesfrançaises,elle penseque les sociétésqui ontinstauréles huttes à ragnagnasontvraiment sageset que les huttesne sont pas deshuttes à impuretésmais des huttes àPhèdres,des huttes àchiantes,et qu'on devraity mettre uncadenas.Et puis soudainMme Yamadas'arrête dans sespensées souriantes「  Bon sang, Bon sang !Et si les pavillons de théc'était cela :des huttes à ragnagna !  」 Le singe nu a les poils qui poussentDepuis l'épisodedes OnigiriTechana changé.Il a maigri,ne fait plusde crisesreste concentrélongtempssur ce qu'ilfaitpour un enfantde son âgecomme si unedouchefroidelui avaitfait retrouverlecontact aveclui-même,avec lemonde.Les adultesl'aimentdésormaisplus.Lui et sesquestions.「  Pourquoi si l'hommedescend du singe etpuisque les singesn'ont pas de coiffeurpourquoi les singesn'ont-ils pas lescheveux longs ?  」Techanaime bienle coiffeur.C'est l'un desmoments dumoisqu'il aime leplus.Parce qu'il y va avecsonpère.Le père de Techanestrarement là,rentre toujours quandTechan dort.Il travaille beaucoup.Souvent à Tôkyô.Parfois à l'étranger.Mais c'est toujourslui quil'amène chezsoncoiffeur.Quand ilvachez le coiffeuravec son pèreTechanse sentvraiment appartenirau clandes hommes.Pas des filles.Et c'est une sensationdont il est fier.Le coiffeur,Sato San,est unbavard.Il est vieuxmais pastrop.Il ne pue pastrople vieux quidigère malson nattodu petit déjeuner.Techan esttoujours surprisde voir sonpère faire laconversationavec le coiffeurlui qui n'est pourtantjamais bavard.Voir son pèreparler de chosesfutiles,parler pour ne rien dire,ça surprendbeaucoupTechan.Il se dit que çadoit faire partiedurituelet quand c'està son tourd'être sur lefauteuilil réponden parlant pourne rien direau coiffeurbavardpour lui faireplaisiret faire plaisirau rituelet il trouve duplaisir à voirtout le mondeheureuxdu rituel.「  Il faut peut-être donnerdes motsquand on se fait prendredes poils ? 」Hier, chez lecoiffeur,ils ont tousbien rigolé.Paparacontaitla fois oùil avait dûaller chez lecoiffeur àParis.Paparacontaitque d'abordil avait trouvébizarreque ce ne soit pasunhomme qui s'occupede lui.Papa a dit que çaressemblaità une réunion de Soap girlset tout le monde dans lesalon a rigolémême Techanqui ne savait pas ce quec'était qu'unesoap girl.Soap, il l'a appris dans son coursd'anglais,ça veut dire savon.「  Peut-être qu'en Franceles vendeuses desavon sontanglaises et qu'elles ontdes dents de lapin ?  」Papa a rajouté「  De Soap girls ou de Soap boys  」et tout le monde dans le salona rigolé plus fortet Techan s'est ditque les vendeurs de savons anglaisdevaient avoir des dents de lapinencore plus longuesque les filles.Papa a raconté ensuitequelque chose detellementinimaginableque personne audépart n'a voulule croireen disant qu'il faisaitune blague.Papa a expliquéqu'en Franceon lavait lescheveuxAVANTde les couper.Ils sontvraimentbêtesles Français.A quoi çasert de laverdes cheveuxqui vonttomber parterreet puissurtouttous les petitscheveux coupésil faut bien lesenleveren lavant les cheveuxaprès, non ?Papa a dit quenon nonet qu'il avait dûrentrer à l'hôtelpour se laver lescheveuxaprès et qu'ilne comprenaitpasl'intérêt.Papa a rajoutéque pour leshampoinglà il étaitsûr quec'était uneSoap girlet que les massagesrevigorantde vieux karateka deSato Sanlui avaientmanqué.Techan n'aimepas troplesshampoingsde Sato Sannon parce qu'on al'impression dese prendredes feuxd'artifice dansla tête maisparce qu'il faut se pencheren avantet ça luirappelleles trois foisoù ilétaitmaladeet où il avaitvomidans les toilettes.Mais hierle momentle plus rigoloc'est quandSato Sana raséle mentonglabrede Techan.Papa expliquaitqu'en Franceles soap girlset les soap boysne rasaientpaset qu'en plusils ne massaientmême paset tout le mondedans le salona encoreri trèsfortet Sato Sans'est essuyéune larme de rireà l'œil droit.Alors Techana dit qu'il aimeraitbien savoircommentça fait de sefaire raserparce que Papaa toujours ditqu'il aimaitse faireraser chezle coiffeur.Alors Sato Sana dit :「 je vais te faire toutcomme unPapa  」D'abord Sato Sana allongéle fauteuilcomme chez le dentiste.Il lui a misune servietteblanche humideet trèschaudesur le basdu visageet c'était commeau Sentoquand on semet saserviette sur latête.Et puisSato Sanlui a mis dusavonbulleuxcrémeuxavec unblaireauen vraipoil deblaireauTechana fait「  ha !hhhho !  」et puisil s'est misà rireà rireà rireparce queça luirappelaitquandle chiende sa tantelui faitde grossesléchouillesde grosbisouset que c'esttiède et mouet qu'en mêmetemps on sentles poils dursautour de lagueuleet quec'estrudementbonQuand Techana expliquéçatout le mondea rigoléencoredans lesalonet Papaa ditlui qui est sisouvent sérieux「  Blaireau, blaireauah, oui, embrasse-moi encore  」Après les troiscouchesde blaireauun peu essuyéespar la serviettechaudeSato Sanqui avait mis sonmasque dechirurgienlui a appliquéune crème plusélastiqueet avecsa lamede rasoirlui aenlevésonabsence de poils.Techan sedisaitqu'il valaitmieuxque le solne soit pasglissantparce quesi Sato Sanglissaitpendant qu'ilfaisaitsa gorgeça allaitressemblerà unseppuku de latête.Techan sedisait quec'était chouetteune sociétéoù l'ondonne sa vieà uncoiffeurEt il se mit às'inventer unehistoire de maître ninjasecretqui seraitcoiffeur Virgin Chichi à l'open bar des oniElle voulait luifaire unesurpriseUn de sesanciensamantsétrangersl'yavaitamenéeet elleavaitaiméla facilitéelle quin'était pastoujoursdouéepourl'intendanceElle avaitdonc prisuneformuleall inclusive,troisjours,- trois jours à la japonaise -à l'agence de la gare.Elle avaitpréparéquelquesaffairespour luipour elleet avaitfait venirle transporteurde son quartier.Leur sacserait là-basavantqu'ilsn'arrivent.Ume vachercher Matsujirôà la sortiede sescours.Il estentouréd'un petitgrouped'étudiants.Ceux qui ontcomprisla valeur de leur jeune enseignant,qui veulent le lui témoignerveulent être guidéspour avancer davantage.Elle luifait unpetitsignedelamain.Illavoit.Son œildroitsebride.Il se laisseconduire.Il continue de selaisser conduireàl'aéroport.Est surprisquand à Tôkyôon leurdit que leuravionpourraitne pasatterriràObihiroEn raison de laneige.Il ne saitpas oùest Obihiromais comprendqu'il doits'agirdu Nord.De l'aéroportau busdu busauvillage de vacancesUmeritchantonneronronnefière desoneffetdans les brasde Matsuheureux.Au comptoirdu livreur,dans le club,elle prendpossessiondeleursac.Ilslouentdestenuesdeskileurmatérieldeskiet découvrent :l'enferL'enfera parmi d'autres nomscelui spécialementabject :「 vacancesscolairesd'expatriés 」Prenez desbarbares.Riches.D'ancienspays colons.Expatriez-les.L'insécuritéde leurposition d'étrangerla suffisancede leur richesse,l'émulation dans lasuffisancela haine d'eux-mêmesl'insatisfaction de leurviela haine de leur femmequi les haitet qui hait la hainedes autres femmes haineusesla haine triste des enfantsentre euxdans le faux-selfrequispar la compétitiondesignes extérieursdepuissance,la haine des parents pour leurs enfantset des enfants pour leurs parents haineux,toutes ces hainescette insécuritécette lucidité dusemblant,produit :une colonie d'oni.En vacances.Des onibanquiers british de Singapourtraders new-yorkais de Hong Kongfinanciers français de Tokyoet pire, bien plus haut gradées dans la hiérarchie des enfers :leurs épousailles.Ume nepouvait passavoir.La première foiselle n'avaitpascroisé icid'Oni.Des barbares, oui.Bien sûr.Mais pas d'oni.Les oni,çafaitvraimentpeur.Les onice n'est pasla fausse-vieles oni c'estl'anti-vieles junkies del'hypomaniequi s'excitenttéléphoniquementpour ne pas exposer leurrienleurvideleur absence derefletqu'ils voientbiendans lemiroirL'anti-viec'est quandtu ris forttoutes dentsdentistéesdehorspour la camérade téléet il n'y apas de camérade télépour toiet c'est pour celaque tu risfortet ton rirefait échoaux échosde haineau videde ton regardquand tuappuiessur latélécommandepour mieuxtéterl'anti-viequi t'abrutitpour mieuxgâcherrépandreta viedans lerien- et tu le sais.L'anti-viec'est quand tupaiespour tes vacancesun grouped'êtres humainsdont la fonctionest d'alimenterton anti-vieen singeant lecool,l'animateur télé,et certains nesont pascoolcar tu lisleur cynismede pur oniet d'autres sontcoolsans distanceavec euxmêmeset tu saisalorsqu'ils sont dansl'au-delàde l'anti-viequ'ils n'en reviendront passauf si un trèsproche se met à souffrirparce que làlàplus personnenetricheavec la vieBien sûrUme et Matsujirôdans leur bulle devraie vieprofitentdu blanc viergedu blanc froidde laneigedu nord.Matsujîrose rendcomptequ'il feraitmieuxde monterplus régulièrementsur son beauvéloà Kyôtocar ses cuisseslui donnentla sensationqu'ellessontdegrenouille.De grenouilledu troisièmeâge.Les vieilles grenouillesskient maldans lapoudreuse.Matsujirôn'ajamaisskié enHokkaido.Cela luiprend deuxjours pourcomprendrece quimanqueici,ce quine vapas.Matsujirôadoreskiercar en Franceil aété initiépar un amidont la famillepossèdeun appartementàVal d'Isère.Cet ami,fils de banquier,reçu troisième à l'ENA,démissionnaire le jour des résultatset désormais spécialistede l'ethnologie de la recherche en cosmologieorganisaitplusieurs foispendant l'hiverdes week-endsNG-NS-JS「  No GirlsNo Sex :Just Ski !  」Cet hétérosexuelpar intermittencerégalait avec chic tout le mondeen expliquant :「  c'est la banque qui paie, c'est la banque qui paie !c'est-à-dire vous pauvres serfs inconscientsde notre temps-qui-n'a-jamais-été-moderne  」et si un imprudent demandait「  comment ça on n'est pas modernes ?  」Il avait le droità une démonstrationdéfinitivequi donnaitenvie de sebrosser les dents.Skier dans les AlpesSkier en montagnece n'est passimplementskiers'habiller enclownmarcher comme unpingouinse shooterà la vitesseà la penteà la courbeau binaireau ventau piquantau froidau tropde lumièreà l'engagementdu corpsqui bougeplus vitequ'il ne bougeSkier en montagnec'est communieravec le telluriquele sublimele plus-grand-que-l'hommel'appel au plus-hautà l'universà ce qui dureplus que les arbresau plus vieuxque la vieà ce qui seralàaprès la viedes hommesSkier en montagnec'est mettre cela en soimettre la montagne en soidevenir montagnepar mimétismeen sentir leseffets sur sonfrontson bassinses narinesson assiseretrouver enfinune assiseet sentirle haut de soncorpsflotterdoucementcomme un nuageau vent lucideQui a fait cetteexpérienceskie pour la retrouver,pas pourglisser.Alors skier sur une buttede 1000 mètresd'Hokkaidoface à une plaineinfiniedécoupée enparcellesau carréune terreuniformémentrecouvertede champs neufsd'arbres neufsmagnifiquesmaissansl'âme du temps,ce n'est passkier.Jouir de sa chancece n'est pas labouderet Matsune se sent paschichiteuxà comprendrelevrai,qui lui manque,la montagnela vraiecelle qui est en toiet te rend plus grand que toi La corde aux vivantsLe grand frère de Murasaki,le dentiste,court après son bus.Il est vieuxvraiment vieux.Lui. Pas le bus.Le grand frère de Murasaki se souvient du plaisir qu'il prenait à courir après son bus,avant,et à arriver juste,quand la porte se ferme derrière toi.Là, il sent que la vie se referme devant luique le buspart.Il l'a eu sonbus maisil a le sentimentque chaque respirationcreuseses jouescollesa peaumaigrejaunietachéeblancheà ses osde vieux.De vieux quicourt comme unenfant de3 ans.Sans la joie.Bientôtil ne pourramême plus courirbientôtil n'auraplusson busLe grand frère de Murasaki Sanest en colère.Il ne sait pastrès biencontre qui.Contre son frèrecontre la femme de son frèreles amis de son frèresa familleles escrocsLe grand frère de Murasaki Sanest en colèrecontre la mortqui ne veut paslâcher les vivantscontre les vivantsqui ne veulent paslâcher les mortscontre les mortsqui ne lâchent pas les vivants.On n'a pas dit àtout le mondequ'Hiroshi s'était pendu,au torii,mais celas'est su.Personne n'a rien dit.Pour ne pasaccabler lafamille.Mais cela sesait.Et c'est çaqui a rendula femmed'Hiroshimauvaise.On sent bienqu'elle dégagenon pas de lapeinemais de lacolère.La femme d'Hiroshiqui n'a jamaisété facile,elle ne veutpas qu'on penseque c'est desa fautesi Hiroshis'est pendu.Comme personne n'a rienditelle croit que toutle mondepense quec'est desa fauteet elle esttrèsau-delàde la colère.Plus on ne luien parlepasplus ellepense qu'onl'accuseet auxcérémoniesça sevoyait,sonau-delàde la colère.Le grand frèred'Hiroshi,lui,étaitau départjusteen colère.D'abordd'avoir dûtoucherà l'épargnequ'il avaitplacée en boursepour ses propres funéraillesafin d'aiderà payercellesde son frère.Ce n'était pasune bonneidéede placer sonargent enbourseet devendremaintenant.Il ne reste plusgrand chosedésormaiset s'il n'arrivepas àreprendresa respirationet s'il meurtdans lebusd'autres personnesvont êtreencolèrede devoir payerparce qu'il acessé devivre.Le prixinjuste de la mortest-il compté dans le calcul ducoût de la vie ?Le grand frèrede Murasakiest encolèrecar ilne peut pasfaireautrement quede s'enoccuper.Lui aussi il estréveillétoutes lesnuits.Depuis15 jours.La premièreàl'appelera étéYamada San.Elle a faitappelerune jeunejaponaisemaintenantqu'elle neparle plusquefrançais.Il l'aimebienYamada Sanle grand frèred'Hiroshi.C'est à elleque lesautresontécrit.Les trenteautresqui se réveillenttoutes les nuitsdepuis 15 jours.Ceux quiaimaientHiroshiet qui étaientlàaux obsèques.Toutes lesnuitsils sonttousréveilléspar le mêmerêve.Hiroshivoudraitbienpartirmais il estattachépar unecordeavec unnœudcoulantà lacheville.Et la cordeestreliéeau solà unfeudeboisqui nechauffe pasqui nebrûle pasqui brillecomme del'eaude toutes lescouleurset Hiroshiqui ne parlepasne peut pass'approcherde cefeuetil penche latête àgauche,se met lamain droitesur la nuquepour montrerqu'il estembêté.Alorson seréveille.Alors ilsse réveillenttous.Tous lestrente.Le grand frèred'Hiroshiest allévoir sabelle-sœurqui a ditqu'elledormaitcommed'habitudequ'elle nerêvait paset que toutesces histoiresc'était pourl'accuser d'êtrela causede la mortde sonmariet elles'est mise àcrier.Elle vientd'Osaka.Alorsil est allévoirYamada Sanpour savoirce qu'elleen pensait,ce qu'ilfaudraitfaire.Ils ontpayé pour unecérémoniepar le vieuxprêtreshintodu templedu torii.Il est gentillevieuxprêtre.Il l'aimesontemple,sa forêt.Mais çan'arienfait.Alorshieril estallévoir unaveugledont lui aparléune voisine.Il paraîtqu'il a étéyamabushi.Il a récitédessutrasà Fudō Myō-ō,celui quitransformela colère,en faisantdes mudrascompliquésavecses mainspendant45 minutes,le tempspayépar le grand-frèred'Hiroshi,et en luiremettantun mandalatracésur washià collerderrière latablette votivedu nom de mort deson frèredans le ButsudanMaiscette nuit,à tous,le rêve estrevenu. Le gréIl est 10hdu soirquand sonnouveau portable vibreavec la sonnerieassociéeà sa mère.Il est en trainde renifleramoureusementsachaussettedroiteet se prépareà saupoudrerle tatamidu grungequotidiende son entre-doigts de pied.En pensant amoureusementàUme.Il faut quece soituneurgence.Sa mère luidonnerendez-vousà 8h00du matinchez Yamada Sanle lendemain.Il n'amême pasle tempsdedemanderpourquoi.Le lendemainmatinà la françaiseet enfrançaisil dit「 non 」et regardesa mèreavec levisageimpassibleglacialà la japonaisepoursignifierson oppositionMadame Yamadavient d'expliquerses rêvesde Murasaki Sanles tentativespour y mettrefinet qu'ilfautfaire quelque chose.Il ne sait pasexactementce quesa mèrea ditàYamada Sansi elleaparléde laCascadeet deTechan.Il expliquequ'il estprofchercheurethnologueetqu'il nevoit vraimentpas en quoiil peutfairequoi que cesoit.Madame Yamadale regardechaleureusementdans lesyeuxen luidisantqu'elle comprendqu'elle comprendqu'il refusequ'il est librebien sûret Matsujirôreconnaîtdans ses phrasestoute la mécaniquede manipulationqui conduit àfaire faire à l'autrece qu'il n'a pasforcémentenviedefaire.Une mécaniqueépouvantablement puissantesur laquelleil donne descours.Épouvantablement puissante.Il accepte donc.Il acceptede les aiderà trouverun shamanpour unrituel.Ilconnaîtunedemi-vieillequi abonne réputation.Elle areprisun mini-temple,une simple maison,d'une vraie vieillequi avaitunegrande réputation.Une maisonprès deFushimiparce que leurskamisontliésàInariIlaccompagneLe grand frère de Murasaki SanetYamada Sanchez lademi-vieillequi poseplusieursquestions,l'air de rien,sur lefrançaisde Madame Yamada.La demi-vieille,belle,doit mesurer1m50et atrois doigtsà chaque main.Elle acceptede faireunecérémonielelendemaintard le soirà20hpour laisser letemps à ceuxqui rêventde venirpuis dereprendre untrain après.Ils sontquinzedans la maisonplus l'assistanteplus trois vieilleset un retraité duquartier,les plus fidèlesde lademi-vieille.Plus Matsujirôqui s'estconvaincuque ça luifera dumatérielpour unarticleet qu'au fondil estlibre.Tout le mondea sonrosaireau poignetet un livrequi se dépliesurle sûtra ducœur.Matsujirôn'est pas àl'aise etserre lesfessesdepuis qu'ila vul'assistantedisposerunmokugyo,un tambourpoisson -lespoissonsne dorment pas.Matsu neveut pasque sereproduisece quis'estpasséau Nôde Kanzeoù sonkami atellementaimél'ōtsuzumiqu'ilacommencé à semanifesteret la seuleissuequ'a trouvéeMatsuaétédetomberdans les pommes.Ume avaitpenséqu'il s'étaitendormimais depuisil ne voulaitplusprendre lerisquede retournerau nôet ilpestaitcontre sonkamiDans lamaisonde lademi-vieilleaux trois doigtsil ne peutrienfaireDès les premiers coupssur le mokugyo,il monte.Tout de suite.Son kamidescendillico.La belledemi-vieilleestdouée.Très douée.Et ellea souvent travailléavec d'autresDaielle saity faireavec lesdescentesdekami.Son proprekamilui faitvoir comme enlumièreMatsujirôet ellecomprendqu'elle nesera ce soir-làquel'assistanteElle prendle mokugyoet s'avanceen lerythmantfortvers le fondde la salleoùMatsuessayede toutesses forcesdetomberdans lespommesmais danscette maisonsaturéede signesdekamiil ne peutrienfaire.La demi-vieillelui souffle「  laisselaissevenir  」et Matsune lutteplusillaissevenirAu fondc'estfacilec'estchaudlumineuxet facilesoncorpsdevientrouged'unbeaurouge,l'universdevientblanc- blanc soleil d'été -ses yeux fermés deviennentnoirscomme le videet ilvoit destraitsilentenddes sonssortirdesagorge et de sonventreSa tête tourneavec unhochement quisuit lemokugyoqui devientfortplus forttrès fortassourdissantpuisse tait.Il voit unvieux monsieurgênéqui se frottela nuqueavec la maindroiteen haussantles épaules.Il a unecordeétrangeattachéeà lacheville.La cordeplongedans unfeumixte.C'est toujoursembêtantlesfeuxmixteset les humainssont bienembêtantsà enproduire.Avant euxon n'avaitpas deproblèmede feumixte.Pour les feuxmixtesun copainkamilui amontréle truc :il fautpisser dessus.On lève sonpagneethopon visesur legrumeaumixte.Il fautfaire attentionde bienviser car sinonon risqued'éteindrelefeuet çac'est pasbon.Il faut reconnaîtreque çafait dubiende sesoulagerC'est justeembêtantd'avoiràviserjusteAhAhhle grumeauest groscette foison dirait ungaletgrisen formedemotdans uneécriturekamiquemalécrite,unepetitemalédiction.Je peuxle prendredésormaisle grumeaudans mapaumeet lebroyeren unepoussièrenoireque jemêleausol,le soloùtombentleshommesle sold'oùs'élèventleshommesLe grumeauenlevéle feun'estplus mixteje regarde le vieuxet lui fais un mouvement de têteIl tiresur la cordequi vientversluiIl la pliesoigneusementcomme leferaitunmarin,sort unfuroshikide sapoche,metla cordededans,replielefuroshiki,saluetrès basenfermantlesyeux,se retourneet nagenageenfinsur son chemin WanyūdōC'est l'été etc'est Ichirol'ex-architectele clochardqui fait prévenirAkirapar la police杲Il a reconnusous un pontdansle corpsrecroquevillénusous lekimonotachéde sangle vieuxMatsumoto Sanquirit,fou杲Il faudraplusieurs joursaux enquêteurspourcomprendrel'horreur杲Au tout débutdesSakura,la mèred'Akira,aprèsdes annéesde sacrificea décidéde retournerchez elleau Sud de Shikokupour vieillirlà oùelle agrandiprès de lameret d'unerizière.Cela faitlongtempsqu'elle en parle.Personnen'a comprisqu'elleétait sérieuse.Elle décidede profiterde la loirécenteautorisantles femmesqui ontélevédes enfantsàdemander lamoitiéde la retraitede leurmari,lors d'undivorce.Deux deses amiessontplusrapidesqu'elleà profiter de la loiet lui disentcombienc'estla vraie vieque devivre enfinselonsa voie.Matsumoto Sanle taxi,est prêt à des concessions.Mais pasà s'éloigner tropdu Nôde KyôtoIlditqu'il enabesoin.Pourvivre.杲Justeau début desSakuraMatsumoto Mèrepart donchabiterdans samaison nataledemande ledivorceet la moitiéde la retraite.Comme c'estelle quia depuistoujoursgérél'argent dufoyerpresquetous lesbienssont àsonnom.杲Akiraaidesonpèrequi n'apresque plusque ses livres de Nôà trouverune chambrehorribledans le quartierhorribledu zood'OsakaIl necomprendpasce quiarriveIl necomprendpasce quiarriveEllereviendra,c'est sûr.Mais non.杲Son père se metà fairemoinsdechiffredans sontaxiAu pointqu'unplus jeunequi adeuxenfantsà élever- dans cestemps decrise,comme luiexplique son chef -leremplace.杲Il faitla circulationsur unchantierdeconstructionà tempstrèspartiel.Chaquesecondey esthumiliationsupplicesoncorpsluifaitmalIla juste dequois'acheterdurizdu mauvaiskimchi,sonfilsl'aide pourlachambreilpourraitrelireses livresqui restent encoredanslesquatrecartonsmais ilnepeutplusallerauNôtouteslessemaines.杲Parfoison le voittraînerprèsdes sallesderépétitiondesmaîtresŌtsuzumijustepourentendrelesonleson杲Il yad'énormesgokiburidanssachambred'Osakaet unsoirilse reconnaitdansceluiqu'ilvientd'écraserdélicatementdans un bruit de vieux papier froissé杲Ilfaitdescauchemarsd'espritsgokiburiet ilnesortpas desoncauchemarLa hainel'injusticela crassela mortqui vientl'épuisementl'injusticedébordede sabouchecommedestoilettesbouchées杲Il secasseàl'intérieuret lesdansesdesfousdesfollesduNôlesdansesmagnifiquesdesdémonsduNôluireviennenten flashbackrapideet ilestl'un de ces fousde cesdémonset ildécidede mourirde danserfouetdémon杲Undémon fouçaravagele parfaitle tropbeauça écrasel'humanitégokiburiqueça brûlece qu'onluirefuse杲Un oni,un vieux démon pierreux du quartier,nourri de la haineet de la folie des animaux du zoo,attend, attendpuis montetoute unejournéepours'enflammerprendre corpsdu vieux fou.杲Matsumotovolesonancientaxiet remplit7bidonsdans unestationautomatique杲Fou,il entrefacilementdans leNô deKanze.Il trouvefacilementlaréservedes trésorsla réservedes kimonoset desmasquessansprixL’oni le fait se mettrenusous lekimonorougeorau beaumotif deroueetmetunkimonoblancpar dessus.Comme unchapeau,il nouelentementun masquehorriblement beau dedémonsursoncrâneEn riant, en dansant,il metlefeuauNôdeKanzeIl ritIl danses'arrêteuninstantune minutepourmettre lefeuauvieilUmeduNanzenjiIl rit,danserit à nepluss'entendre,laboucheouvertesurses dentsqu'il nebrosseplus杲Le démon fou se rendàKitanopourmettre lefeuaujardindesumeen rianten dansant杲Il saitqu'ildoittuerlabeautéqu'ilaimelaravagervagerragerlabeautél'umelatuerune Umeune konohana vivanteEt ça le fait rire杲Il serendchezUmelapianistel'amie desacousine杲Elle nedortpasmaisenregistrechezelleavec uneamieingénieurduson杲Il tuel'amiequ'il prenddans sa foliepour Umeenl'étranglantmaispastotalementCe qu'il fait d'autre ne peut s'écrire.杲Il chante qu'il va la cramerl'Umeilva lacramerellevarôtiravecsa musiqueavecsabeautéson Ninigiles humainsla viedoitfinirla viedoitfinirla viedoitfinir 梅 Le rire des pierresLes pierresles vieilles pierreset pas les plus futéesrientÇa les amusele feudans la ville.Elles en ont vu du feu,Kyôto en flammes.Ça se détruit si facilementune ville en bois.Sur la ceinture de feudu Pacifique.Kyôto pourrait mêmetotalementdisparaître.Kyôto disparaîtramêmetotalementun jour.Les pierres, elles s’en fichent.Elles n’en porteront pas le souvenir.Elles seront là après.Elles étaient làavant.Avant les singes et les jardinsAvant les prières et les temples.Pour les pierres :les humains,c’est du lichen.Mais cette nuit, c’est la récréalors elles rient.hin hin hingera geraLe feu dans la ville,c’est un amusoireune matsuricomme une mauvaise blague,la vidéo de quelqu’un qui tombe :sutten kororinPour les pierresà la surface du mondela couleur du feuc’est tout douxutérindouilletjubilatoirementnostalgiqueEt certains feuxréchauffentjusqu’au ventredes pierres,le ventriculedes pierres,là où le soleilmême d’éténe vient pas.Elles aiment la suieles pierres.Le gras noircomme un kholde carnaval.Et la pluiequi viendra yfaire des tracesdes dessinscomme des tatouagestemporairesde jeunes filles.Elles sont coquettesles pierres.Elles sont coquettesles pierrescar elles ontle temps de voirles fleurs.Elles les voienttoute l’annéeles fleurs.Et l’année des pierresc’est commeun petit jour d’hiver.Les pierres, ça les énerveles fleurs.Les fleurselles semblent avoirtoujours chaud.Et puis elles sont belles.Et fines.Et féminines.Et quand elles meurent,elles volent.Aériennement.Les pierres sont coquettesparce qu’elles savent.Elles savent.Qu’elles ne serontjamaisdes fleursLes pierresc’est comme degrosses femmesriches, laides,âgées, survivantes,qui sortentleur miroirdans le métroet pendantdix minutess’arrangentun cilQuand ellesrefermentd’un clacleur miroirles pierres toisent,les hommes etles jolies fleursqui ne lesregardent pas,en levantla partie gauchede leur lèvre supérieuredans une mouequi se voudraitconquéranteet qui estcomme un cri de haineet desouffrance.L’univers est injuste.Juste indifférent à la justice.Alors ça les fait rire,les pierres,les ume qui crâmentle feu dans les arbresles tisons qui tombentCa les fait rire.Elles se trémoussentont mal aux jouesont mal au ventrede rireet les hommesdont le kami est de pierreont la tête qui bourdonneles dents qui vibrentles os qui tremblentQui ?Qui pourrait soignerle rire des pierresdans Kyôtoqui brûle ? La beauté ne meurt pasLa beauté ne meurt pasLa beauté vitdans lesyeux émusdes vivants.Les pompiers sont nombreuxet efficacesdans la ville en bois杲Ume est hospitaliséequelques jourspour la fumée.杲Kyôtoreçoit déjàdes budgetsdu monde entierpour reconstruirereplanterce qui abrûlé.Il faudra juste du temps.杲Ume n'a rien.Physiquement rien.Un trauma invisiblesur le corpspour les autresce n'est rienElle est trèsentouréemais neveutvoir personne.Si ce n'estMatsujirôchez qui elle s'installe.Il saitqu'il ne devraitpas s'envouloird'avoirrespectél'injonctiond'Ume :「  personnependant lesenregistrements  」Mais.Il s'en veut.De ne pas avoir été là.杲L'assuranceleur permetde prendreun trois pièceslumineuxau dernierétaged'un appartementen béton.Ume nesupportepluslebois.Elle décide devendre leterrainde samaisonqui ne vaut plus grandchoseet la cérémonieduprêtreshintode Yoshidan'y peutrien.Elle neparlepasde cequ'ellecompte faire.Elle nepeutplus jouerne dortpresque pasles yeuxfixespleuresilencieusementde ne pouvoirpriersur la tombede son amiede SapporoElle neseplaintpas.Elle ajustedit àMatsujirô「  c'est moiqui auraisdû mourircomme jel'ai vuemourir  」et elle semetle poingsur lecœur.杲Deuxsemaines plustardils apprennentqueMatsumoto Sans'est suicidéàl'hôpitalpsychiatriqueoù lesneuroleptiquesà forte dosel'ont faitretomberparmi lesvivants.On neleur ditpas lesdétails de son suicide.Ils sonthorribles.杲Mme YamadaapprendqueMatsumoto Mèrea étéhospitaliséeelle aussiOncraintqu'elle nesefasse dumal.杲La pressela télélaissentpasserprogressivementledramequi marquepourtantchacunautant quel'incendieduKinkakuji.Chacunse souvientexactementoù ilétaitquand ila apprisl'horreur.杲Umerestetoute lajournéeà fredonnerle préludeen mi mineurde Chopindans saversionJobin :Insensatez杲Des jourspassentil ne sepasserienMatsul'emmèneun longweek-endsur unepetiteîled'OkinawaLe lagonbleune diluepaslacouleurdesflammes杲Ils serendentsur latombefamilialedeson amieenHokkaidoIl n'ya pasdecri.Justedegrosseslarmesqui billentdesyeuxenamandequi roulentsur lesjouesetfontdeuxtachessombressur lepullen coton,unesurchaqueseinIl y adesaccidentsdanslavieDesaccidentsde la vie.Des deuilsdesdouleursdesmaladiesdesdiminutionsbrutalesdece qu'onestOn le saitvaguementça n'arrivequ'aux autreson posetous lesmatinsles yeuxsur sonréveilet il estlàavec seschiffresvermeilet il estlàquand ons'endorttendupar lestracasde lajournée.Certainsaccidentspassentcomme lerouged'unegiflelebleud'uncoupLe corpssesouvientmais seréparela vierépondàl'à-quoi-bonCertainsaccidentsnepassentpas.L'horreurabsoluecelle des onicelle qui n'est pasdu mondedes hommes,celle où l’on se sentmourirabominablement :commentpasserait-elle ?杲Matsujirôva à lacascade.Seul.Il prend consciencequ'il yvientde plusen plus.Qu'il ne peutpas,à chaquefois,refuser.Que celafaitdu bienautourde lui.Mais c'est lapremièrefoisqu'ilyvientpour lui,pour UmeIl nesent pasles troisgrands toursIl nesentpas lacascadeoùrien nevientIl refaittrois grandstours,ne sentpas lacascadeoù rienne vient La danseLe shite,en kimono de ville blanc,ne pleure pas.En public.Sous son front,invisible au monde,il danse.Il danse sans bougerles danses de tous les nôoù un masquepleure.Ses élèves et ses amisle clan des musiciensles choeursles wakiles kyogenles fidèlesles vieuxceux dont le nô est la vie(le coeur,le riz dans le bol)etceux qui auraient aiméque le nô soit leur vie(le coeur,le riz dans le bol)tous sont làautour de luile jour où les hommes du bâtimentfont tomberles derniers piliers de boisnoircisdu théâtre Kanzequi n’a pas entièrement brûlémais qu’il faut reconstruire.Prendre un hommeadulte,nu,sain.Prenezfermementdans votre paumesa colonne vertébraleen son milieu.Et tirez d’un coup sec.Pour la lui enlever.C’est celàun pilier de nô qui tombe :Les hommes mutilés enrampants.Les assureursles mécènesle cercle des familles de Nôorganisentla reconstructionla transition.A la japonaise.Ce qui a brûlén’est pas remplaçable.On croit toujours cela.Les trésors uniques,les masques,les kimonosportés par des générationsde maîtressont et serontpourtantremplacés.Par d’autresmasques,d’autreskimonos,qui un jourserontdétruitset remplacés à leur tour.C’est la vie des hommesque de pleurerl’irremplaçable- le temps qui fuit -puis de le remplacerpar une autre concrétion de temps- qui toujours fuira -Mais le shitese moquedes objets.La nuit du feuun rêve l’a réveilléavant les sirènesdes pompiersDepuis,ce rêve ne quitte passon visage杲Il est dans son théâtre.Dans la salle.Pas sur scène.Il y est seul.Le noir se fait.Le rideau se lèveUn shite s’avanceen kimono et masquede Konohana Sakuya Hime.Les meilleurs de ses musiciensles meilleurs des choeurssont là.Et jouent, chantent.A la perfection.Le shite commencesa danseses gestes sont parfaits.Le shite qui rêven’a jamais vudanseraussi parfaitement.Chaque pas est uneémotionde déesse en fleurs.Le théâtre se remplitd’une odeursexuelled’umequi dureLa musique s’arrêtedans une syncopequi n’est pas celledu livretD’un geste violentle shite qui danseretire son masqueC’est une femme.Une jeune femme.Une femme sublime.Comme une déesse.On dirait la plus belle desGeiko San.Elle danseLa musique a reprisLe choeur a reprisle rythme est plus fortle son est plus fortles gestesla danse s’accèlèrentLe son du taikocouvre désormaistous les autresSyncope.Silence.Qui n’est pas dans le livret.Qui dure.La shite qui danses’avanceElle regarde le shite qui rêveElle dénoue son kimonodans un bruit de soie moiréeLe pousse du piedhors de scène.Elle dénoue ses cheveuxnoirslongsaux reflets miroirsElle est nue.Son visage peinten blanc.Son pubis éclatant.La musique reprend.Le taikoles tamboursla flûtele chœur,tous invisiblesLa shite tape du talondanse ettourneses cheveuxforment le plus beaudes kimonoElle tourneet transpireElle tourneet transpireElle tourneet transpirehors mondeen fixantle shite qui rêveElle lève son mentonen défiUn noir absoluse faitLe shite se réveilleIl entend des sirènesSon téléphone sonne.Son théâtre est en flammes.杲Bien sûr des prêtres viendront.Tous les journaux ont évoquéla folie du vieux taxi.Le shite le connaissait bien ce vieux taxi.On a parlé à mots couvertsde kamiLe shite a toujours plus cruaux banquiersqu’aux kami.Alors le shite ne pleure pas.Pas en public.Il voit la geiko sannuequi danseKonohana Sakuya Hime.Son mentonen défi.Et il regarde son ventre.Bedonnant.Il est gros.Il se sent vieux.Et soudainil est pris d’une honteinfinie d’avoir danséKonohana Sakuya HimeUne honte à mettre le feuà son Kanze杲Les hommes doivent-ilscesser de danserle nô des femmes ? Senshin SenseiOn leur avaitdit6 mois.Qu'il faudraitsans doute6 moispour quecela passe.杲Ume nedorttoujourspas.Sesyeuxbrillentdeflammeset sefermentd'effroi.Son poing droitrestefermélongtempssursapoitrineEllenemaigritplussoncorps nepeutmaigrirdavantageElles'enveutpourMatsuDe le voiraussimalheureuxsoucieuxpour elleIls ne peuventplusfaire deprojetsIls n'ontplusd'intimitéou alorsrapideparce quelecorpsl'exige,et ils ne transpirentplusUmen'ypeutrien杲Matsujirôa faitfaittout cequ'ilpensequ'ilaurait fallufallaitfaireSa mèreluiadonné uneadresseet il adit「 quand même,pas unpsyquand même 」Matsu a écrittrois articlessur lespsycomme shamansinefficacesparfoisgentilssouventinefficacesc'est-à-direplacebode ne pas s'assumercomme shamans杲C'est Umequidemandeet quiprendrendez-vouschezSenshin SenseiSenshin Senseiles accueilleenkimono formel,montsuki noir,et hakama olive :「  Voyez, le kamonde mafamillec'est unumele mêmeque celuideKitano  」MatsuquiaccompagneUme à sa demandeest immédiatementdésarméIl aimetoutdesuiteSenshin SenseiTous les trois s'asseyentsur deszafus noirs poséssur des tatamisayant une bellecouleurjaune.La piècecalmedonnesur untsuboniwaon entendle bruitde l'eaulesilencede la moussequelquesoiseauxquiviennentboire.Dans le tokonoma,une magnifiqueKannonrayonnedoucementde paixet dechaleurIl y a descoussinsde toutetailledesbolstersdeyogaLa pièceest enbois- le bois qui brûle -maisUmes'ysentbienEllene voitpas leboismaislalumièreEllene tremble pasde froidSenshin Senseileurpréparedeuxtassesde thévert「  c'est dubioje l'achètepar un amideKagoshima, neh 」Il lesécouteEtMatsuse ditque çane sertà riende parlerqu'avoirlesmots pour ledirene serviraà riendans cecas-làSenshin Sensei :「 Il fautque je vous disetout desuitequ'avoir les motspour le direne servira à riendans cecas.On ne cicatrisepas untraumaenparlant, neh 」「 Matsujirô Sanveuillez attendredans la salleà l'entrée je vousprie, si Umeest d'accord, neh 」Umesourit doucementà Matsuquisortconfiantet vapiocher danslacollectiondes Tezukade la salled'attente.Il prend lepremiervolumedeL'Arbre auSoleil.UmeetSenshin Senseise sourientdoucement.Elle sedemandepourquoiil ne parlepas.Il prendunbolsterde yogalemet contresapoitrineet yposeson mentonen lui désignantdu coinde l'œille bolsterprèsd'elle.Ellele prend.l'enserre.Il sent l'encens.Elle setrouvebête.Maismieux.Elle aenviedepleurer.「 Ume Chan,crois-tu qu'ilest vraiment venu,le tempsde guérir ?Neveux-tu pasme voirplustard,quand ilsera vraimenttemps en toi,neh ? 」Les pupillesd'Umes'agrandissent.Elle nes'attendait pasàça.Elle nesait pasquoirépondre.Sa maindroitecelle qui seserresouventsur soncœurdevient rouge et blanche「 non ! Troptôt... 」La gauche,celle qui saitrythmertracercadrersamusique dessine unaccord complexe「 Oui ;ne plus souffrir 」「 difficile,neh ?Elle en pensequoiton amiequiauraitdûvivre ? 」Umeregarde Senshin Senseiavecunregardméchant.Elle n'a pas entendu la musique de sa question.Il luisourit.Ellelitla musiquede labienveillancedanssonregard.CelasonnecommedesfûrinSes épaules se relâchent.Elle sert le bolster.「 Aujourd'huijene veuxsurtoutpasque tu meparlesde cequi s'est passé.Je veuxque tu meparles deta vied'avant.Pour connaître tes forceset tesfaiblesses, neh ? 」Umeracontebrièvementsavieencinquanteseptminutes.Senshin Senseilui faitchercherMatsu.Elle l'embrassesur la jouedans lecouloir sombre.「 Tu essolideUme.Ta vieavantestsolide.C'est unechance.Nous allonsprendresoindecettechance.Appelle-moiquand tes deux mainsseront prêtes.Je serai là.Je peux t'aider. 」 L'encensUmelaisserésonnerlesparolesdeSenshin Sensei.Oui,a-t-ellele droitd'allermieuxsi vitealorsqueMichanestmortehorriblementà sa placeet qu'elle n'arienfaitSouffrirtous lesjoursn'est-cepasle moins qu'elle puisse faire ?Elle sent saculpabilité,comme une barresous le cœur.Qui lui donne des nausées.Ellesait pourtantquesouffrir à ne plus en vivrepour une morte qui l'aimait vivante,c'estsot.Mais Umenecontrôlepas.La douleurles imagesla nuit sedéclenchent toutesseules.toutes seules.seules.Ume saitqu'elle doitretournerau NordSur latombe deMichiko.Elle prend letrain.Pas l'avion.La fenêtredans untrainest unepartition demusique.Ume écoutela musiquedu Japon.Au rythmedes roues.Au rythmedes gares.Elle fredonnesans bruitsous son frontsous son regarddes airstristesde Bossa novajaponaise.C'est doux.Résigné.Le plaisirdouxd'unetristesserésignée.Ce n'estpas lamusiquequ'elleentendla nuit.杲Ume serenddirectementaucimetière.Un carréde cimentet depierre grise.Comme une maquette de ville soviétique.Il faitfroid.Elle prenda) un seaubleu pétrole,qu'elle remplitd'eau glacéeb) une loucheen fer blancavec unmanche enbois usénoirciLa tombeestpropreIl y adesfleursikebaniséesdu sakedes tracesfraîchesde bougieetd'encensUme lavela pierre propreétalel'eauavecla pulpe de ses doigtsallumesabougiepuis un blocde 25bâtonsd'encensEllemetses mainsen gasshoet prieson non-dieuses non-kami :en ouvrant grandl'espace du bon en elleen l'offrant au vent,au visage flottant de son amie杲Ume tiresa petitevaliseà roulettesjusqu'auRyokanElle passe une heureau sentoSous la buée des miroirselle remarqueque seslongs cheveuxontperduleursreflets杲Umeprend lesomiyageachetésà Kyôtoet serendchez lesparents deMichanquil'attendent.Ils l'accueillentchaleureusementlui demandentpardons'excusentet elle aussidemandepardonencoreet encoreet encoreles deuxfemmespleurentle pèrerestedroit,chaleureux.Ils se sontdéjàditbeaucouplors descérémoniesIls saventque tousles jourstous lesjoursleurs penséesensembles'oriententversMichikoLa mèreestune femme simple.Le pèren'est pasun artistepas un intellectuel.C'est uningénieurchimiste.Il a descernes.Il ne rentrequ'une foispar moisen Hokkaido.Il a prisun jourde congépourrecevoirUme.La mèreapportelesplateauxdurepas.C'est bonfinsimple.Le pèreselèveet metunenregistrementd'UmeMichikoen estl'ingénieurdu sonUmepleuresilencieusementet sesgrosseslarmesressemblentà desbouclesd'oreillesParfois seslarmesont deslueursde flammeont deslueursde sangLe pèreavecsa voixgraveetchaleureuseparle :「 Ume Chanla chosedont ma filleétait leplus fièreest d'avoirenregistrécedisqueavec toi,d'avoirété tonamie.Je voisMichan heureusequandj'entendsce disqueet c'est l'imagede sonsourirefierqui flottedevantmoiquand je laprietous lesjours.Depuisquelquessemainesquand jerêved'elleje la senssereineje pleuremais jela senssereineUne seulechoseUne uniquechoseaurait renduMichantriste ;savoirque tu nejouesplustamusiqueS'il te plaîtUme Chanrevisrevisrevis pour jouertamusiquepour ma fille 」杲Le lendemainUmequi n'apas dormiest àl'ouvertureducimetièreElle aacheté unepomme.Pas quatre enpyramidecomme le luiproposaitla vieille dameen tabliervioletnonjuste unepomme.Une pommerougegrossecommeses deuxpoingsOn diraitune planèteaux formesparfaites,aux formesde bouddhaSes doigtssont bleuscomme leseauquand ellenettoiela pierre.Elle a dumalàcliquerson briquet-torchepour allumersabougieet sonfagotd'encensElle trembleElle est tropsèche pour avoirdeslarmesElle fait ungeste depoignetdélicat- coup de fouet -pour éteindrela flammedu fagotvertLa flammene s'éteintpasUn immensecorbeau noir miroirs'est approchéC'estle chefdusecteur.Il aime lespommesUme aimele bruitdu voldescorbeauxElle a posésur la pierrele fagotqui brûlequi ne devrait pasbrûlerLe corbeause posesur latombevoisineEn se posantle souffle deson aileéteintla flammeLe corbeau laregardeen tournantla têtele bout dufagotvertdevientrougeune épaissefumée grises'étaleet coulecomme uneécharpeautourd'UmeElle faitsonner lebolen métaltrois foisferme lesyeuxsangloteune foissans larmeet cela ressembleà unroucoulementLe corbeaupenche latête.Le soleil sereflète sur sonbecUme entendunemusique.Un solode piano.On diraitsa musique.Mais elle n'ajamaisjoué comme ça.Elle entenddans cettemusiquedes couleursde flammeet d'encensle goût dusang dumanquede l'Amitiéet de l'angoisse aussi,elle entendlaculpabilitéle devoirla confusionla détresseet elle n'ajamaisjoué cela.Le corbeaucrietrois foisUme ouvreles yeux MeruLe kami de Matsujirômarche pieds nus.Il aime bien pieds nus.On sent mieux les pierres froidesles pierres chaudes de la Montagnequand elles s'enfoncentdans la plante.Il gratte son anatomie.Devant et derrière.Il a trop dormi.Il a encore des croûteset des bleus.Il fallait bien qu'il lui casse la gueule.A l'autre oni.Le fou.Ils s'y sont mis à plusieurs.Des kami connectés à Kyôto.Parce qu'un fou,c'est fort comme un fou.Des kami qui vivent plus baset d'autres qui vivent plus haut,sur la Montagne,sont venus.Et même un kami qui ne parle que français.Pour lui casser la gueule,au fou.Qui hurle「 j'y suis pour rienon m'a appeléc'était un appel ! 」Et tous les kami qui sont venusde plus hautet tous les kami qui sont venusde plus bas,sur la Montagne,saventqu'un appel, oui, c'est dur à refuser comme des dents, plusieurs,qu'on arrache.Dur comme plusieurs dents qu’on arrache d'un coup.Même pour les kami du sommet.Pourtant, des appelsil fautil faut en refuser.Alors ils le tabassent.Ca ne sert à rien.Ils le tabassent quand même.Même pas pour l'exemple.Pour la rage.Ils sont nombreux.Il y a des kami qui ne ressemblent à rien.Le kami fou se défendcomme un fouils ont tous malUne foule de kami se forme.Pour le spectacle.Certains kami fous voudraient se lancer dans la mêlée.Sanglante. Sans règles.Un tabassage,ça les excite.Mais un demi-regardd'un kami d'en hautprésent,tissant, deux de ses trois yeux fermés,une soie blanche,les arrête.Comme un mur.杲Tous ceux qui tabasseront seront punis.On ne sait pas pourquoi.Les kami ne savent pas quand.Ni comment.Et parfois c'est si long qu'on ne se souvient plus.Parfois si long qu'on ne se souvient plus l'avoir été.Et c'est douloureux,de ne plus savoir.Et quand on voit les traces sur les corps des kami d'en hauton sait qu'eux aussiils ont tabassé.Qu’ils ont été punis.Mais, tous les kami tremblenttous,quand la punition ne vientpas.Car alors, c'est toute la Montagne qui descends'enfonceet il se dit qu'un jouril n'y aura plus de Montagne.Un jour : il pourrait ne plus y avoir de Montagne.Tous les kami vomissent à cette idée.杲La trace des punitions sur le corps et l’âme des kamiça apprendet ça n'apprend pasIci, sur la Montagne,on n'est pas là pour apprendrePersonne ne se pose la question.On est sur la Montagne qui doit rester la Montagne.Parfois, elle grandit, on ne sait pas pourquoi.Parfois, pour un battement, on y est plus.Un appel.Qu'on a le droit d'accepter.C’est la vie des kami杲Tous les kami de Kyôto courent.Pour attraper le fou.Qui court vite.Change de forme.Certains kami du basqui ne ressemblent à rienne peuvent plus suivre.On commence à être haut.Sur la Montagne.Les pieds collent étrangementaux pierres「 quelle heure est-il ? 」Les kami se regardent. Il fait beau.Le kami de Matsujirô sait qu'il est trop hautet il ne sait pas l'heure qu'il est.Il fait beau.Il sourit.Il est tout seul.On est si bien sur le haut de la Montagne.- mais plus on monte, plus on ne sait rien.Ni ce qu'on veut.L'heure.Il sourit à la pierre.Qui n'est pas une pierremais le kami foudéguisé en pierrequi roule doucement,pour s'enfuir.Il remarque les yeux de la pierre.La rage du kami de Matsu revientintacteil prend la pierre au coula tabassele kami hurlelonguementUne foule différentede kami qui ressemblent à quelque chosesont autour de luiils regardent leur montre.Il neige.Le kami fou n'en peut plus.En langage des pierres rougesil hurle「 j'y suis pour rienon m'a appeléc'était un appel ! 」Et un long silence se faitdans la main de Matsuquand il entend la pierre crier「 Et j'ai épargné celle qui comptait ! 」 SanctuaireUme revoittrois foisSenshin Senseiavantqu'ils n'évoquentl'horreur.Il luiexpliquequ'il veutconnaîtreses souplessesses rigiditésses limitesses douleursses ressourceset vraimentêtre sûrque ne secachentpasderrièrele grostraumade la nuit rouged'autresplus anciensréactivésactifs「 Ume Sanc'est un peufrustrantje le saismais avecce que tuas vécunous allonsprendrele tempsqu'il fautpour sécuriserle soin.La seulefaçon decicatriser untraumaest deplongerdedans.Personne neveut plongerdans sestraumas.C'est normal.C'est sain.Tout le mondea peurd'être débordépar les émotionspar les sensationsqui se déclenchenttoutes seulespar court-circuit,au quotidien,quand un détailnous connecte à la scèneet on n'y peut rien.Alors se connecter exprès,qui le voudrait… 」Ume écoute sans rien direen regardant le soleiljouer sur la moussedu tsuboniwa「 Aujourd’huinous allonstout répéter pour que tusois confianteet….….….neh」Un chat noir traverse le jardin,lentement,comme un tigre,de pacotille,s'arrête devant la fenêtre,médusé par les humainsallonge son coupupilles dilatéespuis part en trottant.Consterné.「  Après avoir installé tonSanctuaire….….et on utilisera deséchellesneh….….neh」Ume trouvequ'ilparle tropaujourd'huiSenshin Sensei.Elle l'a luesa brochureoù ilexpliquedéjà toutcela.Mais elle a aussi besoin de cette répétitionde cette sécuritépour se reconnecter à l'horreur.Et tourner la page.Ceux qui n'ont pas vécu l'horreurceux qui ne font pasde cauchemarsceux qui dorment bienqui vivent leurs joursne peuvent passavoirl'horreurl'horreur qui terrifiequi ferme tes yeuxet tes mâchoires「 Je serai tonfil d'Ariane.J'ai besoin que nous restionsen contact.Avec des motsce n'est paspratiqueca fait dubruitca empêchede plongervraiment.Alors onva utilisersoit tes yeuxsoit tes mains.Pour rester en contact.Léger.Conjoint.Certains préfèrentles mouvements des yeuxd'autres les tapotementssur les mains.Tu me diras.neh 」Ume fit un ~umhléger, fémininjaponaispour direqu'elle acompris.Ils commencentà installerlesanctuaire.Senshin Senseilui faitdécrirele lieuoùelle sesentle plus ensécurité.Plusieurs lieuxviennent :l'entrée du Koto In,Une plage del'Abel Tasman park,une montagne imaginaire,neige et grand beauMais ce n’est pas celaSurgitl'évidence.Son lieu sûrn'est pas un lieu.C'estla musique.「 Bien, bien,trouve la musiqueoù tu tesensle plus ensécuritéet comme si tu avaisun bouton devolumeinstalle-laplus fortmieux,plus profond,partout oùelle doitêtreinstallée,à l'intensitéjusteabsoluepartoutoù elle doitêtre installéeen toi,autour de toi 」Et il reprendsestapotementsalternéssur le dosde ses mainsSa musique sanctuaire.se lèveen elle avecun éblouissementcomme le soleilau-dessusdu Daimonji.Son sanctuairece n'estpas unlieupas unmorceau.Son sanctuairec'est leClavier Bien Tempéré.Elle y plongeet son sanctuaire universest làelle en est laPrincesseetplus elle y plongeplus rienrien n'ypersonnene peutl'atteindre. Les mains froidesMatsujirô est sorti de la chambrepour ne pas dérangerUmequi semble mieux dormir ce soir.Il se sent soulagé que quelqu’un d’autrel’aide.Soulagé de moins se sentir coupablede ne pas avoir pu l’aider.Mieux.Matsu aime Ume.Dans le meilleur.Il a continué à l’aimer dans le pire.Il sait désormais qu'elle retournera chanter/danser/jouer/jouirIl sourit à cette pensée.Il a froid.杲Matsu regarde le ciel de la nuitpar la fenêtre.Il ferme ses poingsles rouvreSes mains sont froides.Il entend le cri,en boucle.「 Et j'ai épargné celle qui comptait ! 」「 Et j'ai épargné celle qui comptait ! 」Et plus il l’entendplus le malaise qui s'empare de lui est pierreuxplus froides sont ses mainsplus sombre la nuit「 M'aurait-il épargné moi ? M'aurait-il épargné ? 」杲Que vaut une vie ?Plus Matsu pense à cette questionPlus il brûle de l’oublierParce qu'elle est ignobleà nous faire meurtrier potentielde ceux qu'on n'épargnerait pasparce qu'elle ne sert à rien,essentielle qu'elle est,et qu'elle brûlede froidA quoi bon s'y brûler ?杲「 Que vaut une vie ? Que vaut ma vie ? 」Matsu sent dans son ventre,sous son nombril,que cette question est plus angoissante,strangulanteque la fausse question qui l'a parfois hanté des semainesplus jeunequand il pensait au suicide :「 Que vaut la vie ? 」Le suicide, c'est simple.Il n’est question que de soi.Et au fond on sait,on sait,qu'on ne veut pas mourir.Justearrêter de souffrir.Toutes les bonnes raisonsles philosophiques, les historiques, les familiales,les sociologiques, les psychiatriquesne changent rienau fait qu'on ne veutpasmourir.Justearrêter de souffrir.de sur-souffrir,s'extraire de l'enferde l'impossiblede l'invivableNe plus souffrir.「 Que vaut la vie ? Pourquoi ne pas préférer le rien ?」Matsu ne se pose plus la question.Depuis qu'il a suffisamment de ressourcespour contrer les chienneries de sa vie.Mais peser le poids de deux vieset conclure : 「 celle-là vaut plus, on la garde 」ça, c'est une question-abominationLa mère ou l'enfant ?Ce blessé ou cet autre ?Ce greffable ? Son voisin ?Dans le bunker secret, pourquoi l’empereur plutôt qu’un sensei ?Pour le vrai vaccin qui sauve et qu'on ne peut produirequ'à petites dosespourquoi le programmeur militaireet non son frère au chômage ?Sur un bateau qui coule,pourquoi un jeune plus qu'un vieux ?Pourquoi une femme plus qu'un homme ?Pourquoi un rare plus qu'un commun ?Pourquoi le faible plus que le fort ?Pourquoi le fort plus que le faible ?Matsu rumine toutes les réponses attendueset aucuneaucune ne tient quand il les pousseSauver un enfant ignorant par équité, parce qu'un adulte expérimenté aura déjà assez vécu ?Sauver les femmes pour leurs utérus ?Sauver le rare et le fort pour qu'ils transmettent et reconstruisent une société qui fera sourire les prochains millénaires ?Sauver le faible, même sans avenir, parce que si tu ne le sauves pas toi, qui te sauvera ?Matsu ne sent plus ses mainsses poingsses mains froides.Le ciel de la nuit tourneet ce n'est pas l'alcool fort qu'il s'est serviqui tourne, vire,manègele ciel de la nuit.「 Et j'ai épargné celle qui comptait ! 」Il voudrait bien les connaître, Matsu,les critères des kamiparce que lui,qui n'est pas sur la Montagne,il n'a que les mains froides.Et son amour pour Ume杲Les yeux fermésil incline son couvers l’oni fouqui l’a épargnée.serre la mâchoire etpleure immobileen pensant à Michiko Sanserre la mâchoire etpleure immobile,sans respirer,en pensant à tous les siensqu’il n’aurait pas épargnésouvre les yeux,grands,et les mains,vers la nuit :「 Comment me faut-il vivrepour donner toute sa valeur à ma vie ?Comment faut-il vivrepour qu’un jourun oni fou t’épargne ? 」Son kami se penchedoucement vers luiet lui souffle dans l’oreille「 En vivantEn mortel ? 」 Où vont les cendreNombreuxceux quiont souffertlors de la« nuit des ume »Le plus inconsolable -pas le plus traumatisé pas le plus touché -le plus inconsolableest le prêtre duChôshô-in :Yamaguchi JûshokuSon temple n’a pas brûlé.Son temple aurait dû brûler.Et puis les temples autours.Et peut-être tout le Nanzenji.Mais seul le vieil umes’est consumé.Lentement.Comme un charbondégustant les flammesles collant près de luiles mastiquantcomme si le feu ne l’avaitconcerné seulun entre-soila fin rêvée à laquelleon aspire.Quand on sait qu’on vamourir.Il était vieuxle vieil umeavec ses béquilleset sa pourrissure…杲Là où son âme éclairait KyôtoOn a déjà replantéun autre ume.Blanc, bien sûr.Beau.Agé.Tordu.Vigoureux.Mais.Mais ce n’est pasle vieil ume.Yamaguchi Sanvit dans la maisonderrière son petit temple.Depuis qu’il est né.Son père aurait vouluqu’il fasse autre chose.Pas prêtre, comme lui.Mais Yamaguchi Sanne pouvait pass’imaginer une journéeloin du Nanzenjiloin de son templeloin de l’ume.Yamaguchi San est inconsolable.Et tout le monde lecomprend.杲Tous ceux qui ontsouffertcette nuit-làse connaissaientau moins de vue.C’est petit, Kyôto.Après l’incendie,les cérémoniesdans les sanctuaires et les templesont rapprochéceux dont l’ume brilledans la pupilleet qui savent la voirbrillerdans la pupilledans les motsdes semblablesLe responsabledu jardin d’ume de Kitano,un maître de thé de quarante ans,directeur d’une wagashiya,qui a pu sauver plusieurs dizaines d’arbreset qui sait déjà quels ume,plus beaux,il replantera là où les siens ontbrûléparle de Yamaguchi Sana son Sensei :Takenaka Sensei杲Takenaka Senseiest considérépar ceux qui saventcomme le plus grand maître de thévivantIl est rentier.N’a jamais eu besoind’argent pour vivre.Jamais besoin d’élèvesrichesde pouvoirNi de monter servilementles échelons d’une des écoles de thé.Les rares à qui il transmet - l’ume brille dans leur pupille -ne paient rien.Son nom figurera dans les annales,dans les petites encyclopédies de pocheque les étudiants de thé ont sur eux.Et tous les maîtres de thé des écoles de théle détestent pour celacar eux :n’y figureront pas.Les membres de la famille impériale qui savent,quand ils viennent à Kyôto,invitent Takenaka Senseià la villa Katsura.Le maître leur y prépare un thé.Parfois ils viennent en secretJuste pour cela.Takenaka n’est pas un artistepas un expertpas un scholaste.Takenaka Sensei est unlaveur d’âme.Quand Takenaka prépare un théil partage son âme quipurifie sans vexeréclaire sans éblouirdans un kairos précisjustebeauet le noeud se défaitle fild’une viereprend son courslisse.Lumineux.Takenaka est un maître.Son arbre préféréétait le vieil umedu Chôshô-in杲Alors il appellele directeur de laville Katsura.Il ne l’a jamais fait.Personne n’accèdeainsià la villa impériale.L’autorisation vient.Dans la demi-heure.Takenaka écrit à Yamaguchi Sanqui est trop inconsolablepour être stupéfait.Mais quand même.Le dimanche,à l’heure dite,Un MK taxi le dépose devant la villa.Le directeur lui ouvre.Ils se saluent.Bas.Ils savent.Le directeur ouvre la porte du jardins’inclineet la referme derrière Yamaguchi Sanqui avance seul.Ils n’ont pas échangé un son.杲Yamaguchi Sancheminelentementdans l’un des plus beauxjardins du monde.Ses épaules restent dures.Il reconnaît uneodeur d’encens rare.Qui l’appelle.Il arrive au pavillon du pin et du koto.Takenaka Sensei l’accueille.Une grue fait sa curieusepour épierle chant de la bouilloireUn ensô solaire est suspendudans le tokonomaLes deux hommes s’installent.Ils n’ont pas froid.Yamaguchi San remetcérémonieusementà Takenakace qu’il lui a demandé :un petit morceaudu tronc calcinédu vieil ume.Le maître déplie l’étoffe précieusepuis le papier précieux.Il cherche à sa tailleson tantô.Quand il le sort de son fourreaules deux hommes tremblent.Le sensei maintientle petit morceau grasavec ses baguettes à tisonet le gratte avec sa lame.Tous les deux saventque cela ne se fait pas.La lame est essuyée,remise dans son fourreau,élevée à hauteur de front.Les deux hommes s’inclinentTakenaka place le charbon d’umedans le foyerYamaguchi a dû mal à déglutirLe maître de thécommence la préparationd’un koicha.Un thé vert battu,épaiscomme une crêmeLe bol est l’un des plus raresdu Japon.Il n’en a pas l’air.Yamaguchi Sanne pourrait respirers’il pouvait lirele cahier calligraphiédes noms de ceuxqui y ontposé leurs lèvres.杲Le temps ralentitLes deux hommesentrentdans le hors tempsdu temps du théLe maître posedevant le prêtrele bolqu’ils devront partagerAu centre du boloù rayonne unvert plus vivantque la vieune poudre noireLes yeux du Senseisont d’orson corps rayonnequand sa voixchaude,grave,commande :「 Buvons notre arbre 」 Comment tourner une page déchirée ?Ume voudrait pouvoir expliquerpartagerles séances où elle a guéri.Pour témoigner à d'autres : que c'est possible.Mais ses séances, elle les a presque oubliées.Elles ont été si rapides.Comme en accéléré.Comme le bruit d'un vieux projecteur de film que l'on ferait avancer viteet qui ferait clac clac clac de plus en plus viteEt parce que la page est tournée,parce qu'elle n'a plus envie de s'y connecter,Ume se fiche de se souvenir comment,comment elle l'a tournée.Elle se rappelleque ses traumas :- le vieux Matsumoto fou et ce qu'il fait à Michan dans le studio- le feu, le feu et ses poumons, sa gorge en train de mourir- le moment précis, à l'hôpital où elle comprendque cela a eu lieu,que Michan est morte,ainsi,à sa placeelle se souvient que ces traumas-làétaient comme des pages déchiréeset que pendant les séancesles morceauxde son, les mots, les émotions, l'odeurses croyances, ses imagestout s'est remis en placedans le cadre de leur page.Elle voit sa main mentaleplacer très rapidementles morceauxcomme un petit puzzle que l'on connaît par cœurpuis à la fin ralentir pourtourner fermement, légère, sûre,la page reconstituée.Et les morceaux tiennent ensemble,ne volètent plusne se déclenchent plus.Les traces de déchirures sont là,les pages sont là,mais tournées,au passéenfin au passé.Et c'est cela, une séance qui guérit.Bien sûr il faut plongerau cœur de l'intenable.Et l'on se dit qu'on va s'y perdrecomme un papillon de nuitfasciné par le feu,Et une partie de soi a envie de cramerà nouveaupour toujourspour arrêter de souffrirpour faire souffriren étant le bourreau, le destinà la place qui contrôleEt une partie de soi ne peut bougerde terreurune terreur tisonnée dans une partie du corpsqui n'est pas forcément le ventre ou le plexusmais parfois un doigt, une cheville, un morceau de peau.Et une partie de soi veut guérircicatrisertourner ces pagesC'est cette partie là, vivante,que Senshin Senseiaccompagne.Et plus Ume plongeen accéléréplus le contact légermais constantrythméde Senshin senseidans ses paumeslui permet de laisser défilerplus, mieux, totalementEt chaque détail se recolleretrouve sa placedans le tissu de la pagecesse d'être présent,est enfin perçu, enfin, aupasséEt défile derrière soi.Le corps se détendLes épaules s’assouplissentle plexus descendUn sourire léger s’installeOn est vivantOn sent son frontcalmele solsous soison assiseQuelque chose est passéOn se fiche de savoir quoiC’est derrière.On a envie de se direbonjour à soi-mêmede se dire「 ça fait longtemps, neh ? 」On se sourit.Senshin Sensei nous fait installercette sensation.On l’installe dans son corps.Le léger devient solide,sûr,devient couleurune fibrevivantequi se déploie en soiLes battementslents des mainsde Senshin Senseibercent l’installationcomme une aubequi nous faitretrouver le jourOn ouvre les yeux.Le jour est là.On est là.Avec soi.Stupéfait de la fraîcheurdoucechaleureusedu sourire qu’on s’adresseà soi-mêmeet à Senshin Senseiqui sourit.On ferme les yeux.Un court instant.Et comme un scanner de lumièreon inspecte tout son corpsen quête d’une tensiond’une traced’un soupçon.Parfois il en reste.Et on part de làla séance d’après.Et souvent le corpsest juste légersouriant de salumière,du poulssingulierde sa lumièreretrouvée.杲Ume lève son visage.Et serre dans ses brasMatsuSes mains jouentdans ses cheveuxun accord solaire En vivants, en mortelsLes kami de Matsu et d’Umecourent dans KyôtoIls rientinvisibleset seulsquelques vieux kamilèvent la têteIls croisent une femmequi rentre chezelleC’est Mme YamadaIls lui sourient,saluent son kami,la couvrent de poudred’orElle tend l’oreille.Elle croit avoir entendude la musique杲La nuit,ils courenten marchantdans le sens inversedes aiguilles d’une montreLe jour,ils courent dans l’autre sens,de Sekizan jusqu’à ShimogamoIls courent cent jourspour fêter la villeet le plaisir des’être trouvés,sur la MontagneCent jours pourfêter les vivants les mortelsqu’ils aiment杲A chaque templequi compteils s’arrêtent.Lui joue des oiseauxdu silence et du ventElle,elle chanteElle chante la lumièreet les vivants les mortels,qui n’entendent pas le chantmais voient la lumièrele chant du solairequi brillerayonneéclaireréchauffePendant cent jourssous la pluiesous la nuità couvertet dans l’éclatsur les mousses du matinet les fleurs du soirsur les arbresles pruniers et les pinsles bambousles momijidans la sèvesur les lèvresdans les yeuxsur les coeursIls courent etchantentdansentle chant lumièrede KyôtoEt plus ils courentet chantentplus ils rientdu souriredes vivantsdes mortelsqui voient lechant,la lumière,vivants, plus vivantsde vivre en mortels Lexiques Lexique des mots japonais utilisés100円均一ショップ100 yens shopMagasin où tous les objets sont vendus 100 yens : moins d'un euroエアコンAirconAir conditionné, climatisation甘酒AmazakeBoisson sucrée à base de riz fermenté que l'on boit surtout lors de l'Hina Matsuri, la fête des poupées, le 3 mars阿弥陀Amidaou Amitābha, un des principaux bouddhas révérés au JaponあられArareSembei coloré que l'on mange notamment lors de l'Hina MatsuriありがとうございましたArigatogozaimashita« Merci beaucoup » (pour une action accomplie). Ce que l'on dit systématiquement au go à la fin d'une partieありがとうございますArigatogozaimasssse« Merci beaucoup »飛鳥AsukaPériode de l'histoire japonaise qui s'écoule du milieu du VIe siècle jusqu'à 710.あたしAtashiPrononciation féminine de watashi : « je, moi »暑いねAtsui ne« Il fait chaud, n'est-ce pas ? »弁当BentoEquivalent japonais de la boîte à sandwich, de la boîte lunch préparée à la maisonビックカメラBic CaméraEnseigne de grands magasins d'électronique, photo/vidéo, électroménager菩薩BoddhisattvaBouddhiste renonçant à l'illumination suprême pour aider les autres à mieux avancer dans leur propre chemin vers l'illuminationボケBokehFlou. Terme photographique pour désigner le flou généralement d'arrière plan部落民BurakuminAncienne caste d'intouchables豚まんButamanGrosse brioche blanche et ronde fourrée au porc仏壇ButsudanAutel bouddhique contenant des tablettes sur lesquelles sont écrites les noms de mort des personnes de la famille. Cet autel, placé chez soi, est le lieu où l'on prie tous les joursちゃんChanIndicateur placé après un prénom que l'on raccourcit pour nommer, appeler, évoquer affectueusement les filles, les amies, les enfantsコンビニCombiniConvenient Store, petite boutique ouverte en permanence où l’on trouve de toutカレーライスCurry ou carryPlat populaire (assiette de riz et curry divers) que l'on mange rapidementだいDaiNom de shamans dans la région d'Osaka大根DaikonSorte d'énorme radis blanc駄目Dame« Non », « interdit »出汁DashiBouillon subtile presque transparent駅弁Eki BenBento que l'on achète à la gare縁側EngawaGalerie couverte en bois qui entoure les maisons japonaises traditionnelles, notamment du côté du jardin演歌EnkaType de chanson populaire d'après-guerre qui peut faire penser au fado円相EnsôCercle calligraphique zenファミコンFamiconConsole de jeuxファミリーマートFamily MartMarque de CombiniFrescoChaîne de petits supermarchés alimentaires不動明王Fudō Myō-ōDéité bouddhique courroucée富士山Fujisan« Fujiyama »風鈴FûrinPetite clochette métallique que l'on accroche au pas de sa porte, qui tinte au moindre souffle de vent. Est censée produire, par association réflexe, une sensation rafraîchissante風呂敷FuroshikiPièce de tissu qui sert à envelopper et transporter élégamment des cadeaux, des objets布団FutonMatelas posé sur les tatamis et servant de lit. Rangé en général la journée dans des placards pour libérer de la place.外人GaijinTerme pour désigner les étrangersがんばりますGambarimassse« Je vais travailler dur pour faire de mon mieux »合掌GasshoMains jointes en prière, sur la poitrine芸子さんGeiko SanNom donné aux Geisha à Kyôto玄関GenkanVestibule à l'entrée de toute maison japonaise où l'on se déchausseゲラゲラGera geraOnomatopée de gros rire sans retenue碁盤GobanPlateau du jeu de go碁笥GokeBols de go en boisゴキブリGokiburiSorte de gros cafard volant, répugnant mais inoffensif.ごめんGomen« Excuse-moi »行書GyôshoStyle de calligraphie semi-cursive餃子GyôzaSorte de ravioli d'origine chinoise que l'on mange le plus souvent dans les restaurants de ramen母HahaMamanはいHai« Oui »袴HakamaPantalon traditionnel à 7 plis祓串Harai gushiBâton de moins d’un mètre du sommet duquel pendent des feuilles de papier blanc pliées en zigzag et que le prêtre shinto secoue cérémonieusement pour bénir l'assistance平成HeiseiEre actuelle du Japon平安京Heian-kyōAncien nom de Kyôto子の刻、寅の刻、午の刻HeureHeure du Rat : minuit, du Tigre : tôt le matin, du Cheval : midi雛祭りHina MatsuriFête des petites filles où l'on installe chez soi des poupées représentant la famille impériale qui ont pour fonction d'attirer sur elles le mauvais sort (c'est la raison pour laquelle elles sont rangées soigneusement le reste de l'année)生花IkebanaArrangement floral粋IkiConcept esthétique japonais dont Kuki Shûzô a décrit la structure caractérisée notamment par la sobriété芋ImoPatate douce稲荷InariDéité shinto souvent représentée par son gardien : le renard. Fushimi Inari est l'un des plus beaux et des plus célèbres temples au sud de Kyôto.石灯籠Ishi DôrôLanterne de pierre居酒屋IzakayaBrasserie où l'on sert de nombreux petits plats pour accompagner la boisson (bière et saké)地蔵JizôPetite statue de divinité bouddhique, souvent symbole de la maladie ou de la perte d'un enfant et entretenue (voire sculptée en terre glaise) par une mère住職JûshokuPrêtre responsable d’un temple歌舞伎KabukiForme de théâtre japonais à grand spectacle掛声Kakegoe« Cris » spécifiques poussés par les percussionnistes au nô et sans doute plus importants encore que le son de leur tambour掛物KakemonoRouleau en tissu servant de support et de cadre, déplié, à une peinture ou une calligraphie神KamiDieux, esprits shinto鴨(川)Kamo(gawa)La « Rivière aux canards » (kamo = canard) qui traverse Kyôto家紋KamonInsigne familial le plus souvent circulaire et aux formes épurées漢字KanjiCaractère chinois観音KannonFigure bouddhique aux traits féminins incarnant la compassion貫入KannyûTechnique de poterie appréciée pendant la dynastie chinoise Song, créant des motifs de craquelure型KataScript, protocole, succession d’étapes requises pour accomplir une tâche. Chorégraphie de mouvements en art martialカタカナKatakanaAlphabet phonétique aux formes angulaires servant essentiellement à transcrire les mots d'origine étrangère刀KatanaSabre japonais川端KawabataVoie longeant à l'est la « rivière aux canards » à KyôtoかわいいKawaiiMignon軽自動車Keijidôsha (kei)Voiture dont le cylindrage est limité, conçue pour les petits déplacements urbains競輪KeirinCourse cycliste sur piste qui fait l’objet de paris気KiTrès schématiquement : force spirituelle, principe vitalキムチKimchiCondiment essentiel de la cuisine coréenne à base de chou chinois mariné avec des épices rouges金木犀KinnmokuseiArbre à petite fleur orange qui diffuse pendant quinze jours à l'automne une odeur exceptionnelle切れKireNotion esthétique de coupe, de jeté sans repentir関西国際空港KIXAéroport international du Kansai à Osaka交番KôbanPetit poste de police en îlotage de quartier鯉KoiCarpe濃い茶KoichaThé vert battu (matcha) épais古事記KojikiOuvrage racontant à la fois l'histoire et la mythologie du Japon compilé au 8ème siècle古今和歌集KokinshuRecueil de poèmes compilé en 905紅茶KôtchaThé noir, celui qu'on boit habituellement en Occident琴KotoInstrument de musique (longue cithare)九字KujiGrille que les shamans japonais tracent de la main en un geste de bénédiction京大KyôdaiAbréviation pour Kyôto Daigaku, l'Université de KyôtoラブホテルLove HotelHôtel spécialisé où l'on peut payer à l'heure et où vont les couples pour avoir une sexualité discrète間MaConcept esthétique lié au bon espacement鮪MaguroThon rouge de qualité巻MakiRouleau饅頭ManjûGâteau fourré en forme de brioche抹茶MatchaPoudre de thé vert, battue au fouet dans un bol, afin de le rendre mousseux松MatsuPin祭MatsuriFête traditionnelle明治MeijiPériode du règne de l'empereur Meiji entre 1868 et 1912みかんMikanSorte de mandarine耳の日Mimi no HiJour du 3 mars (03/03 : mi/mi)味噌MisoConcentré salé, composant central des soupes et bouillons餅MochiPâte de riz battu, composé essentiel de la pâtisserie japonaise木魚MokugyoTambour en bois en forme de poisson sur lequel on frappe pour scander un sutra紅葉MomijiErable japonais dont on va admirer les couleurs à l'automne門MonBâtiment en bois à l'entrée d'un grand temple bouddhique. Porte symbolique abritant des Niô et parfois un autel à l'étage紋付着物MontsukiKimono formel le plus souvent noir affichant le kamon familial無MuConcept clé de la pensée japonaise bouddhique traduit généralement, faute de mieux, par « le vide », le « rien »納豆NattoSoja fermentéねNe ou neh« N'est-ce pas ? »日本書紀Nihon ShokiChronique historique et mythologique du Japon achevée en 720仁王NiôCouple de statues de guerriers féroces que l'on trouve à droite et à gauche d'un Mon能NôArt scénique japonais traditionnel composé de chants, de danses, de musique. L’acteur principal, en kimono, porte un masqueお婆さんObâsanVieille mère de famille qui dirige la maison. « Grand-mère »お茶OchaThé vert事務員Office LadyJeune employée de bureau dont l'essentiel de la mission consiste souvent à préparer le thé et les photocopiesお~い、お茶Oi OtchaMarque de boisson au thé vertお爺さんOjiisanGrand-pèreお土産OmiyagePetit cadeau鬼OniDémons shintoおにぎりOnigiriGrosse boulette, le plus souvent triangulaire, de riz fourré et enveloppée d'une feuille d'algueお調べOshirabePièce introductive jouée par les musiciens de nô avant le début d'une représentation pour s'accorder cérémonieusement大鼓OtsuzumiMusicien de Nô jouant d'un tambour de hancheパチンコPachinkoCroisement entre flipper vertical et machine à sous. Lieu où l’on vient collectivement s’abrutir, seul, dans une ambiance sonore cataclysmiqueぺちゃくちゃPechakucha« Blablabla »ピンクPinkuRoseウグイスPlancher rossignolPlancher conçu pour émettre un bruit proche de celui de l'oiseau lorsque l'on marche dessus. Conçu comme système d'alarme contre les intrusions.楽RakuType de poterie notamment utilisé pour les bols de théラーメンRâmenBol de nouilles dans un bouillon et recouvert de différents ingrédients, le plus souvent de fines tranches de viande de porc. Restauration rapide de comptoirリサイクルショップRecycle ShopBoutique de matériel ménager d'occasion. Un camion passe tous les jours dans les rues de Kyôto en émettant une petite musique caractéristique pour solliciter les personnes à se débarrasser de leurs biens inutiles revendus dans ces magasinsレギュラーRegularEssence « Super ». Désigne également la taille « moyenne » pour un plat dans un restaurant旅館RyokanAuberge酒SakeAlcool de riz桜SakuraCerisier寒いねSamui ne« Il fait froid, n'est-ce pas ? »さんSanSuffixe honorifique que l'on place après un nom et correspond à « Monsieur » ou « Madame »榊SakakiArbre à feuilles toujours vertes utilisées dans les rituels shinto悟りSatoriIllumination zen正座SeizaPosition assise, à genoux煎餅SembeiCrackers de riz先生SenseiTerme honorifique que l'on place après un nom propre et indiquant que la personne dont on parle est un médecin, un artiste, un professeur, un « maître »銭湯SentôBains publics切腹SeppukuSe suicider en s'ouvrant le ventre (harakiri)節分SetsubunFête de février censée marquer le début du printemps et qui, par le glissement involontaire des calendriers, ressemble davantage à une célébration de Nouvel An渋いShibuiAu départ, renvoie à l'astringence, notamment du kaki non mûr. Est devenu ensuite un concept esthétique : simplicité, discrétion, subtilité.神垂ShidePapier plié en zig-zag utilisé dans le rituel Shinto新幹線ShinkansenTGV japonaisシテShiteActeur principal d'une pièce de nô, souvent également directeur du théâtre障子ShôjiPorte coulissante à layons en bois et papier醤油ShôyuSauce sojaスリッパSleepersChaussonsソープ嬢SoapladyFemme travaillant dans un soaplandソープランドSoaplandLa prostitution, interdite au Japon, est définie légalement par la seule pénétration. Une industrie du sexe s'est développée après la seconde guerre mondiale en proposant des établissements offrant des prestations tarifées « légales ». Notamment de « bains massés » opérés par des soapladies. En anglais, « soap » signifie savon草書SôshoStyle d'écriture cursive fluideすごいSugoi« Incroyable ». Exclamation courante pour exprimer sa surprise admirative墨絵Sumi-ePeinture à l'encreスーパー戦隊Super SentaiSuper héros de séries télévisées japonaises (façon Power Rangers)寿司SushiBoulette de riz recouverte de wasabi et de poisson cruスッテンコロリンSutten kororinOnomatopée associée à une personne qui glisse et tombe般若心経Sûtra du CœurTexte bouddhique court, le plus récité au Japon太鼓TaikoTambour japonais玉串TamagushiBranche de sakaki tressée de papier et que l'on dépose en offrande dans les temples Shinto短歌TankaPoème court composé de 31 syllabes en 5 lignes短刀TantôSabre court dont la taille de la lame est inférieure à 30 cm狸TanukiAnimal du japon, sorte de raton laveur représenté avec d’énormes testicules.畳TatamiSurface au sol des maisons japonaises recouverte de paille de riz tressée定食TeishokuMenu, dans un restaurant涅槃Terre pureParadis bouddhique豆腐TôfuLait de soja fermenté床の間TokonomaAlcôve d’une maison japonaise traditionnelle, qui représente le cœur, l’esprit du propriétaire et dans lequel au fil des saisons on suspend un kakemono, dans lequel on place un ikebana et un objet précieux (statues, encensoir, suiseki)鳥居ToriiPorte symbolique le plus souvent rouge-orangée et noire dans les temples shintoとうりゃんせTôryanseChanson enfantine dont la musique est jouée à certains grands carrefours de Kyôto par les feux de signalisation pour signifier que les piétons peuvent traverser東陶TotoMarque principale de matériel de wc japonais坪TsuboAncienne unité de surface : 3.3 m2坪庭TsuboniwaPetit jardin intérieur漬物TsukemonoLégumes découpés marinés servis en petite quantité comme condiment. Spécialité de Kyôto.梅UmePrunier (abricotier japonais) dont la tradition de célébration des fleurs d'hiver vient de Chine. Le prunier (Ume), le bambou (Take) et le pin (Matsu) sont les « trois amis de l’hiver » (constance, persévérance, flexibilité, précocité), un motif pictural chinois repris par le Japon梅干UmeboshiPrune marinée salée侘寂Wabi SabiConcept central de l'esthétique japonaise difficilement résumable en mélancolie et simplicité de la célébration de l'impermanence和菓子WagashiPâtisserie japonaise山葵WasabiRacine verte qui, râpée, constitue l'un des condiments principaux de la cuisine japonaise, notamment pour accompagner le poisson cru.和紙WashiPapier japonaisわたしWatashiUn des pronoms employés pour dire « je » sur un registre poli焼鳥YakitoriBrochettes le plus souvent de poulet grillées au feu de bois薬師YakushiUne des figures de bouddha, associée à la médecine, à la guérison山伏YamabushiPrêtre shinto-bouddhique qui acquiert ses pouvoirs lors d’ascèses en montagneようYoL'un des cris (kakegoe) que poussent les musiciens au NôヨセYosePhase de fin de partie au go座布団ZafuCoussin posé sur les tatamis sur lequel on s'assoitぜんざいZenzaiSoupe de haricot rouge sucré dans laquelle trempent des mochi chauds Lieux de Kyôto cités聴松院Chôshô-in35.012372, 135.792595大文字Daimonji35.023122, 135.804309大徳寺Daitokuji35.042437, 135.746673伏見稲荷Fushimi Inari34.967162, 135.773200銀閣寺Ginkakuji35.026993, 135.797989日向神社Himukai jinja35.006278, 135.795205今出川Imadegawa35.028577, 135.788205京都府立植物園Jardin Botanique35.046908, 135.763217桂離宮Katsura villa34.983992, 135.710641北野Kitano35.029814, 135.734839高桐院Kôtô in35.043043, 135.743272黒谷Kurodani35.018858, 135.789750妙心寺Myôshin ji35.022003, 135.719969南禅寺Nanzenji35.011310, 135.792528赤山禅院Sekizan zenin35.055845, 135.801586下鴨神社Shimogamo jinja35.034534, 135.771983京都観世会館Théâtre Nô de Kanze35.011354, 135.781467東寺Tôji34.979906, 135.748733吉田Yoshida35.025051, 135.786762